Samkhara-dukkha

ted

ted a écrit : Je ne pense pas puisque, simplement en méditant, on peut se souvenir de toutes les vies passées :
Compagnon : 1) c'est la théorie. La pratique j'ignore si cela marche.
  • Ce n'est pas une théorie puisque le Bouddha y est arrivé. :) Une théorie est une hypothèse qui n'a jamais été vérifiée expérimentalement. Ou alors, dans ce cas, tu dois dire aussi : "La terre est ronde ? Ce n'est qu'une théorie. Je ne l'ai jamais vérifié, j'ignore si c'est vrai".
Compagnon : 2) encore faut-il savoir qu'il y a possibilité de le faire, être né à la bonne époque dans la bonne culture.
  • Ce n'est pas par hasard qu'on retombe sur les enseignements bouddhistes. Ce sont des empreintes karmiques qui nous y ramènent.
Compagnon : 3) encore faut-il accepter le principe qu'on a eu des vies passées. Compagnon : 4) ce n'est pas accessible spontanément, il faut beaucoup, beaucoup méditer je pense pour y arriver, un gros "travail sur soi".
  • Qu'est-ce qui est accessible spontanément dans la vie sans passer par un apprentissage ? :) Même marcher s'apprend. Lire, écrire, compter, aimer. Tout cela s'apprend.

    Cependant, dans son Manuel de méditation, Ajahn Brahm explique que l'entrée dans le premier jhana devrait être quelque chose de naturel et spontanée. Un peu comme l'endormissement. Pourquoi ? Parce que notre esprit, libéré de ses préoccupations, s'installe naturellement de lui même dans un dyana.
    Ce n'est pas la méditation qui donne accès aux jhanas, mais le lâcher-prise.
    Et dire qu'il faut "beaucoup beaucoup lacher-prise" ça n'a pas de sens. Parce que ça peut être instantané. Ce n'est pas une accumulation de choses à faire. Ca peut être un retournement, une prise de conscience immédiate. Voire intellectuelle.
Compagnon : Ca fait beaucoup de "conditions" justement :)
  • Des milliards !
    Qui peuvent se réaliser toutes en un instant. En un claquement de doigt. Exactement comme quand le spermatozoïde qui t'as donné la vie est entré dans l'oeuf. Ce spermatozoïde n'avait pas une chance sur un milliard. Pourtant, tu es là.
Avatar de l’utilisateur
jules
Messages : 3228
Inscription : 15 février 2009, 19:14

ted a écrit :
22 mai 2017, 19:59
C'est un truc qui ne se voit pas du tout samkhara-dukkha, à moins d'être proche de l'éveil je crois... :oops: :oops:
Puisque c'est une souffrance qu'on doit être capable de percevoir même dans les états plaisants.
jap_8 :idea:
Effectivement, et pour comprendre la sphère de samkhara-dukkha, il faut sans doute se rappeler que l'accomplissement pour le bouddhisme, c'est de ne pas renaître.
Compagnon

@Ted : en effet, je ne me souviens plus ou exactement mais il me semble bien que Walpola Rahula indique que même les état modifiés de conscience , les premiers niveau d'accomplissement véritable, (atteindre samadhi par exemple) est aussi dukkha car cela reste un état conditionné, et le fait d'être soumis à la conditionnalité est dukkha. D'ailleurs en préalable à son explication de la 3ème expression de dukkha, dont il est ici question, la plus profonde, Walpola Rahula commence par réexpliqué en détail les 5 agréagats, qui sont bien évidemment dukkha puisqu' impermanent et conditionnés.
Donc avant l'Eveil même certains états "plaisants" assez profond et durables demeurent dukkha car inconstants et conditionnés.

Lorsque Milarepa à propos de la pratique synthétise je trouve merveilleusement les 3 étapes :

Au début rien ne vient, au milieu rien ne reste, à la fin rien ne s'en va.

Au début rien ne rien : est dukkha, insatisfaisant puisque l'on fait des efforts et qu’apparemment il n'y a aucun changement, cela semble en pure perte, c'est décourageant.

Au milieu rien ne reste : est encore dukkha, frustrant car les bénéfices qui semblent apparaître sont intermittent, on doit continuer à fournir des efforts mais rien n'est gagné, rien n'est sûre. Et malgré des efforts constants le résultat demeure inconstant, c'est encore frustrant et décourageant.

