Comment pratiquer sans but dans le Zen ?

lausm

De toutes façons, pour parler d'une pratique sans but, il faut savoir ce qu'est pratiquer avec but.
Rien n'existe en soi de façon absolue, tout élément est lié a un autre, y compris a son contraire.
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jules
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jap_8

Le but: devenir Bouddha, s'éveiller ...

Pendant longtemps Bouddha pratique en voulant devenir Bouddha...Puis, à force de pratiquer, les limites entre l'être et le faire s'estomperont comme dit Jean, alors, être Bouddha et faire en sorte de le devenir par la pratique, se réuniront en une seule chose, c'est alors qu'on deviendra incapable de distinguer une chose de l'autre. Ne pouvant les distinguer comment pourrions-nous encore parler de devenir Bouddha ou d'être Bouddha ? C'est alors qu'on pourra vraiment parler de Mushotoku.

<<metta>>
freestyle

jules a écrit :Le but: devenir Bouddha, s'éveiller ...
laurentbouddha a écrit :La quête première de Siddharta qui fût le déclenchement vers son eveil était bien de connaître l'origine de la souffrance.
Et comment connaître cette origine, sinon en observant attentivement la souffrance ?

Pardonnez-moi l'entrée à la Bebel, pire encore ; je n'ai pas lu tout le fil, juste les premières et dernières pages, mais les escargots seulement en diagonale, j'avoue. :mrgreen:

J'ai été attiré sur ce fil parce que j'ai tiqué au titre. Je n'y connais rien au Zen hein, ou si peu.
Mais "pratiquer sans but"... n'est-ce pas être attentif, présent à ce qu'on fait ?
Celui qui vise un but peut-il être ouvert à la réalité de ce qu'il fait, de ce qu'il vit, son esprit ne risque-t-il pas d'être affairé à contrôler, maîtriser les moyens de l'atteindre, considérant des "paramètres" mécaniques limités, plutôt que l'intégralité de l'expérience vécue ? Et peut-on viser un but qu'on ne connaît pas, dont on n'a pas idée ? Or l'idée qu'on se fait de la réalité nous en éloigne par nature, et génère des émotions irrationnelles qui me semblent liées à la souffrance de l'esprit.

Si le but est de s'éveiller, j'imagine qu'il s'agit de s'éveiller à la réalité. Qu'est-ce qui nous empêche d'avoir accès à cette réalité, à ce qui est, sinon des projections de l'esprit, qui ne sont pas cette réalité, voire qui la masquent ? Et qu'est-ce qu'un but, sinon une projection de l'esprit ?
Il y a peut-être une insatisfaction, un mécontentement, un sentiment d'incomplétude, une souffrance, une source à cette "tension vers", quelle qu'elle soit, mais exprimant une réalité intérieure, par contre, qui pourrait mériter d'être prise en considération, observée (avec courage, douceur et patience j'imagine, il s'agit logiquement de zones sensibles). Si "connaître l'origine" peut mener à l'éveil... :?:
Kaïkan
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Bonjour,

Pour pratiquer quotidiennement zazen il faut avoir une forte conviction.
Le moteur de cette "forte conviction" n'est-il pas justement qu'il n'y a rien à saisir, rien à obtenir ?

Dans la société actuelle on voit tout le monde courir dans tous les sens. La fin de cette course folle c'est le cercueil. Est-il raisonnable d'être si pressé ... :)

Bon zazen (j'y vais) et bonne journée...


