Jeux de rôles

ted

tirru... a écrit :
30 novembre 2017, 10:31
C’est parce que le représentant mental de ce corps, une sorte d’ambassadeur impermanent :cool: Crois que tout ceci lui appartient, il aime se prendre pour dieu, impermanent et infini. Il se leurre... cependant étant donné le caractère fugace de sa courte vie, il lui ait permis de se jouer sa propre fiction... peu importe le genre filmique :roll:
Je répond ici pour ne pas surcharger la file souverainiste.

Je crois que tu te trompes sur un point Tirru : même si l'égo aime jouer "sa propre fiction" et "se prendre pour dieu", tous les genres filmiques ne sont pas à négliger. Car certaines scènes sont éclairées par la prajna.

De même qu'en psychologie, il existe des jeux de rôles ou on se met à la place de l'autre et où on parodie ses arguments, sur le mode moqueur, jusqu'à brutalement prendre conscience de leur profonde humanité et de notre bêtise, de même, prajna nous plonge dans des situations égotiques extrêmes, des expériences pitoyablement humaines, destinées à nous ouvrir les yeux brutalement sur une vérité plus profonde.

Les chrétiens diraient que Dieu nous envoie des épreuves.

Donc, les genres filmiques, même dans leurs évidences lamentables, égocentrées, parfaitement quelconques et tellement suspectes dans leur apologie de l'égo, cachent à tout instant la flambée de l'éveil, pour peu que la prajna soit l'étincelle qui met le feu aux poudres.

Le Bouddha l'a clairement dit : "il n'y a rien en dehors des 5 agrégats".

Et "l'ambassadeur impermanent" que tu évoques, ne s'efface à l'issue de sa courte vie que pour laisser la place à un autre ambassadeur impermanent, dans un mouvement continu où la mort n'a même pas sa place.


Donc, à mon avis, notre seule chance de nous éveiller est d'observer l'ambassadeur impermanent jusqu'à ce qu'il soit pétrifié par la révélation qui jaillira telle une apocalypse de son jeu de rôle ringard et prévisible dont nous nous détournons avec condescendance, cherchant dans un au-delà fantasmé une épiphanie qui brille pourtant déjà dans la gestuelle de la pitoyable marionnette.
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tirru...
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Merci pour ton intérêt Ted.

Je n’ai pas porté de jugement de valeur sur le genre filmique et le choix de la fiction reste possible peu importe ou elle mène.
ted a écrit :
30 novembre 2017, 15:04
Je crois que tu te trompes sur un point Tirru : même si l'égo aime jouer "sa propre fiction" et "se prendre pour dieu", tous les genres filmiques ne sont pas à négliger. Car certaines scènes sont éclairées par la prajna.
Je n’arrive pas trop a cerner Panna, sauf peut être intuitivement, lorsque par exemple les événements ou les êtres qui m’entourent me bousculent et qu’au lieu de réagir selon le mode habituel, j’attends pour laisser naitre d’autres champs du possible, en douceur et avec patience comme si les accidents étaient réellement des opportunités de créer autre chose. Comment puis changer mon vieu mac s’il ne tombe pas en panne ?
ted a écrit :
30 novembre 2017, 15:04
Donc, les genres filmiques, même dans leurs évidences lamentables, égocentrées, parfaitement quelconques et tellement suspectes dans leur apologie de l'égo, cachent à tout instant la flambée de l'éveil, pour peu que la prajna soit l'étincelle qui met le feu aux poudres.
C’est surtout des petites étincelles fugaces que la plupart d’entre nous vivent de temps a autre et rarement un feu au poudre.

ted a écrit :
30 novembre 2017, 15:04
Et "l'ambassadeur impermanent" que tu évoques, ne s'efface à l'issue de sa courte vie que pour laisser la place à un autre ambassadeur impermanent, dans un mouvement continu où la mort n'a même pas sa place.
Le simple fait d’admettre l’ambassadeur c’est déjà reconnaitre le caractère impermanent de l’être, il y a un phénomène de 'désidentification'. A quoi nous identifions-nous vraiment ? socialement ? humainement ? familialement ? professionnellement ? spirituellement ? etc...

