L'Ego, c'est comme la prostate!

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yudo
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L'hypertrophie bénigne de la prostate rend la miction difficile. L'hypertrophie tout court de la prostate empêche carrément de pisser.

L'hypertrophie de l'ego empêche d'aimer, d'être bienveillant.

On traduit souvent à tort le terme maitri par "compassion", ce qui est une traduction malheureuse et un peu fausse. cum (avec) patire (pâtir, souffrir) laisse entendre qu'on participe de la souffrance de l'autre. Ce qui est le plus souvent faux et sert juste à se donner bonne conscience.

Ce dont il est question dans le Bouddhisme, c'est de se laisser gagner par l'amour universel (ce genre de phrase fait malgré tout un peu trop sirupeux... bleeh!), je dirais plus simplement par l'esprit de bienveillance. Vouloir l'harmonie autour de soi, que les gens et les choses soient bien, c'est aussi se souhaiter à soi-même un environnement agréable. C'est comme faire la cuisine. Il y a la recette (l'intellect, l'idéal), les ingrédients (la matière), mais tout ça reste inerte tant qu'il n'y a pas l'action de mettre la main à la pâte. Et le résultat n'est pas que la somme de toutes ces choses. Si on aime ce qu'on fait, qu'on veut que les personnes qui mangeront le résultat de nos efforts soient réjouis de ce qu'ils mangeront, qu'on fait les choses avec plaisir et non pas lassitude, de mauvais gré, parce qu'on est payé pour ça, mais que etc, etc., le résultat sera extrêmement différent avec les mêmes ingrédients, la même recette et les mêmes gestes de préparation.

Et lorsqu'on a réussi à réjouir tous les convives, c'est aussi nous mêmes qui nous réjouissons.

Cette bienveillance demande de l'ouverture. Et l'hypertrophie de l'ego l'empêche. Et j'ai de plus en plus l'impression que cette hypertrophie se manifeste d'autant que la personne est disposée à rabrouer les autres sur le leur.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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jules
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Et j'ai de plus en plus l'impression que cette hypertrophie se manifeste d'autant que la personne est disposée à rabrouer les autres sur le leur.
hello Yudo, on peut appeler cela aussi de l'investigation, et même de la compassion...Pour soi même comme pour celui qu'on rabroue. love2
Jean

Yudo a écrit :
Ce dont il est question dans le Bouddhisme, c'est de se laisser gagner par l'amour universel (ce genre de phrase fait malgré tout un peu trop sirupeux... bleeh!), je dirais plus simplement par l'esprit de bienveillance.
Bien d'accord avec cela et avec le reste du texte.

Bienveillance, gentillesse, empathie, Trungpa parlait même d'acceptation d'être vulnérable. Il faut au début un certain courage pour cela. mais une fois que on l'a expérimenté, on sait que l'on ne risque rien. Donc inutile de se la jouer, "Je suis le chemin du Bodhissattva qui est le guerrier, le Rambo du chemin vers l'Eveil".

Il y a l'étape de la reconnaissance de l'importance de l'ouverture du coeur . Ensuite on s’aperçoit que c'est le travail sur soi d'une vie. Le retour à soi inclut le retour à cette détente et ouverture coeur.

Il me semble que dans Zazen, il y a en premier la prise de conscience de l’assise, du Hara, de l"élément Terre et ensuite il y a l’appréciation, le sourire à cette expérience, ce qui harmonise le coeur au Hara en le détendant et en l'ouvrant, en le stabilisant tout autant qu'est le centre du ventre, ce qui permet à la bienveillance fondamentale de se manifester.

Avoir le coeur détendu est une expérience très agréable. La motivation pour le faire peut être très égoiste. C'est donc une motivation très efficace et cette expérience conduit à l'empathie. Vu les bénéfices, le DL dit quelqu'un peut vouloir développer la compassion par pur égoisme. C'est le résutat qui compte.

Développer la compassion pour le bien de tous les Etres...Bof!

Développer la détente du coeur, la bienveillance, la gentillesse pour se sentir bien, être heureux... Là, ça fait tilt, je prends!

Si on a développé cet état de conscience de détente du coeur, de bienveillance, si une personne souffrant passe dans le champ de perception, la compassion jaillit spontanément. Il n'y pas le raisonnement "je suis Bouddhiste, en tant que Bouddhiste je dois venir en aide à cette personne".

En plus avec cette attitude égoïste "D'abord ma pomme ensuite on verra pour les autres" on est sûr de ne pas tomber dans le piège du masque de la pieuse et humble attitude "je pratique pour le bien de tous les Etres, sniff, sniff!". C'est une sorte de garantie contre cette auto illusion.

Peut être il est préférable de reconnaître et d'être bien conscient de son égoisme dans sa pratique que de croire que l'on pratique pour le bien de tous les êtres parce que l'on pratique le Bouddhisme Mahayana?

Vu le spectacle du monde, si on est choqué, révolté, écœuré, désespéré, tout va bien c'est le signe que le coeur s'ouvre et que les autres prennent de plus en plus d'importance pour soi. On peut continuer sa pratique égoiste.
Dernière modification par Jean le 26 février 2014, 17:27, modifié 2 fois.
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jules
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Développer la compassion pour le bien de tous les Etres...Bof!
Quand dans tous les êtres, il y'a soi même, moi je dis yes !
Jean

Mais "Dans tous les êtres", on est un peu noyé dans la masse. Des milliards de milliards d'individus et moi et moi et moi :D
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jules
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Ca c'est sur...On est noyé dans la compassion... love_3
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jules
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En plus, moi, je suis un Rambo du coeur ventre Eveil, car j'aime me rappeler du coeur ventre. C'est par là que je suscite la compassion de tous les Etres, et quand je croyais être un poney, je me retrouve dans mon miroir et je constate qu'en réalité je suis un mouton. ;-) :oops: :mrgreen:
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yudo
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En plus, j'ai observé que, pendant Zazen, si on s'oblige à esquisser un sourire, on est déjà plus concentré et moins distrait par les conneries qui viennent nous turbiner dans le crâne.
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jules
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Où on en rit ... love2 love3
Jean

Il y a des conneries bêtes et des connerie intelligentes, c'est le blablabla, l'activité corticale. Si on a de la bienveillance vis à vis de ce blablabla quelque soit son contenu, on devient un observateur extérieur à ce blablabla et on en est libéré. On peut "regarder dans le rétroviseur" et méditer sur la bienveillance de l'observateur extérieur.

la paix avec soi-même inclut la paix avec son agitation. Il y a une nuance entre apaiser son mental et faire la paix avec son mental.

Faire la paix avec son agitation mentale est plus rapide qu'apaiser son mental. C'est comme s'enfoncer sous l'eau dans une mer agitée. Sous les vagues est le calme de la bienveillance. C'est comme un débrayage. Le moteur tourne, mais la voiture reste immobile. la pédale de débrayage est la bienveillance.

Ou bien on peut attendre que le calme de l'immobilité de la posture calme l'agitation des vagues. Il me semble que c'est plus long.
Dernière modification par Jean le 26 février 2014, 20:44, modifié 1 fois.
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