Y a t'il un éveil préliminaire dans le Zen ?

ted

Y a t'il vraiment dans le Zen, un éveil préliminaire appelé Kensho ?
Si oui, sachant que l'éveil du Bouddha est censé être le même partout, quel serait l'équivalent du Kensho dans le vajrayana ou dans le theravada ? :roll:
  • Wikipédia a écrit :Le kenshō (見性, littéralement « voir la nature » en japonais) est un concept important du bouddhisme Zen. On peut le traduire par éveil, illumination ou conscience de soi. Il désigne pour l'individu l'accomplissement de sa propre nature, c'est-à-dire celle du Bouddha. Le kenshō indique un éveil préliminaire qui précèderait l'éveil complet du satori, que le Bouddha et les maîtres zen ont atteint.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Kensho
Est-ce que ça ne veut pas dire que pour pratiquer correctement, il faut être déjà éveillé, ce qui est un peu problématique, on en conviendra. :)
:D
lausm

Ca veut dire que l'Eveil, c'est reconnaître là où déjà nous sommes éveillés.
Ce qui n'est pas problématique si on ne veut pas croire dans l'Eveil comme à un objet externe à nous que nous devrions attraper.

Daniel Odier, raconte que quand il rencontre Lalita Devi, elle lui demande de se rappeler un moment d'éveil dans sa vie.
Et lui dit que s'il n'en trouve aucun, elle ne pourra rien lui enseigner.

L'éveil préliminaire n'a rien de différent avec l'éveil après....la différence c'est l'ego qui s'interpose en saisissant l'expérience, et aussi d'apprendre à reconnaître que l'éveil est un état plus que quelque chose à atteindre.
ted

lausm a écrit : L'éveil préliminaire n'a rien de différent avec l'éveil après....la différence c'est l'ego qui s'interpose en saisissant l'expérience,

Tu veux dire que l'essentiel serait de stabiliser cette expérience de micro éveil, sans essayer de l'interpréter pour la mettre au service de l'égo ? Mais est-ce qu'on s'en souvient ?
lausm a écrit :et aussi d'apprendre à reconnaître que l'éveil est un état plus que quelque chose à atteindre.
Ca c'est pour pouvoir reconnaitre les manifestations d'éveil préliminaires, je suppose...
lausm

Le truc, c'est que l'éveil....eh beh c'est l'éveil!
Si tu cherches à faire une différence entre l'éveil d'avant, et d'après, tu vas te courir après sans cesse sans t'atteindre!
Le problème de chercher l'éveil, c'est de créer un dualisme : on le cherche hors de soi....jusqu'au moment où on se rend compte qu'en fait non, il est en soi ou plutôt qu'il est là, sans question d'être en ou hors de soi.
reconnaître qu'on l'a déjà vécu, c'est pouvoir savoir qu'on n'a pas besoin de courir ailleurs pour le chercher...ou alors si on court ailleurs, c'est juste pour le plaisir de courir ailleurs, et rien d'autre...on ne se raconte pas d"'histoire.

Se remémorer un état du genre, c'est souvent un état dont on se rappelle comme une sensation plus qu'un souvenir précis.
Pour moi, c'est souvent des états de béatitude dans la nature....un truc où on se sent un, total.
tout le monde l'a vécu, on dit aussi dans l'histoire du Bouddha qu'il a connu ça dans un champ.
Sinon on veut faire table rase de ce qu'on est, pour croire que ça va donner l'éveil....en fait non. C'est déjà là, en nous, on n'a plus qu'à faire grandir ce truc déjà là.
Tout le reste c'est du discours, souvent on se prend trop la tète là-dessus, et on le perd ce contact.
Katly

C'est ce que je crois, aussi.
Il se découvre, se reconnait... un état... marquant même petit...
Petits signaux, micro-éveil qu'on fait grandir aussi...
Jean

Ce qui se passe ordinairement, c'est tout au long de la journée on traverse des états de conscience. Parmi tous ces états de conscience il y a des mini réveils.

L'enseignant compétent lors d'un de ses enseignements ou lors de méditation dirigée peut induire l’élève à connaitre un mini réveil. C'est l'introduction à la nature de l'esprit. Il le lui fait remarquer. Ensuite l'élève quand il traversera des états de conscience variés pourra reconnaitre l'état de conscience éveillée quand il se produira au milieu de ses états de conscience et pourra s'y attarder d'autant plus facilement que l'élève se sera exercer à la concentration, la méditation, la contemplation. A force de l'expérimenter, il connaitra son propre chemin intérieur par lequel il accède, se reconnecte à cet état de conscience éveillée. Au début il se reconnectera sur le coussin de méditation puis devenant de plus en plus familier il se reconnectera à cet état hors coussin de méditation dans la journée. Il va développer une sorte de réflex de reconnexion à sa propre nature.
Plus ce réflex de reconnexion s'imprimera dans sa conscience, plus il va pouvoir se reconnecter peu à peu lors du sommeil et des rêves.

