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davi
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chercheur a écrit :
08 septembre 2017, 06:59
Ajahn Brahm nous dit :
Dans le bouddhisme, on ne lutte pas contre ses impuretés, on les comprend.
Et lorsqu'on les reconnaît, elles disparaissent.
Est-ce si simple ?

Parfois moi, je me sens découragé à la vue de cette tâche qui me parait sans fin :-(
Nous avons toute l'éternité pour changer, donc autant commencer maintenant... :D Le découragement cela arrive à tous les pratiquants je pense. Mais comme rien ne dure, le découragement fait place à la résolution, laquelle nous fait progresser toujours un peu plus. Il y a celui qui se pose des questions et qui fait du surplace, et il y a celui qui pratique et qui avance. Lequel voulons-nous être ? Le temps ne nous attend pas; donc autant le mettre à profit. Ce qui est vain c'est de ne rien tenter; là on est sûr du résultat, une condition d'être samsarique.

anjalimetta
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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chercheur
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Le découragement cela arrive à tous les pratiquants je pense. Mais comme rien ne dure, le découragement fait place à la résolution, laquelle nous fait progresser toujours un peu plus
Oui. Cette résolution se renforce peu à peu, c'est vrai. Je me suis toujours un peu dis que si je n'étais pas encore éveillé c'est que d'une certaine façon je ne le voulais pas réellement ! ;-)
Ajahn Brahm nous dit :

Dans le bouddhisme, on ne lutte pas contre ses impuretés, on les comprend.
Et lorsqu'on les reconnaît, elles disparaissent.
Ca a l'air facile comme ça. Mais j'ai l'impression que la simple reconnaissance ne suffit pas. Il doit avoir quand même l'aspect de 'lutte", un aspect un peu plus combatif qui doit entrer en jeu. L'idée de lutte fait sans doute intervenir une division en soi, le "Mal" contre le "Bien", alors qu'une reconnaissance suggère un aspect un peu plus unificateur et moins moral. Mais d'expérience, une simple reconnaissance ne suffit pas. J'aime bien l'idée de résolution, ou d'intention qui implique un engagement un peu plus volontaire.
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davi
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Il y a deux principaux obstacles au fait que nous n'ayons pas encore atteint l'Eveil, c'est d'une part l'attrait pour les plaisirs du samsara, et d'autre part le doute concernant la réalité de l'Eveil. Pour les diminuer tous les deux puis pour les éradiquer complètement il n'y a que la pratique du Dharma (étude et méditation). C'est la pratique qui nous fait voir la Réalité telle qu'elle est vraiment et qui nous motive davantage encore. Nous savons que nous sommes sur le bon chemin. De part notre histoire nous avons acquis des habitudes quant à la pratique du Dharma; même si elles sont faibles elles existent. Il faut en profiter, parce que certains n'ont même jamais entendu parler de l'Eveil et du Dharma. D'autres encore n'ont aucune pratique spirituelle et donc aucun moyen d'échapper à leur condition d'ignorance et de souffrance.

Quand tu dis que "la simple reconnaissance ne suffit pas", tout dépend de ce que tu entends par "simple". S'il s'agit d'une reconnaissance superficielle et purement intellectuelle, sans doute cela ne suffit pas. Tenzin Wangyal dans son ouvrage sur les "Yogas tibétains du rêve et du sommeil", nous dit que l'idéal est de "libérer les émotions", c'est-à-dire d'en reconnaître leur véritable nature. Elles ne possèdent pas d'existence propre et sont créées par le karma (habitudes du continuum de l'esprit*) et des conditions "favorables".
Tenzin Wangyal a écrit :La meilleure réponse à l'émotion négative est de la laisser s'auto-libérer, en restant soi-même dans la conscience non duelle, libre de saisie et de rejet. Si nous y parvenons, l'émotion passe comme l'oiseau traverse le ciel; il ne reste aucune trace de son passage. L'émotion surgit et, spontanément, elle se dissout dans la vacuité.
Une réponse autre que l'auto-libération nourrit le karma (positivement ou négativement).

*l'esprit n'est ni le même ni différent; l'esprit d'un moment est la continuité de l'esprit du moment précédent, il en est une conséquence (d'où les rétributions karmiques des actes passés) et non une identité
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Zopa2
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davi a écrit :
09 septembre 2017, 11:00
Il y a celui qui se pose des questions et qui fait du surplace, et il y a celui qui pratique et qui avance. Lequel voulons-nous être ?

Pourquoi se limiter à ces deux choix ?
1- il y a celui qui se pose des questions et qui fait du surplace.
2- il y a celui qui pratique et qui avance.

On pourrait ajouter, pour être complet :

Il y a ceux qui ne se posent jamais de questions et qui n'avancent pas.
Il y a ceux qui ne se posent jamais de questions et qui avancent.
Il y a ceux qui se posent des questions et qui n'avancent pas.
Il y a ceux qui se posent des questions et qui avancent.

Il y a ceux qui pratiquent et qui avancent.
Il y a ceux qui pratiquent et qui n' avancent pas.
Il y a ceux qui ne pratiquent pas et qui n'avancent pas.
Il y a ceux qui ne pratiquent pas et qui avancent.

Si l'on s'amuse à combiner ces deux groupes (questions/pratique), on aboutit ainsi à huit possibilités différentes.

Reste à savoir si chacune de ces huit possibilités logiques contient sa part de vérité.
Je crois que la diversité des êtres permet de supposer que c'est peut être le cas.

