Samu

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Flocon
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ted a écrit :Quand on fait samu, on étend Zazen à l'activité manuelle. Mais ce parfum de vacuité, bien compris, devrait pouvoir s'étendre à tout type d'activité (intellectuelle ou artistique). Forcément...
Pas convaincue. Je m'oublie entièrement moi-même lorsque je peins ou que je traduis une page de grec, aucun problème ; mais je cale sur l'idée qu'il s'agisse d'une pratique de samu au sens du Zen.
Peu importe ; j'y réfléchirai.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Jean

Dans le monastère, le moine qui fait le samu, travaille pour la communauté. En général c'est des activités ménagères, de jardinage, de maçonnerie. Si le moine se déplace d'une activité à l'autre, il doit bien marcher, sa pleine conscience ne doit pas être interrompue pour cela.
Il y a cette notion de pleine conscience ouverte avec laquelle on peut effectuer des tâches et un maître Zen disait que si on était ouvert, on était ouvert à tous les êtres...

Dans les taches ménagères, il y a l'ici et maintenant qui est le plus important. Mais l’après est aussi important. Trungpa parlait de convoquer les Dralas. C'est vrai qu’après avoir accompli sa tache, il a la satisfaction du devoir accompli et il y a aussi cette sensation de propreté, de clarté qui est importante. On en parle de cela mais d'une manière différente quand il est dit que le pièce de yoga ou de méditation ou l'autel doivent être toujours propres. Le fait de poser une fleur ou un vase de fleur sur l'autel donne aussi cette impression de clarté, de fraicheur, de propreté. C'est dynamisant. Le contraire : vivre dans une pièce en désordre, poussiéreuse, sale a une influence déprimante.

Même si dans le samu , on atteint pas la profondeur que l'on peut atteindre sur le coussin, le fait d'être silencieux dans sa tête, en mode de ressenti, équilibré dans ses gestes, ouvert, est important.

Si on pratique un mantra mentalement, on est, de fait, pas dans le silence, mais on est, quand même, dans un état de conscience plus clair et plus subtil que si on se laissait voguer de pensées en pensées, d'émotions en émotions.
lausm

POur ma part, je ne cherche plus à faire une séparation entre samu ou pas, méditation ou pas.

si on veut revenir au sens premier du samu, ce mot signifie "servir", c'est ce qui définit le "samurai", un homme au service.

Donc en fait, pour moi, ça peut revètir toute sorte d'activité. Le sens est de sortir de son truc égocentrique, et se mettre au service du cosmos.

C'est ce qui t'arrète, Flocon? Le sentiment que si tu te fais plaisir ce n'est plus du samu?

Si c'est une activité au service de la Vie, on peut dire que c'est du samu. et faut pas en faire un truc paramilitaire et disciplinaire.
C'est ce qu'en Inde on appelle le karma yoga, le samu.
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Flocon
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lausm a écrit :C'est ce qui t'arrète, Flocon? Le sentiment que si tu te fais plaisir ce n'est plus du samu?
Pas du tout.
Après réflexion, je demeure sur ma première position : le samu reste pour moi une pratique formelle, précise, définie par sa dimension de don (ou de service) et sa forme manuelle. Je ne vois pas d'utilité à dépasser cette définition canonique. C'est personnel : je suis une adepte des définitions claires et des pratiques formelles avant tout, par simple pragmatisme. :D
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
longchen2

Si Samu correspond au karma yoga, c’est quelque chose que l’on retrouve dans les centres de retraite tibétain.
La demande est de contribuer à la vie du centre pour celles et ceux qui viennent.
Cela correspond pendant 1 heure par jour à contribuer à ce qu’on appelle généralement les corvées en fait, comme faire la vaisselle l’essuyer et la ranger, nettoyer les sols, les sanitaires, aider au jardin, servir les gens à la cafétéria, donc des activités physiques.
Comme mon esprit n’est fixé que sur les bons pratiquant(e)s je ne parlerai pas des paresseux(ses) qui se cachent de peur qu’on leur demande quelque chose où qui arrivent à l’heure du karma yoga avec un épouvantable mal de tête (qui les exempte en fait) :D
J’ai même en tête un grand pratiquant qui a passé tout son séjour à pratiquer le yoga du sommeil (profond) :mrgreen:
ted