Le reflex sera une sorte de reflex de lâcher prise, de laisser faire, de laisser être.

Comme il est difficile de passer du Faire intense à laisser Faire, à Etre, il est possible de passer par une étape de "décompression" en utilisant un moyen habile : relaxation, observation de la respiration, respiration profonde, prière, mantra, syllabe germe, visualisation, ce qui permet à l'ego de lacher prise plus profondément et à la nature de Bouddha de se manifester.

Un moyen habile peut être de faire couler l'eau d'un bain, de rentrer dans le bain et ensuite il y a le lâcher prise qui permet de ressentir le bien être que provoque la chaleur de l'eau du bain. Un état de relaxation et de pleine conscience.

Un autre moyen habile peut être l’absorption de toutes les tensions dans une tension très forte de tous les muscles du corps et un relâchement soudain et être pleinement conscient de cet état de relâchement de toutes les tensions.

Cela permet d'amener la pleine conscience dans l'être

Pour amener la pleine conscience dans le faire, il est parfois conseillé d'utiliser les moments les plus familiers pour amener cette pleine conscience : faire le café, la vaisselle, se raser etc. On commence par une activité. Se brosser les dents peut être la 1ere méditation dans l'action, une fois que l'habitude est prise, on passe à une autre activité tout aussi familière et ainsi de suite. C'est une manière de procéder parmi des tas d'autres manières pour développer, maintenir la pleine conscience tout au long de la journée.
tongra

Jean,

Peux-tu nous éclairer sur ce que sont ces mots, très à la mode, "pleine conscience" est-ce que tu assimiles ça à la nature de l'esprit ?
Jean

Pleine Conscience est utilisé en Français.

C'est, je crois TNH qui a créé ce terme. J'avais trouvé sa définition

- Etre conscient de l'objet

- Etre conscient que l'on est conscient de l'objet

- Etre conscient que l'on est conscient que l'on est conscient de l'objet.

Le 3 eme stade correspondant à l'expérience de la pleine conscience.

Il faudrait lire un livre en anglais de TNH pour savoir s'il utilise le terme de Full Awareness ou simplement d'Awareness

Il me semble que c'est simplement le terme d'Awareness qui a été traduit par Pleine Conscience. D'autre part j'avais signalé l'utilisation de Dual Awareness et de Non Dual Awareness.

Awareness est difficile à traduire en Français.

Peut être il y a t-il aussi quelque part l'utilisation de Awareness focalisée et d'Awareness élargie

Par exemple passer un fil dans le chas d'une aiguille est de l'awareness focalisée.

Mais passer un fil dans le chas d'une aiguille tout en étant conscient de son corps, de sa respiration, de l'activité ou de la non activité du mentale, etc peut être qualifié d'awareness élargie.

Chez TWR, il fait prendre conscience (awareness) du calme, du silence, de la paix, de la joie, de la chaleur du coeur et ensuite il fait prendre conscience de l'espace de l'expérience; Il appelle cela Rigpa ou présence et l'ensemble de la méditation il la qualifie de méditation Dzogchen.

Finalement il y aurait des tas de nuances, de degrés, de profondeur à la pratique de pleine conscience comme il y a plusieurs sortes de Rigpa. Mais chacune de ces Rigpa a une définition officielle, traditionnelle ce qui n'est pas le cas de la Pleine Conscience. Chacun y va de la sienne.

A propos de la mode :

Au départ le yoga, le Zen, le BT ont été pratiqués par des pratiquants pionniers. Il y a eu plusieurs générations de ce type de pratiquants. J'avais vu la photographie d'un saddhu occidental prise au XIX eme siecle!

Puis cela a été une histoire de mode, une affaire de branchouillé. Maintenant le côté mode s'est grandement atténué ou est en train de s'atténuer. Il reste de plus en plus de pratiquants sincères.

Je crois que pour ce mouvement séculier d'Awareness meditation ou de Méditation de pleine conscience, il va en être de même.

C'est sûr qu'il y a un aspect mode mais il y a aussi un aspect positif : de plus en plus d'informations sont disponibles. Ce n'est plus qu'une question d'affinité, de karma, d'intuition. Ensuite les gens ont toujours le choix après y avoir gouté à un aspect de la méditation à rechercher dans un enseignement traditionnel à élargir et approfondir leur pratique.

Le yoga est enseigné parfois dans des petits villages de 500, mille habitants. peut être ce n'est pas du yoga de yogi himalayen, mais quand ces "petits" pratiquants sont interviewés, ils témoignent qu'ils ont tiré de leur pratique de la santé, du calme, de la paix, de la plénitude et une certaine joie de vivre. Peut-être en sera t-il de même pour la méditation de pleine conscience?

