La mort selon les bouddhistes par le vénérable Tich Thien Châu

Compagnon

La Mort selon les bouddhistes

Que se passe-t-il au moment de la mort ? Mais sait-on au juste ce qu’est la mort et quand elle apparaît vraiment ?

Par Tich Thien Châu

Le point de vue du vénérable Tich Thien Châu, moine vietnamien

Les phénomènes psychophysiques qui nous constituent naissent et meurent perpétuellement, à chaque instant pendant toute la durée de cette vie. En d’autres termes, la dissolution et la disparition sans cesse répétée de chaque combinaison psycho -physique momentanée.

A propos de l’instantanéité de l’existence, Buddhagosa a écrit, dans le Visuddhimagga, VIII :

"Au sens absolu, nous n’avons qu’un temps de vie très court. La vie ne dure que le temps d’un unique instant de conscience. Tout comme la roue d’un chariot, qu’il roule ou soit immobile, ne s’arrête jamais que sur un point de la jante. Ainsi, la vie d’un être ne dure qu’un unique instant de conscience. Dès que cesse cet instant, I’être cesse aussi".

La biologie nous informe aussi qu’en un an 98% des cellules de notre corps changent. Ainsi, la mort en tant que rupture des facultés vitales d’une forme d’existence n’est que l’interruption temporaire d’une forme, d’une apparence ; elle n’est pas l’annihilation complète d’un individu ; elle est, bien plutôt, la manifestation du passage immédiat à une autre existence. Seules les formes des organismes cessent de fonctionner, mais l’énergie, la soif d’existence inclue dans la force karmique, continue de se manifester dans une autre forme de vie. En conséquence, la loi de cause à effet opère sans interrompre les processus de vie.


L’individu est toujours responsable de ses actions et héritera de leurs résultats. En examinant la mort (la conception de la mort dans le Bouddhisme) à l’aide de ces points de doctrine, nous considérons de toutes façons la mort comme un phénomène aussi normal que la naissance. Sur ce sujet, voyons les explications du Bouddhisme concernant ce qui se passe au moment de la mort.

Généralement les gens sur le point de mourir étant physiquement faibles, ne peuvent contrôler ou diriger leurs pensées. Aussi, des impressions provoquées par des événements importants de leur vie présente ou de leurs existences passées, apparaissent activement dans leur esprit qui se trouve incapable de les rejeter.


Ceci constitue les trois sortes de pensées au moment de l’approche de la mort :

1. Le souvenir d’actions importantes, bonnes ou mauvaises, accomplies précédemment (karma)
2. Le symbole de ces actions (Kammanimitta), par exemple, le fusil avec lequel on a tué quelqu’un.
3. L’image de l’endroit où l’on doit renaître (gatini mitta), par exemple le lieu de souffrance extrême (naraka) pour les meurtriers, ou le lieu bienheureux (devaloka) pour les généreux.

Ces trois objets de pensée que l’on ne peut choisir consciemment apparaissent clairement dans l’esprit au moment de la mort. Ces pensées à l’approche de la mort constituent des actions près de la mort (maranasanna kamma) influençant et déterminant le caractère de l’existence à venir de la même façon que la dernière pensée précédant le sommeil peut devenir la première pensée au réveil.


De même, les actions les plus importantes d’une vie (garuka kamma), ainsi que les actions habituelles, bonnes ou mauvaises deviennent les pensées actives et prédominantes dans les dernières minutes. Si quelqu’une de ces actions est absente au moment de la mort, l’action cachée (katatta kamma) constitue la force qui produit la naissance. Il y a ainsi quatre catégories d’actions (Kamma) qui conditionnent l’apparition des pensées qui précèdent le mort. Après que ce processus de pensée soit apparu dans la conscience directrice (tadalambana) dont la fonction est d’enregistrer les impressions réelles, la pensée de la mort (cuticitta) advient. C’est la fin de cette existence.

Du raisonnement aux preuves "Que se passe-t-il après la mort ? " A ce propos, le Bouddha a exposé la "doctrine de la renaissance". Cette doctrine a son origine dans l’illumination du Bouddha et non dans aucune des croyances pré-bouddhistes avec lesquelles elle a souvent été, à tort, confondue. D’après cette doctrine de la renaissance, la mort est une porte qui s’ouvre sur une autre forme de naissance. Les deux existences sont réunies par la conscience de renaissance (patisandhi-vinnana) qui est conditionnée par la pensée précédant la mort (maranasanna javanacitta) et qui réapparaît au moment de la conception, c’est à dire avec la formation d’une nouvelle vie dans la mère. Cette conscience est identifiée comme "l’être à naître" (gandhabha).


Immédiatement après, elle disparaît dans le courant subconscient de la nouvelle vie (bhevangasota) qu’elle conditionne sans interruption. C’est ainsi la conscience de renaissance qui détermine le caractère latent d’un individu. Il faut remarquer que le Bouddhisme ne dénie nullement l’hérédité parentale, mais insiste sur le fait que l’hérédité essentielle est la force karmique incluse dans le troisième facteur, qu’on appelle couramment "l’être à naître" (gandhabha), de la conscience de renaissance. De la mort à la renaissance, le courant de conscience est transmis sans l’intervention d’aucun intermédiaire (antarabhava). De même, la conscience de renaissance ne transmigre jamais d’une existence passée à une existence ultérieure. Il peut être utile de comparer cela à des phénomènes tels que l’écho, la lumière d’une lampe, l’impression d’un sceau ou l’image dans un miroir. Les deux existences consécutives ne sont ni identiques ni différentes (Milindapanha p. 40).

