Qui est Dorje Naljorma ?

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Longchen
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La pratique de Chöd (pratique associée à cette divinité) est réputée très puissante.

Je comprends tout le symbolisme profond dans cette représentation sacrée, pourtant cette image n'est pas confortable pour moi. Mais le confort n'est sans doute pas le but ici.
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Longchen
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J'ajoute simplement ici que s'agissant de Chöd Wikipédia mentionne bien Dorje Naljorma, mais par ailleurs je trouve le nom de Machig Labdron.
Et donc il y a peut être plusieurs formes, l'une pouvant être une émanation de l'autre, mais comme cela reste un peu confus à mon niveau je préfère le signaler au cas où une erreur se serait glissée.

Chöd est une pratique qui se fait avec un tambour rituel (et sans doute aussi une cloche), bref le cauchemar en ville si votre voisin(e) est un ou une pratiquante très motivée ! :mrgreen:
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axiste
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Mais le confort n'est sans doute pas le but ici.
C'est le moins qu'on puisse dire ...
Souvent les Thangka me déstabilisent parce qu'elles utilisent des objets qui pour nous occidentaux sont tabous, cela choque nos représentations toutes faites.
Ainsi, les têtes de mort, qui non seulement sont présentes, mais en plus elle s'en fait un collier. A première vue y'a de quoi effrayer. :shock:
Elle a des têtes de mort parce qu'elle n'a pas peur de la mort. :)
Pourquoi ?
Parce qu'elle est au delà de la mort, elle l'a vaincue.
Enfin c'est comme ça que l'image me parle…
Il y a plein d'autres choses qui interpellent mais il me faut y revenir parce que là, j'éprouve une certaine déroute : il y a le feu voyez vous, elle brule toute rouge et est encerclée par des flammes...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Longchen
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Oui, c’est une représentation très agressive qui fait un peu « Reine des Damnés », pourtant il ne s’agit pas d’une Démone mais d’un Être totalement éveillé dans le bouddhisme tibétain.
Pas évident toutefois, je reconnais !

Mais on peut rester avec les divinités paisibles, il n’y a aucune obligation à faire la pratique d’une divinité courroucée, surtout si cela met mal à l’aise.
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axiste
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Mais on peut rester avec les divinités paisibles, il n’y a aucune obligation à faire la pratique d’une divinité courroucée, surtout si cela met mal à l’aise.
Oui mais c'est aussi interpelant, pourquoi être destabilisé devrait être évité ? A priori cela devrait permettre un regard neuf, autre, et peut-être moins ...affecté par nos représentations intérieures
D'ailleurs c'est là que l'image et nous commençons le dialogue ...un jeu de miroir certainement
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davi
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Naropa était l'un des plus grands érudits de l'université bouddhiste de Nalanda qui, dans l'Inde ancienne, formait une véritable ville abritant plusieurs milliers de moines.
Alors qu'il étudiait un jour, comme à son accoutumée, les grandes oeuvres théoriques du bouddhisme, le dos au soleil, il vit une ombre assombrir ses textes. Se retournant, il aperçut derrière lui, venue d'on ne sait où, une vielle femme affligée de pas moins de 37 signes de laideur : les yeux rouges et enfoncés, les cheveux rougeâtres, le front protubérant, le visage creusé par les rides, les oreilles trop longues, le nez tordu, un début de barbe jaune, la bouche de travers, les dents rentrées, la langue débordant sur les lèvres, le teint livide, la peau épaisse, le dos voûté, etc.
La vieille femme, sans autre forme de présentation, demanda à l'érudit ce qu'il lisait.
- J'étudie la grammaire, la logique et la discipline, répondit, surpris, le professeur.
- Comprends-tu ces textes ? poursuivit la vieille femme.
- Bien sûr !
- Cela signifie que tu comprends les mots ou comprends-tu aussi le sens ?
- Je comprends les mots, répondit Naropa, quelque peu interloqué par une telle question.
La vieille femme, ravie, se mit alors à rire et à danser.
Naropa, encouragé par une telle attitude et regrettant avoir avoué ne comprendre que les mots ajouta qu'il comprenait aussi le sens. Mal lui en prit : la vieille femme se mit aussitôt à pleurer et à se lamenter.
L'érudit, peut-être vexé et certainement très intrigué, apostropha son interlocutrice :
- Peux-tu m'expliquer, vieille femme, pourquoi tu t'es montrée si joyeuse lorsque je t'ai dit que je comprenais les mots et pourquoi tu t'es mise à pleurer lorsque j'ai ajouté que je comprenais aussi le sens ?
- Tout simplement parce que lorsque tu as dit comprendre les mots c'était vrai et que cette franchise m'a réjouie ; mais lorsque tu as déclaré comprendre aussi le sens, c'était faux et cela m'a attristée.
- Et qui donc comprend le sens ?
- Mon frère.
- Alors présente-le moi.
- Tu dois le trouver toi-même et lui demander de t'enseigner.
Sur ces mots, la vieille femme disparut !
Plus tard, sa voix se fit de nouveau entendre pour révéler à Naropa le nom du maître qu'il devait chercher : "Au Levant vit Tilopa, personnification de la béatitude et de la connaissance, seigneur de tout ce qui vit. Cherche-le, lui qui est un maître et un bouddha."
La vieille femme si étrange n'était autre que Vajrayogini qui avait revêtu cette apparence pour détourner le brillant érudit Naropa de ses spéculations intellectuelles et pour le conduire, par le biais de Tilopa, qu'il mettra des années à trouver, à la réalisation de la nature de l'esprit.
Naropa comprit bien évidemment que la vieille femme était une apparition divine et que les 37 signes de laideur qui la caractérisaient étaient à la fois une incitation à se détacher du samsara et un symbole des 37 branches de l'Eveil. Ce fut pour lui une profonde prise de conscience qui lui fit abandonner sur le champ ses études et sa position enviée dans la hiérarchie monastique. Prenant son bol de moine, il se mit sans tarder en route vers le Levant, à la recherche d'un mystérieux maître dont il ne connaissait que le nom.
Sa quête dura douze ans parsemés de nombreuses difficultés. Ayant enfin découvert Tilopa, il dut passer par douze grandes épreuves que celui-ci lui fit subir afin de le débarrasser de ses impuretés et de son intellectualisme universitaire. Finalement, son esprit ayant gagné une pleine maturité, l'éveil se révéla à lui lorsque son maître lui asséna un coup de sandale derrière la tête.
La rencontre entre Vajrayogini et Naropa illustre de manière très significative la relation qui unit les pratiquants et les divinités : loin d'être des abstractions ou de simples symboles, elles possèdent la faculté d'intervenir effectivement dans le cours de l'existence des fidèles.

