Le bouddhisme : une religion ? Ou pas...

ted

Selon vous, le bouddhisme est-il une religion ?
Compagnon

Je recopies ci-dessous deux textes sur la question :

Celui-ci est de moi :

Un journaliste aurait demandé un jour au physicien Albert Einstein si il croyait en Dieu, Einstein lui aurait répondu :

« Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j’y crois. »

Il paraît sage donc de donner d'abord une définition de la religion.

Selon le dictionnaire Larousse :

Ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l'homme avec le sacré.
Ensemble de pratiques et de rites spécifiques propres à chacune de ces croyances.
Adhésion à une doctrine religieuse ; foi.
Toute organisation ou activité pour lesquelles on a un sentiment de respect ou de devoir à accomplir.

Plutôt que simplifier, cette définition nécessite d'expliciter aussi les termes suivants :

Croyance : fait de croire à l'existence de quelqu'un ou de quelque chose, à la vérité d'une doctrine, d'une thèse.

Dogme : Point fondamental et considéré comme incontestable d'une doctrine religieuse ou philosophique, ensemble de ces points constituant une doctrine. Opinion donnée comme certaine, intangible et imposée comme vérité indiscutable.

Sacré : Qui appartient au domaine séparé, intangible et inviolable du religieux et qui doit inspirer crainte et respect.

Rites : Ensemble des règles et des cérémonies qui se pratiquent dans une Église particulière, une communauté religieuse.

Doctrines : Ensemble de croyances ou de principes traduisant une conception de l'univers, de la société, etc., constituant un système d'enseignement religieux, philosophique, politique, etc., et s'accompagnant souvent de la formulation de règles de pensée ou de conduite.

Le Bouddhisme est bien un ensemble déterminé rattaché à un homme (le prince Siddharta Gautama du clan Shakya) dont l'existence historique n'est pas a ma connaissance été remise en cause pour le moment. Il y a donc une part de croyance mais basée sur des faits, du tangible, du mesurable. Donc est ce vraiment toujours une croyance ?

Le Bouddhisme parle bien d'une conception de l'univers, de la société, c'est un système d'enseignement, il touche au politique parfois, il aborde certains sujets philosophiques, il formule des règles de pensée et de conduite. Donc il y a bien de la doctrine dans le bouddhisme.

Il y a aussi des rites, des rituels, plus ou moins importants selon les différents courants du bouddhisme. Même une simple méditation personnelle, seul, peut être très ritualisée ou très peu, selon les goûts et affinités.

Il y a aussi une communauté religieuse : la Sangha.

Est ce que l'on « croit » en la vérité de la doctrine ou de la thèse du Bouddha ?

Qu'en dit le Bouddha lui même :

« Ne suivez pas mon enseignement aveuglément, éprouvez le par vous même ».

Donc le Bouddhisme n'est pas une question de foi aveugle. L'on n'est convaincu personnellement que le Bouddha dit vrai qu'après avoir vérifier en personne par l'expérimentation. Et si l'on est pas convaincu, aucun problème, personne ne vous oblige à être bouddhiste.

Le Bouddhisme est-il dogmatique ?

Voilà ce qu'en aurait dit le Bouddha lui même :

« Doutez de tout et surtout de ce que je vais vous dire ».

Non, le Bouddhisme n'est pas dogmatique.

Y a t-il du sacré dans le Bouddhisme ?

Plus ou moins. Il existe un profond respect envers le Bouddha Shakyamuni, on respecte l'homme, son parcours, sa sagesse, sa volonté, certains courant du bouddhisme on des rituels de dévotions importants envers les effigies du Bouddha, certains courants invoquent aussi le Bouddha pour les aider. Toutefois, le Bouddha n'inspire jamais la moindre crainte, la moindre terreur, le bouddha n'est pas un dieu, il n'est pas un créateur de quoi que ce soit (la vie, l'univers l'homme etc. ). C'est un maître de sagesse, un être exceptionnel, un guide spirituel, mais dont le statut de Bouddha ( : Eveillé) est accessible par tous.
De plus le Bouddha Shakyamuni n'est pas une fin en soit, sont statut d'Eveillé est un idéal, mais trop se focaliser sur sa personne, en tant qu'individu, peut devenir un obstacle même à l'Eveil.

