Rinzai

lausm

Voici un extrait des entretiens de Lin Tsi (Rinzai pour les japonisants).

" Adeptes, la vérité est très difficile, la Loi du Bouddha est obscure et mystérieuse. C'est tout juste si on peut la comprendre. Bien qu'à longueur de journée je prodigue aux apprentis explications et réfutations, ils n'en tiennent aucun compte.
A mille et dix mille reprises, ils piétinent le sol (dans leurs pérégrinations), mais c'est comme s'ils étaient dans une ténèbre noire et brûlée où l'on ne distingue aucune forme. C'est qu'ils n'ont pas assez de confiance dans leur lumière solitaire. Ils vont chercher des interprétations dans les noms et les phrases. Jusqu'à l'âge d'un demi-siècle, ils n'ont souci que de compter sur autrui. Et ils s'en vont portant leur propre cadavre, courant le monde chargé de leur fardeau. Le jour viendra où leur sera réclamé le prix de leurs sandales de paille!"
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jules
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Dans mes chaussures et mes chaussettes, je suis nu pied.
lausm

Voilà la suite :

"Vénérables, quand je dis qu'il n'y a pas de Loi à chercher au-dehors, les apprentis ne me comprennent pas et en déduisent qu'il faut la chercher au-dedans d'eux-mêmes. Alors ils s'assoient, appuyés contre un mur, et restent sans bouger, plongés dans la méditation, la langue collée au palais ; et c'est cela qu'ils prennent pour la méthode des patriarches et la Loi du Bouddha. Quelle grande erreur! Tenir pour vraie la pureté immobile, c'est reconnaître pour seigneur et maître l'inscience. A quoi s'applique la parole d'un ancien : "c'est certes chose redoutable que de rester plongé dans les noires ténèbres comme dans une fosse profonde".
Mais si c'est la mobilité que vous reconnaissez pour vraie, tous les végétaux aptes à bouger devraient possèder la Voie. Or la mobilité, c'est l'élément du vent et l'immobilité, l'élément de la terre ; ni l'une ni l'autre n'ont d'être en soi. Si vous voulez le saisir dans la mobilité, il se tiendra dans l'immobilité ; si vous croyez le saisir dans l'immobilité, il sera en mouvement : "tel le poisson immergé dans la source et qui saute en battant les vagues".
Vénérables, la mobilité et l'immobilité sont deux objets. Quant au vrai religieux qui ne dépend de rien, il se sert tant de la mobilité que de l'immobilité."
ted

lausm a écrit :Si vous voulez le saisir dans la mobilité, il se tiendra dans l'immobilité ; si vous croyez le saisir dans l'immobilité, il sera en mouvement
C'est un grand enseignement.
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jules
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C'est un peu comme parler de la ronde des êtres.
La ronde des êtres entre dans le courant,
Et c'est la ronde des êtres qui tourne autour de...
lausm

Un autre :

"Adeptes, il y a certains chauves qui appliquent leur effort à l'intérieur, s'imaginant cherche en eux-mêmes une Loi de sortie du monde.
Ils se trompent! Chercher le Bouddha, c'est perdre le Bouddha ; chercher la Voie, c'est perdre la Voie : chercher les patriarches, c'est perdre les patriarches. Ne vous y trompez pas, vénérables! Je ne tiens pas à ce que vous expliquiez les Textes ou les Traités, ni à ce que vous soyez de grands sujets du roi, ni à ce que vous discutiez intarissablement comme cascades, ni à ce que vous fassiez preuve d'intelligence ou de sagesse.
Tout ce que je veux, c'est que vous ayez la vue juste. Adeptes, mieux être un modeste maître sans affaires, que de savoir interpréter cent volumes de Textes ou de Traités, ce qui conduit à mépriser les autres, tels les Asura qui ne pensent qu'à être victorieux ou battus. L'inscience, qui fait croire à la personnalité et au moi, nourrit des actes ayant pour fruit l'enfer. C'est ainsi que le moine Bonne Etoile, qui connaissait le Dodécuple enseignement, tomba vivant en enfer ; la terre n'avait plus de place pour lui.
Mieux vaut être sans affaire et se mettre au repos :
Lorsque vient la faim, je mange mon grain;
Quand vient le sommeil, je ferme les yeux.
Le sot se rit de moi;
Le sage me connaît.
Adeptes, ne cherchez rien dans la lettre! Vous vous fatigueriez l'esprit ; vous inhaleriez sans profit de l'air froid. "Mieux vaus ne laisser naître aucune pensée de production conditionnée : on dépasse ainsi et les Trois Véhicules, et les Bodhisattvas avec toutes leurs études qui ne sont qu'expédient."
Robi

J'ai toujours aimé Lin Tsi. Il va droit au but, ça décape, du zen pur jus! (Sans additifs, ni conservateurs à consommer ici et maintenant).

J'ai un petit livre de Robert Allen dans la collection "mille chemins vers" chez Albin Michel.
"Mille chemins vers le zen", extraits (y en a des savoureux):

Le zen demande de la rigueur malheureusement, certains attachent plus d'importance à la rigueur qu'au zen lui-même.

Si vous pensez avoir trouvé la voie du zen, soyez assuré que vous allez dans la mauvaise direction.

Il n'y a rien de magique dans le zen. Il est là, devant vos yeux, en ce moment même.

Débarrassez-vous de vos opinions, préjugés et théories, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Ensuite, débarrassez-vous de ce rien.

Les maîtres ne peuvent que vous ouvrir une porte; vous devrez la franchir de votre propre élan.
Dernière modification par Robi le 17 février 2014, 12:46, modifié 1 fois.
Jingshen

Lin Tsi, un peu comme Ryokan, Ikkyu, ou d'autres moines iconoclastes, est un peu au bouddhisme zen "de Dogen" ou institutionnel, ce que Zhuang zi ou Hanshan est au taoisme "de Lao zi"'', ou ce qu'est Milarepa ou Drukpa kunley au Vajrayana traditionnel

Il faut toujours quelques électrons libres ou esprits du vent libertaire, pour souffler sur les poussières qui recouvrent les livres, les esprits et les sociétés :mrgreen:
Katly

"Le vrai miracle n'est pas de marcher sur l'eau ni de voler dans les airs, mais de marcher sur la Terre."

Lin Tsi


C'est ce que je connais de lui, présence, clarté, directe, j'aime bien.
Merci pour ce fil.
lausm

La lignée de TNH lui est reliée, me semble t il.
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