question

antodume

Sourire a écrit :Histoire de continuer sans qu'on trébuche trop, pourras-tu, toi aussi, indiquer ce que tu entends par "choses illusoires" ? Comme je le dis plus haut, je crains que le terme n'aie pas le même sens pour tout le monde...
Personnellement, je n'aime pas parler d'illusion mais plutôt de vue erronée ou imparfaite à quoi il faut opposer la vue juste. Prenons un exemple. Supposons un homme qui ne voit qu'en deux dimensions (2D). Si on lui montre un cube, il ne voit qu'un carré. Peut-on dire que son carré est une illusion ? Non, c'est simplement une vue imparfaite. Et la vue deviendrait proprement erronée si cet homme prétendait que ce carré est un cercle. Mais si l'homme admet avoir une vue imparfaite et qu'on lui explique que ce qu'il voit n'est pas un carré mais un cube et qu'un cube est une figure géométrique fermée qui contient 6 faces carrées reliées entre elles, au niveau des arrêtes, en angle droit, il comprend ce que signifie "figure fermée", ce que sont "6 faces carrées reliées entre elles", il comprend ce que sont les "arrêtes" et ce qu'est un "angle droit" même s'il ne voit pas le cube. Car cette définition, pour juste qu'elle soit, n'est pas la vue juste en ce sens qu'un cube n'est pas "visible" en 2D. C'est pour cette raison qu'on dit que la vérité ou, plus exactement, la vue juste est inaccessible au raisonnement. Une définition juste n'est pas la vue juste. Dans le bouddhisme, c'est la différence entre la connaissance sutrique et la vue directe dans sa vraie nature (même si les deux ne s'opposent pas, évidemment). Aussi loin que nous puissions aller dans le raisonnement, une vue 2D ne permet pas de voir une vue 3D, et même si on utilise la perspective pour ça ou la définition précise. Une vue perspective ou une définition ne permettent pas de toucher un cube. C'est la raison pour laquelle nous disons, dans le zen, que l'on ne voit pas avec ses yeux (seulement) mais avec tous ses sens (ici le toucher pour le cube). Et un maitre zen demande à son élève de lui montrer un cube et non d'en donner la définition car seul celui qui voit en 3D peut réellement montrer un cube à son maître et non celui qui n'en connait que la définition parce qu'il ne voit qu'en 2D.
Sourire

Et que diras-tu de
Dharmadhatu a écrit :Pour Antodume, tout serait vide, SAUF l'action ! ;-)
L'opposition "ni action ni non-action" me semble, je dois dire, plus directe que celle "ni action ni acteur"...
Dharmadhatu a écrit :La vue finale de Nagarjuna et du Bouddha c'est: ultimement, il n'y a ni acteur ni action
Antodume a écrit :Bien évidemment. Seule l'action existe. Depuis que le Bouddhisme existe, il n'y a pas d'acteur. Et ce n'est pas jouer sur les mots.
Juste des causes ?
C'est démoralisant... A quoi ça sert que ducros y se décarcasse le moral, alors...
Oups... Je disais donc : juste des causes et des effets ? Et le libre arbitre alors ? Et la capacité de chaque être à enrayer le cycle du samsara, justement ?

Aldous a écrit :
Dharmadhatu a écrit :La vue finale de Nagarjuna et du Bouddha c'est: ultimement, il n'y a ni acteur ni action
C'est faux, si il n'y avait ultiment ni acteur ni action ce serait versé dans la non-existence (le nihilisme).
La vue finale de Nargajuna et du Bouddha c'est que la vérité est au milieu (Madyamika) entre existence et non-existence.
Dharmadhatu oublie l'équivalence entre samsara et nirvana dans le Mahayana.
Dharmadhathu oublie ici la non existence aussi des non-existences, je crois (juste une phrase tournée trop vite, je suppose)
antodume

