Esprit et matière, fondamentaux vajra

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Dharmadhatu
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jap_8 Ok, merci pour ces précisions. Je pense qu'on a bien compris que le Dzogchen est au-delà de toute philosophie, bien qu'il pose des points de vue philosophiques, comme une version des 4 sceaux.

Pour l'évocation que j'ai faite de Dzogchen et Tantra, tu répondais:
Concernant les références à "Dzogchen et tantra" de ChNN. Cet ouvrage est la compilation de retranscriptions d'enseignements donnés par ChNN à différentes occasions. Sorties de leurs contextes elles ne peuvent être considérées comme représentant la pensée définitive du maître.
Ca donne l'impression que si quelqu'un d'autre que toi donne une référence, elle est sujette à caution, non ?
Le dzogchen a souvent été l'objet des attaques d'autres traditions, qui ne s'y retrouvaient pas ... et la tradition gelugpa et certains de ses maîtres ne sont pas les derniers dans cette démarche.
viewtopic.php?f=106&t=6672

Sa Sainteté le Dalaï Lama, The Gelug/Kagyü Tradition of Mahamudra (p. 241):

L'authenticité des traditions des Dohas et du Dzogchen

Le 1er Panchen Lama déclare décisivement: "Ce ne sont en aucune manière des textes incorrects."

Une question similaire advint au regard du Dzogchen dans la collection des Réponses de Khédroup Djé, dans ses Miscellanées. Quelqu'un avait remarqué que des gens de l'époque dénigraient des pratiquants du Dzogchen, et avaient demandé si les enseignements dzogchens étaient purs. Khédroup Djé a répondu: "Les enseignements dzogchens sont définitivement purs. Les critiques à l'encontre de pratiquants dzogchenpas sont là parce que certains individus parmi eux pratiquent une version artificielle du Dzogchen qu'ils sont inventée à cause de leur erreur de compréhension. Mais fondamentalement, le Dzogchen présente une voie qui est en harmonie avec celle de l'Anuttarayoga Tantra."

"Un certain traducteur indien, venu au Tibet à cette époque", continue Khédroup Djé, "avait vu des textes dzogchens en possession de quelques Maîtres érudits indiens au Magadha. De plus, de nombreux excellents pratiquants au Tibet ont achevé des stades intérieurs avancés, ainsi que les terres de Bodhisattva, en se basant sur la pratique du Dzogchen. Par conséquent, la répudiation de ces enseignements est une cause appropriée de chute par la renaissance dans l'un des trois pires états d'existence."...


Il dit plus loin:

Malgré de telles affirmations, Khédroup Djé lui-même, dans plusieurs de ses ouvrages, a réfuté certains aspects du Dzogchen, tels que les instructions orales de Aro, usant d'un langage très fort. Dans ces textes, cependant, il emploie clairement le nom "dzogchen" pour se référer à des cas spécifiques et pas au Dzogchen en général.


Donc ce n'est pas la tradition géloukpa tout entière qui aurait critiqué le Dzogchen, mais certains maîtres guéloukpas qui ont critiqué certains aspects du Dzogchen. A Bercy en 2003, Sa Sainteté nous avait aussi mis en garde contre certains termas frelatés, il n'a pas pour autant remis en question l'ensemble de la tradition terma. La nuance est de taille.

:lol: Mais merci quand-même pour le sous-entendu... comme si (sous prétexte qu'une partie de mes études et pratiques relève de la tradition Gélouk) j'étais le guéloukpa intello de service qui vient faire le djihad contre le Dzogchen simplement parce que je discute certains points que tu évoques (et un forum est avant tout fait pour ça, sinon ça s'appelle un blog)... loveeeee Le Dzogchen est inattaquable, n'aie crainte mon ami.
la joute philosophique chère à la tradition gelugpa
L'art éristique est cher à toutes les écoles indo-tibétaines, même les beunpos le pratiquent avec succès. C'est une méthode incroyable pour renverser les vues fausses, établir la vue juste et écarter les objections à cette vue juste. Bien qu'ici, le terme "vue" ne soit pas le même que dans le Dzogchen.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Serge Zaludkowski

