L’école de la Terre Pure ( Jodo-Shu )

Compagnon

Je pense créer bientôt un fil spécifique dédié à l'école de la Terre Pure. Toutes branches confondues.
Florent

Les 5 patriarches de la Terre pure (Jodo-Shu)

Voici les 5 patriarches tel qu’envisagé par Honen :

le maître de la loi Tanluan (jap.Donran,476-542)
Après une grave maladie, ce religieux bouddhiste devint le disciple du maître Tao Hongjing( 452-536). Mais il se convertit ensuite à l'enseignement de la terre pure après avoir rencontré le traducteur Bodhirucci.

le maître en méditation Daochuo (jap.Doshaku,562-645)
s'était d'abord spécialisé dans l'étude du Maha-paranirvana avant de pratiquer le chan. Mais converti par l'oeuvre de Tabluan, il adopta finalement l'enseignement de la terre pure.

le maître en méditation Shandao (jap.Zendo,613-681)
se convertit à l'enseignement de la terre pure après avoir vu sa représentation en peinture. Elève de Daochuo, il composa un commentaire au sutra des contemplations dont l'interprétation tranche avec celles de tous les maîtres antérieurs. Il a laissé d'autres ouvrages, notamment de liturgie.

le maître de la loi Huaigan (jap.Ekan,fin 7esiècle)
Il fut un disciple de Shandao, bien qu'il s'éloigna de son enseignement sur plusieurs points. Il est l'auteur d'un volumineux traité résolvant les doutes sur la terre pure.

le maître de la loi Shaokang (jap.Shoko,?-805)
Considéré comme une renaissance de Shandao, est connu pour ses innovations liturgiques, qui furent couronnées d'un succès populaire. Il est le coauteur des vies splendides de ceux qui sont allés naître dans la terre pure de l'ouest.
Compagnon

@Florent : il se trouve qu'il y a 2 patriarches en commun avec les 13 patriarches officiels de la Terre Pure chinoise, et pour ces 2 hommes je dispose de biographies plus complètes et plus longues, acceptes tu que je les dépose ici ou préfères tu que je te donnes les références en mp afin que tu vois ce que tu en fais ?

jap_8
Florent

Fais comme tu veux, comme déjà dis je ne suis pas le propriétaire de ce fil, celui qui veut étoffer ce topic peut le faire, dans la mesure ou l'info est juste.
Compagnon

Certes mais il me paraît néanmoins correct, respectueux de demander avant, c'est tout. jap_8
Quand à la source d'information c'est le site : http://www.amitabha-terre-pure.net/
Le site me semble très complet et c'est le premier site en français que l'on trouve si l'on cherche, je suppose qu'il est fiable.
Florent

En effet je pense que ce site est assez fiable pour ce qui concerne sa partie plutôt orienter Terre Pure sino-viêtanmienne, bien que parfois je le trouve quelque peu approximatif (mais ça c'est un jugement personnel).

De toute façon je ne suis pas sectaire et la Terre Pure quelle que soit ses variantes est forcément une bonne voie, un bon Dharma.
Compagnon

L'école de la Terre Pure chinoise a en commun Shan-Dao qu'elle considère comme son second patriarche :

Le Second Patriarche - "Zen" - Terre Pure : Shan-Dao : "Bon Guide"

Shan-Dao du Temple Guangming naquit en 613, la neuvième année des années Daye de l'empereur Yang de la dynastie Sui (581-618), et vécut pendant le début de la dynastie Tang (618-907). Son nom de famille et sa ville natale demeurent inconnus. À dix ans, il devint un moine novice sous la direction du Maître du Dharma Mingsheng. Il étudia des sutras, y compris le Sutra du Lotus et le Sutra Vimalakirti-Nirdesa, et les textes de l'école des Trois Traités. Après avoir pris de l'âge, il fut parfaitement ordonné par le Maître Vinaya Miaokai.


Soucieux de trouver dans le vaste Dharma Bouddha une Porte du Dharma pour transcender son cycle de naissance et de mort, il se rendit à la bibliothèque du temple et, suite à une prière sincère, arbitrairement prit un texte sur une étagère. Ce fut le Sutra de Visualisation d'Amitabha. Dès lors, il pratiqua diligemment les visualisations enseignées dans ce sutra, en pensant aux ornements magnifiques en la Terre Pure de l'Ouest.