Sourire a écrit :Et que diras-tu de
Dharmadhatu a écrit :Pour Antodume, tout serait vide, SAUF l'action ! ;-)
J'ai déjà répondu à cette opinion de Dharmadhatu :
Antodume dans son édition du 14 mars 20H06 a écrit :L'action est l'expression de la nature de Bouddha dans le Nirmanakaya. Qu'est-ce que la nature de Bouddha sinon la Vacuité ?
Ce qui montre que Dharmadhatu ne me lit pas correctement.
Sourire a écrit :L'opposition "ni action ni non-action" me semble, je dois dire, plus directe que celle "ni action ni acteur"...
Dharmadhatu" a écrit :La vue finale de Nagarjuna et du Bouddha c'est: ultimement, il n'y a ni acteur ni action
La problématique ne se situe pas au niveau de l'action et de la non action mais au niveau de l'entité "acteur" dans l'action. Pour Dharmadhatu, s'il y a action, il y a nécessairement un acteur. Pour moi, s'il y a action, cela ne signifie pas qu'il y a un acteur. Pourquoi ? Parce que si, réellement, il existait un acteur, alors celui-ci n'aurait aucune chance d'échapper au cycle des renaissance. Or, il existe bien une issue au cycle des renaissance et cette issue consiste à réaliser qu'il n'y a pas d'acteur dans l'action. Ou, si l'on préfère, que la véritable nature de l'acteur est le Non-né. Mais quand on ne comprend pas ce qu'est réellement le Non-né, on en déduit à tort que quand on affirme qu'il n'y a pas d'acteur dans l'action alors on est nihiliste. C'est confondre le néant et la Vacuité.

Concernant l'action, je n'ai jamais prétendu, comme je le montre au-dessus, que tout est vide sauf l'action. J'ai dis que la véritable nature de l'action est la nature de Bouddha et pour réaliser cette nature, il fallait s'oublier ou disparaître dans l'action. Qu'est-ce que ça veut dire disparaître dans l'action ? Ça veut dire réaliser que sa vraie nature est la nature de Bouddha qui est Non-né et donc Vacuité.
Sourire a écrit :
Antodume a écrit :Bien évidemment. Seule l'action existe. Depuis que le Bouddhisme existe, il n'y a pas d'acteur. Et ce n'est pas jouer sur les mots.
Juste des causes ?
C'est démoralisant... A quoi ça sert que ducros y se décarcasse le moral, alors...
Oups... Je disais donc : juste des causes et des effets ? Et le libre arbitre alors ? Et la capacité de chaque être à enrayer le cycle du samsara, justement ?
C'est un petit peu plus compliqué que ça. Quand je dis qu'il n'y a que l'action et pas d'acteur, je veux dire qu'il n'y a que la nature de Bouddha et que celle-ci s'exprime sans qu'il soit nécessaire de prendre le relai ou d'y ajouter quoi que ce soit. Mais, dans le cycle des renaissances, il y a un rajout : l'ego, le moi. Cet ego pense être l'auteur de l'action. En réalité il n'y a qu'action mobilisée par des jeux de sensations, de passions et de pouvoirs. Cela ne remet pas en cause le libre arbitre. Mais, de mon point de vue, pour qu'il y ait libre arbitre, il faut qu'il y ait liberté de choix. Or, seul la nature de Bouddha est libre. Et seul celui qui vit dans cette nature 100% de son temps peut dire qu'il a le libre arbitre. Celui-ci mange quand il a faim et dort quand il a sommeil. Il n'a pas besoin d'un ego pour dire "je fais ceci ou je fais cela". Cela est fait. Et c'est tout.
Sourire

Autrement dit
Nature de Bouddha = Non-Né = un point dans un sens
Ego = croyance en l'auteur de l'action = un point dans l'autre sens

C'est à peu près ça ?

Libre arbitre = ah oui... c'est sûr, on est jamais libre en rien, au quotidien. La vie est une toile d'araignée de petite entraves !
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Dharmadhatu
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jap_8 D'accord avec vous les amis, pas d'action ni de non-action, il me semblait que la citation du Hridaya Sutra le laissait largement supposer... et j'ajouterais pas d'opposé à la non-action, etc... D'accord sauf sur la nature de Bouddha qui ne serait que la vacuité. Nagarjuna lui-même expose cette nature de Bouddha soit comme la vacuité, soit comme la nature de l'esprit. Voir à ce sujet son Dharmadhatustavam.
Antodume a écrit :Pour Dharmadhatu, s'il y a action, il y a nécessairement un acteur. Pour moi, s'il y a action, cela ne signifie pas qu'il y a un acteur. Pourquoi ? Parce que si, réellement, il existait un acteur, alors celui-ci n'aurait aucune chance d'échapper au cycle des renaissance.
Et si réellement il y a une action, tu es encore pris dans l'ignorance, une conception d'existence ultime, et tu mettras encore du temps à te sortir du samsara. Croire en être sorti parce qu'on n'a compris que le non-soi personnel et pas le non-soi phénoménal ne mène que dans les méandres de la souffrance.

