sortir de la souffrance en s'ouvrant au monde
Publié : 28 juin 2020, 22:38
''En fait, la véritable cause de notre souffrance est l'ignorance, une ignorance profonde, active. Ce n'est pas seulement le fait de ne pas savoir à quelle heure arrive le prochain train de Paris ou le fait de ne pas connaître quelle chose est derrière ce mur; ce n'est pas de cette ignorance là qu'il s'agit.
Il s'agit du fait de prendre réellement des vessies pour des lanternes, c'est-à-dire de croire que les choses fonctionnent d'une manière alors qu'elles fonctionnent d'une autre manière et de vivre en fonction de cela. Cette ignorance, que l'on appelle avidya, est réellement l'ignorance de base, c'est elle qui est à l'origine de toute notre souffrance et la démarche consiste à petit à petit l'éroder, à l'enlever par couches, à l'affaiblir de manière à ce qu'elle ait de moins en moins de prise sur le fonctionnement de notre esprit.
On prend donc conscience de la loi de causalité, de tout un tas de choses qui se passent en nous et hors de nous, on voit comment elles sont liées, etc. Nous nous tournons également vers ce qui nous entoure réellement: c'est bien gentil de voir les choses de notre point de vue, mais il faut qu'on s'aperçoive qu'il y a autour de soi d'autres personnes, c'est-à-dire d'autres consciences et d'autres points de vues.
Ce sont des gens qui existent autant que nous-mêmes existons et nous nous apercevons que brutalement le schéma s'agrandit, et quand on prend conscience des êtres qui sont autour de nous dans l'univers, cela devient encore beaucoup plus vaste. C'est comme s'il y avait autant de miroirs, d'univers qu'il y a d'êtres, et on s'aperçoit que dans les interactions entre l'univers et soi, on ne peut plus seulement tenir compte de ses émotions, de ses états d'esprit, de sa compréhension; on est forcément obligé de tenir compte des interactions, de l'état d'esprit, de la compréhension, de l'incompréhension, des émotions de ceux qui nous entourent.
Bien évidemment, cela complexifie le paysage mais d'un autre côté cela le rend aussi plus compréhensible parce que beaucoup d'éléments nous échappaient plus ou moins auparavant: il y a beaucoup de choses qui arrivent parce que les autres sont comme nous-mêmes soumis à l'ignorance, qu'ils sont comme nous soumis aux émotions, à l'incompréhension, etc.
Tout le processus consiste donc, à partir d'un état où l'on est un peu noué et un peu replié sur soi-même, à progressivement se déplier et s'ouvrir, à commencer à comprendre et à voir de la manière la plus vaste possible. On s'aperçoit que plus on voit d'une manière vaste, moins on est tendu; cela ne veut pas dire qu'on a diminué les problèmes autour de soi, ils sont toujours présents, ils ont toujours été là, mais on les comprend mieux et on est plus à même de voir ce qui nous arrive, de comprendre pourquoi il y a des situations désagréables et pourquoi il y a en d'autres qui sont agréables, etc.
C'est un effet de résonance: mieux on comprend, plus on est détendu, plus on est détendu et mieux on comprend, etc. C'est comme cela que progressivement notre vision s'approfondit et s'approche d'une reconnaissance des choses et des êtres tels qu'ils sont réellement.
Jigmé Rinpoché. extrait de l'enseignement: ''être l'architecte de sa vie''
Il s'agit du fait de prendre réellement des vessies pour des lanternes, c'est-à-dire de croire que les choses fonctionnent d'une manière alors qu'elles fonctionnent d'une autre manière et de vivre en fonction de cela. Cette ignorance, que l'on appelle avidya, est réellement l'ignorance de base, c'est elle qui est à l'origine de toute notre souffrance et la démarche consiste à petit à petit l'éroder, à l'enlever par couches, à l'affaiblir de manière à ce qu'elle ait de moins en moins de prise sur le fonctionnement de notre esprit.
On prend donc conscience de la loi de causalité, de tout un tas de choses qui se passent en nous et hors de nous, on voit comment elles sont liées, etc. Nous nous tournons également vers ce qui nous entoure réellement: c'est bien gentil de voir les choses de notre point de vue, mais il faut qu'on s'aperçoive qu'il y a autour de soi d'autres personnes, c'est-à-dire d'autres consciences et d'autres points de vues.
Ce sont des gens qui existent autant que nous-mêmes existons et nous nous apercevons que brutalement le schéma s'agrandit, et quand on prend conscience des êtres qui sont autour de nous dans l'univers, cela devient encore beaucoup plus vaste. C'est comme s'il y avait autant de miroirs, d'univers qu'il y a d'êtres, et on s'aperçoit que dans les interactions entre l'univers et soi, on ne peut plus seulement tenir compte de ses émotions, de ses états d'esprit, de sa compréhension; on est forcément obligé de tenir compte des interactions, de l'état d'esprit, de la compréhension, de l'incompréhension, des émotions de ceux qui nous entourent.
Bien évidemment, cela complexifie le paysage mais d'un autre côté cela le rend aussi plus compréhensible parce que beaucoup d'éléments nous échappaient plus ou moins auparavant: il y a beaucoup de choses qui arrivent parce que les autres sont comme nous-mêmes soumis à l'ignorance, qu'ils sont comme nous soumis aux émotions, à l'incompréhension, etc.
Tout le processus consiste donc, à partir d'un état où l'on est un peu noué et un peu replié sur soi-même, à progressivement se déplier et s'ouvrir, à commencer à comprendre et à voir de la manière la plus vaste possible. On s'aperçoit que plus on voit d'une manière vaste, moins on est tendu; cela ne veut pas dire qu'on a diminué les problèmes autour de soi, ils sont toujours présents, ils ont toujours été là, mais on les comprend mieux et on est plus à même de voir ce qui nous arrive, de comprendre pourquoi il y a des situations désagréables et pourquoi il y a en d'autres qui sont agréables, etc.
C'est un effet de résonance: mieux on comprend, plus on est détendu, plus on est détendu et mieux on comprend, etc. C'est comme cela que progressivement notre vision s'approfondit et s'approche d'une reconnaissance des choses et des êtres tels qu'ils sont réellement.
Jigmé Rinpoché. extrait de l'enseignement: ''être l'architecte de sa vie''