Le précieux sourire

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axiste
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En suivant votre respiration, vous avez été capable de rester pleinement conscient pendant un moment. Vous y êtes parvenus n'est-ce pas ? Une ébauche de sourire, juste pour montrer que vous avez réussi. En voyant votre sourire, je sais sur le champ que vous demeurez dans la Pleine Conscience. Gardez toujours ce sourire épanoui, le demi sourire d'un Bouddha. Cette légère esquisse de sourire, combien d'artistes ont peiné pour la déposer sur les lèvres d'innombrables statues du Bouddha ? Peut-être avez-vous vu les sourires sur des visages à Ankhor Vat au Cambodge ou à Gandhara au nord-ouest de l'Inde. Je suis sûr que ces sourires étaient sur les lèvres de sculpteurs pendant qu'ils oeuvraient. Pouvez-vous imaginer un sculpteur en colère donner naissance à un tel sourire ? Sûrement pas ! Je connais le sculpteur qui a créé la statue du "Parinivarna" sur la Montagne Tra Cu au Vietnam. Pendant les six mois nécessaires à la sculpture de cette statue, il mangea végétarien, pratiqua la méditation assise et étudia des soutras.
Thich Nhat Hahn, "La vision profonde".

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Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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jules
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Le sourire du Bouddha sur les lèvres du sculpteur; le sourire du sculpteur sur la statue du Bouddha; le sourire de celui qui contemple la statue du Bouddha; le sourire de celui qui croise sur son chemin le contemplateur de la statue de Bouddha etc...Interdépendance !

PS : Superbe cette photo flower_333
Jean

Le sourire... Ca a l'air bête comme choux, mais c'est un enseignement essentiel, facile à pratiquer, simple, mais peut-être trop simple, trop facile. "Non, le Dharma ne peut pas être si simple, il faut que ça prenne la tête! Il faut souffrir, en baver, s'efforcer"..."Le résultat sera à la hauteur des souffrances!", "Quand je serai évéillé, je sourirai, jusque là je fais la gueule et ceux qui sourient sont des attardés mentaux qui croient que le bonheur c'est d'être lobotomisé"

Sourire, coeur tendre, coeur d'enfant, coeur ouvert, coeur paisible, coeur détendu, s'aimer soi-même. Ce sont de bons points de repère pour la pratique.
onmyway

Il y a un livre de l'astrophysicien Hubert reeves, (que je n'ai pas lu, j'ai lu "Poussières d'étoiles" de lui !),
qui s'appelle "L'espace prend la forme de mon regard";
Ce titre à lui seul est assez bouddhiste je trouve
Le monde devient ce que l'on pense qu'il est
Faites la gueule, et le monde fait la gueule
Souriez et le monde souris
C'est en parti le sens du koan zen , "l'homme regarde la fleur, la fleur sourit"

Pour ceux qui aiment l'art graphique, le dessin, peinture etc, comme Sourire par exemple qui semble avoir déserté les lieux,
ils doivent bien connaitre ce phénomène du sculpteur : dessiner un visage qui fait la gueule, et votre propre visage commence à faire la gueule, dessiner un visage qui souris, et votre propre visage commence à esquisser un sourire, loi de l'interdépendance surement :cool:
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tirru...
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En sachant que les premières représentations du Bouddha sont apparues quatre a cinq siècles après la mort du Bouddha, plus exactement dans l’empire Kouchan. Les empereurs Kouchan avaient fait du bouddhisme une religion d’état et avaient engagé des artistes pour créer les premières statues du Bouddha. Les artistes Kouchan s’étaient largement inspirés des statues grecques et de leurs formes drapées tellement spécifiques.

anjalimetta
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Katly

Merci Axiste. Et très belle image ! anjalimetta

La méditation nous permet ce sourire dès le réveil, du petit jour jusqu'au crépuscule, c'est à chaque fois une victoire sur soi-même. Pas à pas... C'est le cadeau dont on ne peut se priver et qu'on est immensément heureux d'offrir à ceux qu'on aime très fort, à tous les êtres à travers tous nos actes quotidiens comme celui de créer dans son art.
Merci à tous ces sculpteurs à travers les âges !

( J'ai été obligée une fois de passer une petite patine sur un grand Bouddha, en matière pauvre, brut, cela m'a pris plusieurs jours, au calme, j'avais l'impression de prendre soin d'un bébé qui souriait tout l'temps. :D et ça me faisait sourire de le regarder. )

Pour compléter cet entraînement du sourire avec la pratique d'un art, j'ajoute ces extraits d'autres ouvrages :

Il s'agit d'un passage tiré du livre : "Sur les traces de Siddharta" chap. " La musique des hautes sphères", où un groupe de jeunes gens musiciens après avoir chanté, dansé et festoyé firent une sieste et s'étaient fait tout voler, argents et bijoux par une jeune-fille. Ils étaient agités et prêts à la poursuivre, quand ils rencontrèrent le Bouddha.