Alors pour la compréhension de tous, j'ajoute un extrait de Self, Reality and Reason de Thupten Jinpa qui expose les 2 sens du mot ultime.

Deux sens du mot « ultime » dans la dialectique mādhyamika

Dans le contexte de la manière dont les mādhyamikas expriment la notion selon laquelle les choses et les événements sont vides d’existence et d’identité sur un plan ultime – c.-à-d. leur assertion de la vacuité (śūnyatā) en tant que nature ultime des choses – il y a, selon Tsongkhapa, deux façons subtilement différentes avec lesquelles le terme ‘ultime’ (paramārtha) est employé. Ces deux connotations d’‘ultime’ sont, en outre, intimement liées à la distinction entre deux formes de discours, ultime et conventionnelle. D’abord et surtout, dans le contexte de l’ontologie (ou de sa négation) mādhyamika, le terme ‘ultime’ est utilisé en signifiant que toute chose et tout événement sont vides de toute existence ou identité absolues ou ultimes. Ici, ‘ultime’ (paramārtha) est synonyme de « mode d’être substantiellement réel » comme dans la phrase « existant avec un mode d’être substantiellement réel » (bden par grub pa), et de « complet » ou « parfait » comme dans « exister avec une nature complètement ou parfaitement définissable » (yang dag par grub pa). Dans sa seconde acception, ‘ultime’ est associé à ‘relatif’ (saṃvṛti) dans la doctrine pan-mahayaniste des deux vérités, et dans ce contexte, ‘ultime’ se réfère à la nature ultime de toute chose et de tout événement par opposition à leur nature relative (c.-à-d. empirique et conventionnelle). Bien que ces deux sens d’‘ultime’ (paramārtha) se recoupent, chacun a une signification distincte. Rien ne peut être affirmé comme étant réel au premier sens – ultimement, ou absolument réel – parce que tous les phénomènes – c.-à-d. les choses, les événements, jusqu’à la vacuité d’existence intrinsèque elle-même – sont vides d’existence et d’identité ultimes. Néanmoins, la vacuité (śūnyatā) peut être dite « réelle » au second sens d’‘ultime’ et peut, par conséquent, être dite « vraie » (bden pa), puisqu’elle est la nature finale de toute chose et de tout événement, la façon dont les choses existent véritablement. Ceci parce que seule la vacuité (śūnyatā) peut être trouvée comme étant ce qui demeure à l’issue d’une analyse relevant du statut ultime des choses et des événements. Cela ne veut pas dire que la vacuité elle-même puisse résister à l’analyse ultime aux yeux de Tsongkhapa, car rien ne peut résister à une telle investigation. Quand elle est soumise à cette analyse déconstructrice, la vacuité aussi est trouvée comme étant vide. D’où la vacuité de la vacuité.

