Mumon
Brad, j'ai l'impression très nette que vous ne comprenez pas ce qu'est le kôan zazen. Autrement dit, en shikantaza juste s'asseoir est votre kôan, même si personne n'appelle cela comme ça.
1.
Brad
Pas vraiment, mais merci!
1.
Mumon
Brad,
Pourquoi dites-vous cela? Selon vos instructions pour shikantaza, vous dites (Je suppose ici que vous ne citez pas Dôgen , quoique je n'en sois pas absolument sûr mais quand même je suis assez sûr que vous le paraphrasez):
“Assis immuablement dans l'état d'immobilité de montagne, ‘Pensez à cet état concret au-delà de la pensée.’ « ’Comment peut-on penser l'état au-delà de la pensée ?’ ‘C'est différent de la pensée.’ Ceci est juste le pivot de Zazen. ”
Comment est-ce différent d'une description d'un 話頭/wato/huatou ???
Je ne sais pas, peut-être votre expérience est différente, mais je ne vois comment comment le kôan zazen et shikantaza ne mèneraient pas au même résultat, même si, pour être honnête, je n'ai guère d'expérience avec shikantaza. Cela dit, je ne vois pas comment les deux ne pointeraient pas directement vers notre propre esprit, nous permettant de voir notre propre nature.Je ne veux pas débattre ici des « bénéfices » de l'une contre ceux de l'autre méthode, précisément parce que c'est un peu comme devenir un bon altiste par rapport à devenir un bon violoncelliste, ou si vous préférez, un bon bassiste contre un bon guitariste rythmique…
Mais je pense qu'il s'agit d'une discussion intéressante, parce que la narration tend vers ce que les « deux » écoles du Zen ont pu dire en anglais (Kapleau, par exemple) et, franchement, je ne vois vraiment pas pourquoi cette narration devrait changer, mais je suis aussi ouvert qu'un (mauvais) guitariste rythmique peut l'être.
Aussi, sauf votre respect, il me faut dire que je ne comprends pas bien ce que vous avez extrapolé de la traduction de Dôgen. Je veux dire par là, que vous soyez vraiment tranquille ou pas, cela juste *est.* Et si vous n'êtes pas vraiment tranquille – cela en fait partie.
Used-rugs
3. Toute cette guerre sectaire entre le Sôtô et le Rinzaï est un phénomène purement américain dû aux habitudes identitaires occidentales. Si vous alliez au Japon, vous vous rendriez compte que le Zen n'est pas du tout comme ça.
1.
Brad
Mon expérience du Japon, c'est que c'est encore plus comme ça !
2.
Mumon
Je ne pense pas que le *Bouddhisme* soit comme ça au Japon. Excepté pour la Soka Gakkai, et peut-être la façon dont certains bouddhistes considèrent le Bouddhisme de Nichiren en général. Ils sont assez exclusivistes, même si on peut comprendre comment quelqu'un pourrait avoir le coeur au bon endroit en adhérant au Sûtra du Lotus.
3.
Brad
Non. Je suis sérieux. Les rares fois où j'ai entendu des enseignants japonais s'engager sur le sujet Sôtô contre Rinzaï ils s'y sont montrés très carrés. Les Américains semblent bien plus rechercher des positions de compromis. Mais ce n'est que mon expérience personnelle.
Brad
Mon expérience des kôans est limitée. J'en ai résolus quelques uns spontanément sans jamais avoir réellement pratiqué « l'introspection des kôans ». Les réponses on juste apparu, en quelque sorte. Et ce fut étrange. Et utile. Ce fut amusant. Je crois avoir appris quelque chose. C'était une découverte.
Mon impression est que shikantaza est totalement différent. Nishijima disait de choses de ce genre qu'elles sont « dimentionnellement différentes ». Comme si elles étaient si différentes qu'elles étaient dans une autre dimension.