Le Bouddha Shakyamuni dit lui même :

« Toi seul est ton propre maître. C'est de toi que l'effort doit venir »

et :

« Ne croyez pas les individus ; fiez vous aux enseignements ; ne croyez pas les mots : fiez vous au sens ultime ; Ne croyez pas l'intellect : fiez vous à la sagesse ».

Le maîtres bouddhiste zen chinois Lin-Tsi ne dit-il pas avec une provocation délibérée mais éclairante :

« Si tu rencontres le Bouddha, tue le ».

Donc on peut qualifier le bouddhisme de religion et de philosophie mais non dogmatique, non prosélyte, basée sur l'expérimentation personnelle et/ou l'écoute d'une maître qualifié, sans prophète et sans dieu(x), accessible absolument à tous, avec un fondateur : le bouddha shakyamuni, qui vous invite à le dépasser.

Au final : il ne dépend que de vous de considérer si le bouddhisme est une religion ou pas, et souvenez vous, le bouddha nous invite à ne pas faire confiance aux mots. En Asie par exemple on qualifiera plutôt le Bouddhisme de "secte" (sans aucune des connotations négatives que ce terme à pris en Occident). Vous voyez à quel point les mots peuvent être des pièges ?


Le second n'est pas de moi :

Texte trouvé sur le site de l'Institut d'Etudes Bouddhiques, centre francophone d'étude et d'enseignement sur le bouddhisme.

On cherche souvent à mettre une "étiquette" sur l'enseignement du Bouddha : on se demande si le Dharma est une religion, une philosophie, une morale, une "science de l'esprit"... Mais ces étiquettes dépendent de définitions qui ont été établies au fil des siècles, en fonction de l'histoire de l'Occident. Aucune ne lui correspond vraiment exactement !

Religion ?

Une religion, généralement, s'appuie sur la croyance en l'existence d'un dieu, créateur du monde et de l'homme. Elle fournit une explication "extérieure", que l'homme subit et à laquelle il doit s'adapter. Pour être "sauvé", celui-ci doit entrer en communication avec ce dieu et respecter ses commandements.

Le Dharma, lui, présente une explication "intérieure" : sa vision du monde et sa propre vie dépendent de chaque homme. L'homme est ainsi seul responsable de son illusion et de sa souffrance, mais aussi seul responsable de son "salut", qui dépend de son engagement et de sa pratique pour échapper à l'illusion.

Par bien des aspects, pourtant, le bouddhisme ressemble à une religion : il existe des temples, des rituels, des statues, des actes de dévotion...
Si on peut parler de "foi" dans le bouddhisme, c'est plutôt dans le sens d'une confiance dans l'enseignement du Bouddha et le témoignage de ses successeurs, qui assurent que chacun est capable d'échapper à la souffrance et d'expérimenter l'Eveil. Mais le Bouddha est un exemple à suivre : on ne le "prie" pas pour qu'il nous vienne en aide.

Des cérémonies ont lieu en son honneur : il s'agit de le commémorer, comme on honore un "grand homme". Les rituels (offrande d'encens, de bougies, de nourriture) ne sont pas destinées à s'attirer ses faveurs mais sont des marques de respect, une façon détournée d'offrir des offrandes aux moines ou une mise en pratique de son enseignement (le don est une manière de pratiquer le détachement).

Le rituel est aussi une pratique de méditation, qui facilite la concentration et détourne l'esprit des préoccupations quotidiennes. Les temples et les statues de Bouddha jouent aussi ce rôle : ils représentent, de manière symbolique, différents points de son enseignement, aident à les avoir toujours présents à l'esprit et contribuent à soutenir la motivation.

Philosophie ?

La philosophie s'appuie sur l'intelligence et la raison pour comprendre le monde et l'homme. La philosophie, aujourd'hui, est surtout un discours théorique "sur" le monde, qui n'implique pas forcément de changer sa manière de vivre. Alors que, dans l'Antiquité, les philosophes étaient aussi des "maîtres à vivre", et leur philosophie se voulait pratique.
Le Dharma propose une démarche qui est plus proche de celle des philosophes antiques que des philosophes modernes, puisqu'elle doit entraîner une nouvelle manière de vivre. Mais il ne s'appuie pas seulement sur la raison et l'intelligence. Si l'étude et la réflexion sont nécessaires, la pratique de la méditation est indispensable, et celle-ci ne fait pas appel au raisonnement mais à l'expérience directe.

