Article d'un blog intéressant : qu'est-ce qu'un dojo??

lausm

Bonjour.
Voici un article que j'ai trouvé ici :

http://zendofolarcoat.blogspot.fr/2013/ ... ojo-1.html

Que j'ai trouvé fort pertinent.
Je vous laisse le lire.





Qu'est-ce qu'un dojo ? 1
Ambiguïtés

Pour celui qui est porté par un idéal spirituel, ou une soif de libération, ou le besoin de se soulager du poids de la souffrance existentielle, le dojo est souvent le refuge, la première étape de la sécession d'avec le monde et ses illusions. Un rapport au temps différent s'instaure : face au mur, dans le silence, les repères sont (théoriquement) annulés ; le lieu lui-même, coupé de l'environnement par son refus de toute utilité productive, par la pauvreté de son décor et par son ascétisme revendiqué, est aussitôt perçu comme un espace différent au point d'être un autre monde. Le débutant tente de le comprendre en se rattachant à des catégories de pensée préétablies, et se trompe alors en prenant le dojo pour un lieu sacré. Le responsable le détrompe, "rien de sacré dans le zen", mais ne peut empêcher le retour de l'ambiguïté quand il affirme que le dojo est le lieu de la pratique et de l'apprentissage du Dharma du Bouddha, voire pour certains qui répètent à l'envi des propos dont ils n'ont pas expérimenté la pertinence, le lieu où l'on devient Bouddha.

Mais la confusion ne règne pas seulement dans l'esprit du débutant : faire sécession est la première étape de la vie du Bouddha, qui quitta son palais, sa famille, sa vie aisée, son statut social, et se déshabilla, et mourut au monde de l'illusion en coupant ses cheveux et en s'affirmant symboliquement nu, parce qu'il voulait expérimenter une renaissance dans la vérité et l'absolu. Le moine zen suit son exemple, d'ailleurs, et on le montre en exemple ; mais le moine zen n'est qu'un pratiquant parmi d'autres, affirme-t-on, il n'est qu'un être qui voue sa vie au Dharma. Les jours de lucidité, certains responsables iront jusqu'à affirmer que la véritable ordination, le véritable état supérieur est celui de bodhisattva, de héros pour l'Eveil, stade premier des ordinations, et non celui de moine ... tout aussitôt, ils se réinstallent dans leur position centrale, car dans le même temps qu'ils ont dénoncé l'importance de leur statut ils ont agi en usant de l'argument d'autorité, et ont dénié à tout autre qu'eux la possibilité d'avancer une telle affirmation. Le débutant ne retient que l'existence d'une hiérarchie installée avant sa venue, et l'antidote d'une contestation de pure forme, par coquetterie pourrait-on dire. Il se plie, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'ici aussi un théâtre social est en cours de représentation, un théâtre différent de celui du dehors, un théâtre qui refuse celui du dehors, et le pratiquant peut s'en contenter, mais un théâtre d'illusions.

Le dojo est ainsi, souvent, non pas le lieu de la vérité, de la mise à nu, de la pauvreté en l'esprit, mais le lieu des ambiguïtés, unifié par le seul souci de refuser le monde de l'extérieur de la porte. Dès lors peuvent se développer toutes les erreurs qui guettent le chercheur spirituel : l'ascétisme n'est pas prôné dans le bouddhisme, mais la sécession affirmée d'avec le monde extérieur pousse l'ego à valoriser un engagement sans cesse plus manifeste, plus présent, voire plus spectaculaire : ne juge-t-on pas, dans beaucoup de dojos, la progression spirituelle à la présence constante, voire à l'activisme dans la prise de responsabilité ? Le dojo peut aussi devenir un espace de repli, un lieu d'oubli du monde, alors qu'il faudrait être constamment vigilant et dans la présence au monde. Pire encore : de la désappropriation du monde certains pensent que peuvent naître la découverte et la libération de l'ego.

Mais il n'y a pas d'autre monde, il n'y a pas d'outre-monde.
ted

http://zendofolarcoat.blogspot.fr/2013/03/quest-ce-quun-dojo-1.html a écrit :Le dojo peut aussi devenir un espace de repli, un lieu d'oubli du monde, alors qu'il faudrait être constamment vigilant et dans la présence au monde. Pire encore : de la désappropriation du monde certains pensent que peuvent naître la découverte et la libération de l'ego.
http://zendofolarcoat.blogspot.fr/2013/ ... ojo-1.html
Il faut quand même un minimum, non ? On ne va pas mettre une télé quand même... :oops:
lausm

Justement, un minimum de quoi?
je ne suis pas sur que la télé soit le meilleur outil pour la vigilance et la présence au monde dont il parle, mais je ne l'ai pas lu demander la télé.
ted