On est dans le champ du non vérifiable ouvert sur l’infini du possible ou de l’impossible. Il parait que ce n’est pas la satisfaction qui apporte la paix mais la fin de l’insatisfaction !

ted a écrit :
30 novembre 2017, 15:04
Donc, à mon avis, notre seule chance de nous éveiller est d'observer l'ambassadeur impermanent jusqu'à ce qu'il soit pétrifié par la révélation qui jaillira telle une apocalypse de son jeu de rôle ringard et prévisible dont nous nous détournons avec condescendance, cherchant dans un au-delà fantasmé une épiphanie qui brille pourtant déjà dans la gestuelle de la pitoyable marionnette.
Juste après son Eveil
  • Entre Uruvela et Gaya, juste après le debut de son voyage, le Bouddha rencontra un certain Upaka, un ascète nu de l’école Ajivika, d’un extrême déterminisme. Upaka fut frappé par l’elevation intérieur et la radiance du Bouddha et lui demanda qui était son professeur et quel était son enseignement. Fièrement le Bouddha déclara qu’il s’était émancipé par la destruction de l’avidité, qu’il était le Victorieux et n’avait, par conséquent, aucun professeur mais était professeur lui-même. Nullement impressionné Upaka l’écouta et lui dit : « Cela se peut, frère » et, secouant la tête, il prit un autre chemin (Mv 1,6; Mn 26 ; MN 85). Il eut été facile aux compilateurs de canon pâli de ne pas transmettre cet épisode quelque peu défavorable a l’image du Bouddha. Qu’ils ne l’aient pas fait montre leur respect pour la vérité historique.

    Source : Le Bouddha Historique - Hans Wolfgang Schumann
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ted

tirru... a écrit :
01 décembre 2017, 00:39
  • Fièrement le Bouddha déclara qu’il s’était émancipé par la destruction de l’avidité, qu’il était le Victorieux et n’avait, par conséquent, aucun professeur mais était professeur lui-même.
    .../...
    Source : Le Bouddha Historique - Hans Wolfgang Schumann
Et qui prétend que le Bouddha a répondu "fièrement" ?

Un éveillé s'est débarrassé de cette satisfaction égotique.
Un tel témoignage est irrecevable.
Ou alors, autant arrêter le bouddhisme tout de suite... :D

Il n'est pas rare de trouver des suttas où le Bouddha s'attribue des titres ronflants et parle d'un ton arrogant, un peu comme certains brahmanes. ;-) Mohan Wijayaratna en a répertorié un bon nombre qui ne sont clairement pas buddha vaccana (paroles du Bouddha).

- on peut écarter de tels suttas soit par simple inférence, en connaissant les fondamentaux du Dharma
- soit grace à prajna qui va créer une intime conviction chez le pratiquant.

Prajna n'a de compte à rendre à personne et sa preuve ne s'applique pas aux raisonnements samsariques.
ted

tirru... a écrit :
01 décembre 2017, 00:39
  • Upaka fut frappé par l’elevation intérieur et la radiance du Bouddha 
    .../...
    Nullement impressionné Upaka l’écouta et lui dit : « Cela se peut, frère » et, secouant la tête, il prit un autre chemin (Mv 1,6; Mn 26 ; MN 85).
    .../...
    Source : Le Bouddha Historique - Hans Wolfgang Schumann
Cet épisode ne tient pas debout ou a été rapporté de façon déformée.

Un pratiquant du niveau d'un ascète nu, est capable de voir le shambogakaya d'un éveillé, ce corps bouddhique, invisible du commun des mortels. D'ailleurs, c'est ce qui est suggéré par l'indication : "Upaka fut frappé par l’elevation intérieure et la radiance du Bouddha".
Qui ici, sur ce forum, est capable de voir l'élévation intérieure d'un être ? Ou sa radiance (son aura) ?
Bon.

