Incompréhensions, questions...

binah

J'ai fait un nouveau post... Vous jugerez si oui ou non, il faut le scinder avec un autre....

Dans une de mes lectures, j'ai relevé ceci :

Bendôwa (Propos sur le discernement de la Voie)

Considérer que pratique et Eveil sont distincts est une vue non bouddhique. Dans la Loi du Bouddha, pratique et Eveil sont une seule et même chose.


Je veux bien mais quand on a pas encore atteint cet Eveil, pratique et Eveil ne vont pas forcément de pair quand on parle de tenant et d'aboutissant dans le bouddhisme.

Je sais c'est dimanche... :lol: Désolé jap_8
lausm

Bonjour Binah.

Dans le zen, le lundi est le jour de repos!

Concernant ce que tu te demandes, tu entres là en plein dans le zen : voie directe, abrupte, pour l'éveil....pas de progressivité dans son abord!

Je ne sais pas quelle édition du Ben Do Wa tu utilises, et dans quelle question-réponse tu as trouvé cet extrait, mais j'ai trouvé cela qui complète ce que tu énonces, voire donne des pistes de réponses à ta question.

Je cite : "Dans le dharma du Bouddha, pratique et réalisation sont une seule et même chose. C'est parce que, à l'instant même, la pratique est fondée sur la réalisation que la pratique d'un novice qui entreprend de négocier la Voie constitue la réalisation fondamentale toute entière. Il en va ainsi, même quand on l'incite à la vigilance dans la pratique, ou qu'on lui apprend à ne pas attendre de réalisation en dehors de la pratique elle-même. Il s'agit en effet de la réalisation fondamentale qui est immédiate. Puisque la réalisation est incluse dans la pratique, elle est illimitée; puisque la pratique est incluse dans la réalisation, elle n'a pas de commencement."....etc etc...

Si on regarde bien, ce que Dogen a toujours voulu signifier, c'est que l'Eveil n'est pas ailleurs qu'en ce que nous sommes déjà...c'est une approche radicalement non dualiste, et il exprime donc que l'éveil est déjà là, mais souvent c'est la croyance dans le fait que l'éveil est lié à des conditions (pratiquer longtemps, pratiquer intensément, s'asseoir en méditations, ou toutes conditions autres), qui nous sépare de cette expérience.
Etre éveillé, c'est être conscient sans intention de débusquer cette conscience plus tard ou plus loin : nous sommes déjà conscients, et là réside l'éveil.
Tout le reste est affaire de reconnaître cette réalité, et de se libérer de toutes les croyances qu'on s'invente pour se croire exclu de cette réalité.

Tel que nous sommes, nous sommes Bouddha, l'éveil n'est pas ailleurs qu'ici et maintenant, et nous sommes partie prenante de cette réalité.

Cet abord des choses se différencie radicalement des nombreuses autres approches graduelles qui existent dans le bouddhisme, et c'est typique du zen soto de Dogen.
Jean

Il y a des images qui peuvent faire comprendre :

- Bien qu'agité, le fond de l'océan est toujours calme, silencieux

- L'oiseau après avoir fait un tour au dessus de l'océan reviens se percher sur le mât du navire

- Les feuilles d'automne emportées par le vent retombent toujours sur terre (Merci Dharmadhatu)

- Derrière les nuages le soleil brille toujours

- Revenir à la maison...

- Retrouver sa mère au milieu de la foule.

Il y a d'autres images. Je me rappelle pour l'instant que de celles-ci.

Dans la journée, nous passons par de nombreux états de conscience, dont cet état de conscience. Il s'agit de le reconnaitre, d'en voir l'importance, de le cultiver pour y revenir à volonté.

Certains appellent cela la "Pleine Conscience"', d'autres la "Présence", d'autres ""L'Etat Fondamental", d'autres "le Vrai Visage" ou le "Visage d'avant la naissance", d'autres "L'Etat de Libération de toutes les tensions", "l'eau pure qui est la base de l'eau boueuse", "L'huile dans la graine de sésame"

Il y a les éveils, les satoris qui sont les moments où on retrouve cet état et il y a l'Eveil (la réalisation") où l'on est connecté consciemment en permanence à cet état. Dans les éveils, on se connecte puis on oublie, on se reconnecte puis on oublie, par habitude on se laisse emporter dans les états de conscience duelle....

Une de voies est de se connecter le plus souvent à cet état pour perdre les mauvaises habitudes de se connecter uniquement à l'état de l'agitation des vagues ou de vivre dans les nuages, les tensions, la boue. D'où l'importance de la méditation.

