"TEL QUEL ou l'HACCEITE

Shakhyam

La personne qui désire le "tel quel" (inmo) ne peut être qu'une personne qui connaît déjà "le tel quel", à rapprocher de la parole de Saint Augustin : "Tu ne Me (Dieu) chercherais pas si tu ne M'avais pas trouvé".

Ce qui caractérise le "tel quel" est précisément cette identité absolue du sujet et du prédicat illustrée par ce proverbe ancien : "Si l'on tombe à cause de la terre, on se relève toujours grâce à la terre. Si l'on cherchait à se relever sans s'appuyer sur la terre, on ne saurait jamais en avoir raison"

Ce qui revient à dire qu'une action quelqu'elle soit ne trouve de sens et de justification qu'en elle-même. Ainsi tous les existants de l'univers, entrent ils en Résonnance, unis les uns aux autres dans leur intimité sans faille par le fil invisible de l'interdépendance.

De la même manière que le Mahayana distingue la forme, la substance et l'usage pour expliciter le Réel, ARISTOTE retient la forme, la matière et le composé des deux pour caractériser une nature et dans le cas d'une action humaine ou tout simplement de l'Homme, c'est telle ou telle forme, telle ou telle matière qui fera l'homme tel qu'il est. L'haccéité est comme la "réalité dernière" de la nature "telle quelle" et l'individu une unité en soi, "telle quelle"

De la même manière que "Zazen est zazen", la Sagesse ne s'apprend ni ne s'obtient de et avec quelqu'un; on ne la produit pas non plus de soi-même. C'est la Sagesse qui se transmet la Sagesse, c'est la Sagesse qui recherche la Sagesse.



FleurDeLotus Butterfly_tenryu
ted

Waw !!! love_3

Poster ça à minuit dix, un soir de la Saint Sylvestre, ça fait réfléchir sur ton engagement Shakkyam !
Moi je dis Bravo ! ba11

En tout cas Bonne année 2013 jap_8 love2
FleurDeLotus
Shakhyam

Le « Tel quel » est « tel quel » quelque soit l’heure, conventionnelle, universelle ou illusoire…

Quoiqu’il en soit, je te remercie de tes encouragements et vœux pour cette année nouvelle et t’adresse les miens en retour. Continuons à guetter et quêter l’inaccessible étoile de l’Eveil pourtant toujours-déjà-là et tellement lointain.

A bientôt




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
Shakhyam

L'acceptation de ce qui est "Tel quel" EST fondamentalement fondatrice d'une attitude qui consiste à ne privilégier aucune des modalités sous laquelle apparait l'Impermanence... et pourtant l'utiliser dans sa propre quotidienneté.

Le moine chinois Dongshan Lianjie (807-869) enseigne les cinq modes d'expérience de la Vérité à deux faces (ultime-vacuité et surface-apparence)

1 - l'apparence dans la vacuité,
2 - la vacuité dans l'apparence,
3 - l'apparence à partir de la vacuité
4 - entrer dans la vacuité et l'apparence ensemble
5 - circuler librement dans les deux à la fois

qui sont autant de "points de vue" possibles. Dans l'ultime, le fait d'accomplir (l'apprentissage) et l'accomplissement (l'Eveil) ne font ni un ni deux car l'Eveil n'est pas différé. Il est sans trajet, sans action et sans acteur.

Il n'y a pas de différence entre l'homme tel quel et la chose telle quelle, entre la vérité de surface et la vérité de sens ultime. Notre existence n'est pas un continuum car, en l'absence d'un moi, il ne peut y avoir ni continuité ni mêmeté à soi. Penser que le passé laisse des traces est illusoire. Les choses ne font que se composer et se décomposer et ce qui se décompose ne se recompose pas à nouveau


Ces citations et réflexions sont alimentées par la traduction de Charles VACHER du Shobogenzo de Maître DOGEN - éditeur : encre marine




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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jules
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Shakhyam :
Penser que le passé laisse des traces est illusoire.
Il y'a quand même la mémoire ; le passé laisse des traces dans la mémoire.

<<metta>>
Shakhyam

Désolé Jules. C'est précisément ce qu'il ne fallait pas dire en vérité.

Les "traces" du passé ne sont que visitations présentes d'évènements antérieurs qui par cette visitation même sont transformés. Ce dont on se souvient n'est plus alors identique à ce qui a été vécu et en ce sens on peut admettre qu'il y a donc déconstruction et re-construction.

Dans ces conditions, ne pas admettre que ces traces subissent leur propre vacuité de la même manière d'ailleurs que les faits eux-mêmes, c'est rester en deçà des cinq points mentionnés précédemment.

Ce me semble être le fin du fin de l'illusion. En tous cas pas l'acceptation du "Tel quel" expression de l'apparaître-disparaître constitutif du réel évanescent.




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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jules
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Shakhyam :
Les "traces" du passé ne sont que visitations présentes d'évènements antérieurs qui par cette visitation même sont transformés. Ce dont on se souvient n'est plus alors identique à ce qui a été vécu et en ce sens on peut admettre qu'il y a donc déconstruction et re-construction
Bonsoir Shakhyam,
Sans doute ce que nous avons en mémoire n'est pas identique au passé, mais c'est quand même bien à partir d'éléments passés que se façonne cette perception mémorielle, c'est donc que le passé laisse des traces (dans la mémoire).
Si je sais me servir d'un couteau et d'une fourchette, c'est bien parce que je m'en suis servi par le passé et que je me souviens comment on fait. Sinon il me faudrait réapprendre à chaque fois.


<<metta>>
ted

jules a écrit :Si je sais me servir d'un couteau et d'une fourchette, c'est bien parce que je m'en suis servi par le passé et que je me souviens comment on fait. Sinon il me faudrait réapprendre à chaque fois.
Ne lui parle pas de couteau et de fourchette. Tu risques de démolir tout son raisonnement philosophique sur l'ainsité. :D
:mrgreen:
Shakhyam

Jules,

Ne crois-tu pas que ces "traces" soient semblables à l'arc-en-ciel, à l'aurore boréal ou au mirage que l'assoifé perçoit dans le désert ?

Pas question pour moi de nier "la réalité" de ces traces. Elles apparaissent réelles à qui les expérimente ce qui n'interdit aucunement de chercher à comprendre comment elles se constituent au point d'apparaître comme vraies.

Si tu relis la totalité de l'article tu distingueras :"..(qu')en l'absence d'un moi, il ne peut y avoir ni continuité ni mêmeté à soi..." - C'est bien là le noeud de la problématique.

Pour perdurer, le Moi a besoin d'hypostasier un monde extérieur qui, lui renvoyant sa propre image, le conforte dans son exigence de "permanence" qui lui-même le conforte... - On se trouve alors dans un cercle sans fin dont la rapidité évènementielle nous interdit bientôt d'en connaître l'origine.

Cette image est une projection des affects, des désirs, des actes manqués ou à moitié réalisés à tel point d'ailleurs qu'il est impossible de les distinguer du fait particulier "historiquement" générateur. Cependant, il me semble bien par ailleurs et en même temps que notre pratique, nos enseignements et nos échanges permettent néanmoins une compréhension la moins erronée possible et l'affirmation de la double vérité conventionnelle/de surface et de l'ultime vacuité au travers des "traces" et de leur propre "ainséité" mon cher Ted.




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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jules
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Shakhyam :

Pas question pour moi de nier "la réalité" de ces traces.
Alors, nous sommes d'accord. Butterfly_tenryu

Pour le reste, mon esprit est un peu lent en ce moment, donc je ne me pronnoncerai pas. jap_8

<<metta>>
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