Shan-Dao fit un pèlerinage à la Montagne Lu et rendit hommage sur le lieu de Hui-Yuan (1er patriarche Terre Pure chinoise). Se sentant béni, il débuta une retraite de méditation au Temple Wuzhen sur le côté nord de Zhongnanshan, la Montagne Zhongnan dans la province Shanxi. En quelques années, sa méditation devint profonde et stable, et il vit clairement des tours de joyaux, des étangs, et des fleurs dans la Terre Pure. Puis il commença à voyager, à visiter des maîtres accomplis.

En 641, la quinzième année des années Zhenguan de l'empereur Taizong (627-649), Shan-Dao entendit dire que le Maître du Dharma Daochuo (562 -645) (celui envisagé par Honen dans l'école Terre-Pure Jodo-shu tel que mentionné par Florent) donnait un enseignement de la Porte du Dharma de la Terre Pure au Temple Xuanzhong, aujourd'hui le comté de Jiaocheng, dans la province Shanxi. Shan-Dao alla vers lui et posa des questions sur les essentiels de cette Porte du Dharma. Daochuo lui donna une copie du Sutra du Bouddha Amitayus. Comme ils l'étudièrent soigneusement ensemble, les vues de la Terre Pure devinrent si vives à Shan-Dao qu'il entra en samadhi et y resta pendant sept jours. A cette époque, Shandao n'avait que vingt-neuf ans et Daochuo quatre-vingt ans.

Ayant été témoin de la puissance du samadhi de Shan-Dao, Daochuo lui demanda s'il serait en mesure de renaître dans la Terre Pure. Shan-Dao lui dit de placer une fleur de lotus devant la statue du Bouddha, puis de pratiquer la méditation en marchant pendant sept jours, autour de la statue. Si la fleur de lotus ne se fanait pas au bout de sept jours, Daochuo renaîtrait dans la Terre Pure.

Daochuo suivit l'instruction de Shan-Dao, et fut ravi de voir que la fleur de lotus n'était pas fanée. Daochuo ensuite demanda à Shan-Dao d'entrer en samadhi pour certifier qu'il allait renaître dans la Terre Pure. Après quelques instants de samadhi, Shan-Dao lui dit : "Maître, vous devez vous repentir de trois péchés. En premier, vous avez une fois placé une statue de Bouddha sur un rebord de fenêtre, tandis que vous étiez resté dans la salle. Vous devez vous repentir de ce péché devant les Bouddhas dans les mondes des dix directions. Deuxièmement, vous avez conduit des membres de la Sangha au travail. Vous devez vous repentir de ce péché devant les Sanghas dans les quatre directions. Troisièmement, les travaux de construction du temple à votre charge ont coûté la vie de nombreux insectes. Vous devez vous repentir de ce péché devant tous les êtres sensibles. "

Daochuo se rappela de son passé et reconnut la vérité des paroles de Shan-Dao. Il se repentit sincèrement de ses péchés en conformité avec le Dharma. Après son repentir, Shandao lui dit : "Maître, vos péchés ont été supprimés. Une lumière blanche brillera lorsque vous renaîtrez dans la Terre Pure."

Plus tôt, Daochuo avait déjà reçu un signe. En 628, la deuxième année des années Zhenguan de l'empereur Taizong, au cours d'une pratique de groupe, tous les participants virent dans le ciel le Maître du Dharma Tan-Luan dans un bateau fait des sept trésors, avec des Bouddhas et Bodhisattvas magiquement apparus, des fleurs célestes qui pleuvaient. Daochuo entendit Tan-Luan lui dire : "Votre palais dans la Terre Pure a été achevé, mais votre vie en ce monde n'est pas encore terminée."

En 645, la dix-neuvième année des années Zhenguan de l'empereur Taizong, Daochuo décéda à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, tandis que trois faisceaux de lumière blanche l'accueillirent pour la renaissance dans la Terre Pure.

