Dumè Antoni a écrit :J'avais rédigé une réponse un peu longue, mais sans grand intérêt en raison de l'impossibilité de tirer au clair certaines affirmations des uns et des autres dès qu'il est question de Dzogchen, en particulier quand les contradicteurs ne se rencontrent jamais ou presque jamais sur les forums. Tout ce que je peux dire en ce qui me concerne, c'est que j'ai reconnu dans chez les représentants des forums francophones que je fréquentais des personnes qui avaient une vue claire et juste, du moins pour ce qui m'a été donné d'en juger à la lumière de ma propre expérience. Et là j'insiste bien : que l'on soit dzogchenpa ou zeniste, la Vue reste la Vue, et pour répéter une formule que j'affectionne : "on ne me fera jamais avaler qu'un corbeau est blanc et qu'une colombe est noire". Pour le reste, et qui concerne les détails techniques (la pratique du Dzogchen n'est pas celle du Zen), je reconnais que je ne suis pas apte à juger. Donc, je prends acte, et je t'en remercie, de tes explications relatives au Dzogchen qui ne recoupent pas nécessairement (comme tu peux t'en douter) ce que j'aie pu lire ou discuter ailleurs. Je n'ai donc pas de commentaire à faire autre que celui-là. Et c'est bien dommage, car le public y gagnerait à ce que les contradicteurs se rencontrent sur un forum et puissent discuter sans passion (je reconnais que ce n'est pas facile).

En fait, je n'ai pas expliqué grand-chose sur le Dzogchen et juste rappelé des points qui sont communément acceptés. La spécificité du Dzogpa Chènpo est de présenter
rig pa'i tsel afin de réaliser ultimement
shi'i rigpa, alors que les systèmes
sarma (le Mahamudra tantrique kagyupa, l'Union indissociable du samsara et du nirvana des sakyapas, et le Madhyamaka des Anuttarayoga Tantras chez les géloukpas) ont pour méthode de faire entrer d'abord les souffles dans
avadhuti afin de réaliser
shi'i rigpa (qui alors portera simplement un autre nom).
Pour ce qui est de la "lignée Dzogchen" (qui est un raccourci), il y a maintenant plusieurs lignées de maîtres détenteurs du Dzogchen, avec les différentes catégories de
termas, bien qu'elles soient initialement issues d'une seule et même lignée, à partir de Kuntuzangpo (le Dharmakaya du Bouddha Shakyamuni) jusqu'à Guru Padmasambhava, en passant par les premiers Maîtres humains comme Prahévajra, Mañjushrimitra etc.
Oui, il est difficile de faire discuter des contradicteurs sur le Dzogchen sans passions car j'ai pu remarqué le ton extrêmement arrogant et méprisant que prennent parfois les Occidentaux qui se réclament du Dzogchen quand il parlent de "la vue", "la leur", "celle des autres", comme s'ils oubliaient presque systématiquement qu'il existe plusieurs vues sur plusieurs aspects du Dzogchen (comme souvent dans le Bouddhisme et dans le BT en particulier), et comme s'ils s'agrippaient obstinément à un rôle de censeur dzogchen. N'oublions pas la dernière maxime de
Se départir des 4 attachements qu'avait donnée Mañjushri au grand père de Sakya Pandita, Sachen Kunga Nyingpo:
Si la saisie advient, il n'y a pas la vue.
'dzin pa byung na lta ba min
Sur ce point au moins, n'importe quels pratiquants, dzogchen ou pas, de tradition tibétaine ou pas, tomberont parfaitement d'accord.
