ZAZEN c'est ZAZEN

chakyam

ZAZEN c'est ZAZEN !

De la même manière que l'Univers ne connaît pas d'extériorité à lui-même, aucune crainte, aucun espoir, aucun rejet, aucune attirance ne vient perturber l'exercice de zazen.

PRATIQUER ZAZEN de la même manière que l'on RENTRERA DANS SON CERCUEIL recommande Deshimaru … sans RIEN N'Y APPORTER.

La pratique de zazen c'est réaliser le peu d'importance des choses et des évênements et EN MEME TEMPS et au MEME INSTANT, accomplir notre tâche quotidienne comme si l'existence du monde en dépendait.

Le reste n'est que temps perdu.

Gasho

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
Sourire

Dans l'ensemble, je suis d'accord...
Mais le mot "zazen désigne la méditation assise, il me semble.
Ce qui n'englobe pas d'autre forme de méditation, comme par exemple celle qui se fait en faisant la cuisine
chakyam

Devant cette limpidité des 3 propositions, je me demande comment on peut être d'accord « dans l'ensemble » ? ce qui implique une part de désaccord non précisée...

L'étude, la pratique, la réalisation du bouddhisme suppose, entre autres qualités, une forte détermination afin de favoriser sa propre libération et conjointement celle des autres être sensibles. Certes, le zen c'est zazen et le phonème « za » indique bien son caractère assis mais un auteur/traducteur bien connu, Patrick CARRE, dans la traduction qu'il fait du Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche HOUEI-NENG extrapole cette position en précisant qu'elle signifie également « assis dans sa propre détermination » -

Il apparaît ainsi que zazen recouvre l'ensemble des activités humaines à tel point d'ailleurs que nombre de koans, d'épisodes de vie menant à l'éveil s'incarnent, s'intègrent dans la quotidienneté de chacun y compris la cuisine et la vaisselle, activités tout aussi humaines que la réflexion philosophique ou la méditation. Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement si chaque instant présent est habité, à la fois, de sa propre vacuité et de son incontournable nécessité phénoménale ?

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
ted

Sourire a écrit :Dans l'ensemble, je suis d'accord...
Mais le mot "zazen désigne la méditation assise, il me semble.
Ce qui n'englobe pas d'autre forme de méditation, comme par exemple celle qui se fait en faisant la cuisine
Zazen, c'est un peu comme frapper un gong. Le son continue à résonner et à se diffuser dans toutes nos activités quotidiennes.
Revenir à la posture assise permet de raviver le son quand il faiblit.

Et puis, un beau jour, le son ne faiblit plus, ou presque plus.
On ne médite plus. C'est notre vie qui est devenue une méditation. jap_8
chakyam a écrit :La pratique de zazen c'est réaliser le peu d'importance des choses et des évênements et EN MEME TEMPS et au MEME INSTANT, accomplir notre tâche quotidienne comme si l'existence du monde en dépendait.
jap_8
Sourire

ted a écrit :Zazen, c'est un peu comme frapper un gong. Le son continue à résonner et à se diffuser dans toutes nos activités quotidiennes.
Revenir à la posture assise permet de raviver le son quand il faiblit.

Et puis, un beau jour, le son ne faiblit plus, ou presque plus.
On ne médite plus. C'est notre vie qui est devenue une méditation.
jap_8
chakyam a écrit :La pratique de zazen c'est réaliser le peu d'importance des choses et des évênements et EN MEME TEMPS et au MEME INSTANT, accomplir notre tâche quotidienne comme si l'existence du monde en dépendait.
Prenant Zazen en son sens strict de "méditation assise", c'est difficile...

chakyam a écrit :PRATIQUER ZAZEN de la même manière que l'on RENTRERA DANS SON CERCUEIL recommande Deshimaru … sans RIEN N'Y APPORTER.

La pratique de zazen c'est réaliser le peu d'importance des choses et des évênements et EN MEME TEMPS et au MEME INSTANT, accomplir notre tâche quotidienne comme si l'existence du monde en dépendait.
Valable pour toutes "méditations actives" autant que pour zazen
ardjopa

Valable pour toutes "méditations actives" autant que pour zazen
Je suis d'accord "en parti" :lol:, avec ton message Chakyam, mais je suis aussi assez d'accord avec celui là de Sourire,
à savoir que le méditation assise de style zazen est "une forme" de méditation, parmi d'autres, et bien qu'elle ait des qualités, je pense que cela peut être une fausse vision de la considérer comme l'unique façon de s'éveiller à la réalité.

