cgigi2 a écrit :Dhamadama dit:
Oui le bouddhisme permet d'appréhender différemment le monde qui nous entoure, la vérité conventionnelle mais derrière se cache une vérité ultime. Sans un minimum de foi et de croyance fondée sur l'expérience du Bienheureux, nous ne sommes que des aveugles.
Gigi dit:
Ce n'est pas a proprement parler le Bouddhisme qui nous permet de contacter cette vérité ultime, mais bien le Dhamma,et le Bienheureux a bien spécifier, ne croyez pas en moi, ne croyez pas en ce que je dis mais expérimenter,
ayez foi en Cela, et non croyez en moi ou en ma parole,
Cette vérité ultime est en chacun de nous
Et c'est par la méditation
que nous allons
au précieux rendez-vous du Dhamma
Ici et maintenant
Avec metta
Gigi
Je ne suis pas d'accord et je vais tenter d'étayer ma pensée car me semble il, on utilise à tord le Kalama Sutta et l'idée général qu'il faille se fier uniquement à sa propre expérience et rejeter la croyance dans la parole du Bouddha.
« Kalamas, ne vous laissez pas guider par ce que vous avez entendu dire ni par les traditions. Ne vous laissez pas guider par l'autorité des textes religieux, ni par la simple logique ou les allégations, ni par les apparences, ni par la spéculation sur des opinions, ni par des vraisemblances probables, ni par la pensée : ‘Ce religieux est notre maître spirituel’. « Cependant, lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses ne sont pas justes, qu‘elles sont blâmables, condamnées par les sages et que, lorsqu'on les met en pratique, elles conduisent au mal et au malheur, abandonnez-les !
Dans un premier temps, définissons ce qu'est ce que le Dhamma ?
Dharma, (transcription depuis le sanskrit: धर्म), ou dhamma (depuis le pali: धम्म), est un terme polymorphe et important dans les philosophies et religions indiennes. Selon le contexte, la définition diffère et recouvre une grande variété des sens théoriquement dérivés de la racine dhar, porter, soutenir :
- ferme, établi ;
- loi naturelle
- substance, essence, caractéristique, vérité, réalité
- vertu, religion, enseignement, doctrine ;
- phénomène, fait de conscience et même atome
De façon générale, dharma désigne donc l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, ou naturelles.
Maintenant que dit le kalama sutta dans son essence ? Je m'appuie sur le commentaire (extraits) du Vénérable Bhikkhu Bodhi. S'il subsiste quelques erreurs de grammaires/synthaxe ne m'en tenez pas rigueur, j'affine cette traduction.
Maintenant ce passage, comme tout ce que le Bouddha a prononcé, a été dicté dans un contexte spécifique avec un public particulier et doit donc être compris en rapport à ce contexte. Les Kalamas, les citoyens de la ville de Kesaputta, étaient visités par des enseignants religieux aux points de vue divergents, chacun d'eux prônant ses propres doctrines et balayant les doctrines de leurs prédécesseurs. Cela laissaient perplexes les Kalamas, et donc lorsque «Gotama le solitaire», réputé pour être un Eveillé, arriva dans leur ville, s'approchèrent de lui dans l'espoir qu'il pourrait être en mesure de dissiper la confusion. Dès le développement ultérieur de ce sutta, il est clair que les questions qui laissent perplexes les kalamas ont attrait à la réalité de la renaissance et de la rétribution karmique pour bonnes et mauvaises actions.
Le Bouddha commence en assurant les Kalamas que dans de telles circonstances, il est approprié d'émettre le doute car cela encourage le libre examen. Ensuite, il cite le passage ci-dessus, en conseillant les Kalamas d'abandonner les choses qu'ils savent d'eux-mêmes être mauvais et d'entreprendre les choses qu'ils savent être bonnes pour eux-mêmes . Ce conseil peut être dangereux si il est donnée à ceux dont l'éthique est peu développée, et nous pouvons donc supposer que le Bouddha considérait les Kalamas comme des gens à la morale affinée. En tout cas, il ne les abandonna pas à leur sort, mais les encouragea à s'interrogeant sur leurs conduites et constater que la cupidité, la haine et l'illusion, étaient de nature à nuire à soi et aux autres, que ces conduites devaient être abandonnées, et leurs contraires, bénéfiques pour tous, devaient être développées.
