Peter Fenner : la libération naturelle

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Dharmadhatu
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:D Notons que les Lam Rims reprennent les enseignements que le Bouddha a adressés à 3 types d'individus: ceux qui pratiquent pour obtenir une renaissance favorable, ceux qui pratiquent pour atteindre le nirvana, et ceux qui pratiquent pour obtenir l'Eveil final.

Le Bouddha n'a pas enseigné pour ceux qui pratiquent dans le but de n'avoir qu'une bonne existence, mais si son enseignement peut aussi aider ceux-là tant mieux, du moment qu'on ne résume pas le Buddhadharma a ça.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
lausm

De toute évidence, il avait prévu tous les cas de figure....et je pense que le propre d'un bon transmetteur, c'est d'avoir un discours suffisamment large pour que ça puisse s'appliquer a tous, et aussi de savoir s'adapter a son interlocuteur.
On voit bien que chez les tibétains, il y a différentes façons d'enseigner.
On le voit dans les sociétés sinon japonaises, on a le zen d'un coté, et la terre pure d'un autre, et du tantrisme, du tendai, plein de façons d'aborder la pratique.
Chez les tibétains, le bon n'a pas pour autant été supprimé par le bouddhisme.
Chez les chinois, confucianisme et taoisme ont été aux cotés du bouddhisme.
Au Japon, le shinto est utilisé par le peuple, tout autant que le bouddhisme.

Donc dans notre société, les défis seront les memes, je pense qu'une mise en perspective de nos paradigmes culturels et spirituels sont inévitables pour que le bouddhisme s'intègre.
Et a entendre et observer parler des pratiquants, il me semble clair que nos conditionnements judéo chrétiens teintent a fond notre vision de la pratique, et qu'on en est largement inconscient a bien des niveaux, meme si on a une connaissance intellectuelle très éclairée du dharma et qu'on pratique la méditation. Parce que tout ça se joue dans le quotidien le plus ordinaire, et dans la façon dont sont structurées nos sociétés, milieux familiaux, lieux de travail, etc....
et en tous cas, a observer les français du milieu rural, il est clair que ces visions du monde sont encore énormément la et qu'elles structurent un fonctionnement social.
D'ailleurs, pratiquer le bouddhisme en réaction a un dogme théiste, c'est encore etre en dépendance a cela en voulant l'éviter. Comme les anciens alcooliques qui ne peuvent pas toucher une goutte d'alcool.

J'ai découvert un enseignant intéressant, Thay Doji, ayant reçu la transmission de Thich Nath Hanh, et aussi d'une lignée rinzai. j'ai vu hier qu'il fait une session où il commente la genèse.
Georges Emmanuel Hourant, qui a interviewé Peter Fenner, a pratiqué zazen avec dans le meme dojo que moi, et s'est tourné vers le christianisme orthodoxe, selon Annick de Souzenelle (qui fait des liens entre la vision de la caballe et la médecine chinoise.
C'est d'ailleurs l'enseignement d'Annick de Souzenelle que suit Thay Doji.
Donc je ne crois pas que le bouddhisme soit soluble dans le christianisme, par contre je pense qu'il peut aider le christianisme a résoudre ce qui lui est insoluble, et que les enseignements vont s'interpénétrer et s'influencer...je ne pense pas que cela soit une dégénerescence, je pense que cela peut etre une chance aussi.
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Dharmadhatu
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Lausm a écrit :Chez les tibétains, le bon n'a pas pour autant été supprimé par le bouddhisme.
love3 Attention, ça ne veut pas dire que le Bouddhisme accepte tout et n'importe quoi: le Beun a été intégré dans les aspects superficiels du Bouddhisme (les drapeaux de prières et d'autres trucs d'origine chamaniste, tout comme le Beun a intégré des principes bouddhistes) mais pas les aspects réprouvés par le Bouddhisme, comme les sacrifices animaux (remplacés depuis par des ex voto).

Le Bouddhisme a toujours adapté son enseignement et s'est intégré partout mais jamais au prix d'être amputé de ses aspects les plus fondamentaux. Pourquoi en serait-il autrement chez nous ? L'Occident n'a pas autorité absolue pour ce qui concerne la vision du Monde, sauf si un jour la Science vient à prouver l'impossibilité des renaissances.

Comme Flocon, je pense que si on ampute les renaissances (= le samsara) de l'enseignement bouddhiste (proposant le nirvana ou samsara/dukkha-nirodha), on n'a plus la raison d'être de celui-ci.
je ne crois pas que le bouddhisme soit soluble dans le christianisme
En effet, les bouddhistes sont largement invités à respecter toutes les traditions, mais l'oecuménisme n'implique pas le syncrétisme. Ce dernier est la mort des traditions millénaires. Bref, cohabitation et pas assimilation.

FleurDeLotus
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tongra

ted a écrit :Fenner ne fait pas l'unanimité, on dirait.. :)
C'est tout à fait normal. Comment pourrait-il en être autrement ?

Parfois les avis changent en le rencontrant.

