Le soi selon Kosho Uchiyama
Publié : 02 septembre 2017, 12:01
Que nous soyons conscients ou non, la vie que nous vivons est toujours réliée à tout l'univers. Mais en disant cela je ne parle pas de la vie de "quelqu'un" ou de la vie en général séparée de moi. La vie qui imprègne tout dans l'univers est moi. Je ne parle pas de "moi" comme "je". Par "moi", j'entends moi-même au sens authentique : le "soi" universel. C'est la base de toutes les expériences de la vie.
Eihei Dogen Zenji évoquait la réalité de la vie au sens de jinissai jiko*, "le soi qui s'étend à toute chose dans l'univers". Notre corps n'est pas fixe, ni immuable, il change continuellement. A chaque respiration, nous changeons. Notre conscience aussi change continuellement. Tous les processus de notre corps, qu'ils soient chimiques ou physiques, changent aussi continuellement. Et pourtant, temporairement, tout prend une forme. Ceci est notre "soi" véritable, jiko*. Il s'agit du "soi" réel, ou universel, mais je préfère encore le nommer "la réalité de la vie".
Toujours est il que, moi je suis ici seulement parce mon monde est ici. Lors de mon premier souffle, mon monde né avec moi. Quand je mourrai, mon monde mourra avec moi. Autrement dit, je ne suis pas né dans un monde qui existait avant moi, je ne vis pas comme un individu parmi des milliers d'autres individus et je ne laisse pas tout derrière moi pour que tout vive après moi. Les gens vivent en se considérant comme membres d'un groupe ou d'une société. En réalité, moi, je donne naissance à mon monde, je le maintiens en vie et en mourrant je l'emporte avec moi.
Je ne soulignerai jamais assez l'importance d'examiner avec beaucoup, beaucoup d'attention ce "soi universel" qui empreint toute chose dans l'univers. Nous vivons avec notre monde. C'est seulement lorsque vous aurez compris cela pleinement que tout chose dans le monde sera établie comme le "soi" qui traverse et empreint toute chose. C'est le souhait et l'orientation même de la vie de tout bouddhiste. Nous faisons le voeu de sauver tous les êtres sensibles, afin que ce "soi" puisse devenir plus pleinement lui-même. C'est la direction qui s'ouvre continuellement devant nous.
Le bouddha Shakyamuni le dit ainsi : "Tous les mondes sont mon monde, et tous les êtres sensibles, personnes, choses et situations sont mes enfants". De cela, naîtra l'expression de Dogen Zenji "rôshin"*, "l'attitude affectueuse des parents" ce que je traduis par : deau tokoro waga seimei, "tout ce que je rencontre est ma vie".
C'est pour cela que notre attitude profonde doit être shikan, "simplement faire" ou "ne rien faire d'autre que cela". Il ne s'agit pas de penser correctement à la vie. Penser correctement à la vie n'est pas suffisant. Notre vie est tout ce que nous rencontrons maintenant, et notre pratique est shikantaza, qui signifie littéralement "simplement assis". Au sens large, cela signifie consacrer toute notre énergie à nous installer dans notre monde, ici et maintenant, où nous vivons réellement.
Kosho Uchiyama, Ouvrir la main de la pensée
Notes tirées du glossaire :
Jinissai jiko : terme employè par Dogen pour indiquer le "soi qui pénètre tout" ou le "soi qui comprend tout chose", utilisé dans cet ouvrage pour indiquer le "soi universel" ou le "soi global".
Jiko ou soi : terme généralement utilisé pour désigner le soi entier, global, qui pénètre tout, qui comprend tout, originel ou "soi universel". Il inclut le "soi personnel" ou "soi conditionné".
Rôshin ou Esprit aimant des parents : l'attitude aimante des parents envers leur enfant, et au sens plus large l'attitude à garder à l'égard de tout ce que nous rencontrons dans la vie. Le terme originel était rôba shinsetsu, la gentillesse d'une grand-mère.
Eihei Dogen Zenji évoquait la réalité de la vie au sens de jinissai jiko*, "le soi qui s'étend à toute chose dans l'univers". Notre corps n'est pas fixe, ni immuable, il change continuellement. A chaque respiration, nous changeons. Notre conscience aussi change continuellement. Tous les processus de notre corps, qu'ils soient chimiques ou physiques, changent aussi continuellement. Et pourtant, temporairement, tout prend une forme. Ceci est notre "soi" véritable, jiko*. Il s'agit du "soi" réel, ou universel, mais je préfère encore le nommer "la réalité de la vie".
Toujours est il que, moi je suis ici seulement parce mon monde est ici. Lors de mon premier souffle, mon monde né avec moi. Quand je mourrai, mon monde mourra avec moi. Autrement dit, je ne suis pas né dans un monde qui existait avant moi, je ne vis pas comme un individu parmi des milliers d'autres individus et je ne laisse pas tout derrière moi pour que tout vive après moi. Les gens vivent en se considérant comme membres d'un groupe ou d'une société. En réalité, moi, je donne naissance à mon monde, je le maintiens en vie et en mourrant je l'emporte avec moi.
Je ne soulignerai jamais assez l'importance d'examiner avec beaucoup, beaucoup d'attention ce "soi universel" qui empreint toute chose dans l'univers. Nous vivons avec notre monde. C'est seulement lorsque vous aurez compris cela pleinement que tout chose dans le monde sera établie comme le "soi" qui traverse et empreint toute chose. C'est le souhait et l'orientation même de la vie de tout bouddhiste. Nous faisons le voeu de sauver tous les êtres sensibles, afin que ce "soi" puisse devenir plus pleinement lui-même. C'est la direction qui s'ouvre continuellement devant nous.
Le bouddha Shakyamuni le dit ainsi : "Tous les mondes sont mon monde, et tous les êtres sensibles, personnes, choses et situations sont mes enfants". De cela, naîtra l'expression de Dogen Zenji "rôshin"*, "l'attitude affectueuse des parents" ce que je traduis par : deau tokoro waga seimei, "tout ce que je rencontre est ma vie".
C'est pour cela que notre attitude profonde doit être shikan, "simplement faire" ou "ne rien faire d'autre que cela". Il ne s'agit pas de penser correctement à la vie. Penser correctement à la vie n'est pas suffisant. Notre vie est tout ce que nous rencontrons maintenant, et notre pratique est shikantaza, qui signifie littéralement "simplement assis". Au sens large, cela signifie consacrer toute notre énergie à nous installer dans notre monde, ici et maintenant, où nous vivons réellement.
Kosho Uchiyama, Ouvrir la main de la pensée
Notes tirées du glossaire :
Jinissai jiko : terme employè par Dogen pour indiquer le "soi qui pénètre tout" ou le "soi qui comprend tout chose", utilisé dans cet ouvrage pour indiquer le "soi universel" ou le "soi global".
Jiko ou soi : terme généralement utilisé pour désigner le soi entier, global, qui pénètre tout, qui comprend tout, originel ou "soi universel". Il inclut le "soi personnel" ou "soi conditionné".
Rôshin ou Esprit aimant des parents : l'attitude aimante des parents envers leur enfant, et au sens plus large l'attitude à garder à l'égard de tout ce que nous rencontrons dans la vie. Le terme originel était rôba shinsetsu, la gentillesse d'une grand-mère.