Soûtra de la Liberté Inconcevable : les enseignements de Vimalakîrti (extraits)

Compagnon

Présentation :

Le « Sūtra de Vimalakīrti » est considéré comme l'un des textes les plus profonds du Bouddhisme Mahāyāna.

Le titre sanskrit original est "Vimalakīrtinirdeśasūtra (विमलकीर्ति-निर्देश-सूत्र), en français « Sūtra de l'enseignement de Vimalakîrti ». Il en existe des versions en chinois, en Chine, au Japon (Hyakumantō Darani), ainsi qu'en tibétain.

Ce sûtra expose les principes essentiels du bouddhisme Mahāyāna, en particulier la notion de non-dualité. L'enseignement y est délivré aux principaux disciples du Bouddha par l'intermédiaire de Vimalakīrti, un disciple laïc du Bouddha. Vimalakīrti leur expose en détail la doctrine de la vacuité, Shunyata, répond à de multiples questions et finit par répondre par le silence qui dit tout.

Version : Trésor du Bouddhisme, chez Fayard.

Chapitre III, les auditeurs.

Shâriputra parle au Bouddha :

"Je me souviens qu'un jour j'étais tranquillement assis dans la forêt au pied d'un arbre quand Vimalakîrti apparut et me dit :

- Ô Shâriputra, il n'est pas nécessaire de s'asseoir comme vous le faites pour être tranquillement assis.

En effet, qui est tranquillement assis ne manifeste son corps et son esprit dans aucun des trois mondes : c'est cela, être tranquillement assis.

Manifester toute les attitudes du corps sans quitter le recueillement de cessation, c'est cela, être tranquillement assis.

Laisser paraître les préoccupations vulgaires sans renoncer aux réalités de l'Eveil, c'est cela, être tranquillement assis.

Quand la conscience ne se fige ni dedans ni dehors, c'est cela, être tranquillement assis.

Exercer les trente-sept auxiliaires de l'Eveil sans renier quelque opinion philosophique que ce soit, c'est cela être tranquillement assis.

Accéder au nirvâna sans abolir les émotions négatives, c'est cela être tranquillement assis.

Qui peut s'asseoir ainsi est marqué au sceau de l’Éveillé. "


flower_mid
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jules
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Manifester toute les attitudes du corps sans quitter le recueillement de cessation, c'est cela, être tranquillement assis.
C'est une chose que l'on dit dans le zen que le zazen ne se limite pas à la posture assise.
C'est une chose qui met du temps à se réaliser, car lorsqu'on commence la pratique le ressenti est qu'il y-a une délimitation entre la méditation et la post méditation.
Quelque part, l'idée semblerait consister exclusivement dans une entreprise consistant à ce que l'esprit de la méditation parvienne à s'étendre à la vie quotidienne, mais selon moi on peut aussi considérer que c'est à double sens et que c'est aussi l'esprit de la vie quotidienne qui travail à pénétrer l'esprit de la méditation.
Compagnon

A faire que la vie quotidienne soit une méditation ininterrompue. Que la méditation soit dans le vie quotidienne et la vie quotidienne dans la méditation. Plus de distinction. De différence. De discrimination. L'une n'est pas séparée de l'autre.
Une distinction de plus, une paire de catégories duelles que l'on est encouragé à abandonner.

Cela me fait penser au rituel de la cérémonie du thé au Japon. Il me semble qu'il y a une dimension spirituelle aussi dedans, rie n'est fait au hasard, c'est un acte quotidien autant qu'un acte spirituel.

Quand on réalise une sorte de "samadhi" constant, qu'on ne sort plus de l'état de samadhi, que ce soit la concentration ou l'établissement dans l'Eveil, alors il n'y a plus de distinction entre pratique et activité quotidienne, aussi triviale soient-elles.
On réalise le non-soi des activités dans le samsara ? Faire la vaisselle n'existe pas en soi, méditer n’existe pas en soi.

On médite en faisant la vaisselle, faire la vaisselle devient méditation, et on peut méditer assis sans bouger avec pour objet : "faire la vaisselle". Après tout, est ce si différent de chercher à visualiser chaque portion de l'image d'un bouddha dans le bouddhisme tibétain et le fait de chercher à visualiser chaque étape de l'action de faire la vaisselle ? Chaque mouvement, chaque forme, chaque action, chaque portion de la vaisselle que l'on lave ? Cela reste un établissement de l'attention, seuls les objets changent c'est tout.

Comme le dit Dôgen dans un texte que j'ai posté il y a peu, si un maître vous dit que le Bouddha ai dans la mousse de votre vaisselle ou dans l'assiette que vous êtes en train de laver, ou dans l'eau du robinet qui coule, c'est qu'il y est.

C'est tellement simple que s'en est drôle je trouve, cela ferait sourire, mais à mettre en application cela demande une telle "révolution" de pensée, un tel changement de regard sur tout notre environnement...
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jules
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Compagnon : Comme le dit Dôgen dans un texte que j'ai posté il y a peu, si un maître vous dit que le Bouddha ai dans la mousse de votre vaisselle ou dans l'assiette que vous êtes en train de laver, ou dans l'eau du robinet qui coule, c'est qu'il y est.
Je pense que tu fais référence à ce texte :
Dogen : Mais quand un patriarche vous dit qu'un crapaud et un ver de terre sont des bouddhas, il vous faut abandonner votre manière ordinaire de voir et de penser, et les croire.


Mais attention, Dogen ajoute aussi :
Toutefois, si dans le crapaud ou le ver de terre vous cherchez à reconnaître le visage du Bouddha auréolé de lumière et tous les mérites propres à un bouddha, c'est que vous n'avez pas encore corrigé les vues fausses ancrées dans votre esprit.
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jules
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Accéder au nirvâna sans abolir les émotions négatives, c'est cela être tranquillement assis.
Deshimaru disait la chose suivante de mémoire :

Le disciple s'apercevra qu'il n'est ni aussi bon, ni aussi mauvais qu'il le croit.
Compagnon

Je vais posté quelque chose sur les rapports maître - disciple par un moine vietnamien.
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