Récits de maîtres et de disciples, zen si on veut.

[jules]

-Maître, pourriez-vous m'expliquer comment atteindre l'éveil ?"

-C'est très simple, répondit le maître, pivotez d'abords sept fois vers la droite puis trois fois vers la gauche."

Le disciple s'applique soigneusement à suivre les instructions.

-Maître, j'ai fait ce que vous m'avez demandé, mais rien n'a changé."

-Pourquoi, finit par dire le maître, voudriez-vous que quelque chose ne change ?" et sur ces mots, il se retira.

[jules]

-Maître, je me suis éveillé.
-A quoi vous êtes-vous éveillé ?
-C'est comme voir et entendre.
-Que voyez-vous ?
-Je vois comme le lapin.
-Et comment voit le lapin ?
-Oh une carotte !
-Et comment entend-il ?
-Scrontch scrontch.

[Jingshen]

Une cure de vitamine C, et notre ami Jules ira mieux

[axiste]

Ce sont les histoires de Jojo et jules ?

[jules]

Bon là j'ai pris plein de vitamine C, j'espère que ce qui va suivre vous plaira d'avantage.

Le même disciple retourne voir son maître le lendemain.

-Maître, je me suis éveillé.
-A quoi vous êtes-vous éveillé ?
-C'est comme voir et entendre.
-Que voyez-vous ?
-Je vois comme une ménagère.
-Et comment voit la ménagère ?
-Oh les belles carottes !
-Et comment entend-elle ?
-Et un kg pour Jojote, un !

Le maître qui n'avait déjà pas confirmé l'éveil de son disciple la première fois resta une nouvelle fois silencieux.

Le surlendemain le disciple réitéra.

-Maître, je me suis éveillé.
-A quoi vous êtes-vous éveillé ?
-C'est comme voir et entendre.
-Que voyez-vous ?
-Je vois comme un philosophe.
-Et comment voit le philosophe ?
-Oh le beau concept !
-Et comment entend-il ?
-La phénoménologie est la science de la carotte !

Le Maître dit enfin : Et un shiho pour la carotte, un !

::mr yellow::

[jules]

-Maître, je suis malheureux, comment puis-je apprendre à être heureux !
-Comment savez-vous que vous êtes malheureux ?
-Eh bien je suis triste.
-Comment savez-vous que vous êtes triste ?
-Je pleure souvent et je trouve le monde cruel et dénué de sens.
-S'il est cruel et dénué de sens, comment pouvez-vous encore espérer être un jour heureux ?

[jules]

-Maître, ça y'est, je suis heureux !
-Comment savez-vous que vous êtes heureux ?
-Je ris et j'ai compris que le monde était bon et avait un sens.
-Si le monde est tel que vous le dites, comment se fait-il que vous ayez pu y être auparavant si malheureux.
-C'est que je n'avais pas compris sa bonté et son sens.
-Comment se fait-il que vous les ayez compris à présent ?
-Parce que tout me paraît clair et simple.
-Alors pourquoi compliquer les choses en leur donnant une nature et un sens ?

[jules]

Un jeune moine tout fier alla trouver son maître et le pria de confirmer son éveil.
Le maître se mit dans une colère noire et le réprimanda sévèrement de l'avoir ainsi dérangé.
Honteux, le moine se mît à rougir puis à blêmir et pour finir fondit en larmes.
Le maître tapota son épaule et lui dît : -Très bien, demain nous ferons une cérémonie et tu recevras le shiho,
après quoi tu quitteras le monastère et tu iras sur les routes transmettre le Dharma.-
Le disciple tenta de refuser car il ne se sentait pas prêt, mais le maître ne voulu rien entendre.
Le lendemain, une fois la cérémonie achevée, le moine fît ses adieux au maître le coeur lourd.
Après un dernier coup d'oeil sur le monastère, il fixa de ses yeux le chemin et marcha droit devant lui.

Il marcha et marcha encore, durant de longs mois, cherchant vainement en quoi il serait en mesure d'enseigner quelque chose de bénéfique aux hommes.
Pourtant un jour, il s'arrêta dans une ville, et alors qu'il faisait la mendicité, un homme se prosterna, lui offrit à manger, puis sollicita un enseignement.
Ne sachant que lui dire, le moine décida tout bonnement de lui raconter en détail comment s'était passée la transmission avec son maître, comme il avait eu honte et comme il avait pleuré lorsque ce dernier l'avait vertement réprimandé.
A sa grande surprise, l'homme le remercia de tout son coeur, se prosterna une nouvelle fois et se retira.
Le moine n'eut pas la moindre idée de ce qu'avait pu comprendre l'homme, mais celui-ci avait semblé sincèrement heureux de l'avoir écouté.
Alors, bien qu'incapable de reconnaître la valeur de cet enseignement, il décida cependant qu'il le transmettrait toute sa vie à qui voudrait l'entendre et qui sait, un jour peut-être le comprendrait-il lui même. Mais cela n'arriva pas et pourtant on dit que bien des personnes furent comblées d'avoir entendu ses paroles.

[Jingshen]

En parlant de lapin,
Leçon de zen du petit poney

[jules]

-Maître, mon égo me dérange, que dois-je faire ?
-Ne cherchez pas le non égo.
-Pourrai-je ainsi en être débarrassé ?
-Je n'ai pas dit cela.
-Mais mes pensées sont obsédantes et tournent en rond, c'est terrible, comment faire ?
-Ne cherchez pas la non pensée.
-Pensez vous qu'ainsi, je serai débarrassé de mes pensées ?
-Je n'ai pas dit cela.
-Mais lorsque je pratique zazen, je suis plein de douleurs, du coup je m'agite, je ne sais plus que faire.
-Ne cherchez pas la non douleur.
-Pourrai-je ne plus sentir la douleur si je suis votre conseil ?
-Je n'ai pas dit cela.
-Mais si tous vos conseils ne servent à évacuer ni l'égo, ni les pensées, ni la douleur à quoi bon ?
-Ne cherchez pas l'évacuation.