Après le décès de Daochuo, Shan-Dao se rendit à Chang-an, la capitale de la Chine, et commença son œuvre du Dharma, inspirant les gens à s'entraîner à travers la Porte du Dharma de réciter le nom du Bouddha Amitabha. Dans la salle du Bouddha, à genoux, avec ses mains jointes, avec détermination il n'arrêtait pas de dire "amituo fo " (Bouddha Amitabha) jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Il n'économisait jamais d'argent, et il donnait aux autres la plupart des offrandes qu'il percevait, ne gardant que quelques nécessités pour son usage. Il se plaisait à mendier de la nourriture au lieu d'attendre des offrandes. Il ne dormait jamais couché, et il voyageait toujours seul, pour éviter la conversation distrayante avec des compagnons.

Pour introduire aux multitudes la Porte du Dharma de la Terre Pure, Shan-Dao avait plus de 100.000 exemplaires du Sutra Amitabha et les donna à des gens pour le réciter. Il demanda aux artistes de peindre des images de la Terre Pure, et donna plus de 300 images. Pendant plus de trente ans, avec diligence Shandao s'entraîna lui-même et transforma les autres. Les gens l'appelaient Shan-Dao, ce qui signifie Bon Guide. Tous ses disciples étaient également très diligents. Certains récitaient le Sutra Amitabha 100.000 à 500.000 fois dans leur vie. Certains récitaient le nom du Bouddha Amitabha de 10.000 à 100.000 fois par jour. Beaucoup atteignirent le Samadhi de la Pensée-Aux-Bouddhas, et à la mort, eurent des signes de bon augure de renaissance dans la Terre Pure.

Shan-Dao ne conseillait pas aux gens de pratiquer la visualisation. Il ne leur enseignait que de prononcer le nom du Bouddha Amitabha.
Quand il disait "amituo fo" n'importe quel nombre de fois, chaque fois un rayon de lumière était émis de sa bouche. L'empereur Gaozong conféra à son temple le nom Temple Guangming (radiance). Les gens également l'appelaient le Maître Guangming.


En 681, la deuxième année des années Yonglong de l'empereur Gaozong, Shan-Dao décéda pour une renaissance dans la Terre Pure à l'âge de soixante-neuf ans. Les trois versions de cet événement diffèrent de manière significative. Mais en tout cas, il connaissait son heure. Après s'être éteint, son corps resta souple et son visage rayonnant, et un extraordinaire parfum et de la musique céleste émis durèrent longtemps. Ses disciples consacrèrent ses restes dans une pagode au pied de la montagne Zhongnan, près de la ville de Chang-an.

Selon la vue de Shan-Dao, les êtres ordinaires ont de graves entraves karmiques, et leurs esprits sont trop grossiers pour visualiser les parures magnifiques qui se trouvent dans la Terre de Suprême Félicité. Il serait trop difficile pour eux de devenir accomplis grâce à la visualisation. En revanche, il serait facile pour quiconque de réciter le nom du Bouddha Amitabha pensée après pensée. Si l'on peut poursuivre l'entraînement toute la vie à travers cette Porte du Dharma, une renaissance dans la Terre Pure sera assurée. Si dix personnes s'entraînent de cette manière, dix y renaîtront. Si cent s'entraînent de cette manière, cent y renaîtront.

Toutefois, si cette Porte du Dharma est utilisée avec d'autres Portes du Dharma, alors peut-être trois ou quatre sur un millier de personnes seront en mesure d'y renaître. La raison en est que d'autres Portes du Dharma ne répondent pas aux vœux originels du Bouddha Amitabha, et la concentration que l'on a sur son nom sera interrompue. Il faut se méfier des conséquences indésirables de l'entraînement diversifié.

Shan-Dao encourage ceux qui meurent à se préparer pour la renaissance dans la Terre Pure. Il faut se rappeler que le corps karmique est un fardeau, et que la renaissance dans la Terre Pure sera aussi agréable que de se changer avec de nouveaux habits. Il faut délaisser les préoccupations concernant le monde illusoire de notre corps et esprit, et on devrait réciter en pleine conscience le nom du Bouddha Amitabha, en étant confiant qu'Il viendra nous recevoir dans Sa Terre Pure.