Même si j'ai tendance à penser que tôt ou tard, on reste obligé de se poser au moins une question, et cela quelque soient ses questions ou ses pratiques. La question est celle-ci : où tout cela m'a t-il mené ? ( variante de la question " Suis-je maintenant plus heureux ? "

Se dispenser de se poser cette question, c'est renoncer à un "examen de conscience" qui est toujours salutaire, me semble-t-il.


D'autre part, d'un point de vue bouddhiste, le " slogan" essentiel pourrait être :
" L'ignorance est notre ennemi.
La sagesse est notre arme."

Et je ne crois que pas que cette sagesse, qui est aussi une connaissance, puisse se dispenser de la méthode interrogative.
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davi
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En fait Zopa je répondais à Chercheur dans le cadre de son questionnement :
Parfois moi, je me sens découragé à la vue de cette tâche qui me parait sans fin :-(
Chercheur est sans doute quelqu'un qui est déjà (bien?) engagé sur la voie, et qui doute (parfois?). Donc cette réponse en deux cas est adaptée de ce point de vue. Ensuite, effectivement, le questionnement est important dans une démarche spirituelle; le doute est légitime et même salutaire quand il nous empêche de continuer sur un mauvais chemin. Si nous n'avons pas ce doute alors nous continuons dans nos actions malhabiles. Mais si nous doutons de tout sans distinction, alors nous sommes seulement ballottés par les vents du devenir sans choix véritable. Nous avons besoin de faire des choix, et si possible salutaires. Celui qui dit "Je ne sais pas. Il ne m'est pas possible de savoir." laisse le devenir choisir pour lui.
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chercheur
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Chercheur est sans doute quelqu'un qui est déjà (bien?) engagé sur la voie, et qui doute (parfois?).
Engagé sur la voie, je ne sais pas ce n'est pas à moi de le dire, engagée sur mon chemin oui :) après je ne sais pas trop où il va mener. :???: Concernant le doute, oui c'est vrai que je doute parfois, parfois trop même; mais j'ai des réponses qui viennent aussi petit à petit... à son rythme.
Tenzin Wangyal dans son ouvrage sur les "Yogas tibétains du rêve et du sommeil", nous dit que l'idéal est de "libérer les émotions", c'est-à-dire d'en reconnaître leur véritable nature. Elles ne possèdent pas d'existence propre et sont créées par le karma (habitudes du continuum de l'esprit*) et des conditions "favorables".
Ca je suis d'accord, ca se rapproche de vipassana quelque part. Cette reconnaissance c'est l'idéal, mais au jour le jour, dans l'action elle ne se produit pas vraiment spontanément ni clairement pour moi... Ca pourrait rejoindre le fil sur la théorie et la pratique.
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davi
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Les tibétains parlent des 6 bardos. Parmi ceux-ci, le bardo de la vie et le bardo de la méditation. Ce sont deux bardos différents par leurs caractéristiques, mais pas par leur nature ! Ce sont juste des moments de l'esprit. Quand nous nous endormons, nous passons dans le bardo du sommeil et du rêve. Quand nous mourons nous passons dans le bardo de la mort. Voilà notre condition. Quand nous sortons du bardo de la méditation nous entrons immédiatement dans le bardo de la vie, mais c'est toujours et seulement un moment de l'esprit. Une différence c'est qu'en méditation nous sommes vigilants et attentionnés (si tout ce passe bien), tandis qu'à l'état de veille, nous sommes emportés par nos projections... :) A nous d'être plus vigilants et attentionnés. jap_8 C'est un entraînement qui demande des efforts, au début, et puis après ça devient une habitude; plus besoin d'efforts... FleurDeLotus
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tirru...
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Bonjour,

Il me semble qu'Ajahn Brahm parle de compréhension qui d'évidence est un processus de maturation dont la trajectoire est en dent de scie. La patience et la persévérance sont donc de mises, ce n'est pas synonyme de forcing non plus ! Reste à déterminer avec sagacité le chemin qui mène vers cette compréhension et les moyens mis en œuvre pour réaliser le chemin et récolter le fruit du chemin.

Meilleurs souhaits
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chercheur
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Merci pour vos réponses, à vous lire je sens que je devrais avoir plus confiance en la pratique, être un peu plus patient c'est vrai :roll: puis arriver à enraciner davantage la pratique dans le quotidien !
Florent

Davi dit:
"Concrètement, en quoi consiste la pratique de Nembutsu ? Et faut-il recevoir l'initiation ? Il y a tout de même un point important pour pouvoir pratiquer je crois, c'est la foi. Par contre je ne sais pas si des visualisations spécifiques sont nécessaires. Les visualisations, ce n'est pas donné à tout le monde."
Pas d'initiation à recevoir, pas de visualisation non plus( ça c'est dans la version Jodo-shu).
Concrètement ça consiste à rendre hommage au Bouddha Amida pour aller naître dans sa Terre Pure.

Je conseillerais à tous ceux qui sont intéressé par cette pratique d'au moins lire les Trois sutras de la Terre Pure:

Trois Soûtras et un Traité de la Terre pure : Aux sources du bouddhisme mahâyâna aux éditions points dans la collection sagesse ( Toujours disponible en librairie)

sans cette lecture, difficile de comprendre de quoi il retourne vraiment.

Chercheur dit:
Mais à quand l'établissement d'une Terre Pure dans le moment présent ? C'est une image...
Donran disait que la Terre Pure c'est Mushô no shô ce qui veut dire " Naissance à la non-naissance".
Et selon Zendo La Terre Pure est absence des écoulements (muro) des passions. La non naissance désignant la vacuité ultime des êtres et des éléments qui les composent. La perception directe de cette double vacuité fait accéder à la 8ème Terres des Bodhisattvas ( cf le dashabhumika sutra)

Je crois que tu as la réponse à ta question.
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