Morale ?

La morale se présente comme un ensemble de règles de conduites pour la vie en société, fondé sur une définition "absolue" du bien et du mal. On peut distinguer une morale "naturelle", dans laquelle tout le monde est sensé pouvoir s'entendre sur la définition du bien et du mal (parce qu'elle dépend d'une "raison universelle") et une morale "religieuse", le bien et le mal étant alors définis par les "commandements divins".

Il existe bien une "morale bouddhiste", qui préconise des règles de vie commune. Mais sa définition du bien et du mal ne dépend pas de commandements divins ni d'une "raison universelle". Elle part de la constatation de l'universalité de la souffrance humaine, considère comme mal tout ce qui peut générer de la souffrance, pour soi et pour autrui, et comme bien tout ce qui permet d'atténuer la souffrance ou d'empêcher son apparition.

Il ne s'agit donc pas d'une définition théorique, "absolue", mais d'un ensemble de conseils pratiques qui doivent faciliter l'accès à l'Eveil pour tous.

On pourra lire, en complément, l'article "Le bouddhisme : au-delà du Bien et du Mal"
hemi

Des choses et des définitions ne sont pas des choses et des définitions. Ce sont vous, assis devant moi, maintenant, qui voyez, entendez, sentez et percevez... Vous créez des noms et des définitions.
Les entretiens de Lin Tsi
alors...
quand la pâte à modeler commence à modeler... c'est sans fin

@compagnon
le bouddhisme "public" n'est pas très différent du christianisme "public"
quand aux pratiques "intérieurs" elles sont hors dogmes et croyances que ce soit dans le bouddhisme, hindouisme ou islam (cf sufi)
Compagnon

@Hemi : étant donné que je ne sais pas tout ce que tu mets derrière les termes de "christianisme public" et "bouddhisme public" je ne peux te dire.
hemi

@compagnon j'aurais du dire "bouddhisme populaire" et "christianisme populaire"
toggeli

En quoi ça nous avance de coller (ou pas) l'étiquette "religion" sur le bouddhisme, surtout si la réponse est fonction du dictionnaire qu'on consulte pour définir l'étiquette ...
hemi

toggeli a écrit :de coller (ou pas) l'étiquette "religion" sur le bouddhisme
de coller une étiquette sur une étiquette
toggeli a écrit :En quoi ça nous avance...
Ceux qui pensent que les définitions ont un sens propre, ça les avance à se défaire de cette illusion, notemment, grâce à des réponses comme la tienne.
Ceux qui voient que les définitions sont des hallucinations de leur propre esprit, ça les occupe, puisque le show continue de toute façon.
Y a-t-il du mal par ici?
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Zopa2
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toggeli a écrit :En quoi ça nous avance de coller (ou pas) l'étiquette "religion" sur le bouddhisme, surtout si la réponse est fonction du dictionnaire qu'on consulte pour définir l'étiquette ...
Le fait de chercher à poser ou pas l'étiquette "religion" ou " philosophie" sur le bouddhisme est le signe d'un esprit qui s'interroge, qui cherche à mieux comprendre la doctrine et la pratique qui l'intéresse. Je ne vois pas nécessairement cela comme étant une chose complètement inutile ou nuisible..

Mais au-delà de cette question d'étiquette, ce type de questionnement renvoie à une autre question, plus fondamentale me semble-t-il : le bouddhisme est-il une croyance ou bien la raison et l'expérience personnelle suffisent-elles pour en accepter les fondements et avancer sur ce chemin ?
hemi

Zopa2 a écrit :le bouddhisme est-il une croyance ou bien la raison et l'expérience personnelle
Le bouddhisme ne peut pas être la croyance ou la raison,
c'est toi, qui pratiques le bouddhisme, toi qui peux avoir des croyances ou la raison.

Quand tu acceptes une doctrine bouddhique et veux la suivre c'est une croyance.
Ensuite, avec la pratique, tu vérifies la doctrine par la pratique.
Et si ton expérience de perception prouve tel ou tel point de la doctrine, ça devient de moins en moins la croyance et de plus en plus la réalité. Et la réalité ne nécessite plus ni la doctrine ni la confirmation. Un peu comme ça.
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davi
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La foi est un facteur mental positif. Grâce à lui nous nous engageons dans la pratique.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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