Cette distinction entre deux connotations du terme ‘ultime’ permet à Tsongkhapa de faire des déclarations apparemment paradoxales comme « la vacuité est la réalité ultime mais elle n’est pas ultimement réelle », « elle est vraie mais pas vraiment établie », « elle est la na-ture intrinsèque [de toutes choses] mais n’existe pas intrinsèquement » etc. Par exemple, dans le Gongpa Rabsel [Commentaire au Prasannapada de Chandrakirti *], Tsongkhapa écrit :
Si cette [distinction entre les deux sens du terme ‘ultime’] est bien certifiée, on com-prendra les significations expliquant pourquoi il n’y a pas de contradiction dans le fait de [maintenir] que rien n’existe au moyen de sa propre nature et que rien n’existe selon la perspective ultime, tout en soutenant qu’une ‘nature ultime’ existe et qu’elle est le ‘mode d’être [des choses]’ ainsi que l’objet ultime.
Bien qu’il soit volontiers coutume pour des érudits modernes du Bouddhisme Mahāyāna de traduire le mot sanskrit paramārtha par « absolu » dans le contexte de la théorie mādhyamika des deux vérités, mon sentiment est que cette traduction ne devrait pas être acceptée comme étant non-problématique. Suivant Tsongkhapa, il semble y avoir des raisons valables pour défendre la distinction entre paramārtha en tant qu’ « absolu » et paramārtha en tant qu’ « ultime ». L’interprétation de paramārtha en tant qu’ « absolu » est totalement rejetée dans la dialectique mādhyamika, même par rapport à la vacuité. L’interprétation de paramārtha en tant qu’ « ultime » est cependant acceptable dans le sens où ceci est mis en contraste avec la vérité relative, voilée (saṃvṛti) constituée par notre monde quotidien des causes et des effets. Tsongkhapa écrit :
Par conséquent, il est impossible que le sens ultime, la nature des choses, leur ainsité et le mode d’être [de tous les phénomènes] n’existent pas. Même s’ils existent, ils ne le peuvent en tant qu’absolus ou en tant que [leur propre] mode d’être réel. Suggérer autre chose est montrer un manque total de familiarité avec les modes d’analyse critique selon le point de vue ultime.
Tsongkhapa conclut la discussion ci-dessus en déclarant que c’est parce qu’ils n’apprécient pas cette subtile distinction, à savoir, la différence entre l’ultime et l’absolu, que certains (p. ex., Ngok Loden Shérap) ont maintenu que la vérité ultime (paramārthasatya) est inconnaissable, tandis que d’autres (comme les jonangpas) ont affirmé qu’elle était absolue. En bref, Tsongkhapa dit que rien, pas même la vacuité, ne peut être dit exister selon un point de vue ultime, alors qu’en même temps quelque chose, c.-à-d. la vacuité, peut être déclaré comme étant la nature ultime. En d’autres termes, rien n’existe ‘ultimement’ (don dam par) bien que quelque chose puisse être déclaré comme étant ‘l’ultime’ (don dam pa). Il est intéressant de noter ici qu’autant d’importance philosophique dépend de ce qui semble être une singulière forme linguistique ou grammaticale. Tsongkhapa sous-entend que tout emploi particulier du terme ‘ultime’ (paramārtha) dans ce cas grammatical spécifique implique des exigences ontologiques. Le cas grammatical en question est ce qui est connu en tibétain comme étant de nyid, un cas unique d’emploi prépositionnel qui est fait presque exclusivement en référence à la notion d’identité. Cet usage pourrait sans doute être le mieux comparé au cas adverbial anglais. Des phrases comme don dam par grup (ultimement existant), yang dag par grub (existant au moyen d’une nature parfaitement définissable), bden par yod (vraiment existant), gshis lugs su grub (établi au moyen de son propre mode d’être), rang dbang du grub (indépendamment existant), rdzas su yod (substantiellement existant), et tshugs thub tu yod (existant au moyen d’une essence autonome) sont des exemples de cet emploi. De plus, la façon qu’a Tsongkhapa de définir le sens d’‘ultime’ (paramārtha) dans le contexte de la dialectique mādhyamika, en se basant sur la distinction des deux sens spécifiques du terme, semble avoir contribué à une plus grande clarté dans le raisonnement du Madhyamaka. Elle nous permet d’avoir une plus claire appréciation de ce qui est nié exactement dans l’assertion mādhyamika suivant laquelle les choses et les événements n’existent pas du point de vue ‘ultime’. Ceci nous entraîne alors vers le prochain élément. (p.49)

________________________
* n.d.t.

Amitié FleurDeLotus
Dernière modification par Dharmadhatu le 16 mars 2012, 09:41, modifié 3 fois.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
antodume

