hakuin et son bébé

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komyo
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"Dans un village où vivait le grand Maître Zen Hakuin, une fille tomba enceinte. Son père la harcela pour connaître le nom de son amant. A la fin, pour échapper à la punition, elle lui dit que c'était Hakuin.

Le père n'ajouta rien, mais lorsqu'arriva la naissance de l'enfant, il s'empara immédiatement du bébé et vint le jeter aux pieds de Hakuin. "Il semble que ce soit ton enfant," rugit-il en l'accablant d'injures et de sarcasmes tant cette affaire était honteuse.
Le Maître Zen se contenta de dire : "Oh, en est-il ainsi ?" et il prit le bébé dans ses bras.
Par la suite, où qu'il allât, il emportait le bébé enveloppé dans la manche de sa vieille robe usée. Durant les jours pluvieux et les nuits orageuses, il sortait pour demander du lait dans les maisons voisines. Nombre de ses disciples, le considérant déchu, se détournèrent de lui et le quittèrent. Mais Hakuin ne dit pas un mot.

Pendant ce temps, la mère se rendit compte qu'elle ne pouvait plus supporter l'agonie de la séparation d'avec son enfant. Elle avoua le nom du père véritable. Son père se précipita alors chez Hakuin et se prosterna devant lui, le suppliant de lui pardonner.
Hakuin dit simplement :"Oh, il en est ainsi ?" et il rendit l'enfant." anjalimetta
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axiste
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Allez je laisse couler les mots...
C'est ce qui est et pas ce qu'on en dit qui compte, les évènements prennent vie et puis meurent, il n'y a rien à dire. Pourtant, on trouve toujours à redire…mais véritablement il n'y a rien à dire car rien d'autre ne traverse que l'instant … Cela n'empêche pas de prendre soin des choses qui se présentent, totalement dans l'instant: toute l'agitation qu'on rajoute sur l'instant est vaine et forcément à côté. Ne rien retenir car rien ne nous appartient, même pas les idées qu'on fixe sur les choses en tentant de les saisir.
Saisir est un réflexe: on veut saisir pour comprendre. Etrange que ces deux mots se ressemblent: saisir et comprendre. Comme des flash dans un miroir que l'on n'attrape jamais…
Il y a beaucoup de lumières…les remercier comme des messagers qui passent.
Des milliards de messagers passent à chaque instant.
Hakuin est juste présent et ne se cogne pas à l'instant: il l'accueille totalement. Il devient ce qui est.
Se pose la question de notre volonté comme volonté de présence au monde alors on devient de plus en plus attentif à chaque instant... Butterfly_tenryu
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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axiste
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Bis repetita…il y a quand même des choses qui se disent dans l'instant...

Hakuin ne se serait pas inventé père.
Il n'avait pas d'autre choix que les conditions de l'instant.
S'il s'était opposé au mensonge, personne ne l'aurait cru, ses capacités d'action étant restreintes par les circonstances.
Il n'a pas imposé de résistance parce que ces choses sont arrivées.
Quand les choses ont été différentes, il les a acceptées.

Personne n'est en mesure de changer les évènements extérieurs tout seul.
Ils sont le produit de causes et de conditions qui s'acheminent inexorablement. Comment changer ces choses ?
Un détachement vis à vis de ces évènements est possible.
La liberté commence en soi-même.

On veut tous changer les choses à l'extérieur. Il est bien plus facile de commencer par l'intérieur.

Il y a une forme de soumission dans l'acceptation.
Peut-on se soumettre à n'importe quel évènement ?

On peut faire beaucoup de mal en se soumettant à la loi d'un régime totalitaire par exemple.
Faire le choix de pas suivre ce qui ne nous convient pas, de ne pas tuer par exemple.

Comment réagit t-on en temps de guerre ?

Comment choisit-on l'inaction ou l'action ? Peut-on choisir ou se laisse t-on emportés par les évènements ?

Il semble que ce soit l'impossibilité d'agir contre nous mêmes, alors on tue ou on se cache, on résiste aussi…on se préserve ou on préserve les siens…on décide de mourir aussi.

Qui sommes nous vraiment ?
L'éthique ou la vertu sont de bons guides mais cela appelle beaucoup de questions.

Qu'est-ce qui est correct ….parce que c'est ce qui nous relie aux autres avant tout, pas aux autres en tant qu'individu seulement, mais c'est tout un rapport global avec la totalité du vivant…
Comment on traverse cette vie…ou mieux, comment on est traversé par elle.

C'est cette présence au monde qui fait la différence.

Etre bien avec soi même est déjà un bon pas. C'est avant tout ce que l'histoire qu'Hakuin m'évoque, parce que c'est le seul combat qui importe et qui emporte tout le reste…

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