Source : http://terre-pure-patriarches.amitabha-terre-pure.net/

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Compagnon

Notice un peu plus complète de Shao-Kang, qui est le 5ème patriarche Terre Pure aussi bien dans la liste de Honen que dans celle des patriarches chinois :

Shao-Kang de la Montagne Wulong (? -805) vécut durant la dynastie Tang (618-907). Son nom de famille était Zhou, et il était de Xiandushan, comté de Jinyun, dans la province Zhejiang. Avant qu'il prenne naissance, sa mère rêva qu'elle visitait une montagne voisine appelée Dinghufeng, où une jeune fille exquise lui donna une fleur de lotus bleu et lui dit : "Ce lotus bleu auspicieux est à vos soins. Vous aurez un noble fils. Prenez bien soin de lui." Lorsque Shao-Kang fut né, la salle était remplie d'une lumière bleue et d'un parfum de fleurs de lotus.

Pendant les sept premières années de sa vie, Shao-Kang ne disait pas un mot. Un jour, il fut emmené par sa mère au Temple Lingshan pour faire révérence à la statue du Bouddha. Pointant la statue, sa mère lui demanda,"Qui est-ce ?" Shao-Kang soudainement ouvrit sa bouche pour la première fois et répondit, "Le Bouddha Sakyamuni."
En conséquence, ses parents lui donnèrent la permission de devenir un moine novice.

A quinze ans, il comprenait déjà le sens de plusieurs sutras du Mahayana, y compris le Sutra du Lotus et le Sutra Surangama. Puis il étudia la version en 80-fascicules du Sutra Mahavaipulya de l'Ornement du Bouddha, apprenant avec diligence les principes du Bouddha Dharma.

En 785, la première année des années Zhenyuan de l'empereur Dezong, Shao-Kang alla rendre visite au Temple Baima (cheval blanc) à Luoyang, province de Henan. Il vit de la lumière rayonnant à partir d'un essai publié sur un mur, un essai intitulé "Xifang Huadaowen" [Guide vers l'Ouest], par Shan-Dao. Shao-Kang pria, "Si j'ai les conditions pour la Terre Pure, que ce texte émette encore de la lumière."

Immédiatement, les mots émirent de nouveau une lumière chatoyante, dans laquelle Shao-Kang vit des images de Bodhisattvas. Profondément ému par ce signe de bon augure, Shao-Kang se prosterna sur le sol et fit le voeu, "Bien que d'énormes rochers durant pendant un kalpa peuvent être détruits, ma détermination à renaître dans la Terre Pure de l'Ouest ne changera jamais."

Il se rendit ensuite au Temple Guangming (radiance) dans Chang-an, province de Shanxi, et se prosterna devant une image de Shandao dans la colline mémorial. Soudain, il vit l'image de Shandao flottant dans l'air. L'image lui dit, "Suivez mes enseignements et transformez tous les êtres sensibles. Lorsque votre travail méritoire pour la Terre Pure sera terminé, vous y renaîtrez certainement."

Se dirigeant vers le sud, dans Jiangling, province Hubei, Shao-Kang rencontra un moine qui lui dit, "Pour transformer les êtres sensibles, vous devriez aller à Xingding, la province Zhejiang. Les gens spirituellement reliés à vous y sont." Puis, le moine disparut.

Alors Shao-Kang alla à Xingding et s'y installa. Il utilisa les offrandes qu'il recevait pour inciter les enfants à réciter le nom du Bouddha Amitabha. Initialement, si un enfant disait "amituo fo" une fois, il donnait à l'enfant une pièce de monnaie. Puis, un enfant devait réciter dix fois pour recevoir une pièce de monnaie. En un an, les jeunes et les vieux tous apprirent à dire "amituo fo." Le son du nom du Bouddha Amitabha remplit les rues de Xingding.


En 795, la dixième année des années Zhenyuan de l'empereur Dezong, sur la montagne Wulong, Shao-Kang fit construire un stade à trois niveaux, qui servit de lieu de la bodhi pour la Terre Pure. Chaque mois lunaire, lors des six jours de purification, hommes et femmes fidèles allaient à cet endroit de la bodhi pour chanter le nom du Bouddha Amitabha. A l'occasion de chacun de ces jours, plus de trois mille personnes participaient en groupe. Shao-Kang prenait sa place et chantait le nom du Bouddha Amitabha à haute voix, et la foule le suivit en harmonie. Chaque fois que Shao-Kang disait "amituo fo," l'image d'un Bouddha sortait de sa bouche. Quand il le disait dix fois, dix images successivement sortaient de sa bouche, comme des perles enfilées. Shao-Kang disait à la foule, "Si vous pouvez voir ces Bouddhas, vous renaîtrez certainement dans la Terre Pure." Ceux qui les voyaient étaient ravis, les autres qui ne les voyaient pas s'entraînèrent encore plus ardemment.