Du fait de son aspect séculier, de sa simplicité la méditation de pleine conscience a pu être introduite dans des institutions : écoles, prisons, entreprises, hôpitaux etc et cela a donné des résultats positifs et appréciables.

Pour soigner du stress qui semble une maladie très répandue il vaut mieux pratiquer une méditation séculière de pleine conscience ou un petit yoga que de consommer drogues, alcools ou médicaments ou se livrer à des comportements compulsifs pour compenser stress et frustration

http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/19 ... ref=france
Avatar de l’utilisateur
jules
Messages : 3228
Inscription : 15 février 2009, 19:14

Tiens, je viens d'avoir une sorte d'image.
J'ai vu l'écran sur lequel on écrit les mots.
L'écran est toujours vide et les mots se surimposent dessus.
On peut écrire et écrire des quantités de choses sur cet écran.
Et il y'a l'image du vent qui balaye tous ces mots et qui laisse l'écran à nouveau vierge.
Dès fois on s'accroche aux mots, et à leur sens.
Mais si il étaient écrits avec du sable sur une feuille blanche,
On soufflerait dessus et la feuille montrerait à nouveau son aspect immaculé.
C'est un peu comme les mandalas de sable dans lesquels on peut se prendre à rêver, à voyager.
Et puis...puifffff, on souffle dessus.
Le mandala du vent.

Image
Avatar de l’utilisateur
jules
Messages : 3228
Inscription : 15 février 2009, 19:14

Jean :
Finalement il y aurait des tas de nuances, de degrés, de profondeur à la pratique de pleine conscience comme il y a plusieurs sortes de Rigpa. Mais chacune de ces Rigpa a une définition officielle, traditionnelle ce qui n'est pas le cas de la Pleine Conscience. Chacun y va de la sienne.
Pour développer sur la Pleine Conscience...et donner une vue personnelle qui n'est pas la vérité mais la gangue d'une matière consciente telle un pont pour une expérience personnelle, il y'a ce que dit Bouddha qui pourrait être mit en rapport :

« Cela n’est pas mien, je ne suis pas cela (corps, pensée, sensation, perception, formations mentales ) ; cela n’est pas mon Moi. »

Cela ne nous parle t'il pas du corps de souffrance ?
Car considérer profondément que "cela n'est pas moi", c'est voir également les débilités de ce corps esprit, ses difficultés, le karma qui est tout, moins ce qu'on pourrait nommer cette possibilité, liée pourrait-on dire à un sixième sens, de Voir ce Corps. Ce Voir, pourrait on dire, siégerait ni hors ni dans les cinq skandhas et serait semblable au 0 en tant que valeur nulle et disons au non être.

Si on dit : "le véritable silence ne craint pas le bruit", si je peux me permettre de reprendre cette gangue à matière consciente proposée par Ted, il y'a, pourrait-on dire, parfaite coïncidence entre le silence et le bruit; le silence est là malgré la présence du bruit. Il ne peut être entendu par l'ouïe, non pas parce que le bruit le couvre, mais parce qu'il est en tout point identique à lui. Si on ajoute ou soustrait le silence (nombre o) au bruit (nombre 1), le silence étant valeur nulle, on obtient toujours le nombre 1 : 1+0 =1/ 1-0 =1. C'est pourquoi comme je l'ai affirmé précédemment je me permets de dire que ce corps de souffrance, le karma, les débilités du corps esprit sont tout, moins ce Voir, en spécifiant que ce Voir est valeur nulle si on le pose face au corps de souffrance.

Pourtant le 0, bien que valeur nulle n'est pas le néant. Il pourrait être comme la mort par rapport à la vie. Les êtres meurent, mais si nous imaginons que la mort est ceci ou cela, nous lui donnons une valeur, une existence et de ce fait des attributs susceptibles d'être évalués, nous lui donnons vie. Si la vie est 1 et que la mort est 0 et non néant, on peut procéder au même calcul qu'avec le bruit et le silence, 1 étant la vie et 0 la mort : 1+0= 1/ 1-0 =1.

Dans l'expérience du chat de Schrodinger, il est dit que le chat est à la fois mort et vivant : La vie ne craindrait pas la mort car la crainte serait exclusivement inhérente à la vie, au corps de souffrance, qui est assemblage des skandhas formant un être. Le voir, ce serait utiliser ce sixième sens, et ce sixième sens n'est autre que la mort telle que j'ai tenté de la définir, à savoir comme valeur nulle.

Dans le christianisme, nous avons l'auréole qui derrière le crâne des saints et du Christ pourrait se référer à cette expérience de pleine conscience, ayant son siège dans le non être en coïncidence parfaite avec l'être, dans le silence en coïncidence parfaite avec le bruit , dans la mort (définie dans cet article) en coïncidence parfaite avec la vie.

Image
Répondre