Il s'agit plus de "Retrouver" que "d'Atteindre".

Pour se "Retrouver", il y a une histoire de confiance en soi, de confiance dans le concept de "Nature de Bouddha", de confiance dans ces vues qui sont très importantes.

Chacun a sa manière de se reconnecter. Il y avait un maître Zen qui s'appelait lui-même par son nom, il retrouvait ainsi son vrai visage (d'avant sa naissance) et répondait "Oui!"
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jules
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jap_8

De plus, Lorsqu'il y'a incompréhension, il ne faut pas être trop pressé de résoudre l'énigme. La laisser aux mains du temps et de l'action passive de la méditation, lui permet de mûrir jusqu'au jour où alors même qu'on avait oublié la question, la réponse se donne d'elle même.

<<metta>>

PS :

"Le Bouddha était sur le point de terminer sa pratique de Zazen qui est la sagesse elle-même."

Sûtra du Coeur de la Pratique de Zazen.
ted

binah a écrit : Je veux bien mais quand on a pas encore atteint cet Eveil, pratique et Eveil ne vont pas forcément de pair quand on parle de tenant et d'aboutissant dans le bouddhisme.
Bonjour Binah
C'est vrai qu'on pourrait en conclure qu'il suffit de faire un peu de méditation ou de s'asseoir dans un dojo Zen, pour devenir éveillé. Mais il y a des gens qui pratiquent et qui ne sont pas encore éveillés. Ils pratiquent pour s'éveiller. De même qu'on se lave pour être propre. Ou qu'on étudie pour passer ses examens.

Dans les suttas, le Bouddha dit clairement qu'il y a un "chemin" qui mène à l'éveil. Ce chemin s'appelle l'octuple sentier. On le suit pas à pas et, progressivement, on arrive au bout. A l'extinction de la souffrance, à l'éveil, à la réalisation. Le Bouddha dit qu'il y a des pratiques qui conduisent à cet éveil. Et d'autres non. Comme dit Lausm, on appelle cette approche "Voie progressive" ou "Voie graduelle". Il est important de connaître les 8 étapes de l'octuple sentier...

Il existe des pratiques qui regroupent les 8 étapes en une seule posture, en une seule parole, en une seule pensée, en un seul instant de conscience ! Bien sur, c'est pas facile. :???: Et on peut prendre des mois, des années, pour bien réussir à tout regrouper en un seul instant. Mais certaines personnes le font presque naturellement.

Si on réussit à réaliser cet instant de conscience particulier, ici et maintenant, on s'aperçoit alors qu'il était déjà inclus dans tous nos autres instants de conscience. Simplement, on ne le voyait pas. D'où la conclusion que l'éveil est déjà là. Qu'il faut juste le "retrouver" comme dit Jean.

C'est à chaque pratiquant de choisir une Voie graduelle ou une Voie subite, suivant ses affinités.
jap_8
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Flocon
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Je n'ai rien à ajouter à ce qui a déjà été écrit, sauf un résumé de ma propre expérience. Elle pourra peut-être t'éclairer un peu, ou te rassurer si tu as des inquiétudes.

Au début, j'avais les mêmes interrogations que toi, d'où d'ailleurs mon inscription sur le forum afin d'y voir plus clair. Je pratiquais dans une école du Chan (proche à la fois du Sôtô et du Rinzaï puisque ces branches, séparées au Japon, sont unifiées en Chine) parce que c'était celle de mon compagnon. Donc une Voie abrupte, qui me paraissait très belle et même exaltante, mais à laquelle je ne comprenais rien du tout (et quand je dis rien, c'était vraiment rien :oops: ). Des formules comme celle que tu relèves, sur l'identité de l'éveil et de la pratique, étaient pour moi complètement obscures.

Je me suis beaucoup cassé la tête, j'ai cru un temps que cette école ne me conviendrait pas, justement à cause de ces obscurités ; mais la persévérance m'a prouvé que je me trompais : aujourd'hui mes questions sont tombées et tout va bien.
Comme quoi, il ne faut sans doute pas trop s'en faire avec les questionnements intellectuels, ils sont inévitables et surtout nécessaires, ils se produisent en temps voulu mais finissent par être dépassés.

Chaque parcours est différent, bien sûr, et Ted a souligné un point essentiel
ted a écrit :C'est à chaque pratiquant de choisir une Voie graduelle ou une Voie subite, suivant ses affinités.
jap_8
Il faut essayer, et voir à l'usage. Bon courage! :D
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Bonjour Binah,

J'ai croisé le bouddhisme d'une certaine façon, bien avant de le connaître, par la poésie, l'art, puis le taï-chi.

