Pratique bouddhique et bonne gouvernance d'un pays

Compagnon

Sur les traces de Siddharta, chapitre 30, page 166-167-168 : La forêt de bambous. Thich Nhat Hanh.

Dans ce chapitre, Le Bouddha, entre autre choses, parle des préceptes et règles de vie pouvant amener une paix et une prospérité durable à un royaume.

Dans l'index final, Thich Nhat Hanh mentionne les sources qu'il a employé pour faire s'exprimer le Bouddha. Je cite toutes les sources mentionnées pour le chapitre mais le Bouddha y parle aussi d'autres choses :

- Vin.mv. Kh. 1.
- Jataka (Kh. 10).
- Siaum Tsi Po Yuan King (T.200).
- Purnapukhavadanasataka.
- Lieou Tou Tsi King (T. 152).
- Cheng King (T.154).

T : tripitaka révisé du Taisho.
Kh : Khudakka-nikaya.
Vin : Vinaya.
Mv. : Mahavagga.

« Après le repas, le roi Bimbisara se tourna vers le Bouddha et, joignant les mains, lui demanda d'enseigner le Dharma. L’Éveillée présenta les cinq préceptes comme le moyen de générer la paix et le bonheur dans sa famille et dans tout le royaume.

Le premier précepte demande de ne pas tuer. L'observance de ce précepte nourrit la compassion. Tous les êtres vivants ont peur de la mort. De la même façon que nous chérissons notre propre vie, nous devons protéger celle des autres êtres. Nous devons éviter d'ôter lac vie à un être humain mais aussi de tuer les autres espèces. Nous devons vivre en harmonie avec les gens, les animaux, les plantes et les minéraux. Si nous développons un cœur aimant, nous pouvons réduire la souffrance et rendre la vie meilleure. Si chaque citoyen se conforme à ce précepte, le royaume vivra en paix. Quand les gens respecteront la vie de leurs voisins, le pays prospérera, sera puissant, et épargné de l'invasion étrangère. Même si le royaume est puissant militairement, il n'aura pas à montrer sa force. Les soldats pourront se consacrer à des tâches bénéfiques comme la construction de routes, de ponts, de marchés et de barrages.

Le deuxième précepte demande de ne pas voler. Nul n'a le droit de s'attribuer les biens qu'autrui a gagnés à la sueur de son front. N'escroquez pas les autres et n'usez pas de votre pouvoir pour vous attribuer leurs biens. Faire des profits en exploitant la sueur et le travail des autres bafoue aussi ce principe. Si les citoyens le respectent, l'égalité sociale se développera, et le vol et le meurtre seront éradiqués.

Le troisième principe demande d'éviter toute conduite sexuelle inappropriée et d'être fidèle à son épouse. L'observance de ce précepte amène la confiance et le bonheur dans la famille, et évite d'infliger des souffrances inutiles aux autres. Si vous souhaitez le bonheur, abstenez-vous d'avoir plusieurs concubines.

Le quatrième précepte demande de ne pas mentir. Ne prononcer pas des mots pouvant susciter la division et la haine. Vos paroles doivent respecter la vérité. Oui veut dire oui. Non signifie non. Les mots ont le pouvoir de générer la confiance et le bonheur ou bien l'incompréhension et la haine, voire le meurtre et la guerre. S'il vous plaît, utilisez-les avec le plus grand soin.

Le cinquième précepte demande de ne pas boire de vin ou d'absorber des drogues qui troublent l'esprit. Quelqu'un sous l'influence de ces substances peut infliger de multiples souffrances à lui-même ainsi qu'a sa famille et aux autres. L'observance de ce précepte permet de préserver la santé du corps et de l'esprit.

Si Votre Majesté et toutes les personnalités de haut rang étudiez et vous conformez à ces cinq préceptes, le royaume en retirera de grands bénéfices. Votre Majesté, un roi responsable doit vivre en Pleine Conscience et savoir tout ce qui se passe dans son royaume, à tout moment. Si vous veillez à ce que vos sujets observent les cinq préceptes, le pays de Magadha prospérera."
Dernière modification par Compagnon le 06 mai 2017, 13:17, modifié 1 fois.
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axiste
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Bouddha n'avait pas d'armée
Ne répondait pas à la peur par la force
Il invitait à mieux se connaître et à voir l'insatisfaction en chacun
Il proposait un cheminement individuel et mettait l'homme face à ses responsabilités en l'invitant à mieux se connaître
Bouddha n'invitait pas à faire de la politique
C'est périlleux de faire des ponts entre des choses qui n'existent pas
Tu devrais vraiment te mettre au jardinage Compagnon :cool:
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Compagnon

Non il n'en avait pas, ou plutôt si, une "armée de moine", sans arme, donc l'arme était la parole et le bouclier la vertu, mais il pris apparemment le temps de parler à ceux qui en avaient des armes, il ne s'est pas coupé du monde réel. Et il était apparemment conscient que tout le monde ne pouvait pas être Lui, qu'il fallait bien faire avec la réalité du monde et des gens. Il ne s'est pas interdit de conseiller les rois quand on lui demandait son avis, il ne s'est pas interdit il me semble non plus d'intervenir sur demande pour mettre fin à des conflits.
Que vaut le jardinage individuel si il ne se préoccupe pas des jardins voisins sachant qu'il y a parfaitement continuité entre la terre de son propre jardin et celle du jardin du voisin ?
Mais tu as raison sur un point au moins, cela fait quelques temps que déjà que je suis de moins en moins compris quand je m'exprime ici, je vais donc me forcé à une pause en effet c'est nécessaire. Et cela ne retire rien au contenu que j'ai cité au début du post.