Vos doutes et critiques sont légers face à ceux que j’ai pu émettre en ce qui concerne tout ce qui n’est pas bouddhiste 100% pur jus et Fenner n’y a pas fait exception. Je suis tombé par hasard sur son livre « Le courage de se libérer » qui m’a paru psychologisant à outrance, avec en prime la touche de marketing anglo-saxonne qui accentuait ma défiance. Mais ses incursions, presque pas nommées, dans des enseignements ultimes m’ont un peu surpris, un léger doute s’est immiscé " aurait-il touché aussi à quelque chose de fondamental ? "

Un week-end m’a prouvé que oui et qu’il ne bluff pas. Rigueur et détente à la fois. J’ai pu immédiatement reconnecter les maigres fruits de ma pratique ; ceux qui me demandaient une mise en condition laborieuse dans le cadre d’une retraite perso, pour pouvoir en vivre un petit peu les prolongements dans le quotidien, etc. Alors que là, les choses se sont mises d’aplomb en un rien de temps.

Concernant les renaissances, il ne nie rien de ce concept mais tout simplement n'alimente aucune spéculation ni la dessus ni sur quoi que ce soit. Sa proposition n'est pas de discuter sur des connaissances et des dogmes, considérés comme justes ou pas, autrement dit d'alimenter le mental par des données, mais de plutôt passer à un autre paradigme qui est de simplement voir son propre fonctionnement et comment il peut entraver l'accès à sa véritable nature, qui ne requière qu'une grande simplicité. On ne discute pas en se plaçant au niveau du contenu de la conscience mais au niveau de son essence (encore un mot !). Le plus incroyable est que tous les participants arrivent, ne serait-ce qu’à goûter, à cet espace.

Cette efficacité se retrouve aussi dans les conversations téléphoniques ou autres.
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Dharmadhatu
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jap_8 Pas mal cette approche.

Dharmakirti (le logicien) disait: Quand la technique n'est pas comprise, l'expliquer est difficile.

On pourrait ajouter: et inversement.

En même temps, quand quelqu'un a pu toucher du doigt ce qui est là sans qu'on ait besoin de faire quoi que ce soit, il est tout à fait possible d'alimenter l'intellect sans que ça fasse ni chaud ni froid à ce qui est là (Cf. la signature de Ted). Se poser des questions sur l'avenir peut donc venir ensuite sans que ça entame l'éternel présent.

FleurDeLotus
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Dharmadhatu a écrit :En même temps, quand quelqu'un a pu toucher du doigt ce qui est là sans qu'on ait besoin de faire quoi que ce soit, il est tout à fait possible d'alimenter l'intellect sans que ça fasse ni chaud ni froid à ce qui est là (Cf. la signature de Ted). Se poser des questions sur l'avenir peut donc venir ensuite sans que ça entame l'éternel présent.
C'est tout à fait ça.

jap_8
longchen2

Dharmadhatu a écrit :
Lausm a écrit :Chez les tibétains, le bon n'a pas pour autant été supprimé par le bouddhisme.
love3 Attention, ça ne veut pas dire que le Bouddhisme accepte tout et n'importe quoi: le Beun a été intégré dans les aspects superficiels du Bouddhisme (les drapeaux de prières et d'autres trucs d'origine chamaniste, tout comme le Beun a intégré des principes bouddhistes) mais pas les aspects réprouvés par le Bouddhisme, comme les sacrifices animaux (remplacés depuis par des ex voto).
(...)
Hello, me voilà, j’arrive !
Alors s’agissant du Bön il faut distinguer, car il y a différentes sortes de Bön. L’introduction du Yungdrung Bön date de l’époque où régna le second roi du Tibet, mais avant cette époque il y avait des pratiques et des croyances appelées Bön au Tibet et qui recouvraient des pratiques de type chamanique et sacrifices des animaux. C’est le Bön primitif, mais le Yundrung Bön ne s’y associe pas, car même s’il y a des pratiques chamaniques dans le Yungdrung Bön elles ne sont pas considérées comme issues de cette période là.
Il y a aussi le Bön nouveau, plus tardif, qui d’une certaine façon est considéré fonctionner de façon autonome.
C’est une tradition riche et très complexe, se situer au niveau du Bön primitif pour la résumer est une erreur.
FleurDeLotus
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Dharmadhatu
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:D C'est Gyelwa Longchenpa qui fait le rapprochement entre les 3 types de Beun en distinguant 3 périodes du Beun (Cf. The Practice of Dzogchen).

J'ai tendance à accepter spontanément ses dires, comme quoi le Beun primitif a laissé place aux Beuns plus tardifs, mais il est possible qu'il y ait plusieurs vues sur cette question. Merci à toi de l'avoir souligné.

FleurDeLotus
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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
longchen2

Oui, oui, les vues ce n'est pas ce qui doit manquer ::mr yellow:: , à l'intérieur même du Bön aussi, à mon humble avis.
Le Bön primitif est effectivement écarté, ainsi que tu le dis jap_8
lausm

Bah oui, les temps changent, et les traditions n'y échappent pas.
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