Lorsque l'un d'eux demanda si le Bouddha avait vu passer une jeune-fille et expliquant la raison au Bouddha qui avait demandé pourquoi.

Puis :

Le Bouddha les regarda avec sérénité et leur demanda :

_ Dites-moi, mes amis, est-il préférable pour vous de retrouver la jeune-fille ou de vous trouver vous-même ?

Les jeunes gens furent stupéfaits. Le jeune-homme qui avait parlé se lança :

_ Vénéré Maître, peut-être serait-il préférable de nous trouver d'abord nous-mêmes.

Le Bouddha répondit :

_ La vraie vie ne peut être trouver que dans le moment présent, mais nos esprits demeurent rarement en celui-lui ci. Au lieu de cela, nous recherchons le passé ou aspirons au futur. Nous pensons que nous sommes nous-mêmes mais ne sommes presque jamais en réel contact avec nous-mêmes. Nos esprits sont trop occupés par les souvenirs du passé ou par les rêves de demain. La seule manière d'être en contact avec la vie est de revenir au moment présent. Une fois que vous saurez comment revenir au moment présent, vous serez des éveillés, et vous trouverez votre vraie demeure.

Observez ces tendres feuilles effleurées par la lumière du soleil. Avez-vous jamais contemplé le vert de ces feuilles avec un coeur serein et ouvert ? Cette nuance de vert est une merveille de la vie. Si vous ne l'avez jamais regardé, je vous demande de le faire maintenant.

Les jeunes hommes se sentaient apaisés et, suivant des yeux le doigt du Bouddha, chacun dirigea son regard vers les feuilles se balançant doucement dans la brise de l'après-midi. Le Bouddha s'adressa au jeune homme assis à sa droite.

_ Je vois que vous avez une flûte. S'il vous plaît, jouez-nous quelque chose.

Ce dernier, intimidé, emboucha sa flûte et commença à jouer. Tous écoutais attentivement le son de l'instrument semblable aux lamentation d'un amoureux transi. Le Bouddha ne quittait pas le jeune instrumentiste des yeux. Quand la flûte se tut, un voile de tristesse sembla s'abattre sur la forêt. Personne ne prononça une parole jusqu'à ce que, soudainement le jeune-homme la tendit au Bouddha.

_ Vénéré Moine, s'il vous plaît, jouez pour nous.

Le Bouddha sourit tandis que les jeunes hommes éclatèrent de rire, prenant leur ami pour un vrai fou. Qui avait jamais entendu parler d'un moine jouant de la flûte ? A leur grande surprise, le Bouddha prit l'instrument. Tous se tournèrent vers lui intrigués. Le Bouddha inspira longuement à plusieurs reprises puis porta la flûte à ses lèvres. L'image d'un jeune adolescent jouant de la flûte dans les jardins royaux de Kapilavatthu surgit dans son esprit. Il revoyait aussi Mahajapati, assise sur un banc, l'écoutant attentivement, et Yashodhara tenant son porte-encens où brûlait un bâton de santal. Le Bouddha commença à jouer.

Le son était aussi ténu qu'une volute de fumée s'élevant au dessus du toit d'une humble demeure de Kapilavatthu. Progressivement la mince volute s'épanouit dans l'espace en une nuée qui se transforma à son tour en un lotus aux mille pétales multicolores. On aurait dit que l'unique flutiste avait laissé place à dix mille instrumentistes et que toutes les merveilles de l'univers s'étaient transformées en milliers de sons, de couleurs et de formes. Les oiseaux s'arrêtèrent de chanter pour se délecter de cette musique harmonieuse. Même la brise cessa de faire bruisser les feuilles. La sérénité et la magie baignaient la forêt. Les jeunes gens entourant le Bouddha totalement installés dans le moment présent étaient en communion avec toutes les merveilles de la forêt, du Bouddha, de la flûte. Même après que le Bouddha eut reposé l'instrument, ils entendaient encore la musique. Plus aucun d'eux ne pensait à la jeune-fille ni aux bijoux volés.

Ils restèrent silencieux un long moment, puis le jeune propriétaire de la flute s'adressa au Bouddha.

_ Maître, quelle virtuosité ! Je n'ai jamais entendu quelqu'un jouer ainsi. Avec qui avez-vous étudie ? M'accepteriez-vous comme élève afin d'améliorer ma pratique ?