J'ai cherché aussi mon affinité, on se perd, on bifurque, on se trompe, j'ai fais une boucle et je suis revenue à ma première affinité en fait. Et c'est en se trompant parfois qu'on trouve, donc les questionnements, la compréhension sont importants, mais tous ces mouvements, ses faux-pas sont enrichissement sur le chemin, dans cette quête de vérité, rien n'est perdu.Tant qu'on ne persiste pas à se fourvoyer et qu'on lâche-prise pour chercher plus loin comme l'a fait le Bouddha. Alors oui, rien d'inquiétant à cela. Chaque pratiquant peut effectivement choisir une voie. Rien n'est imposé, car la vie spirituelle, ses choix, c'est intérieur et personnel.
Il y a un chemin, " le chemin est le but".
En ce qui me concerne, dans le zen vietnamien, on privilégie l'instant présent, la pleine conscience, au quotidien, la connexion avec sa respiration.
L'éveil est une prise de conscience de sa vraie nature, de la vraie nature des choses, de la réalité.
Dans la pratique, chaque jour, la graine d'une fleur a besoin de la terre, de l'ombre, de la pluie, d'eau, d'air et de soleil.

Bonne continuation
binah

Lausm, j'ai pris cet extrait de Dôgen "Corps et esprit".
Merci pour vos témoignages ou explications. Tout est question de chemin, de lâcher-prise pour arriver à cet Eveil. Dans les débuts, on se pose mille et une question, et puis on laisse faire le temps, une à une, on arrive à ce que ces questions se libèrent comme des nuages. FleurDeLotus
Bonne journée à vous !
lausm

Bonjour.
Pour en revenir à ce que tu disais, beaucoup de gens pensent que s'ils n'ont pas atteint l'éveil, ils ne peuvent pas comprendre quoi que ce soit, et donc qu'ils ont besoin d'un système, d'un maître, d'une pratique, d'enseignements, de règles de vie, d'attributs formes particuliers qui délimitent une pratique spirituelle dans la vie.
Cette approche, dualiste, n'est pas mauvaise en soi : c'est mieux de faire cela que de commettre des crimes ou de mener une vie sans structure, sans cap, ou mue par la satisfaction de son égocentrisme.
Mais ce n'est pas la dimension ultime.
Faut juste se rappeler que Dogen, quand il écrivait cela, était tombé depuis petit dans le modèle monastique, à savoir une vie cadrée avec des règles très strictes de comportement. Il avait donc une certaine rigueur à la base, mais celle-ci n'a pas été ce qu'il a exprimé en tant qu'expérience de l'éveil, même si elle transparaît dans certains aspects de ce qu'il a enseigné.
Mais cela me fait penser à Daniel Odier, qui, décrivant sa rencontre avec son enseignante, dit qu'elle lui demande quelle était sa première expérience d'éveil....et que si il ne s'en rappelait d'aucune, elle ne pourrait jamais rien lui enseigner.
Cela veut dire que l'éveil n'est rien de rajouté à ce qu'il y a déjà, il est déjà là, on l'a déjà connu, mais souvent il est submergé sous des croyances, des pensées, des mémoires, des attachements karmiques...et l'on se sent exilé du monde, et l'on croit que l'on doit payer quelque chose pour mériter l'éveil, et souffrir pour cela.
Bien sûr il y a une dimension d'effort, de chemin à parcourir, mais on s'aperçoit à terme qu'on ne peut continuer ainsi, qu'en fait, la pratique souffrante ne rend pas heureux...on n'a pas à se battre avec soi-même, l'effort qui rend heureux ne retire rien à qui l'on est : il nous découvre.

Notre nature éveillée existe déjà, et quand elle apparaît, elle apparaît immédiatement et totalement, il n'y a pas un résidu qui reste ailleurs, nous sommes complètement ce que nous sommes à cet endroit et à cet instant, et on ne se demande plus qui nous sommes.
C'est ça l'éveil subit, et à partir de là, ça teinte notre progression dans la vie : on sait que derrière les nuages, le ciel bleu est là, et quand les nuages reviennent, on sait qu'ils ne sont pas le ciel, mais qu'ils le recouvrent.
Mais souvent on cherche l'éveil ailleurs, plus tard et plus loin....et on le trouve en soi quand on n'en peut plus de courir après.
binah

Merci Lausm... Cette question d'Eveil est souvent floue pour beaucoup. Vous avez répondu à ma question. jap_8
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