Dans le dixième mois de 805, la vingt et unième année des années Zhenyuan de l'empereur Dezong, Shao-Kang enseigna à ses disciples monastiques et laïcs : "Vous devriez vous réjouir de la Porte du Dharma de la Terre Pure et avec diligence vous entraîner vous-mêmes avec cette Porte. Vous devriez être dégoûtés de ce monde Saha impur et vous efforcer à la libération. Ceux qui peuvent voir mon rayonnement sont mes vrais disciples."

Puis il émit des rayons de lumière, et décéda paisiblement pour la renaissance en Terre Pure. Après la crémation, ses reliques furent inscrites dans une pagode au sommet d'une falaise appelée Taiziyan.

Beaucoup croient que Shan-Dao était une manifestation du Bouddha Amitabha, et que Shao-Kang était la seconde venue de Shan-Dao.


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Compagnon

http://culturejaponaise.info/lexique/nembutsu.html

Article sur la place du nembutsu dans la culture japonaise :


Le nembutsu est par définition une invocation à un des bouddhas : théoriquement, on peut adresser le nembutsu à qui que soit d'eux, y compris Shakyamuni. Mais en réalité c'est presque exclusivement le bouddha du salut Amida (Amitabha) qu'on prie depuis le 10e siècle où cette pratique est devenue très populaire au Japon.

Les deux types du nembutsu : kansô et shômyô


Le kansô nembutsu consiste à imaginer Amida et ses amis,
dans la Terre pure ou venant chercher ses fidèles lors de la mort.


Le verbe nen (en chinois d'aujourd'hui niàn) signifie originellement imaginer, tandis que le nom butsu (en chinois fó) veut dire le bouddha. Le mot nembutsu désignait donc d'abord la pratique d'imaginer en prière Amida et sa Terre pure (jôdo) souhaitant d'y aller vivre après la mort dans ce monde.

Ce type de nembutsu est préconisé et expliqué en détail par le sutra « Kan Muryôju Kyô ». Pour le distinguer d'un autre, on l'appelle kansô nembutsu (le nembutsu par contemplation). Développé en Chine depuis le 4e siècle, il fut introduit au Japon dès le début du 8e siècle.

Par contre, le shômyô nembutsu consiste tout simplement à appeler le nom d'Amida. A plus précisément dire, on récite son myôgô, « Namu Amida-butsu » : le nom du bouddha est précédé par le mot de dévotion namu dérivé du sanskrit nām, et suivi par butsu, bouddha. Somme toute, le myôgô se traduit comme « Ave, Bouddha Amida! ».
Le fondement de cette pratique orale est donné par un autre sutra « Muryôju Kyô » : il nous dit que pour peu qu'un fidèle appelle le nom du bouddha dix fois, il vivra dans la vie à venir au jôdo, Terre pure d'Amida.


Le jôgyô-zammai : le nembutsu au courant tendai

Le culte d'Amida est très répandu dans le bouddhisme mahāyāna, mais ce bouddha du salut est surtout respecté dans l'école Tiāntái de la Chine. Son fondateur Zhìyǐ (538-97) a en effet incorporé dans ses quatre samadhis (pratiques pour la concentration et la contemplation) une ascèse bien particulière dédiée à Amida : il s'agit d'une marche dextrogyre interminable autour de la statue d'Amida qu'effectuent les ascètes en récitant son nom et imaginant sa Terre pure et ses saints. L'ascèse, à la recherche de l'union avec le bouddha, durait pendant des jours sans interruption et était très pénible pour les pratiquants qui devaient marcher presque sans repot.

Ici déjà, la récitation du nom du bouddha (shômyô) et la contemplation (kansô) coexistent avec des mouvements physiques comme la marche dans une seule pratique. Ces trois éléments seront très importants dans le développement du culte d'Amida.


La pratique complexe fondée par Zhìyǐ, appelée en japonais jôgyô-zammai ou nembutsu-zammai, a été introduite systématiquement par Ennin (794-864) dans l'école Tendai du Japon, sans oublier ses éléments musicaux qui accompagnaient la marche et la récitation du nom du bouddha. En effet, le chant par le chœur a si profondément impressionné les Japonais que le nembutsu du Mont Hiei était très apprécié par eux. La pratique était ainsi à la mode jusqu'au milieu de l'époque Heian (794-1183) et de nombreux pavillons pour cette pratique (jôgyô-zammai dô) ont été construits.