La réponse de l'ascète nu n'était qu'un acquiescement. Peut-être teinté d'une légère déception de voir cet autre pratiquant si noble arrivé au but. :cool: Mais cette réponse n'était certainement pas l'expression d'un doute sur la réalisation du Bouddha, comme le rapporteur du récit semble le suggérer. :???:

C'est juste mon avis bien sur. :D Je n'ai pas un doctorat en histoire comparée des religions. :)

Alors, pourquoi l'ascète ne s'est il pas jeté au pied du Bouddha pour lui demander de l'accepter comme disciple ? :D
Qui oserait insinuer que le Bouddha a éprouvé de la déception face à cette absence d'allégeance ? :D :D

Bref... Devadatta était un pratiquant très avancé. Il a pourtant essayer de tuer le Bouddha. Donc la nature humaine est ce qu'elle est. Et je ne vois sincèrement pas en quoi cet épisode avec l'ascète nu serait défavorable à l'image du Bouddha, comme l'annonce Hans Wolfgang Schumann. :shock:
On n'est pas obligé de suivre des personnes sages et prodigieuses.

L'image du Bouddha ! :lol:
L'image du Bouddha ! :lol: :mrgreen:

On croit rêver !
Le genre de bouquin matérialiste qu'il faut sans doute éviter de lire sous peine de se percevoir comme un pigeon endoctriné ! :)

Le bouddhisme se transmet par la pratique en prenant connaissance du coeur de la réalité.
Pas par les livres.
Et encore moins par de telles études scientifiques.
ted

tirru... a écrit :
01 décembre 2017, 00:39
Je n’arrive pas trop a cerner Panna, sauf peut être intuitivement, lorsque par exemple les événements ou les êtres qui m’entourent me bousculent et qu’au lieu de réagir selon le mode habituel, j’attends pour laisser naitre d’autres champs du possible, en douceur et avec patience comme si les accidents étaient réellement des opportunités de créer autre chose. Comment puis changer mon vieu mac s’il ne tombe pas en panne ?
Si l'on se réfère à la définition de prajna dans l'octuple sentier, c'est la pensée juste et le discernement juste.

Donc, c'est une qualité qui semble de l'ordre de l'instantanéité et de la connaissance immédiate plutôt que de l'investigation douce et patiente. loveeeee
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tirru...
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Bonjour,
ted a écrit :
01 décembre 2017, 02:56
tirru... a écrit :
01 décembre 2017, 00:39
Je n’arrive pas trop a cerner Panna, sauf peut être intuitivement, lorsque par exemple les événements ou les êtres qui m’entourent me bousculent et qu’au lieu de réagir selon le mode habituel, j’attends pour laisser naitre d’autres champs du possible, en douceur et avec patience comme si les accidents étaient réellement des opportunités de créer autre chose. Comment puis changer mon vieu mac s’il ne tombe pas en panne ?
Si l'on se réfère à la définition de prajna dans l'octuple sentier, c'est la pensée juste et le discernement juste.

Donc, c'est une qualité qui semble de l'ordre de l'instantanéité et de la connaissance immédiate plutôt que de l'investigation douce et patiente. loveeeee
Je ne crois pas que Panna se limite à ce que tu viens de définir Ted, c'est bien plus large et les chemins d’accès à la "gnose" tout aussi variés. Un exemple au hasard :
  • suta-mayâ paññā : la sagesse obtenue par l'audition des instructeurs ou la lecture des textes ;
  • cinta-mayâ paññā : la sagesse obtenue par la réflexion, l'examen rationnel, l'analyse intellectuelle ;
  • bhavana-mayâ paññā : la sagesse obtenue par l'expérience personnelle, le développement de l'esprit
Pour ce qui de est l'investigation, dhamma vicaya, as tu oublié que cela faisait partie des sept facteurs d’éveil et qu'elle permet de mettre fin au désir et à l'ignorance ? loveeeee

Bouddha n'avait-il pas des manières douces ? ;-)
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