Le regard de la tuile

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jules
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Quand nous aimons profondément et passionnément quelqu'un, à qui, ou à quoi, s'adresse notre amour?
Yudo me corrigera s'il est dans le coin, mais il me semble qu'en japonais, on ne dit pas je t'aime, mais on dit "il y'a de l'amour" J'ai vu ça dans un bouquin qui traite des différences de langage entre le français et le japonais. A vérifier quand même.

<<metta>>
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axiste
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Je pense qu'on ne se comprend pas bien, Axiste, mais ce n'est pas grave. loveeeee
Je ne sais pas Flocon, mes mots sont peut être maladroits à expliquer mon point de vue. Qui n'est qu'un point de vue loveeeee

@ Katly

C'est ce que j'aime chez Thich Nhat Hanh, il prend tout le monde là où il en est et par conséquent il atteint beaucoup.
Il est dans l'acceptation.
Cette faculté de se mettre à la portée de tous, c'est quelque chose qui me parle beaucoup.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Flocon
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Ted, oui, je comprends : en fait, j'ai trop généralisé ma formule ; je pense que ça dépend des gens, l'exercice sera profitable à certaines personnes et non à d'autres.

Dans ton cas, tu crois donc qu'il t'a prouvé que la présentation de notre perception (erronée) d'autrui comme fantasme et miroir de nous-mêmes est fausse? J'ai pourtant toujours pensé qu'elle était profondément juste :oops: : tu as peut-être pris le terme "miroir" trop au pied de la lettre, avec cette image du criminel qui t'a choqué?

Merci des explications sur le "plan vital". J'ai entendu parler d'Arobindo mais je ne l'ai jamais lu.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ted

Flocon a écrit :Dans ton cas, tu crois donc qu'il t'a prouvé que la présentation de notre perception (erronée) d'autrui comme fantasme et miroir de nous-mêmes est fausse? J'ai pourtant toujours pensé qu'elle était profondément juste :oops: : tu as peut-être pris le terme "miroir" trop au pied de la lettre, avec cette image du criminel qui t'a choqué?
Il fut un temps où j'employais beaucoup cette image. Mais maintenant, je la trouve un peu délicate . Parce que nous n'avons pas le même karma que les autres. Parce qu'aussi, si on cherche quelque chose d'identique chez soi et chez l'autre, on réintroduit une essence, une sorte de pureté originelle que partagerait tous les êtres ? Remarque, c'est peut être le cas ? J'en sais rien. Ca reste à expérimenter.

J'ai cru comprendre que nous étions surtout semblables face à l'ignorance et la souffrance.
Le criminel souffre sinon, il ne ferait pas une telle chose. Donc, je peux comprendre sa souffrance et son désespoir qui le pousse au pire. En ce sens, je peux comprendre aussi, qu'un jour, fou de souffrance, je pourrais devenir "relativement" comme lui. C'est sans doute ce que veut dire Katly. Dans ce cas, je suis d'accord. :oops:
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Flocon
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Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Oui, l'image du miroir est comme toutes les images : même juste, elle n'est pas entièrement satisfaisante et peut induire en erreur. Si l'on pense le reflet en termes d'identité, ou en termes de partage, mieux vaut en effet l'éviter.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Si on reconnaît nos peurs, colère, désirs sensuels, culpabilité, qui créent des conflits en nous et qu'on les mets sous la lumière de la pleine conscience, on a pas besoin de miroir comme ça. On ne rejette pas, on regarde profondément en soi, on dissipe les ténèbres d'ignorance, on n'est pas "criminel', on transforme notre état en amour véritable, à partir de la boue, de cette boue. On prend soin de la boue, de la fleur. Prendre confiance en tout ce que l'on a de bon en nous capable de nous guérir, de nous nourrir. La main saine prend soin de la main blessée, elle ne la coupe pas ! elle ne la rejette pas ! avec peur ou aversion-dégoût, ou culpabilité, ( même si c'est bien de ressentir un peu ça, sans s'appesantir ou alimenter ça ) elle ne la méprise pas, elle la soigne avec les bons remèdes.
C'est comme l'histoire des deux loups.
Katly

Comme avec soi-même, quand on aime vraiment une personne, on aime le "bon" et "mauvais" côté, bien qu'il n'y est ni bon, ni mauvais "profil", on prend soin de l'autre dans sa totalité, en nourrissant le meilleur, en apportant le remède avec sa "main saine".
Pour s'accepter soi-même, on sait qu'il faut se connaître, ( prenant en compte l'impermanence, le non-soi ) connaître l'autre en profondeur, le "mal-être"/"bien-être" et le remède qui convient.