YOSHISHIGE no Yasutane (après 933-1002) était un noble inférieur très cultivé en classiques chinois et extrêmement dévoué à Amida. Devenu moine à Enryaku Ji en 986, il a organisé avec Genshin (voir ci-dessous) une communauté des 25 religieux dont les principales activités étaient le nembutsu-zammai et l'assistance mutuelle lors de la maladie et de la mort.

Ces pavillons étaient d'abord très petits : le plan n'en était qu'un carré de moins de six mètres de côté. Cette exiguïté témoigne de la compacité intime du cercle des pratiquants. Autrement dit, le jôgyô-zammai n'était jamais une pratique populaire, mais une ascèse stricte réservée aux ascètes bien déterminés.

La promotion du shômyô nembutsu par le moine Kûya

A partir du milieu de l'époque Heian, la pratique du culte d'Amida s'est divisé en deux : un courant populaire préconisait la récitation de son nom, shômyô; un autre, plus traditionaliste et réservé aux intellectuels et surtout aux religieux, s'attachait à la contemplation (kansô). Ces deux pratiques étaient toujours appelées nembutsu.

Le shômyô nembutsu était promue énergiquement par les adeptes d'Amida pour sa facilité. Le moine chinois Shàndǎo (jp.: Zendô; 613-681) était le premier à recommander au grand public de faire le shômyô nembutsu pour que tout le monde eussent le salut sans être découragés des difficultés des pratiques.


Au Japon, le shômyô nembutsu devenait populaire grâce notamment aux activités de Kûya (903-972) qui prêchait au grand public et en particulier aux marchés. Sans se contenter de la propagande, il travaillait aussi pour la bienfaisance des pauvres et surtout pour les morts, mettant les corps abandonnés en crémation et les enterrant dignement. Sa personnalité et ses actes attirèrent beaucoup d'adeptes, et il y a de plus en plus de pratiquants du shômyô nembutsu.

Sur la statue de Kûya, on s'aperçoit d'un petit gong qu'il porte sur la poitrine. Il le frappe d'une baguette en forme de T. Le rythme ponctuée par la percussion sera dorénavant un élément inséparable du l'appel à Amida. S'il n'y a pas de preuve pour attribuer à ce religieux l'origine de l'odori-nembutsu (le nembutsu pratiqué avec la danse), il n'aurait fallu qu'un pas pour y parvenir.

Genshin l'érudit et Ryônin le musicologue

Si Kûya était un homme de pratique qui se mêlait parmi le peuple, Genshin (942-1017) était un moine théoricien qui vulgarisa le culte d'Amida en rédigeant en 985 le fameux « Ôjô Yô Shû (Le précis pour la naissance dans la Terre pure) ». C'est un ouvrage riche de citations qui préconise le nembutsu pour renaître dans la Terre pure d'Amida afin de devenir bouddha et ainsi sortir du cycle de la métempsycose, car pour lui il n'y a plus de moyen d'avoir l'illumination dans ce monde trop dégradé.

Mais pour lui, le nembutsu par imagination était plus important que celui par récitation. L'association Nijûgo-zammai-e qu'il a fondé avec YOSHISHIGE no Yasutane en 986 était d'ailleurs marquée par les éléments du bouddhisme ésotérique comme le Mantra de la Lumière (Kômyô Shingon), formule invoquant Amida.

Pour la musique associée au nembutsu, nous ne pouvons pas omettre le nom de Ryônin (1073-1132). Lui aussi moine au Mont Hiei, il aurait rendu service au jôgyô-zammai dô à Enryaku Ji. Devenu ermite à Ôhara au nord de la capitale Kyôto, il a parachevé la musique chorale liturgique du courant tendai sur le fondement de celle introduite par Ennin. On lui doit au moins la base musicale de la vogue des wasan, hymnes surtout à Amida en japonais composés en grand nombre depuis le 10e siècle. Ces vers en langue vernaculaire ont beaucoup contribué à vulgariser la doctrine du salut par Amida et donc à propager le nembutsu chez le peuple.