Bonjour Ch.,

Tu as compris que je ne désirai pas entrer dans des débats philosophiques. Je préfère nettement les apports successifs d'un sujet comme "La vue de la Grande Perfection (dzogchen)". Néanmoins, par respect, j'interviendrai sur ta réponse précédente ... aussi avec de longues citations en anglais ( :roll: ) dés que je trouverai un peu de temps pour plonger dans mes "recueils de débats philosophiques", temps que je réserve à d'autres activités pour l'instant.
Néanmoins, rapidement, concernant ta remarque sur Dzogchen et Tantra de ChNN, j'ai relu entièrement la page 98. Il faut admettre que c'est très "généraliste" et seulement destiné au plus grand nombre. Quand ChNN parle de la base "tant au niveau universel qu'au niveau de l'individu, les deux étant essentiellement la même chose ; réaliser l'un c'est réaliser l'autre ..." on peut nager en pleine confusion, nos maîtres anciens se régaleraient de telles assertions shuuuuuuuuuuuuttttt . Et le reste est de la même tonalité. La deuxième moitié de la page est une explication "en général" ... ChNN propose des présentations moins généralistes dans ses enseignements (accessibles sur le net) ou mieux directement lors des retransmissions ... gratuites.

Je veux encore préciser, puisque nous avons eu l'occasion d'échanger "de visu" que je n'ai aucun doute sur la rigueur et l'honnêteté de ta démarche ... je pense simplement, que compte-tenu des enseignements que tu as suivi (lamrim), le dzogchen est une pièce rapportée (par SSDL) que tu essaies de faire entrer, souvent, dans une "boîte philosophique", avec les mécanismes du débat philosophique justement. Peut-être est-ce une mauvaise compréhension de ma part ... à suivre donc.

Chaleureusement eveil_333
Serge
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Dharmadhatu
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Serge a écrit :Peut-être est-ce une mauvaise compréhension de ma part ...
jap_8 Je confirme. Tu n'as pas assez d'éléments sur mes études et pratiques pour te faire une opinion quant à mon éventuelle érection d'un palais Dzogchen au milieu d'un lotus guéloukpa (qui ne saurait se résumer au Lam rim). Pour ma part, la parenthèse est close car il ne s'agit pas de discuter du pédigree des intervenants mais du contenu de leurs interventions, pas vrai ? Sauf si tu ne tiens pas à discuter, alors je laisse tomber, pas de souci: après tout, la philo et les débats sont des moyens et non un but en soi.

Juste ça:
3. Duhkha : tous les phénomènes sont vides
Je me permets de rappeler une petite erreur: duhkha est souffrance, shunya est vide.
aussi avec de longues citations en anglais ( :roll: )
En fait, on peut allègrement laisser tomber les citations en anglais qui sont secondaires à notre présente discussion car j'ai juste donné à titre indicatif le lien du fil où j'avais exposé la véritable vue guéloukpa sur le Dzogchen.
Néanmoins, rapidement, concernant ta remarque sur Dzogchen et Tantra de ChNN, j'ai relu entièrement la page 98. Il faut admettre que c'est très "généraliste" et seulement destiné au plus grand nombre.
Es-tu en train de dire qu'en d'autres occasions, NNR pourrait affirmer le contraire de ce qu'il dit dans D et T ?:

On l'appelle Base parce qu'elle est là depuis l'origine (...) et qu'elle n'a pas à être construite. (...) et ne peut être détruite.

FleurDeLotus
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Serge Zaludkowski

Dharmadhatu a écrit :
3. Duhkha : tous les phénomènes sont vides
Je me permets de rappeler une petite erreur: duhkha est souffrance, shunya est vide.
Bien sur, merci ... j'ai corrigé
...
On l'appelle Base parce qu'elle est là depuis l'origine (...) et qu'elle n'a pas à être construite. (...) et ne peut être détruite.
Ai-je dit le contraire sur ce point ?
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Dharmadhatu
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Serge Zaludkowski a écrit :
...
On l'appelle Base parce qu'elle est là depuis l'origine (...) et qu'elle n'a pas à être construite. (...) et ne peut être détruite.
Ai-je dit le contraire sur ce point ?
:D Ca fait suite à ceci:
Ddt a écrit :Il y a donc, pour la philosophie bouddhiste, des phénomènes (pali dhamma, skt. dharma, tib. chos) qui sont permanents: récemment en Inde du Sud, Sa Sainteté a évoqué la nature de Bouddha comme étant qualifiée de permanente parce qu'en tant que continuum conscient, elle n'est jamais venue à l'existence et ne peut cesser non plus. Ce dernier point est confirmé par Namkhaï Norbu Rinpotché dans Dzogchen et Tantra (p. 98).
Ce à quoi tu répondais:
Concernant les références à "Dzogchen et tantra" de ChNN. Cet ouvrage est la compilation de retranscriptions d'enseignements donnés par ChNN à différentes occasions. Sorties de leurs contextes elles ne peuvent être considérées comme représentant la pensée définitive du maître.
Et ça semblait impliquer que cette confirmation donnée par NNR dans D & T était sortie de son contexte etc. etc.