J'espère que c'est plus compréhensible, et plus juste ce que je dis. :oops:
ted

Oui, c'est clair. Je suis d'accord avec toi. anjalimetta
laurentbouddha

ted a écrit :
Katly a écrit : A l'inverse, lorsque l'on méprise quelqu'un que l'on voit comme "laid", à côté de soi, ceux pour qui on a de l'aversion, on en fait une représentation de ce que l'on haït en nous-mêmes, qu'on accepte pas, ce qu'il/elle renvoie, dont on aimerait se débarrasser. Et lorsqu'on blesse et humilie cet autre, on se blesse nous-même, on se méprise soi-même. C'est un cycle de haine de soi sans fin, de souffrance, de culpabilité, avec lequel on fait souffrir les autres. Même les plus proches que nous croyons aimer...
C'est bien joli d'évacuer le mal dans le bouddhisme et de le relativiser par rapport à nos projections. Mais à force d'aller dans cette direction, on finit par ne plus voir le mal quand il se manifeste.

Si un pédophile s'attaque à une fillette, puis la tue et se débarrasse du corps en la découpant, on ne peut ressentir que du dégout et de l'aversion pour un acte aussi lache et horrible ! Je n'aimerais pas qu'on vienne me dire que cette aversion que je ressens n'est que le rejet du "pédophile assassin" qui serait en moi. Il n'y a aucun pédophile assassin en moi, ça, j'en suis certain. Donc, ce que je ressens, est le rejet du mal, le rejet de la cruauté, le rejet des atrocités, le rejet du crime. :oops:

Regarder l'assassin comme on regarde une tuile ? C'est sans doute possible chez des êtres éveillés pour qui cette fillette n'est pas morte, car ils la voient renaître, ils savent d'où elle vient et où elle va. Moi, je risque plutôt de le massacrer ce pauvre type et de développer envers lui des pensées de haine aussi intenses que son acte ! C'est pas bien, je sais... Ca ne fera pas revivre l'enfant, d'accord... mais de là à dire que je me hais moi-même. :roll:

Je sens vaguement qu'à une époque, je comprenais parfaitement ce que tu veux dire, Katly. Mais ces temps ci, je retombe dans l'obscurité du plan vital. J'en suis désolé... mais je ne peux que le constater... Pardonne-moi...
Je pense qu'on a tous eu ce sentiment un jour dans notre vie.
D'un certain point de vue, cela n'est pas forcément négatif puisque notre désir est de vouloir cesser cette souffrance inutile même si les conséquence de nos actes n'auraient pour effet que de la poursuivre...

Lorsque c'est un animal qui tue un autre animal juste pour défendre son territoire, on néglige plus facilement les faits car on a plus de mal à s'identifier à celui-ci, sauf peut-être, pour ceux qui ont pour ami, un animal de compagnie...

Nos seules armes face à se drame est de combattre notre ignorance (j'avoue que j'ai du mal aussi).
Peut-être y a t-il un moyen de mettre un terme à l'ignorance de ce criminel sans nous fourvoyer dans l'incommensurable?
Katly

Bonjour LaurentBouddha,

Je ne voulais que partager sur une bonne nouvelle et échanger que poésie aujourd'hui, mais je vois bien que mes réponses étaient très maladroites, à côté, pas assez claires, ça m'arrive, vraiment pas en forme ce jour-là. :oops: :-( Et je comprends bien mieux ce que Ted voulait dire à travers cet exemple extrême. :roll:

Ma première idée portait plutôt sur une image plus courante de la vie, plus banale, comme voir un idéal de ce qu'on envie, ou qui nous attire, ou le contraire de ce qu'on est, et qui nous incommode ou qu'on rejette. Ce qui forme une dualité beau, laid, bien, mal, malade, bien portant, riche, pauvre, intelligent, bête, noir, blanc, poussière, paillette... etc etc Parce que notre comportement est conditionné par notre idéal et ces opposés n'existant pas l'un sans l'autre, jusque dans le "faire-valoir". Alors qu'un être humain est au-delà de cela et que tout cela n'est que reflet, projection, jeux de miroirs, illusions, impermanence...

Autrement, aussi, je crois que pour l'exemple du criminel, je rapproche cela de l'exemple d'un récit de Thich Nhath Hanh, concernant une enfant dans un "boat people", violée par des pirates et qui s'est jetée à la mer de terreur et de désespoir. Ainsi que de la compréhension des conditionnements et de la haine, la folie des pirates.
Et tu as raison aussi dans ce que tu dis sur le ressenti de cela, c'est naturel et Ô combien je n'aurais pas envie de rire, à voir sans cesse renaître la souffrance de cette enfant si elle y avait survécu, et plutôt envie de foncer aussi droit sur le criminel. Pareillement car je n'ai pas toute la sagesse non plus d'un Eveillé ou Bouddha. C'est bien ce que voulait dire Ted.

Voici un poème qu'il a écrit, alors :

Je tiens mon visage à deux mains
Non, je ne pleure pas
Je tiens mon visage à deux mains
Pour réchauffer ma solitude
Deux mains protégeant
Deux mains nourrissant
Deux mains empêchant mon âme
de me laisser en colère.

Thich Nhat Hanh


http://www.buddhaline.net/Etre-libre-la-ou-vous-etes

A propos de cette histoire très triste :

Paragraphe : "Pourriez-vous parler du pardon ?"

http://mpcmontreal.homestead.com/files/ens_tempete.htm




Mais était-ce exactement le sujet initié par Jules ?
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