D'ailleurs j'édite et ne laisse que le texte original sans commentaire.
ted

Compagnon a écrit :
06 mai 2017, 12:35
Cela fait un programme politique je crois assez cohérent avec les 5 préceptes ? Qu'en pensez vous ?
C'est une bonne idée je trouve.
C'est vrai que le Bouddha donnait des conseils à des rois (à leur demande ).
C'est vrai que c'est grâce à un roi, Ashoka, donc un politique, que nous pouvons parler bouddhisme ici de nos jours. Car ce roi est devenu le protecteur du Dharma et en à fait la religion officielle du pays.

Mais les choses ont changé depuis. Et en France, il y a la Loi de 1905
Et donc la séparation de l'église et de l'état.
Donc, on ne peut pas introduire des principes bouddhiques dans le fait politique.
Laïcité et neutralité: le principe de laïcité impose des obligations au service public, la neutralité à l'égard de toutes les opinions et croyances. "La neutralité est la loi commune de tous les agents publics dans l'exercice de leur service".

Laïcité et liberté religieuse: la laïcité ne se résume pas à la neutralité de l'Etat, ni à la tolérance. Elle ne peut ignorer le fait religieux et implique l'égalité entre les cultes. Dans la ligne de sa jurisprudence classique sur les libertés publiques, le juge administratif s'efforce de concilier liberté religieuse et respect de l'ordre public.

Laïcité et pluralisme: si le législateur, en 1905, a fait disparaître la catégorie des cultes reconnus, et si l'Etat ne doit donc désormais "reconnaître" aucune religion, il ne doit en méconnaître aucune. Parmi les acquis de la laïcité, figurent l'affirmation que toutes les religions ont droit à l'expression et, contrepartie de la précédente, celle qu'il ne doit pas y avoir, par une ou plusieurs d'entre elles, accaparement de l'Etat ou négation des principes fondamentaux sur lesquels il repose.»

Source : Conseil d'Etat rapport public 2004 : jurisprudence et avis de 2003. Un siècle de laïcité
ted

http://www.soka-bouddhisme.fr/bouddhism ... interieure

Je sais que c'est un site de la Soka, mais l'histoire du roi Ashoka y est trop bien racontée. love2 Ca vaut vraiment la peine d'en prendre connaissance.

Un extrait :
La prise de conscience

On situe son sacre autour de l'an 260 av. J.-C.2 Il semble que, ce jour-là, un cousin, moine, lui parle du bouddhisme. Ashoka s'y intéresse, mais, pris par sa fonction, il n'est pas très assidu. Il ne va rien changer à sa vie fastueuse de monarque.

Huit ans après le sacre, il entreprend la conquête d'un puissant royaume voisin, au sud, le Kalinga. Les combats sont d'autant plus rudes que le voisin est puissant. Et, soudain, c'est le choc ! Ashoka parcourt les villes dévastées. Il prend conscience de l'horreur de la guerre : les morts partout, les familles brisées, les amitiés anéanties.

Tout ce qui fait la vie quotidienne des humains est irrémédiablement détruit. Il est d'autant plus bouleversé que cent cinquante mille personnes sont déportées, cent mille ont été tuées et bien plus encore sont mortes des suites du conflit. Il en gardera de profonds regrets et n'aura, finalement, pas le coeur d'annexer le Kalinga, dont il fera un protectorat indépendant. Tous ces détails sont gravés dans son édit XIII3, donc lisibles par tous, signe de la sincérité de son repentir.
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jules
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C’est Malraux qui a dit cette phrase célèbre : « Le XXI eme siècle sera spirituel ou ne sera pas ».
Pour moi, cela signifie assez simplement que les décisions prises au niveau politique, ne représentent que des changements de surface qui ne saurait toucher le coeur du problème.
En effet quel est le coeur du problème ? C’est Dukkha nous dit le Bouddha, à savoir la souffrance liée à l’insatisfaction inhérente à l’existence humaine. La résolution de ce problème concerne donc chaque individu et sa capacité à s’engager dans un travaille dirigé sur lui-même, « Tournez votre regard à 180° » disait Dogen. Le Bouddhisme n’a donc pas d’ambitions politiques, son rayon d’action c’est l’individu. La seule chose qu’on pourrait peut-être dire sur ses répercussions sociétales, c’est que si la société s’avère être constituée par des individus sains qui se sont réformés, ce que vise la médecine du Bouddha, le résultat pourrait bien en être un fonctionnement spontanément optimal de la vie en commun.
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jules
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Donc, pour répondre à cette question :
Compagnon : Que vaut le jardinage individuel si il ne se préoccupe pas des jardins voisins sachant qu'il y a parfaitement continuité entre la terre de son propre jardin et celle du jardin du voisin ?
Si le jardin de mon voisin est beau, peut-être aurais-je envie de lui demander des conseils de jardinage. :D
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axiste
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Compagnon, mes mots étaient très spontanés, c'est dommage d'effacer les tiens…tout aussi spontanés je suppose <<metta>>
Je ne détiens aucune vérité, j'essaie de cheminer.