Mais cela n'est donc pas le cas. Merci.

FleurDeLotus
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Serge Zaludkowski

Extraits de mes pérégrinations quotidiennes qui pourrait être un apport à ce fil sur l'esprit et la matière ... à prendre sans appropriation eveil_333
... Du fait des trois non-illuminations, l’aspect grossier de l’esprit augmente et appréhende la clarté intérieure des cinq sagesses primordiales (en tant qu’objets), et il en résulte les cinq éléments (c.-à-d. la terre, l’eau, le feu, l’air et l’espace). Par exemple, en appréhendant la lumière blanche, l’éclat de la sagesse primordiale semblable à un miroir, il en résulte l’élément eau. … Comme résultat d’appréhender les cinq lumières en tant qu’objets, les apparitions grossières surgissent du contenant [le monde] du samsara des trois dimensions des cinq éléments. Comme résultat d’appréhender les corps des bouddhas pacifiques et courroucés (illuminés), les corps grossiers des trois dimensions surgissent. Comme résultat d’appréhender le son intrinsèque de la nature ultime, la parole surgit. (Comme résultat d’appréhender) l’énergie de la conscience intrinsèque en tant que « ceci est mon esprit », l’esprit surgit.

Pema Ledrel Tsal, d'après le Thegchog Dzod
Ah Ho ! Dans la perception naturelle et pure depuis le commencement,
Surgit la merveilleuse conscience intrinsèque qui nous fait rire.
Il n’y a pas de dualité entre l’esprit et ses objets, et celui qui perçoit est d’essence vide.
On ne peut en parler en disant « c’est cela » - c’est la liberté dans la grande absence de but.
C’est un simple état de moyens habiles et de sagesse simultanément parfaits.
Tout est immuable et réside de manière identique en son propre état.
En lui les différenciations de planètes, étoiles, dates du calendrier ne sont pas conçues ;
Il transcende le temps et ses calculs.
Les quatre continents n’existent pas, Mont Meru et soleil et lune sont vides ;
Aucun mandala n’est imaginé, et il n’y a ni récitations ni pratiques austère.
Aucun objet n’est conçu ; ils sont vides [purs] sous la forme de canaux, essence et chakras.
Bien que les objets externes apparaissent, ils ne sont pas conceptualisés.
Ainsi, la sphère entière du monde et les cinq objets sont vides en essence.
Tout est non-apparaissant, parce ce sont les décors apparaissant d’eux-mêmes.
Il n’y a pas de créateur, parce que c'est la déité du sens absolu.
La projection et l’absence de pensées est le grand jeu de la sagesse primordiale.
Les objets sont des nuages d’offrandes ; en les offrant aux déités de la sagesse primordiale
Les grandes accumulations sont parfaites ; les sons et mots sont le grand mantra.

- Longchen Rabjam - L'esprit naturellement libéré, la grande perfection -
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yves
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en relisant ce fil le dozgchen donne l'impression que Dhamma = Dharmakaya :?:

est ce compréhension erronée ? :oops:
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davi
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Serge Zaludkowski a écrit :Extraits de mes pérégrinations quotidiennes qui pourrait être un apport à ce fil sur l'esprit et la matière ... à prendre sans appropriation eveil_333
... (Comme résultat d’appréhender) l’énergie de la conscience intrinsèque en tant que « ceci est mon esprit », l’esprit surgit.
L'énergie est ce qui est à la source de toute production, d'où, sans soute, la foultitude de productions de l'esprit sem difficile à canaliser au quotidien pour l'être lambda, celui qui s'accapare lui-même et solidifie ses propres projections.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Serge Zaludkowski

yves a écrit :en relisant ce fil le dozgchen donne l'impression que Dhamma = Dharmakaya :?:

est ce compréhension erronée ? :oops:
bien sur ... c'est même exprimé ainsi par certains maîtres. Mais dans ce cas j'aurai plutôt tendance à dire dharma = dharmakaya.

"Par définition, dharma (Ch’os) signifie voie parfaite. Le corps (sKu) signifie accomplissement qui en découle."
- Thal-‘Gyur tantra -
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yves
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pourquoi utiliser 2 termes? qu'apporte le terme Dharmakaya? ou bien quelle la signification de la racine "kaya" et que rajoute-t-elle ou enlève-t-elle au Dharma?
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