Maintenant, le Kalama sutta propose qu'un adepte de la voie bouddhiste puisse se passer de toute foi et de la doctrine, qu'il fasse de sa propre expérience personnelle le critère pour juger les paroles du Bouddha et de rejeter ce qui ne peut être concilié avec lui même ? Il est vrai que le Bouddha ne demande pas aux Kalamas d'accepter tout ce qu'il dit , mais notons un point important: les Kalamas, au début du discours, ne sont pas les disciples du Bouddha. Ils s'approchèrent de lui que comme un conseiller qui pourrait les aider à dissiper leurs doutes, mais ils ne sont pas venus à lui comme le Tathagata, qui pourrait leur montrer le chemin du progrès spirituel et de la libération finale.
Ainsi, parce que les Kalamas n'était pas encore venu à accepter le Bouddha comme le révélateur de la vérité libératrice, il n'aurait pas été de rigueur d'exposer le Dhamma comme son propre remède tels que les Quatre Nobles Vérités, les trois caractéristiques et les méthodes de contemplation. Ces enseignements sont spécifiquement destinés à ceux qui ont accepté le Bouddha comme leur guide et dans les suttas il les expose seulement à ceux qui «ont acquis la foi dans le Tathagata" et qui possèdent le recul nécessaire pour les comprendre et les appliquer. Les Kalamas cependant, au début du discours n'ont pas encore le terreau fertile pour le Bouddha de semer les graines de son message libérateur. Toujours confus par les revendications conflictuelles qui lui ont étés exposés, ils ne sont pas encore clairement sur la même voie
En réaction à la religion dogmatique et la soumission au paradigme du savoir scientifique, il est devenu systématique en faisant appel au Kalama Sutta que l'enseignement du Bouddha demande de renoncer à la foi et la doctrine et d'accepter uniquement ce nous pouvons vérifier personnellement. Cette interprétation du sutta oublie que le conseil donné aux Kalamas était subordonnée à la condition qu'ils n'étaient pas encore prêts à remettre leur foi en le Bouddha et sa doctrine, il oublie aussi que le sutta omet, pour cette même raison , toute mention à la vue juste et à la perspective qui s'ouvre quand on acquiert la vue juste. Il propose plutôt un conseil raisonnable sur une vie saine lorsque la question des convictions est mis entre parenthèses.
Je pense qu'il faille bien se garder de prôner l'auto libération comme ultime réalité et rejeter toute foi ou croyance dans la parole du Bienheureux. Bien évidemment il ne faut pas idolâtrer l'homme et son discours au point d'en faire un gourou mystique dont la seule écoute du discours permettrait de se libérer. Seul le buddhadhamma peut nous libérer du samsara, il est une vérité qui existait avant le Bouddha Sakyamuni que les précédents Bouddha on découvert. Cette vérité le Bienheureux l'a mise en forme et nous l'a offert, on l'appelle Bouddhisme. Je ne remets pas en cause le principe de "véritable nature", mais il ne suffit pas de méditer et à contrario d'écouter le buddhadhamma, c'est un juste équilibre basé d'une part sur la foi (saddha) et la pratique du Noble Octuple Sentier (Ariyo atthangiko maggo). Si l'on ne suit pas le Noble Octuple Sentier on ne se libère pas, hors c'est la ou le bât blesse: le Bienheureux ne nous a jamais obligé à pratiquer la noble discipline et les 5/10 préceptes en sont la preuve mais si l'on ne suit pas cette discipline point d'Eveil.
Donc oui le buddhadhamma est bien un dogme, structuré selon un cheminement défini (par rapport et en calque de la propre expérience libératrice du Bouddha)
qui demande de suivre une voie définie.
Ceci est en tout cas ma vision de ce qu'est le
bouddhisme en lien avec ma propre expérience et celle du Bienheureux.