Il faut un minimum pour "désorienter" les gens. Pour faire une coupure. Pour créer un climat.
Je suis pour la sacralisation. Pour qu'on ait envie de parler à voix basse, de chuchoter... shuuuut_8

Je peux transformer mon salon en dojo grâce à deux trois astuces et quelques rideaux. Et quand je change l'eau, les fleurs et les fruits, quand les bougies brillent, que les parfums s'élèvent, que le gong retentit, que les corps s'immobilisent, je te jure que je ne suis plus chez moi... Il y a quelque chose d'intemporel qui s'invite. La pièce est reliée à tous les dojos à travers le temps et l'espace. L'émotion est palpable.
love3 love3 love3

Le dojo est un espace sacré. Mais c'est juste mon avis. Mais ce sacré est en nous. C'est le rayonnement du Bouddha qui est en nous.

Le discours qu'on entend souvent "ya rien de sacré" est peut-être destiné à rassurer des athées ou des cadres stressés à qui on ne veut pas donner l'impression de pratiquer une religion ?
lausm

Ok, je comprends.
mais perso, je suis partisan de rappeler qu'il n'y a rien de sacré...mais je pourrais dire le contraire.
Chez nous, on ne met meme pas systématiquement les habits de pratique, le dojo n'est pas aussi propre et chic que ceux qu'on peut trouver ailleurs...notre chienne est la pendant zazen avec nous.
Mais le silence n'est pas plus sacré ou moins, d'ailleurs dire qu'il n'y a rien de sacré ne rassure pas tout le monde.
Ce qui est sacré, c'est de pouvoir s'arrèter et regarder en soi.
Certains laissent entendre que la vérité est ailleurs, et utilisent tout le décorum destiné a mettre l'(accent sur le fait qu'au dojo on rencontrerait plus facilement ce noyau dur du bouddha en nous, pour en fait cultiver le dualisme entre le bouddha, et notre etre ordinaire. Or les deux sont indissociables. Et le top du mensonge est la quand on laisse entendre de façon plus ou moins subtile que la vérité est ailleurs, en un autre temps. Et surtout que tu ne pourras pas la comprendre si tu ne reviens pas souvent au dojo, fais le ménage, et considère le maitre comme détenant cette vérité.
Un jour, quelqu'un qui avait eu des conflits avec un de nos néo maitres occidentaux, était allé le voir pour se prosterner devant lui en signe d'apaisement. Sa démarche a été accueillie de cette façon : il en a profité-le maitre-pour lui en mettre plein la gueule...et finir par dire qu'a la fin, seul le Bouddha avait connu l'éveil.
Bien sur je sais que les théravadistes qui fréquentent ici, ne seront pas d'accord forcément avec ma formulation, mais qu'ils me pardonnent tous, je pense que dire cela, de la part d'un maitre zen, est une hérésie totale.
Mais pour moi, la plus grande hérésie, c'est qu'il n'accueille pas une prosternation comme le geste d'un vrai bouddha....Je pense meme qu'en n'étant pas capable d'accueillir cela, ce maitre montre qu'en fait il ne se respecte ni ne s'aime lui meme. Et c'est dommage, et ça me peine de savoir cela exister ainsi.
Mais dans le temple de ce maitre, on a des cérémonies super bien huilées, des règles bien établies, un truc super propre et lisse...mais cela libère-t-il et rend il heureux????
C'est pour ça que je pense que meme le minimum, faut pas s'y attacher.
Alors les vraies conditions idéales se réalisent : on pratique la où on est, comme c'est.

Et quand c'est silencieux avec des bougies et de l'encens, alors la on est dans un cinq étoiles, mais ça coute moins cher et ça éveille plus.
onmyway

Je n'ai jamais médité sur la durée dans un dojo bouddhiste, sauf en début de cours d'aikido quand j'en faisais
Un peu différent d'un dojo zen, quoique certaines choses restent vraies : partout où on médite, cet endroit peut devenir notre dojo, le vrai temple étant interieur et spirituel;
S'enfermer dans un dojo et ne pas vraiment pratiquer est pire encore que de vagabonder (y compris dans un supermarché )ou sur les mers, est d'y méditer vraiment; Cette dernier manière est alors bien préfèrable ;-)


Tamura sensei (uchi deshi de Morihei ueshiba) disait "Si vous voulez que votre dojo soit une salle, ce sera une salle, mais si voulez que ce soit un Dojo, ce sera un Dojo ! "
Et Ueshiba l'a souvent dit à sa manière :

« Mon Dojo est la nature, il est l'univers, c'est un temple construit pour les kamis »
« Le ciel est là où vous êtes, et c’est le lieu où vous vous entraînez. »
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