Flocon a écrit : Après réflexion, je demeure sur ma première position : le samu reste pour moi une pratique formelle, précise, définie par sa dimension de don (ou de service) et sa forme manuelle. Je ne vois pas d'utilité à dépasser cette définition canonique. C'est personnel : je suis une adepte des définitions claires et des pratiques formelles avant tout, par simple pragmatisme. :D
C'est sage. jap_8 Il faut savoir délimiter un chemin. Avant d'enlever l'échelle, on a besoin de la définir clairement.
longchen2 a écrit :J’ai même en tête un grand pratiquant qui a passé tout son séjour à pratiquer le yoga du sommeil (profond) :mrgreen:
:lol:
Ca me fait penser à la réponse que je donnais aux profs quand j'avais un coup de fatigue au lycée : "Non madame, je ne dors pas. Je réfléchis." :)
binah a écrit :Dögen dans le zen, le préconisait sauf erreur de ma part ? :?:
Très certainement. Quand on pratique le Zen, on n'échappe pas au Samu. Et vu que c'est Dogen qui a créé l'école Zen Soto du Japon...
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jules
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D'accord avec Flocon également. jap_8
Ted : Avant d'enlever l'échelle, on a besoin de la définir clairement.
jap_8 Quand l'échelle est retirée on n'a d'ailleurs plus besoin d'en compter le nombre de barreaux, on se contente de réparer les tuiles.
lausm

Pas de problème.
Tu nous appelleras juste pour qu'on vienne la remettre quand tu voudras redescendre, parce que là elle risque juste d'etre utile.

C'est juste pour ça que je pense que les cadres c'est bien, mais faut pas s'y attacher de trop....et juste ne pas oublier que la réalité qui nous entoure, est un cadre formel qui pose suffisamment de règles et de limites aux choses pour ne pas trop se compliquer.
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jules
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lausm a écrit :Pas de problème.
Tu nous appelleras juste pour qu'on vienne la remettre quand tu voudras redescendre, parce que là elle risque juste d'etre utile.
Oui, c'est vrai, mais le Dharma l'a d'ailleurs déjà remise, ce qui me fait m'exclamer à présent : Oh les beaux barreaux dont je n'ai soi disant plus besoin !
C'est juste pour ça que je pense que les cadres c'est bien, mais faut pas s'y attacher de trop....et juste ne pas oublier que la réalité qui nous entoure, est un cadre formel qui pose suffisamment de règles et de limites aux choses pour ne pas trop se compliquer.
Dans la série que je suis en train de regarder, "les Soprano", Tony Soprano qui est chef de la mafia dit à son psy qu'il y'a des personnes qui méritent vraiment l'enfer; les violeurs, ceux qui tuent pour le plaisir. Quand la psy lui dit : "et vous alors ?" "Moi ce n'est pas pareil, je fais partie d'un clan de guerrier, nous avons nos règles, et nos codes d'honneurs".
Donc, précisément en ce qui concerne le fait que la réalité qui nous entoure, est un cadre formel posant suffisamment de règles et de limites aux choses, je crois que malheureusement ce n'est pas le cas, car une terrible liberté est de mise et qu'il nous faudra nous même évaluer les choses...seuls dans ce gigantesque univers ou en essayant de répondre le mieux possible aux exigences du refuges auquel nous prêtons foi, ce que Don Juan nommait "le devoir croire". Cela dit, je n'ai pas vu la fin de la série, peut-être qu'au dernier épisode il devient bouddhiste, car évidemment, il sent bien quelque part au travers de son angoisse que quelque chose cloche. Mais si les règles de la réalité étaient si contraignantes, alors la réalité ferait qu'il n'y aurait plus de bonté ni de méchanceté, plus d'humilité ni de vanité, plus de riches ni de pauvres...Plus de Bouddha, plus de bodhisattvas...Nous serions tels des animaux comme tous les autres animaux, à suivre véritablement l'ordre cosmique qui ne serait pas même l'ordre cosmique, puisque cette désignation est encore moyen habile pour l'éducation si complexe de l'animal Homme.
lausm

tu pratiques le zen? Curiosité pure.
juste il me semble fort peu observer le bouddha rappeler des formes, des règles, ni edicter des lois. Mais rappeler de grands principes, des lois cosmiques, si on veut le dire ainsi.
Ce sont souvent ceux qui parlent en son nom qui usent des règles et formes, pas forcément habilement d'ailleurs.
La seule question qu'il me reste est: cela rend-il plus libre et heureux?
Revenant au samu, je l'ai expérimenté dans la cuisine. Dogen,dans le tenzo kyokun, ne parle pas tant de règle ou de cadre. Il parle plus d'esprit heureux, de vaste esprit, et d'un esprit bon comme celui de la grand-mère.
Sinon, tant qu'à user d'une échelle, je préfère avec tous les barreaux. On y grimpe mieux.
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