A la fin rien ne s'en va : là on peut le comprendre comme l'état d'Eveil, peut être, les bénéfices acquis sont stables, sûres, plus de dukkha ?

Notez la répétition du "rien" qui peut faire penser comme pour l'interprétation du zen, que la pratique ne permet pas d'obtenir ou d’acquérir quelque chose d'extérieur, de nouveau, d'étranger. On "obtient" "rien" d'étranger, on réalise quelque chose qui est déjà là. On accompli quelque chose qui n'a jamais cessé d'être là. Donc on ajoute "rien", on réalise. Un peu comme une fleur qui éclos. La fleur n'acquière par pétale, pollen, odeur etc.. ils sont déjà là à l'état potentiel mais non exprimés. Les conditions propices ne sont pas réunies.

Donc on peut voir l’éveil comme "l'expression" pleine et entière du potentiel de libération du pratiquant et non pas l'acquisition de quelque chose venu de l'extérieur. Non un "avoir" mais un "Etre".
Je ne suis pas sûre que ce soit clair mais je ne vois pas comment l'exprimer autrement.

Voila, la voie c'est une graine en nous. Quand on choisi de l'arroser, de l'alimenter à ce dont elle a besoin, elle germe, pousse, sort de terre, les feuilles pousses, la tige, puis le bourgeon et enfin la fleur de la libération éclot. Mais l'Eveil est déjà là dans la graine dés le départ. Peut être est ce la seule chose vraiment constante ou une des seules choses vraiment constante dans le flux de conscience de renaissance en renaissance. Le flux de conscience contient en lui la graine pour mette fin à sa propre continuation sous forme de renaissance. Dukkha contient la graine de la cessation de dukkha, le karma contient la graine de la cessation de la production du karma.
ted

Exemple de samkhara-dukkha : le monde des dévi où l'éveil est impossible car les situations sont trop plaisantes.


Au début rien ne vient, au milieu rien ne reste, à la fin rien ne s'en va.
Je le comprends comme suit :
  • au début, on a beau pratiquer, on ne progresse pas vraiment. Ca peut décourager. On continue à voter FN. A s'énerver. A détester des gens. A être fier.
  • au milieu, on a des expériences bouleversantes, structurantes, mais elles nous filent entre les doigts. Des sidhis apparaîssent, puis disparaissent. On a des éclairs de compréhension, qu'on fini par oublier. On devient un peu gateux, amnésique. On ne se souvient presque plus des livres qu'on a lus. On a presque peur d'être en train de devenir fou, Alzheimer peut-être ? On ne sait plus trop qui on est. Et on s'en fout un peu d'ailleurs. On vit au présent, instinctivement. Comme un poisson rouge avec 10 secondes de mémoire.
  • à la fin... on a une certitude : on sait qu'on a franchi une barrière invisible... on sait que c'est irréversible...
Compagnon

En fait c'est peut être plus facile à voir que je ne pensais. Je dis bien a voir et comprendre (ressentir ensuite cela comme souffrance c'est autre chose, prendre la pleine mesure de la souffrance qui en est issu c'est autre chose).

Prenons un exemple concret et simple, je vais prendre ce que je connais le mieux : ma personne.

Il y a eu tout un jeu de causes, de conséquences, de conditions, sur lesquelles je n'ai, à ma connaissance, pour le moment, eu aucun contrôle, qui ont fait que : je suis né à une certaine époque, dans un certain lieu, d'un certain sexe, dans un certain milieu, j'ai hérité d'un certain patrimoine génétique, dés la naissance on m'a donné un certain cadre de référence culturel et moral, on m'a appris une certaine langue, etc... Donc dés le départ j'ai vu le champ des possible se réduire comme une peau de chagrin sans que je puisse y faire grand chose. En plus comme dans mes naissance passées j'ai produit plus ou moins de karma de différentes sortes mais sans rien savoir actuellement de quel nature au juste ni en quel quantité, j'ai été conditionné par ce karma pour être ce que je suis actuellement.
J'ai été conditionné plus ou moins consciemment par mes parents sur tout un tas de préjugés, et j'ai moi même conditionné mon enfant de diverses façon même si pourtant j'essais de rester libéral sur le plus de choses possibles.

Peut être n'est ce pas plus compliqué que cela ce qu'on entend pas samkhara-dukkha, être conditionné et conditionner à son tour, même malgré soi, même quand on en est conscient.
Répondre