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-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
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tirru...
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Je me permet de faire une incursion d' enseignements du bouddhisme ancien.
freestyle a écrit :Mais "pratiquer sans but"... n'est-ce pas être attentif, présent à ce qu'on fait ?
Je suis du même avis Freestyle. C'est exprimé d’une autre façon dans le bouddhisme Theravada :
Au moment même où vous devenez conscient de quelque chose existe un fugitif instant de pure conscience, juste avant que vous conceptualisiez, avant que vous identifiiez. C'est une phase d'Attention. Ordinairement, elle est très courte - un flash d'une fraction de seconde, au moment même où vous focalisez les yeux sur l'objet, où vous portez votre esprit vers lui, avant de l'objectiver, avant de le cerner mentalement et de le séparer du reste de l'existence. Cela arrive juste avant que vous ne commenciez à y penser, avant que votre mental ne dise : « Oh! c'est un chien. » Ce moment fluide, de pure conscience, à la focalisation douce, est l'Attention. Dans le bref éclair de cet « instant-mental » vous faites l'expérience d'une chose en tant que nonchose. Vous expérimentez un instant fluide et doux d'expérience pure, faisant partie de l'ensemble de la réalité, non séparé.
Source
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Kaïkan
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Bonjour,

C'est beau le Bouddhisme ancien...
Très poétique et très précis dans ce petit texte... delphinus



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Dernière modification par Kaïkan le 16 novembre 2015, 14:28, modifié 1 fois.
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freestyle

Merci Tirru... pour ce texte, et le lien qui me donne une lecture si ... cool !!!
jap_8
Je découvre le forum, je n'avais pas encore lu ce sujet.
L'articulation de l'attention et de la concentration (dont je n'étais guère conscient de l'utilité, en fait), en particulier, m'est un sacré cadeau !

Je... vais le relire. ::mr yellow::
lausm

eh oui, Freestyle, tu as tout compris.....et le but de la pratique est de stabiliser cet état qui ne saisit pas de but....autant dire un truc qui par essence ne s'atteint pas, mais se réalise, sans forme fixe.
Le grand piège étant de croire que les formes nous amenant à cela sont une fin alors qu'elles sont un moyen.
Tu peux observer cette tentative de saisie, aussi ne pas la refuser : elle est notre vie conditionnée, on ne peut s'en passer comme ça, on ne s'affranchit pas d'une dépendance en deux secondes, par contre on peut voir qu'en deux secondes, une autre façon de vivre la réalité existe, et que ça peut nous aider considérablement quand ça crise....
L'éveil ne s'objective pas....mais ça se pratique.
freestyle

lausm a écrit :L'éveil ne s'objective pas....mais ça se pratique.
Et comment ! C'est bien mon problème, je crois, que de comprendre intellectuellement, mais seulement momentanément...
lausm a écrit :eh oui, Freestyle, tu as tout compris.....et le but de la pratique est de stabiliser cet état qui ne saisit pas de but.
Et c'est là que je rame, tout à fait.
Ce que je vis ces jours m'oblige naturellement à le reconnaître... la vie, la souffrance, sont bien des maîtres, c'est sûr.
Je suis vraiment heureux d'être ici, tiens, je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que vous m'apportez tous, sur ce forum.
loveeeee
lausm a écrit :Le grand piège étant de croire que les formes nous amenant à cela sont une fin alors qu'elles sont un moyen.
Voilà qui m'a donné à réfléchir.
J'en suis arrivé à penser qu'il me fallait "traquer mes croyances", en quelque sorte, être attentif, justement quand je me laisse embarquer émotionnellement...
lausm a écrit :Tu peux observer cette tentative de saisie, aussi ne pas la refuser : elle est notre vie conditionnée, on ne peut s'en passer comme ça, on ne s'affranchit pas d'une dépendance en deux secondes
Que c'est juste !!!
Considérant mes "rechutes" régulières, tes mots m'ont aussi amené à l'esprit le fait que je devrais cultiver l'empathie, plutôt que de me laisser happer par une espèce de "contagion émotionnelle sympathique". C'est quand même un peu toujours par là que je flanche...
Bel écho que tes mots, merci Lausm. jap_8

Pratiquer, en somme, là où j'en suis, avec les moyens dont je dispose, sans relâche... accepter que je ne sais rien, rester attentif à ces "tentatives de saisie", comme tu le dis fort justement, et observer, ne pas lutter...

Je ne m'exprime peut-être pas encore bien clairement sur la question, je retourne méditer tout ça.

Un grand merci en tout cas. jap_8

FleurDeLotus
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