L'égo, l'égo, encore l'égo

ted

J'ai fait une tarte aux pommes ce matin.

Sans vouloir revenir sur les récents événements politiques, je constate un dénominateur commun dans les reproches qui ont été fait aux deux principaux candidats. Et ce dénominateur commun, de quoi s'agit-il ?
  • on reproche aux libéraux de ne penser qu'aux profits de leurs entreprises, sans tenir compte de la souffrance sociale.
  • on reproche aux nationalistes de ne penser qu'à leurs semblables, sans tenir compte de la souffrance des autres humains.
Sans vouloir trancher, section bouddhiste oblige (je compte sur vous), force est de constater que le reproche commun est le même : "Ils ne pensent qu'à eux. Ils ne pensent pas assez aux autres !" Quelle merveille !

Les gens ne sont-ils pas finalement très conscients que c'est l'égoïsme, donc l'égo, qui sous des apparences différentes est le premier véhicule de Mara ?
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Compagnon

@Ted : Tout d'abord, analyse intéressante, non dénuée de pertinence et de fondement.

Nuance : je doute que les gens dont tu parles (ceux qui sont "très conscients" dans ta dernière phrase) sachent pour la plupart qui ou ce qu'est Mara, sous ce nom du moins.

Confirmation : il y a bien des années Soeur Emmanuelle (donc une moniale chrétienne catholique) était dans une émission de TV, et l'animateur, je ne sais plus si c'était Jean-Pierre Foucault ou Michel Druckert ou un autre (c'est sans importante au fond) lui demanda quel était selon elle le plus gros défaut de l'humanité : elle répondit sans hésité, l'égoïsme.

Ajout : je crois qu'on peut aussi "trouvé Mara" dans le fait de croire que la satisfaction des uns devait forcément se faire au prix d'une insatisfaction des autres.

Quand tu écris ceci :

"Ils ne pensent qu'à eux. Ils ne pensent pas assez aux autres !"

Je crois que choisir : ne penser qu'a soi, est insatisfaisant.
Je crois que choisir : ne penser qu'aux autres, est insatisfaisant.
Mais qu'il est possible d'atteindre quelque chose de plus satisfaisant en ce disant : si je fais mon bonheur en prenant en compte le bonheur des autres et je fais le bonheur des autres en prenant en compte le mien, on arrive à un équilibre.
Ni culpabilité engendrée par l'égoïsme, ni frustration et oubli de soi engendré par un trop grand dévouement aux autres.
Se dire : agir pour le bien des autres parce que cela nous fait plaisir n'est pas altruiste mais au fond égoïste, n'est pas une vue correcte, cela engendre un cynisme absolu. Cela sous entend que l'altruisme n'existe pas. Et dans ce cas, a quoi bon aider son prochain ?

En effet je pense que pas mal de gens si tu les interroge pensent comme Soeur Emmanuelle, alors pourquoi ne changent-ils pas leur comportement ? Parce qu'il pensent que mettre fin à leur égoïsme leur coûtera quelque chose et ne leur apportera rien. Croyance tragique. Ceux qui agissent sincèrement dans le caritatif par exemple disent souvent quel bien cela leur fait à eux, ce qu'ils y gagnent humainement. Mais on ne peut le comprendre qu'en osant essayer, franchir le pas, prendre le risque et traverser cette fausse croyance mentionnée ci dessus.
Tendre la main vers l'autre dans la rue par exemple, peu faire peur, on ne sait pas comment l'autre va réagir, on ne veut pas se dire : oui cela pourrait être moi celui qui est assis là par terre dans la rue, si j'avais eu moins de chance, on refuse de se dire : a moi aussi cela peut m'arriver. Certains se justifient en se disant : il l'a surement bien cherché, on ne finit pas comme ça par hasard.
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Circé
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Il y a un dessinateur humoriste qui dessine des oiseaux, qui discutent. Dans un dessin, un des oiseaux demande:
" qu'est qu'il y a de pire dans notre société? L'ignorance ou l'indifférence". L'autre répond:" j'en sais rien et j'm'en fous".
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jules
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La culpabilité propre à notre égoïsme est sans doute l'appel du bonheur que nous ressentirions à être plus généreux.
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axiste
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Humilité devant les mots, ceux des autres et les nôtres, ceux qui parcourent le monde atteignent nos résonances...
Nos propres mots nous parlent et tombent dans un silence.
Il y a...
Sans vouloir trancher, section bouddhiste oblige (je compte sur vous), force est de constater que le reproche commun est le même : "Ils ne pensent qu'à eux. Ils ne pensent pas assez aux autres !" Quelle merveille !
jap_8
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Compagnon

jules a écrit :
08 mai 2017, 13:05
La culpabilité propre à notre égoïsme est sans doute l'appel du bonheur que nous ressentirions à être plus généreux.
ba11
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davi
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Je pense donc je suis.
Descartes

Quelque chose pense, mais que ce quelque chose soit l'antique et fameux "Je" ce n'est à tout le moins qu'une supposition, qu'une allégation, ce n'est surtout pas une certitude immédiate.
Nietzsche

http://www.philolog.fr/la-critique-de-l ... rtesienne/
Il est permis de douter, de tout, du fait que l'objet que je vois n'existe pas de son côté, du fait que moi-même je n'existe pas de mon côté, mais il n'est pas permis de douter qu'il y a conscience de.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Ce matin, avec mon père, nous nous promenions dans le parc de Buttes Chaumont, et nous avons assisté à une scène aussi révélatrice qu'affligeante.