Tu le sais surement comme moi, chaque '"école" ou tradition bouddhiste valorise sa propre "méthode", tout comme chaque religion ou spiritualité parfois; Les theravadins parle plus souvent globalement d'attention, observation, samatha, vipassana, les vajrayanistes parlent eux aussi de la posture de "vairocana" comme le zazen du zen japonais mais ils enseignent aussi d'autres pratiques, adaptées aux tempéramments ou "modes de vie" de chacun (mantras, visualisations etc)
Dans d'autres voies spirituelles, comme le yoga, l'hindouisme, on parle aussi du "japa-mantra" ou autres, comme des pratiques pour trouver la liberation de l'esprit, tout comme dans le christianisme orthodoxe (voir le "récit du pélerin russe" entre autre), dans l'islam (la prière "perpétuelle" s'appelle le dhikr il me semble), et bien d'autres choses; << bien sûr ce que je dis là, tu peux appeller ça du syncrétisme, ou que cela ne mène pas aux mêmes " choses" ou réalité; Possible,mais c'est pour montrer que la pratique ne peut être "figée" dans un cadre ou façon unique

De plus un des dangers il me semble serait de considèrer que la posture zazen se suffirait à elle-même, sans "cheminement spirituel", ce qui à mon sens peut se rapprocher d'une forme de matérialisme spirituel sans un vrai "travail de conscience, de vigilance de l'esprit", ce qui peut se pratiquer en méditation assise ou dans nos actions quotidiennes;
Et même Taisen deshimaru, enseignait je crois trois choses dans la pratique de zazen : attention à la posture (juste), attention à la respiration, attention à l'esprit; Donc résumer zazen à "juste s'assoir" peut être mal compris à mon avis; En assise comme dans l'action, l'essentiel est l'esprit, et l'affranchissement envers les pensées, l'égo
chakyam

Bonjour,

Merci de vos contributions qui apportent compléments de points de vue et visions particulières qui enrichissent la réflexion et nous aident à clarifier et épurer notre sensibilité afin de partager notre Eveil commun.

Ainsi l’image du gong et du son qui se diffuse me fait penser à la coutumière opposition du zen abrupt et du zen progressif. En effet ce son qui ne faiblit plus suppose une modification d’états intermédiaires me rappelant les effets de la loi de causalité (ce que la bûche et la cendre du Shobogenzo me dissuadent de penser) alors qu’en fait les modifications d’états sont, chacun pour eux-mêmes, des états de réalisation de la loi qui, dans une vision dynamique, se complètent, s’harmonisent et dans une vision "spirituelle" (!!!) de type abrupt, s’identifient.

D’ailleurs, prendre zazen en son sens strict de "méditation assise", est vision erronée dans la mesure où « zazen au sens strict » inclut la marche à petits pas nommée : kinhin qui, en elle-même implique la même vigilance attentive et le risque de fuite en avant dans les idées, concepts et sensations qui se présentent.

Il est bien évident que chacune des pratiques prétend être la plus pertinentes et sans doute je n’échappe pas à cette remarque bien que je ne pense pas avoir jamais prétendu que zazen était la seule voie permettant de s’éveiller. La déclinaison en trois phases qu’en fait Deshimaru ne l’entache pas de nullité dans la mesure où, tout comme l’assise et kinhin, elles n’en sont pas parties constitutives mais au contraire en découlent

Pour être totalement compris, zazen n’est pas une addition de parties mais au contraire les suscite. Si on veut « juste s’asseoir » c’est zazen ; si l’on veut « faire kinhin » c’est zazen, si on fait « la vaisselle » ou « les courses » c’est toujours zazen, l’important étant à chaque fois de savoir, de connaître l’état de notre cœur/esprit et de faire ce que l’on a à faire soit : mushotoku.