Dharmadhatu a écrit :Et si réellement il y a une action, tu es encore pris dans l'ignorance, une conception d'existence ultime, et tu mettras encore du temps à te sortir du samsara. Croire en être sorti parce qu'on n'a compris que le non soi personnel et pas le non phénoménal ne mène que dans les méandres de la souffrance.
S'il n'existait pas d'action, alors il n'existerait tout simplement pas d'univers. L'univers, sans les forces impliquées dans son expansion, sans l'action de la gravité et autres forces, ne pourrait tout simplement pas exister et donner naissance à la vie. Or l'univers existe bien et la vie aussi. Et ce n'est pas une vérité "conventionnelle". C'est la vérité vraie. Mais tu es libre de penser que je suis encore pris dans l'ignorance comme je suis libre de penser que tu es comme ce moine qui affirmait qu'ultimenent rien n'existe et qui s'est fait tordre violemment le nez par son maître :mrgreen:
D'accord sauf sur la nature de Bouddha qui ne serait que la vacuité
Personne n'a jamais affirmé une telle chose. J'ai déjà dit que la Sapience (Prajna) lui était associée.
Sourire a écrit :Autrement dit
Nature de Bouddha = Non-Né = un point dans un sens
Ego = croyance en l'auteur de l'action = un point dans l'autre sens

C'est à peu près ça ?
Que veux-tu dire par "point" ?
Dernière modification par antodume le 15 mars 2012, 13:38, modifié 1 fois.
antodume

Aldous a écrit :A mon avis c'est plutôt qu'il existe au moins une chose (ou un événement) du point de vue ultime c'est Nirvana ou la Réalité non composée dans laquelle apparaissent et disparaissent les phénomènes composés comme l'Univers, la vie, cette pomme etc...
De mon point de vue (qui est aussi celui du Zen), le Nirvana n'implique pas la disparition des phénomènes composés (comme l'univers ou la vie ou la pomme) mais de leur nature propre en tant qu'objet distinct du reste de l'univers (c'est à dire dans une vision dualiste de la réalité). En d'autres termes, cette disparition n'est pas vraiment une dissolution, une négation de leur existence (je ne dis pas que c'est ce que vous affirmez, mais je le précise à l'intention des lecteurs qui pourraient le supposer). La pomme existe, mais cette pomme, c'est notre "vrai Soi", c'est à dire notre nature non-née (c'est exactement la même chose pour la fleur de Kashyapa). Le Nirvana, en d'autres termes, revient à faire voler en éclat le miroir (esprit) qui reflète la pomme. Et si le miroir vole en éclat, ce n'est pas la pomme qui disparait ; c'est uniquement son reflet (qui est illusoire). Et si l'esprit disparaît en volant en éclat (car l'esprit - au sens de "atman" - aussi est illusoire), ce n'est pas le monde qui disparait ni l'homme mais seulement les reflets (illusoires). Et ceci est appelé la vue juste (ou dans sa vraie nature).

J'ajouterai, pour être un peu plus précis sur cette question à l'intention des lecteurs, que cette étape (cette vue) n'est pas l'Eveil total et insurpassable pour le Zen. Cette étape n'est autre que la "porte de l'Eveil" (Hakuin). Cette porte doit être passée pour atteindre la porte du Nirvana qui est le connaître de différentiation et la perfection de l'action dans le Nirmanakaya qui est la porte ultime.
Sourire

antodume a écrit :
Sourire a écrit :Autrement dit
Nature de Bouddha = Non-Né = un point dans un sens
Ego = croyance en l'auteur de l'action = un point dans l'autre sens

C'est à peu près ça ?
Que veux-tu dire par "point" ?
C'est juste une façon d'exprimer que les deux se contrarient l'un l'autre, si j'ai bien compris tes explications

La nature de Bouddha, je crois, nous sommes supposés l'avoir tous = un point pour que l'individu soit libre.
L'Ego est également un dénominateur commun à toute l'espèce humaine = un point contre la liberté des mêmes individus
Ensuite, ça pourrait se jouer aux échecs ou au Puissance 4 entre les deux, j'imagine
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Dharmadhatu
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Antodume a écrit :S'il n'existait pas d'action, alors il n'existerait tout simplement pas d'univers. L'univers, sans les forces impliquées dans son expansion, sans l'action de la gravité et autres forces, ne pourrait tout simplement pas exister et donner naissance à la vie. Or l'univers existe bien et la vie aussi. Et ce n'est pas une vérité "conventionnelle". C'est la vérité vraie.
:roll: Une preuve de plus d'un manque incontestable d'intégration quant au sens des deux niveaux de vérité.