Le Bouddha sourit et répondit :

_ J'ai appris la flûte quand j'étais enfant, mais je n'ai pas touché à cet instrument depuis presque sept ans. Néanmoins le son que j'en sors est meilleur qu'il n'était à l'époque.

_ Comment cela se peut-il, Maître ? Comment votre maîtrise a t-elle pu s'améliorer si vous n'avez pas pratiqué depuis sept ans ?

_ Jouer de la flute ne dépend pas uniquement de votre pratique. Je joue mieux maintenant que par le passé parce que j'ai trouvé ma vraie demeure. Vous ne pouvez atteindre les hautes sphères de l'art si vous n'avez pas découvert au préalable l'insurpassable beauté de votre propre coeur. Si vous désirez jouer parfaitement de cet instrument, vous devez d'abord trouver votre vraie demeure sur le chemin de l'Eveil.

Le bouddha leur exposa le chemin conduisant à la Libération, les Quatre Nobles Vérités et le Noble Octuple Sentier. Les jeunes gens écoutaient avec attention. Quand le Bouddha eut finit de parler, chacun d'entre eux s'agenouilla et sollicita la grâce de devenir disciple. Le Bouddha les ordonna.






Composer ou interpréter des oeuvres d'art peut aussi être un moyen d'existence.

Un compositeur, un écrivain, un peintre ou interprète a un effet sur la conscience collective. Toute oeuvre d'art est dans une large mesure un produit de la conscience collective. Par conséquent, chaque artiste a besoin de pratiquer la pleine conscience de telle sorte que son travail aide les autres à pratiquer l'attention juste.

Un jeune homme qui voulait apprendre à dessiner des fleurs de lotus se rendit un jour auprès de son maître pour apprendre à ses côtés. le maître l'emmena près d'un étang de lotus et l'invita à s'assoir. Le jeune homme vit les fleurs s'ouvrir quand le soleil était haut, puis redevenir boutons à la tombée de la nuit. Il passa une autre journée au bord de l'étang. Lorsqu'une fleur se flétrissait et qu'un de ses pétales tombait dans l'eau, il regardait la tige, l'étamine et le reste de la fleur avant de passer à un autre lotus. Et ainsi de suite pendant dix jours. Le onzième jour, le maître lui demanda : " Es-tu prêt ? " et le jeune homme répondit : " Je vais essayer. "

Le maître lui donna un pinceau et, en dépit de la naïveté de sa technique, le jeune homme dessina un très beau lotus. Il était devenu le lotus et son dessin venait du plus profond de lui-même.

Thich nhat hanh - Le coeur des enseignements du Bouddha
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axiste
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Merci Katly, justement, je le relis en ce moment... (je navigue entre "la vision profonde" et "le coeur des enseignements de Bouddha" ):)

@ Tirru

Sur wiki j'ai cherché où était l'empire Kouchan…
Puis j'ai lu ceci:
l’art et la culture du Gandhara, au carrefour de l'hégémonie des Kouchans, sont les expressions des influences kouchanes les mieux connues des Occidentaux. Plusieurs descriptions directes de Kouchans sont connues à partir du Gandhara, où ils sont représentés avec une tunique, une ceinture et des pantalons et jouent le rôle de dévots du Bouddha et des Bodhisattvas.
Alors je me suis retrouvée en Inde à Gandhara...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_kouchan

J'ai aussi lu qu'au musée Guimet il y avait une collection de Bouddhas du Gandhara...mais tu y es sûrement déjà allé.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Katly

Oui je navigue aussi entre ces deux bouquins ! :D et d'autres j'y reviens... j'attends le facteur ( sans facteur pas de livre ), le temps idéal pour bouquiner. :lol:
On voyage pas mal avec l'art, sans le sable, les 50°... :)
Les striures d'une feuille d'arbre ressemble a certains drapés d'ailleurs...
J'ai regarder tout un petit site avec l'art bouddhique au Vietnam.

http://baotanglichsu.vn/portal/vi/Tin-t ... /3A92364E/
Katly

Je trouve l'art bouddhique très beau dans toutes les cultures...
Les sculpteurs disent qu'ils voient déjà la forme dans la pierre brute.
J'ai remarqué que les grands maîtres ne sont pas seulement d'humeur égale, ils sont souriant et joyeux.
Et il y a une joie profonde qui se traduit par ce sourire épanoui.
Pour un pratiquant n'est-ce pas commencer par cultiver la bonne humeur ? ne pas se laisser décourager même si doit faire double d'effort tout le temps et voir le bon côté des choses ? ouvrir son espace, ses horizons, être ouvert comme un enfant ?
Katly

Même comme ça il y a encore le sourire, même sans la statue.

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Angkor vat
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