de la nécessité d'avoir un Maître

Lotus Bleu

...de la nécessité (ou pas ?) d'avoir un Maître. wiseman
Sur le sujet, vu du Bouddhisme en général, et du Zen en particulier, les avis varient...
Les mots sont importants, j'écris bien NÉCESSITÉ et non "préférence" ou encore "option"...
À titre personnel, bien modestement, vu que je suis grand débutant sur la Voie, je me permets de penser que :
- Si on médite correctement (et il faudrait peut être là s'attarder sur le mot "méditation")
- Si on étudie correctement les textes (lesquels et comment ? là encore... matière à discussion...)
Doit-on obligatoirement (nécessité donc...) avoir un Maître ?
C'est oh combien préférable, bien sûr, mais le cas échéant (pour tous types de raisons, plus ou moins valables, dans les valables je dirais : ne pas en avoir "sous la main") chemine t'on vers l'erreur ? mouse(*)
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jules
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Je dirais personnellement que c’est la prégnance du désir d’avoir un maître qui décidera de notre destin à ce sujet. Ce n’est pas que si quelqu’un ressent le besoin impérieux de se confronter à un maître, cela signifie qu’il devra le faire, mais cela signifiera qu’il le fera. La véritable nécessité, c’est celle de l’événement qui se produit en quelque sorte.
Il faudra une pichenette pour pousser quelqu’un qui est déjà quasiment convaincu d’aller voir un maitre, alors qu’il faudra employer l’énergie nécessaire à déplacer un rocher pour convertir quelqu’un qui ne ressentirait pas la profonde nécessité de le faire, et ce sans même être certain d’aboutir au résultat escompté.
Cela pour dire qu’au bout du compte chacun a sa propre voie. En fait, il me semble que dans un domaine aussi intime que celui que représente la connaissance de soi, les conseils des autres devraient être de peu d’importance, cela parce que si la personne est animée par bodaïshin, une forte aspiration à l’éveil, elle saura d’une part transformer son cheminement, quelqu’il soit, en enseignement, et d’autre part qu’elle n’aura à proprement parler aucun choix dans ses démarches spirituelles, cela parce que ses véritables aspirations constitueront pour elle un ordre auquel elle sentira ne pas vouloir se soustraire.
Enfin, l’autre raison de l’inutilité de ce genre de conseils, c’est que la Voie signifie en quelque sorte, prendre l’entière responsabilité de ses actes, c’est à dire, d’une certaine manière, assumer ses choix avec confiance en son propre pouvoir de décision. Si j’attends qu’on me conseille à ce sujet, c’est comme si je cédais à l’autre ce pouvoir qui m’appartient. Dois-je attendre de rencontrer un maître pour qu’il m’enseigne à prendre mes responsabilités, ou dois-je dès à présent me saisir de ce pouvoir et faire ce que je crois bon devoir faire ? Dans le premier cas, ce n’est pas vraiment comprendre ce qu’est un maître, puisqu’un maître sera celui qui précisément fera tout ce qu’il peut pour nous rendre ce pouvoir ; c’est ainsi que dès le commencement, cette décision d’en rencontrer un devrait pleinement nous appartenir je pense. Et dans le deuxième cas, ce serait aller à la rencontre d’un maître en espérant qu’il nous prenne à charge. Et qu’on ne s’y trompe pas, il y-a pléthore de "maîtres" qui préfèrent garder le pouvoir pour eux. Pour éviter ce genre de dérives, il nous appartient je pense dès à présent d’être soi-même maître de notre propre éducation, y compris si nous allons à la rencontre d’un guide.
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davi
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ba11
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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jules
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Bon, cela dit, il est bien clair que rien n’interdit de demander conseil. Parfois, même si on ne les suit pas, l’opinion des autres peut nous faire réfléchir, car leur manière d’éclairer les choses d’une manière qu’on aurait peut-être pas envisagé seul, nourri notre réflexion.
En fait, je pense qu’il faut vraiment se faire le plus possible confiance, c’était le sens de mon message précédant qui avait dans sa formulation quelque chose d’un peu dur à mon avis :oops: , et se dire que quels qu’aient pu être nos choix et nos expériences, tous sont susceptibles de délivrer un enseignement et que cette faculté là, de prendre toute chose comme un enseignement, c’est peut-être quelque part cela l’éveil, dans le sens d’une volonté qui nous appartiendrait, mais qui à la fois nous dépasserait, de chercher à grandir au travers des expériences que nous serions amenés à faire.
En d'autres termes, la puissance de notre bodaïshin devrait nous faire reconnaître que la Voie ne dépend pas de la nature des événements qui ponctuent notre vie..

Voilà, c’était une petite précision un peu HS, qui avait pour but de tempérer mon propos précédant.

anjalimetta
Lotus Bleu

Merci de Jules de ces réponses fort détaillées.
Effectivement, rien n'oblige à pousser jusque là notre propre chemin.
Il semblerait que certains (beaucoup ?) poussent eux jusqu'à regarder (comme bouddhiste reconnu) avec circonspection, ceux qui ne l'ont pas fait, et se sont "contentés" de progresser dans leur coin. Oui, je sais, qu'avons nous à faire du regard des autres ? mais quand même... et puis, plus formellement, ceux (et celles) qui désirent "prendre refuge" (acte formel s'il en est) doivent bien consentir à répondre à ces critères de reconnaissance (collective et de Maître-à-disciple) non ?
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jules
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L'acte même de prendre refuge, contient ce consentement, oui en effet. Mais avant d'être formel, cet acte provient d'une nécessité intime, intimité qui habitera ce qui sans elle ne serait précisément que formel.
Compagnon

J'incline a penser qu'un maître est nécessaire. Mais pour des raisons qui tiennent aussi ma mes propres besoins psychologiques. Pas seulement pour des raisons de principe ou théorique.

Après... trouver un maître "compétent" et sur quel critère ?, "adapté pour nous" si l'on sait au juste ce dont on a besoin ?, savoir jongler entre le respect naturel du a quelqu'un de plus avancé tout en gardant une liberté de discernement et d'indépendance de pensée recommandée par le Bouddha... pas simple... pas simple du tout...

Après... je n'en ai pas de chair et d'os que je puisse rencontrer régulièrement en face à face alors... tout ce que je dis demeure théorique, mon opinion ne vaut pas celle de ceux qui expérimentent déjà pleinement la relation maître/disciple. :oops:
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jules
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La mienne non plus jap_8
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