Comment reconnaître les luminosités ?

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Dharmadhatu
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jap_8 Voici ce qu'une amie m'a envoyé sur l' insigne du CNCN, le Collège des Ceintures Noires:

" L' octogone qui en forme la partie principale représente le miroir dans le symbolisme oriental. Il y a sans doute de bonnes et importantes raisons pour que le miroir soit représenté par un espace enclos par huit côtés, mais notre intention n' est pas de les rechercher - qu 'il nous suffise de considérer le miroir et quelques-une de ses significations.
De sa transparence, de sa qualité dépend la fidélité des images qu 'il reflète et révèle. Il faut qu 'il n' ait dans sa structure aucune déformation, aucune forme qui lui soit propre ; il doit être impersonnel et restituer, intactes, la lumière, la couleur et la forme des objets qu' il reflète. Ce miroir est la conscience du Judoka qui
doit être claire, parfaitement objective et sincère.
Il n' est pas question ici de conscience au sens moral du terme, mais de conscience tout court, du fait d' être conscient, éveillé.
Cette conscience, pour bien remplir sa fonction, ne doit pas être ternie ni opacifiée par ce qui lui est étranger. Comme le miroir peut être terni par la poussière, les buées, la conscience peut être obscurcie par l' ignorance, la paresse, les préjugés, les passions. La première tâche est donc de maintenir la conscience en état de lucidité et de transparence, par le rejet de tout ce qui voudrait s' installer à demeure en elle. Le miroir reflète ce qui est, quel que soit l' objet qui se présente. Il ne choisit ni ne préfère les images. Sa fonction est la fidélité. Il ne garde rien, ne conserve aucune forme et il est toujours disponible. Bien que tout puisse être vu en lui, il n' est rien par lui même. C' est cette vacuité et cette sorte de souple disponibilité instantanée, qui en fait la valeur. De même la conscience doit être humble, sans possession, ouverte à toutes les formes de réalité, elle doit révéler sans cesse le réel.
Mais le Judoka doit avant tout utiliser le miroir de sa conscience sincère, lucide et fidèle, pour s' examiner soigneusement et s'observer sans cesse lui-même, objectivement, comme s' il était un autre", sans parti pris ni dans un sens ni dans l' autre.
Par cette observation constante, objective, dans le miroir d' une conscience lucide, il peut corriger, redresser progressivement sa nature. Cette discipline de l' attention éveillée fait partie de la recherche du Judoka qui veut, peut et doit se connaître.
La technique du miroir n' est pas si facile qu' elle en a l' air, comme toutes les techniques.
Il faut beaucoup travailler, d' abord pour que l' oeil soit clair et lucide, ensuite pour s' habituer à voir sans troubles tout ce qui est à voir, et enfin clairement vu, pour agir en conformité avec cette vision. Ces quelques aperçus restreints sur le symbolisme du miroir nous offrent déjà un champ de réflexions et d' action assez large"


source : "Le Judo, Ecole de Vie", Jean-Lucien Jazarin

Je pense que la seule différence qu'on pourrait trouver avec le Mahamudra/Dzogchen, c'est qu'il n'est pas utile de vouloir corriger quoi que ce soit, mais de laisser le miroir tel quel. A part, c'est génial et vraiment profond.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Jean

J' ai lu récemment un article sur la psychopathie.

Un psychopathe peut vivre sans émotions et si il fait appel à l'empathie, c'est pour mieux manipuler.

Le miroir sans émotion peut être l'état de conscience d'un Eichmann qui a organisé, planifié d'une manière plus que cohérente l'extermination de millions de personnes. Sans haine, juste rationnel. S'il y avait de la haine, elle était superflue mais même aurait put induire des erreurs d''organisation. Pas besoin de haine pour faire son travail. Un peu comme le Samourai, plus que lucide, pleinement conscient, expert en arts martiaux, mais découpant en rondelles tout ce qui se présentait devant lui. La haine, la colère pouvant obscurcir son esprit et ainsi le rendre vulnérable.