Yûzû nembutsu, ou la théorie de coopérativité

Ryônin aurait été d'ailleurs non moins important dans le domaine théorique de la croyance en Amida. Plusieurs documents postérieurs lui attribue en effet la théorie du yûzû nembutsu, soit la coopérativité du nembutsu. C'était pour ainsi dire le principe de « chacun pour tous, tous pour chacun » : une récitation du myôgô par une personne a un effet de salut universel. Selon le « San Gai Ôjô Ki » (achevé probablement vers le milieu du 12e siècle), le moine en a eu l'inspiration dans un songe en 1117.

S'il est aujourd'hui bien connu que cette théorie « coopérative » est profondément enracinée dans les idées traditionnelles du tendai et qu'elle avait existé bien avant Ryônin, ce religieux a sans doute joué un rôle important dans la formation des communautés des fidèles du shômyô nembutsu par sa musique et par ses pratiques, vu que les adeptes du yûzû nembutsu se réclamaient de lui.

Le caractère communautaire du yûzû nembutsu a sans aucun doute favorisé l'organisation des sessions du nembutsu avec de nombreux participants. La récitation interminable du myôgô sur des mélodies variées et surtout la danse en rond leur renforçaient le sens d'unité. Appelé dai-nembutsu (grand nembutsu), cette pratique collective assurait à ses contemporains non seulement leur propre salut mais aussi celui de leurs ancêtres grâce à la solidarité de la communauté dépassant le temps.

Pour ainsi dire, le yûzû nembutsu promet à ses fidèles la même chose ou presque que la messe offerte pour les défunts chez les catholiques. C'est un point crucial chez un peuple pour lequel les esprits ancestraux jouaient un rôle très important dans la vie spirituelle. En effet, le nembutsu sera dorénavant souvent incorporé dans la fête estivale o-bon, celle essentiellement vernaculaire du retour des esprits ancestraux supersposée des éléments bouddhistes.

La victoire du shômyô nembutsu

Les deux styles de nembutsu, récitation du nom d'Amida et contemplation, étaient pratiqués également jusqu'au 14e siècle. Mais, étant donné que le kansô nembutsu, soit le nembutsu par contemplation, exige plus de connaissances dogmatiques et d'application, le shômyô nembutsu, plus facile à pratiquer pour le peuple, finit par l'emporter sur l'autre. Pour cela, Hônen (1133-1212) contribua beaucoup par son livre « Senchaku Hongan Nembutsu Shû (Sur la sélection du nembutsu parmi les vœux d'Amida) » (1198), dans lequel il sélectionne le shômyô nembutsu pour sa facilité même, et ôte les autres pratiques bouddhistes comme non essentielles pour le salut par Amida.

Le sens du shômyô nembutsu n'est pourtant pas le même selon les maîtres spirituels du culte d'Amida. Pour Hônen, le nembutsu gardait toujours un caractère d'ascèse : lui-même, il pratiquait soixante mille fois de récitation du myôgô par jour. Par contre, son disciple Shinran (1173-1262) prit la position de sola fide, rejetant toutes les bonnes œuvres comme inutiles. Pour lui, le nembutsu n'est plus une ascèse, mais la parole de remerciement : une fois que la foi du croyant est établie, le salut est assuré en définitive. En même temps, il rejette catégoriquement l'idée du yûzû nembutsu, incompatible avec le principe du salut par la foi individuelle.

Pour Ippen Chishin (1239-89), le myôgô a à lui seul une force surnaturelle et grâce à lui le salut est déterminé indifféremment de la foi et de l'acte de l'homme. Ses idées sont proches de la théorie du yûzû nembutsu, avec un penchant comme « Ex opere operato ». Ce religieux accordait aussi une importance particulière à l'état extasique engendré par le nembutsu avec la danse des fidèles (odori nembutsu).

Le nembutsu et les arts d'agrément populaires

Le nembutsu populaire était depuis l'époque de Kûya (10e siècle) très vigoureux, voire bruyant. Avec les instruments à percussion comme les petits gongs et les tambours, il était souvent détesté par les traditionalistes, comme pur vacarme fanatique. La danse extatique scandalisait surtout les gens de bon sens, car les nonnes dansaient souvent frénétiquement sur la véranda, faisant voltiger le bas de leur vêtement.