Comme la conscience de renaissance est conditionnée par la force karmique, on peut renaître après la mort dans l’une ou l’autre des cinq possibilités suivantes :

1. le lieu de souffrance extrême
2. le règne animal
3. les esprits
4. l’humanité
5. les mondes célestes.


Il est bon de dire à ce propos que la doctrine de la renaissance qui est une théorie de la continuité de l’être après la mort, est différente de la doctrine de la réincarnation ou de la transmigration Hindoue ; car c’est en effet une doctrine séparée et tenant le milieu entre les deux extrêmes :
- la théorie de l’éternité (sassataditthi) qui admet l’existence d’un ego persistant ou d’une personnalité existant indépendamment de ses processus psychophysiques.

- la théorie de l’anihilation (uccedaditthi) qui, à l’opposé, admet l’existence d’un ego ou d’une personnalité qui s’identifie entièrement à un processus psycho-physique et, par conséquent, est annihilé par la mort. La doctrine de la renaissance n’est pas un dogme qui doit être accepté d’avance, mais plutôt un principe qui peut être vérifié. Les 20 cas de renaissance recueillis et analysés par le Docteur Ian Stevenson (Department of Neurology and Psychiatry School of Medicine, University of Virginia), et publiés sous le titre de "20 cases suggestive of reincarnation" en constituent une preuve.


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jap_8
ted

Le Bouddha a enseigné une méthode qui en 7 jours, peut permettre de trouver l'éveil, donc d'échapper à toutes renaissances futures. (Voir le satipatthana sutta).

7 jours !

J'ai l'impression qu'on n'y croit pas vraiment. C'est dommage.
"A part du demi mois. Si quiconque devait développer ces quatre cadres de référence de cette manière pendant sept jours, il peut s'attende à l'un de deux fruits: soit la sagesse juste ici et maintenant, ou -- s'il devait demeurer un reste de nourriture de l'avidité -- le non--retour.

"'Ceci est la voie directe pour la purification des êtres, pour surmonter la peine et les lamentations, pour faire disparaître la douleur et l'angoisse, pour atteindre la bonne méthode, et pour réaliser la Libération "
http://forum-nangpa.com/viewtopic.php?f=92&t=9457
Compagnon

Hum quel rapport exacte avec le fil ?
ted

Compagnon a écrit :
30 avril 2017, 20:52
Hum quel rapport exacte avec le fil ?
Baaaahhh... l'objet du fil c'est bien la mort, la renaissance, expliqué par un maître vietnamien non ?
J'ai rien contre. :oops:

Je dis simplement que mourir et renaître, c'est un échec d'un point de vue bouddhique. Et que souvent, on s'intéresse à la défaite mais qu'il y a une solution pour échapper à la renaissance en 7 jours.

C'était juste une remarque complémentaire. :cool:
S tu trouves qu"elle est hors-sujet alors désolé.
shuuuut_8 :arrow:
Compagnon

Non, là c'est plus clair. Merci.
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Circé
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Ben relisez TNH " Il n'y a ni peur, ni mort". Il a son idée la-dessus.
Compagnon

Circé a écrit :
01 mai 2017, 13:54
Ben relisez TNH " Il n'y a ni peur, ni mort". Il a son idée la-dessus.
En effet. Toutefois tout le monde n'a pas son livre et Thich Nhat Hanh n'est pas le bouddhisme à lui tout seul :)
C'est pourquoi il n'est pas inutile d'avoir des points de vue autres, d'autres Thichs notamment ou de représentants d'autres courant du bouddhisme. Plus l'on a des éclairages différent plus l'on a chance d'avoir un vue assez complète du "bazard". C'est selon les besoins.
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jules
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Faut pas trop se soucier de la mort, comme ça quand on sera à son seuil, nos pensées seront apaisées et on aura pas besoin de renaître. :)
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Circé
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Compagnon a écrit :
01 mai 2017, 14:08
Circé a écrit :
01 mai 2017, 13:54
Ben relisez TNH " Il n'y a ni peur, ni mort". Il a son idée la-dessus.
En effet. Toutefois tout le monde n'a pas son livre et Thich Nhat Hanh n'est pas le bouddhisme à lui tout seul :)
C'est pourquoi il n'est pas inutile d'avoir des points de vue autres, d'autres Thichs notamment ou de représentants d'autres courant du bouddhisme. Plus l'on a des éclairages différent plus l'on a chance d'avoir un vue assez complète du "bazard". C'est selon les besoins.
Je ne suis pas de cet avis. Quand on a trouvé une réponse parfaitement satisfaisante et argumentée- comme celle de TNH- on n'a pas besoin de chercher plus loin. Ce n'est pas un manque de curiosité intellectuelle mais le refus de se créer de la confusion sur des sujets déjà bien complexes.
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