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
chakyam

YUIBUTSU YOBUTSU - Seul un Eveillé avec un autre Eveillé – Seul le Buddha connaît Buddha

Dans son discours à Shâriputra, l'Eveillé-Shâkyamuni atteste : « Ce que l'Eveillé a mené à son accomplissement, c'est la Loi primordiale et rare. Loi difficile à comprendre car seul un Eveillé avec un autre Eveillé est capable de pénétrer à fond l'Aspect réel des existants. »

De la même façon que zazen est zazen sans quoi que ce soit d'autre intervienne, il ne peut y avoir le moindre écart entre la Nature de l'Eveil et la Nature de Buddha. Que viennent s'intercaler entre ces deux natures, le moindre raisonnement, la moindre causalité, telle accumulation de mérites, de remords, de regrets (la terre et le ciel sont séparés – Houang-Po) s'en est fini du Réel et de son aspect réel car à ce moment la dualisation reprend le dessus et il n'est plus qu'un produit manufacturé par la Conscience personnelle et non plus l'expression de la Conscience Universelle.

C'est pourquoi dit DOGEN « La Loi de l'Eveillé ne saurait se faire connaître par l'homme (…) nul se s'est éveillé à la loi de l'Eveillé en tant que commun des mortels » ce qui veut clairement dire que la distinction entre sujet connaissant et objet à connaître est à bannir en tant que la personne non éveillée cherche à comprendre et saisir l'Eveil à partir de ses idées alors que l'Eveillé voit et comprend ses idées dans et à partir de l'Eveil.

S'il n'en était pas ainsi la discrimination intellectuelle et spirituelle l'emporterait et la connaissance de la Loi et la pratique de zazen résulterait d'une addition de parties impliquant le rejet de celles qui ne seraient pas choisies; alors que la vaste terre entière est d'elle-même le Corps de la Loi pour ceux qui le savent et ceux qui ne le savent pas, de la même manière que la lune se réfléchissant dans l'eau n'implique ni que la lune ni que l'eau ne le sachent et en soient changées.

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
Jean

PRATIQUER ZAZEN de la même manière que l'on RENTRERA DANS SON CERCUEIL recommande Deshimaru … sans RIEN N'Y APPORTER.
Quand j'avais lu cette phrase de Deshimaru, je l'avais interprété comme un conseil de lâcher prise et se se laisser faire/être par la posture.

Plus tard, en lisant les "Voeux de Mahamoudra" du troisième Karmapa, le conseil de ne rien ajouter, rien enlever à l'esprit m'avait permis d'affiner la pratique. Si quelque chose était enlevé, ce n'était pas par soi-même mais par la posture.

Plus tard les enseignements Tantriques m'ont appris que la bonne posture fournissait au corps les conditions optimas pour la circulation des énergies et que si la posture était maintenue, les énergies se rassemblaient naturellement, rentraient et se dissolvaient dans le canal central. Certaine pratiques yogiques pouvant accompagner, accélérer le processus. Le prana dans le canal central est appelé dans certains textes le "prana de sagesse". Cela recoupait aussi la définition Hindouiste d'un yogi : " Un yogi est une personne qui garde ses pranas dans le canal central"

Ce rassemblement, entrée et dissolution des énergies dans le canal central correspond aussi à la circulation des énergies au moment de la mort.

Cette information donne une dimension supplémentaire/complémentaire à la phrase de Déshimaru

On pourrait dire ainsi que Zazen et toutes les pratiques basées sur la bonne posture et le lâcher prise sont des entrainements à mourir permettant aussi de devenir sage.

le fait de s'être "entrainé" permet d'éviter un tas d'expériences, en général, pas très agréables qu'une personne pas expérimentée peut traverser pendant le processus de la mort. C'est aussi une des conséquences positives de la pratique.
Sourire

chakyam a écrit :D’ailleurs, prendre zazen en son sens strict de "méditation assise", est vision erronée dans la mesure où « zazen au sens strict » inclut la marche à petits pas nommée : kinhin qui, en elle-même implique la même vigilance attentive et le risque de fuite en avant dans les idées, concepts et sensations qui se présentent.
Pourtant, zazen, c'est la méditation assise. Dhyana.
La méditation marchée (kinhin) qui entrecoupe les longs zazen... Est un intermède d'une autre forme de méditation.
Mais je comprends bien qu'on puisse élargir le sens à la méditation en dojo en son ensemble. Là, ça inclut les différentes phases.

Voilà pourquoi dans l'affirmation "zazen c'est zazen", il y a déjà un piège.

Ensuite, si ça veut dire "faires zazen en pleine conscience" et sans se laisser parasiter. OK aussi.
Répondre