Il y avait du monde dans ce parc ce matin, tous âges, marchant, courant, assis sur des bancs.

Dans une des allées principales nous marchions au milieu de l'allée comme beaucoup de gens, ce sont des allées toutes piétonnes, peu de vélos. Nous parlions mon père et moi quand a quelques mètres devant nous mon père a reconnu une personne de sa connaissance qui marchait aussi avec quelqu'un et bavardait. Mon père voulait la saluer. Nous avons hâté le pas. Arrivé à hauteur de cette personne mon père nous a présenté, une dame âgée, malvoyante. La personne qui l'accompagnait était sur le coté à environ un mètre d'elle.

Cette personne âgée fit alors un geste du bras pour désigner quelque chose, je ne sais plus pourquoi au juste, obstruant partiellement l'étroit passage entre elle et son propre compagnon. Hors de derrière nous venait un coureur, très rapide, une sportif, d'une cinquantaine d'année. Il ne pu anticipé le mouvement du bras de la dame âgée. Il courrait trop vite et visiblement soucieux de maintenir sa cadence avait pensé pouvoir se faufilé dans l'espace étroit, sans pouvoir prévoir qu'il se rétrécirait brusquement. Il passa au travers de nous, ne bousculant que légèrement la dame âgée.

Toutefois il perdit le contrôle de sa course, heurta une autre promeneuse devant nous, et il finirent tout deux à terre.
Des témoins s'approchèrent pour voir si il n'y avait pas trop de mal. L'homme n'était pas trop mal tombé, il état sportif, donc un corps entretenu, il c'était tout de même éraflé le bras. Une bonne coupure mais rien de grave, la femme par contre avait sa tête qui avait heurté le sol dur, elle avait mal derrière la nuque.

Après quelque secondes de surprise, les 2 personnes se relevèrent. Les témoins les aidèrent à le faire. L'homme allait bien, la femme était désagréablement surprise et se frottait la base de la tête, elle devait avoir la cinquantaine aussi environ. Pas du tout une sportive, une simple promeneuse.

Le coureur ne s'excusait même pas. Il avait l'air de trouver que c'était un malheureux incident, un mauvais concours de circonstances dont il n'était en rien responsable, une maladresse, involontaire. A aucun moment durant toute la scène il ne s'excusa jamais ouvertement. Il ne s'enquit jamais non plus de la santé de la femme.

La dame blessée à la tête commença sur un ton plutôt plaintif , après s'être assise sur un banc en se frottant la tête, à dire au coureur, "Vous devriez faire attention, vous couriez trop vite, c'est un espace public, il y a du monde..."

L'homme parlait mais ne s'excusait pas, pas la moindre manifestation de regret, même si cet incident était involontaire, il aurait été naturel, de bon ton, de s'excuser, par pure politesse. Mais non.

La femme souffrait visiblement, aussi bien de la peur du à la surprise du choc que de la douleur à la base de sa tête. Et comme l'homme ne faisait pas mine de s'excuser, évidemment la dame... "monta dans les tours" comme on dit.

Elle réitéra ses reproches, disant à l'homme sur un ton cette fois ci en colère qu'il aurait du faire attention, qu'en substance il n'était pas tout seul. Qu'l était dangereux.

De notre coté, la dame âgée commença a s'excuser, elle, disant qu'elle était peut être un peu responsable puisqu'elle avait levé son bras sans faire attention.

Le coureur, lui, montra alors son avant bras saignant un peu dit à la dame souffrant de la tête : mais je suis blessé moi, vous le voyez bien.

La dame sur le banc elle lui rétorqua : qu'est ce que vous en savez vous si je ne suis pas blessé ? J'ai une grosse bosse derrière la tête !

Le coureur finit par s'éloigner et ne comprenant absolument pas pourquoi la dame à la tête douloureuse s'énervait comme ça, dit plus ou moins à la cantonade : cette dame a besoin d'extérioriser son trop plein de colère, elle ne va pas bien dans sa tête, elle devrait faire du sport.

Puis il s'en fut.



A aucun moment cet homme n'exprima la moindre compassion, a aucun moment il ne reconnu la moindre responsabilité dans la situation, à aucun moment il ne se mis à la place de la personne qu'il avait renversé et à aucun moment il ne remis en cause sa propre conduite. Un égocentrisme ahurissant, c'était criant, un cas d'école.

Pour cet homme ce qui était le plus important et dommageable c'est que son entraînement à la course avait été interrompu et qu'il avait une éraflure au bras. Cet homme était totalement centré sur lui. En tant que témoins de la scène cela m'a sauté aux yeux. Personne n'a dit a cet homme ce qui clochait. Sa victime et lui son repartis chacun de leur coté.

Je ne suis pas intervenu car maintenant j'ai tendance à m'abstenir sauf si c'est absolument nécessaire. Je ne sais pas forcément comment il faut faire. Et ce coureur m'inspirait plus de la colère et de l'agacement par son indifférence qu'autre chose, quand on est dans cet état là mieux vaut ne rien faire.
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Circé
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Vous connaissez la définition d'un égoîste?

C'est quelqu'un qui ne pense pas à moi. youpi_333
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