J'aime bien aussi la symbolique de Shérab Chamma : Un miroir , oui, mais au centre d'une pivoine ou d'un lotus qui représente un cœur ouvert. Chez Chenreizi, au centre du cœur, se trouve le joyau qui exhausse les souhaits.

On peut être un miroir reflétant la réalité sans aucune conscience émotionnelle. On peut même trouver l'interrupteur : Conscience émotionnelle ON et conscience émotionnelle OFF.

Mais si c'est un miroir avec la conscience émotionnelle OFF , on est plus un être humain complet, on est lobotomisé, châtré d'une composante de notre nature humaine. Biologiquement on utiliserait que la conscience au delà des conditionnements, la conscience reptilienne et la conscience corticale. La conscience limbique ne fonctionnerait pas.

C'est pour cela que l'image du miroir, oui, mais dans le lotus ou celle du miroir chaleureux et bienveillant me semblent plus qu'importantes.

Miroir reflétant la respiration, miroir reflétant la posture de Zazen, miroir reflétant mantra, miroir de la "Présence", tout cela ne peut bien fonctionner qu'avec un cœur ouvert sinon ce pourrait être des pratiques de ninja ou de tueurs à gages. (Cf Jet Li dans un des épisodes de l'Arme fatale, qui fait des mantras et qui emploi son mala pour étrangler les gens. (Ce qui n'est pas sympa).

Cela se passe aussi chez certains mathématiciens qui rejettent toute affectivité et qui pensent régler tous les problèmes de la vie d'une manière rationnelle, comme si ces problèmes n'étaient qu'une équation à résoudre.. Grosse souffrance pour les gens qui les entourent et finalement pour eux-même dans leur vie et surtout à la fin de leur vie ou soit ils retournet leur veste, se convertissent et croient en Dieu, soit ils deviennent fous ou gâteux..

Heureusement tous les mathématiciens, ingénieurs ne sont pas ainsi. Mais c'est intéressant de savoir que des cours sur la conscience émotionnelle ou relationnelle sont introduits dans le cursus des grandes écoles. C'est une autre histoire mais qui est intéressante à suivre. Cela apporte un léger espoir pour l'avenir de l'humanité et de la planète.
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Dharmadhatu
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jap_8 Ce que tu dis me fais penser à Monsieur Spok, qui est censé tout résoudre par la seule logique. C'est ce que je trouve dommage aussi, mais heureusement, comme il a du sang humain, il est sauvé.

FleurDeLotus
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Jean

On parlait de retraite dans le noir et de déprivation sensorielle...

http://www.thirteen.org/forum/topics/dark-retreats/20/

Il y a aussi ce livre sur le sujet :

http://www.amazon.fr/Dawning-Clear-Ligh ... lear+Light
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Flocon
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Je ne crois pas qu'on puisse dissocier raison et émotion. Même hors bouddhisme, la simple biologie l'interdit : les diverses zones du cerveau dévolues aux activités "raisonnables" et aux activités "émotionnelles" sont en réalité interactives et pluripotentes : il s'agit simplement d'un découpage artificiel qu'on effectue pour simplifier les descriptions de l'activité humaine. Pour parler le langage des métaphores bouddhistes : la pivoine et le miroir ne sont pas vraiment séparés.
Jean a écrit :Le miroir sans émotion peut être l'état de conscience d'un Eichmann qui a organisé, planifié d'une manière plus que cohérente l'extermination de millions de personnes. Sans haine, juste rationnel. S'il y avait de la haine, elle était superflue mais même aurait put induire des erreurs d''organisation.
C'est un cas célèbre, mais il s'agit d'une abstraction : dans la réalité, Eichmann faisait alors fonctionner sa raison froidement dans des questions étroites (l'organisation des déportations) mais il le faisait au service d'une émotion puissante et brûlante, l'amour du Führer, qui l'empêchait justement de raisonner correctement en bloquant ses mécanismes rationnels dans un domaine plus large et occultait à ses yeux l'absurdité du nazisme (les analyses d'Hannah Arendt à ce sujet, quoique controversées, conservent, je crois, une grande part de vérité). Et il n'avait rien d'un psychopathe, il ne souffrait d'aucune maladie mentale. C'est justement pour ça qu'il est bien plus effrayant qu'un Hannibal Lecter.