http://www.clairelumiere.com/index.php? ... ptv4r42ma0
Je n'ai pas compté mais sans doute que les crânes formant le collier représentent les 37 branches de l'Eveil dont parle cette histoire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Trente-se ... %C3%89veil

Bon ben j'ai quand même compté, il y a bien 37 crânes avec ceux situés en diadème sur le dessus de la tête... :)

Sinon le halo de flammes représente la sagesse consumant les obstacles extérieurs et intérieurs; les trois yeux représentent la connaissance des trois temps; les cinq parures (collier, boucles d'oreilles, bracelets aux poignets et aux chevilles, tablier, roue vajra dans les cheveux) représentent les cinq premières paramitas ou perfections que sont le don, l'éthique, la patience, la diligence, la concentration, le corps de Vajrayogini représentant la sixième à savoir la connaissance.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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axiste
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Merci Davi pour ce nouvel éclairage. jap_8
Je n'arrive pas à discerner ce qu'elle a dans les mains... :?:
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davi
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Je n'osais pas t'en parler Axiste... c'est une calotte crânienne humaine (kapala) qu'elle tient dans sa main gauche; la divinité se nourrit de la chair et du sang qu'elle contient... :cool:

En fait cela symbolise la mort de l'ego (consommé par la divinité), l'élimination des ennemis du dharma, ou bien la fin du samsara, aboli par la sagesse, la connaissance primordiale; elle peut représentée également la félicité offerte par la mort de l'ego.
Le kapala, le kartika et le khatvanga forment une triade d'attributs caractéristiques des dakinis de sagesse :

- le kapala (calotte crânienne humaine) tenu dans leur main gauche représente les moyens et la félicité;
- le kartika (couperet) brandi par la main droite symbolise la connaissance (il coupe l'ignorance et les concepts);
- le khatvanga (bâton ou sceptre magique) appuyé sur l'épaule gauche symbolise la présence de la divinité masculine et rappelle l'union des moyens et de la connaissance.

http://www.clairelumiere.com/index.php? ... ptv4r42ma0
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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axiste
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Je n'osais pas t'en parler Axiste.
Ah je n'avais pas imaginé ! Merci Davi pour ces explications jap_8
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