jules a écrit : ↑04 juillet 2017, 18:36
Compagnon : D'ailleurs parfait pour qui ? quand ? en quoi ? En tout ?
La raison pour laquelle il est appelé le Parfait est très clairement décrite dans la phrase postée par Zopa :
"Comme il parle, le Parfait agit. Comme il agit, le Parfait parle. Et c'est parce qu'il parle comme il agit et agit comme il parle, qu'il est appelé le Parfait."
Dans ce cas toute personne qui suit l'adage : je dis ce que je fais et je fais ce que je dis, est "parfait".
Après, peut être, je dis bien peut être, que l'on peut dire que la méthode que propose le Bouddha pour mettre fin à la souffrance est le meilleure qui soi, le meilleure possible, donc peut être peut-on dire que cette méthode est "parfaite".
Mais rappelons aussi que le Bouddha a indiqué qu'il était le doigt qui montrait la Lune, peut importe que le doigt qui montre la Lune soit parfait ou non, l'important est de regardé la Lune.
Si cela fait du bien à certain de se dire "Le Bouddha est parfait", si cela les rassure, les conforte dans leur pratique en se disant : parce que le Bouddha est parfait, sa méthode est forcément parfaite, donc j'ai toute les raisons de la suivre, alors tant mieux. Mais c'est une vue qui n'engage que ceux a qui cela fit du bien.
Personnellement, ma vue est de trouver que dire "le Bouddha est parfait", m'éloigne du Bouddha, me le rend inaccessible, me fait dire : comment puis je jamais atteindre la perfection ? C'est impossible ! Donc pour moi, voir le Bouddha comme parfait est plutôt démotivant. Je préfère le voir comme un être a ma portée, accessible, humain. Là, alors je me dis : il est arrivé à vaincre la souffrance, il est comme moi ou je suis comme lui, humain, alors cela signifie que je peux y arriver aussi.
Chacun le ressent comme il veut. Nous parlons parfois des conditionnement, personnellement je suis "conditionné" par mon vécu, mon histoire personnel, à me méfier d'une vue trop "absolue" du Bouddha, tout comme on a trop déshumanisé Jésus, je trouve qu'il ne faut pas déshumanisé le Bouddha, ne pas le rendre distant en l'affublant de caractéristiques qui fleurent bon le "divin" ou "l'absolu", comme "parfait".
D'ailleurs je me demandais : dans les Sutra, est ce que lui même se qualifie de "parfait" ? Je connais plusieurs qualificatif : Bouddha, ainsi-allé, ainsi-venu, le bienheureux, l'honoré du monde, mais "le parfait" je ne connais pas. Est ce que ce sont ses disciples qui l'appellent ainsi ou s'appelle t-il ainsi ?
Là encore je reprends la comparaison avec Jésus, après sa mort on l'a qualifié de "Seigneur", c'est complètement trahir son attitude, il a dit clairement qu'il était là pour servir, non pour dominé, il a lavé les pieds de ses disciples, et se faisait appelé "fils de l'homme" et non pas "fils de Dieu". Il a refusé de reconnaître un tel qualificatif, il me semble que c'est Pilate qui lui a demandé si il était "fils de Dieu" et qu'il a répondu "c'est toi qui le dit".
C'est tout cela qui me fait dire ce que je dis plus haut. Et c'est pour cela que j'apprécie le livre de Thich Nhat Hanh, très bien documenté, qui rend son "humanité", sa "proximité", au Bouddha. Après c'est ma vue, c'est la façon dont j'ai envie de le voir, je le reconnais. Je ne crois pas qu'elle doit néfaste, elle m'évite de le divinisé, c'est déjà ça. Et je n'impose cette vue a personne, j'explique simplement pourquoi je le vois ainsi et ce que cela m'apporte. Voir en le Bouddha quelqu'un que je peux devenir un jour, non pas "Le" Bouddha mais un bouddha. Dans l'optique du Mahayana évidemment, chacun sait que je penche nettement vers cette tendance et vers l'idéal du bodhisattva, je ne m'en cache pas. Une voie parmi d'autre. Il y a aussi celle des Anciens.
Et le Bouddha était un être humble, il vivait de mendicité, n'avait presque rien à lui. C'est à ne pas oublier.