D'ailleurs, même les comportements des personnes atteintes de psychoses n'entrent pas dans des cases simples "raison" contre "émotions".

On ne peut pas découper le psychisme humain en tranches, ce n'est pas du saucisson. :razz:

Mais j'avoue que j'ai perdu le fil du sujet. :oops:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Jean

Pour appréhender la conscience humaine intellectuellement, certains l'ont divisé en Conscient, préconscient, sur moi, inconscient archaique, inconscient collectif, etc, en Corps, Parole, Esprit, en Corps, Respiration Esprit, en Corps, Energie, Esprit.

Si on l'appréhende en Corps, Coeur, Esprit, l'idéal c'est que ces niveaux d'organisations fonctionnent en harmonie, mais que c'est certains il y en a un ou deux qui fonctionnent à peu près bien, alors que le troisième est sous utilisé, voire inhibé ou sur utilisé. Il y a des tas de combinaisons qui ne sont pas harmonieuses.

Mais c'est sûr que la pizza ou le saucisson sont découpés arbitrairement.

En fonction du découpage, des méthodologies ont été crées pour optimiser et harmoniser l'interaction de ces différents niveaux d'organisation ou poupées Russes. Bien que ce découpage soit artificiel, les pratiques qui ont été tirées se sont révélées efficaces pour l'épanouissement de la personne : Tai Chi, Yoga, Zazen, etc.

Les approches holistiques ont permis de corriger l'erreur de s'en tenir uniquement à l'aspect tranches.
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Flocon
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Mouais, je ne suis pas convaincue qu'une pratique reposant sur un clivage trop artificiel soit bien efficace en termes d'harmonie, à long terme. Elle finira toujours par provoquer des problèmes, à mon avis, si elle devient systématique ou du moins, si l'on ne prend pas de distance avec elle en ayant conscience que ce n'est qu'un outil.
Mais c'est à chacun de voir, bien sûr. Il n'y a pas de raison de se priver des outils qui fonctionnent bien pour soi, au contraire : là-dessus nous sommes d'accord. :)
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Kong Tseu
ted

Dharmadhatu a écrit :Notons qu'il y a plusieurs exposés: certains disent que les conceptions indicatives cessent avec chacune des apparences (33, puis 40, puis 7), d'autres disent qu'il y a d'abord les unes puis la cessation des autres, etc. Mais la question est toujours valable concernant le truc le plus important à reconnaître: la claire lumière mère (celle qui est illustrée par une aube d'automne). Certains disent que reconnaître simplement celle-ci suffit, d'autres disent qu'il faut en plus en reconnaître la nature (ceux-ci semblent plus en accord avec l'omniprésence des mantras de la vacuité dans les sadhanas).

FleurDeLotus
J'ai pas très bien compris cette distinction entre claire lumière mère et claire lumière fille... :oops:
Ou alors, j'ai oublié. :oops:
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Dharmadhatu
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:D Imagine que tu es un cygne qui avance au rythme d'un fleuve: tu bois tous les jours de cette eau, tu en connais le goût. Puis un jour, tu arrives en plein milieu d'un grand lac pour t'y reposer, et tu y bois: c'est le même goût. La seule différence, c'est que les eaux du fleuve étaient plus ou moins boueuses et mouvantes: il fallait donc boire l'eau là où elle n'était pas boueuse, là où des barrages naturels avaient permis qu'elle décante. L'eau du lac est la même en un sens (puisqu'elle est issue du fleuve), sauf qu'elle n'est plus mouvante ni boueuse parce qu'elle décante naturellement.

L'eau fille est celle du fleuve, quand tu es encore en mouvement vers le lac. L'eau du lac est l'eau mère. Tu en reconnais le goût parce que tu l'as déjà goûtée plein de fois quand tu étais encore en chemin vers le lac.

Image

FleurDeLotus
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Flocon
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Superbe image. ba11
C'est un enseignement traditionnel, ou tu l'as inventée?
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Kong Tseu
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