Donc ok, le Bouddha faisait de la politique en conseillant les rois. Est-ce que c'était sur la demande de ces derniers ? J'imagine cela…

Que vaut le jardinage individuel si il ne se préoccupe pas des jardins voisins sachant qu'il y a parfaitement continuité entre la terre de son propre jardin et celle du jardin du voisin ?
Je ne peux pas jardiner le lopin de mon voisin, il ne serait pas content, sauf si nous nous accordons tous les deux.
Le jardinage individuel est important et le jardinage en commun également s'il résulte d'un accord avec mon voisin. Je ne vois pas pourquoi l'un annulerait l'autre ?
Qu’est ce qu’une nation, sinon une vaste agglomération d’individus ? Une nation ou un Etat ne pense ni n’agit. C’est l’individu qui pense ou qui agit. Ce que l’individu pense et fait c’est ce que la nation pense et fait. Ce qui s’applique à l’individu s’applique à la nation ou à l’état. Si la haine ou l’amour peuvent être apaisés chez l’individu, ils peuvent aussi se concrétiser au niveau national ou international. Même pour une seule personne il faut énormément de courage, d’audace, de confiance et de force morale pour répondre à de la haine par de l’amour. N’en est-il pas de même pour les affaires nationales et internationales ?
http://portail-dhamma.com/le-bouddhisme ... et-la-paix


D'ailleurs ce texte présente d'autres passages intéressants:

Sur les armes:
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui connaît une peur, une suspicion et une tension constante. La science a produit des armes qui sont capables d’une destruction inimaginable. En brandissant ces instruments de mort, les grandes puissances se menacent et se défient mutuellement en se vantant sans honte que les leurs pourraient causer plus de destruction et de misère dans le monde que ceux des autres. Est-ce qu’ils ont encore toute leur raison ? Est-ce que leur comportement est différent de celui des fous ? Est-ce que les gens peuvent avoir du respect ou de la foi en ce genre de dirigeant ? Ils sont allés tellement loin dans cette démarche folle que s’ils ne font qu’un pas de plus, même par erreur, le résultat en sera une annihilation mutuelle en même temps que la destruction de l’humanité – un holocauste global inimaginable. Des êtres humains qui craignent la situation qu’ils ont eux mêmes créée veulent trouver une issue et cherchent toutes sortes de solutions. Mais il n’y en a pas à part celle prêchée par le Bouddha dans son message de non violence, de paix, d’amour et de compassion, de tolérance et de compréhension, de vérité et de sagesse, de respect et de considération pour la vie, de l’absence de haine, de haine et de cruauté.
Et encore sur le jardinage
« La seule conquête qui apporte le bonheur et la paix est la conquête de soi-même. Même si ont conquiert mille fois mille hommes dans une bataille, seul celui qui se conquiert lui-même est le meilleur conquérant » (Dhammapada 103).
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Compagnon

Sauf que les principes proposés par le Bouddha ne sont pas propres au bouddhisme, ce sont des principes de bons sens universel pour la paix sociale. Comme le dit souvent le Dalaï Lama : vous n'avez pas besoin d'être bouddhiste pour comprendre cela ou pour le constater.

Mettez en application les 5 préceptes sans les étiqueter "bouddhisme" et c'est tout.

@Axiste : apparemment oui, c'était toujours sur demande, jamais il n'imposait sa parole. Des gens venaient le voir. Etant donné qu'il bougeait tout le temps et eu égard au contexte sociale de l'époque, demander l'avis d'un sage, d'un ascète, d'un brahmane quand on était soi-même roi, c'était chose courante. Banale. On partait du principe qu'en raison de leur sagesse ces "saints hommes" pouvaient surement être de bon conseil pour le gouvernement. Et ne pas oublier qu'il était lui même fils d'un seigneur, donc issu de l'aristocratie locale, d'un clan guerrier. On lui a aussi fait de son vivant don de terrains pour sa communauté toujours grandissante ce qui faisait bien malgré lui de lui un propriétaire terrien.
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jules
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Le Dalaï Lama a raison de dire ça.
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