Penser que la réalité vraie n'est pas une vérité conventionnelle est la preuve d'une absolutisation de la vérité ultime et d'un négationisme concernant la vérité conventionnelle; une incompréhension sur la subtilité qui fait de la vérité ultime une vérité non trompeuse et d'une vérité conventionnelle une vérité possiblement non-fausse (bien qu'erronée au regard de la vérité ultime).

Si le feu rouge que tu vois à un croisement n'est pas la vérité vraie, alors j'espère pour tes passagers et toi que tu n'iras pas jusqu'à passer quand il s'allume.

Tu es contredis quand tu dis que la vérité conventionnelle n'est pas vraie, et par tes propres paroles en plus !: :lol:
Mais tu es libre de penser que je suis encore pris dans l'ignorance comme je suis libre de penser que tu es comme ce moine qui affirmait qu'ultimenent rien n'existe et qui s'est fait tordre violemment le nez par son maître

Tout à fait, à l'instar de Sa Sainteté le Dalaï Lama qui nous dit: "Quand je doute d'exister, je me pince !", voici la preuve que la vérité conventionnelle n'en est pas moins négligeable que la vérité ultime, pas moins existante, à moins d'exposer une vue Chittamatra (comme Arya Asanga, cité dans un fil par quelqu'un récemment) des trois natures ou du genre de la vacuité d'altérité...

Si tu enlèves l'un des deux pans d'un toit, comment veux-tu ne pas prendre une poutre sur le crâne ?
Personne n'a jamais affirmé une telle chose. J'ai déjà dit que la Sapience (Prajna) lui était associée.
Ok, voilà qui est plus juste que: Qu'est-ce que la nature de Bouddha sinon la Vacuité ? Sauf que pour un vajrayaniste, prajña est une sagesse transcendante tandis que la nature de Bouddha est une sagesse primordiale, la première pouvant permettre d'accéder à la seconde, plus subtile. Question de vocabulaire.

A plus. flower_333
Dernière modification par Dharmadhatu le 15 mars 2012, 16:50, modifié 2 fois.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
antodume

@ Sourire : Oui, en gros, on peut voir les choses comme ça. Mais disons qu'il n'y a pas vraiment de lutte entre l'ego et sa vraie nature. L'ego n'est qu'un reflet ; il est le résultat de l'ignorance de notre vraie nature. C'est donc quelque chose qui est surajouté à notre vraie nature par ignorance. La lutte doit se faire plutôt contre l'ignorance (c'est le but de la pratique). Et si on lève le voile de l'ignorance, alors on réalise qu'il n'y a pas d'ego. Mais il y a bien réalisation :!: et cette réalisation n'est pas celle de tous les individus qui peuplent le Triple Monde. Ceci signifie que si on s'appelle Pierre, Paul ou Jacques, le fait de réaliser que Pierre, Paul ou Jacques est vide de nature propre n'élimine pas Pierre, Paul et Jacques dans l'Océan du Nirvana. C'est une chose difficile à comprendre car, en général, on pense que si la réalisation élimine l'ego, alors il n'y a plus d'ego. Ce n'est pas vrai. L'ego continue d'exister avec le corps et les objets mentaux (les pensées, les sensations, les émotions...). Sinon, on pourrait frapper un Bouddha sans qu'il ressente la moindre douleur. C'est totalement inexact. Il est d'ailleurs fondamental de comprendre ça car, lorsqu'on fait une expérience de voir dans sa vraie nature, on n'a pas éliminé les conditions adverses qui font qu'on demeure prisonnier de ses passions. Autrement dit, cette réalisation n'est pas libératrice. Le kensho, dans le Zen, n'est pas libérateur, pas plus que la réalisation de Rigpa dans le Dzogchen (ça, je le tiens de Yamantaka jap_8 ). Il y a donc un "travail" en aval (qui inclut la pratique assidue de la Triple Discipline) jusqu'à la réalisation complète (l'Eveil parfait et insurpassable) qui seule est libératrice.

@ Dharmadhatu : Pour toi, c'est sans espoir. Je jette l'éponge et ne te réponds plus directement. Désolé. jap_8
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