Par exemple, au Mont Kôya, bastion du courant shingon, la pratique du shômyô nembutsu avec les gongs ou accompagnée de la danse a été strictement interdite en 1413.

Inutile cependant de vouloir interdire le nembutsu populaire : déjà incorporé dans le folklore religieux ou devenu le pilier de la solidarité des gens grâce surtout à l'idée du yûzû nembutsu, le shômyô nembutsu se trouve très souvent avec les rassemblements du peuple.

La régression de la spiritualité est un aspect inévitable de la popularisation de la pratique religieuse. Ainsi, le nembutsu avec la danse (odori nembutsu) devenait la danse associée au nembutsu (nembutsu odori), puis la danse folklorique profane comme le bon odori organisée en été.

De même, le dai nembutsu, grand rassemblement des fidèles pour le nembutsu, a fait naître un théâtre comique mi-religieux mi-laïc (dai nembutsu kyôgen) et finalement un spctacle de divertissement, rokusai nembutsu.

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Florent

La Sainte Troupe des Bodhisattvas entourant Amida

Le sutra des dix méthodes menant à la naissance dans la Terre Pure. dit:

" Si des êtres commémorent le bouddha Amida en faisant le voeu d'aller naître dans sa Terre Pure, ce Bouddha leur envoie aussitôt les vingt cinq Bodhisattvas pour les protéger".

Selon la Somme de la naissance dans la Terre Pure de Genshin (942-107) ces 25 Bodhisattvas sont:

Kanzeon 観世音 (Kannon 観音)= Avalokitesvara= L'être d'éveil considérant les voix du monde

Daiseishi 大勢至(Seishi 勢至)= Mahasthamaprapta=L'être d'éveil Grande froce de la sagesse

Yakuō 薬王= Bhaisajya Raja= L'être d'éveil roi des remèdes

Yakujō 薬上=Bhaisajya samudgata= L'être d'éveil remède supérieur

Fugen 普賢= Samantabhadra= L'être d'éveil Sage universel

Hōjizaiō 法自在王 (Monju文殊)=Manjusri= L'être d'éveil Sainte gloire paisible

Shishiku 獅子吼= Simhanada= L'être d'éveil rugissement du lion

Darani 陀羅尼= Dharani= L'être d'éveil Dharani

Kokūzō 虚空蔵= Akasagarbha=L'être d'éveil quintessence du ciel (ou de l'espace)

Tokuzō 徳蔵= Ratnachandra= L'être d'éveil Lune de Joyaux

Hōzō 宝蔵= Ratnaprabha= L'être d'éveil éclat lunaire

Konzō 金蔵= Purnachandra= L'être d'éveil pleine lune

Kongōzō 金剛蔵= Ratnapani= L'être d'éveil joyau en paume

Kōmyō-ō 光明王= L'être d'éveil lumière étincelante

Sankaie 山海慧(Joshojin)= Nityodyukta= L'être d'éveil zèle constant

Kegon-ō 華厳王= L'être d'éveil roi des ornements de splendeur

Shuhō-ō 衆宝王= L'être d'éveil roi des trésors

Gakkō-ō 月光王= Chandraprabha= L'être d'éveil lumière de la lune

Nisshō-ō 日照王= Suryaprabha= L'être d'éveil lumière du soleil

Sanmaiō 三昧王= Samadhiraja= L'être d'éveil roi du samadhi

Jōjizaiō 定自在王= L'être d'éveil roi du samadhi de libération

Daijizaiō 大自在王= L'être d'éveil roi de la grande libération

Byakuzō-ō 白象王= L'être d'éveil roi éléphant blanc

Daitokuō 大威徳王= Yamantaka =L'être d'éveil destructeur de la mort

Jizō 地蔵= Ksitigarbha= L'être d'éveil Sainte mère de la terre

Pour certains Bodhisattva leurs noms ne sont connus qu'en traduction sino-japonaise, nous n'avons donc pas d'équivalent sanscrit.

A noter aussi que ces 25 Bodhisattvas sont souvent représentés sur les peintures dite " Amida Nijugo Bosatsu Raigo 阿弥陀二十五菩薩来迎" ou on les voient sur des nuages en compagnie du Bouddha Amida descendre vers la terre, et ce afin d'accueillir le fidèle dans la Terre Pure du Bonheur Suprême.
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