Mon impression est que les kôans ont à voir avec la réalité, alors que shikantaza est la réalité. Si cela vous parle. Les kôans nous aident à obtenir un cadre conceptuel probablement meilleur que le cadre ordinaire dans lequel nous grandissons tous. Shikantaza nous montre que tout cadre conceptuel n'est qu'un cadre conceptuel. Mais d'une façon qui n'est pas, en soi, un cadre conceptuel.
Ou quelque chose de ce genre.
Je sais que tout ça paraît très sectaire, comme si je comparais le nombre de vote obtenus par Bernie Sanders à ceux de Hillary Clinton. Et si vous voulez le voir ainsi, je n'y peux pas grand-chose. Je trouve que cela me préoccupe de moins en moins, si les gens me comprennent. Je devrais peut-être. Mais c'est un peu une bataille perdue d'avance, tenter d'être compris par tout le monde. Ou aimé par tout le monde.
Donc, OK, si vous voulez me lire comme si je disais VOTEZ POUR SHIKANTAZA, ça va. Je vote pour shikantaza.
1.
Mumon
Brad,
Merci ! J'ai vraiment apprécié votre réponse. En particulier la fin. LOL. Je vous en suis vraiment reconnaissant.
Vous me rappelez une discussion que j'avais eue avec quelqu'un de l'école de Maezumi il y a un an ou trois. Cette personne ne pouvait pas imaginer quelqu'un concentré sur un kôans dans sa vie quotidienne parce que leur enseignant les avait prévenus que faire Mu au volant pourrait causer un accident. Je ne sais pas vraiment – ni ne m'en préoccupe – pourquoi mon expérience diffère de la leur. Ou, dans un certain sens, de la vôtre.
C'est parce que, à un certain point, le cadre conceptuel auquel vous faites référence n'est pas là. Comme j'ai dit ailleurs, l'idée d'un kôan n'est vraiment pas de donner les réponses « attendues » en sanzen. Je ne vois pas cela comme un Bernie versus Hillary. LOL.
Comme je l'ai dit plus haut, je pense que les deux vont au même point. C'est un grand violoncelliste par rapport à un grand altiste.
Quoique, si mon fils devenait un grand altiste, je serais sans doute partial, là aussi !
1. Mumon
Le kôan zazen devrait être “tenir la question” *avant les mots*. Donc, oui, c'est le “quoi?” Il faut aussi que cela soit détendu. Je ne suis pas sûr de l'avoir lu quelque part, mais vous devez me croire sur parole, ici. Ne. Soyez. Pas. Tendu. Je pourrais écrire une douzaine d'articles de blog sur ce dernier point, mais je sors du sujet.
Néanmoins, un aspect du kôan zazen c'est qu'après un certain temps, cela n'a pas, non plus, de forme ; tout ce qui est présent est zazen.
Il y a une réponse que vous devriez pouvoir donner en sanzen, mais elle est aussi décevante que triviale une fois qu'on a compris le kôan – ou du moins qu'on l'a compris dans la mesure où cela affecte notre vie d'une bonne manière, et en conséquence, tous les êtres qui vous entourent. De plus, pour de nombreux kôans, une fois qu'on a trouvé la réponse à l'un, on trouve la réponse à tout un tas de kôans, mais cela serait passer à coté de l'intérêt du kôan. C'est presque comme de prouver un théorème mathématique à ce point, mais, comme j'ai dit, cela serait totalement passer à côté. Cela passerait à côté parce qu'un entendement profond du kôan est habituellement au-delà de la réponse.
Et, ouais, il y en an qui vont absolument vous embrouiller. Mais hum… il y a une raison à ceux-là aussi. Votre projet est de les entendre peu-importe la raison pour laquelle ils vous embrouillent, ou du moins dans la mesure où cela affecte votre vie et celle de ceux qui vous entourent d'une bonne manière.
Donc, pour résumer:
1. TOUT kôan peut-être pénétré jusqu'à des profondeurs insondables.
2. Shikantaza est pareil qu'un kôan
3. Donc Shikantaza et kôan zazen peuvent aider tous les êtres.