Dukkha, Sukkha, nibbana et l'éveil

ted

Compagnon a écrit :
Tirru a écrit :Ceux qui connaissent les écritures savent combien le bienheureux veillait à se qu’on respecte scrupuleusement le Dhamma
Ma citation relève scrupuleusement du Dhamma pour appuyer mes propos interrogatifs sur mes interrogations quand aux Dhamma. Je ne vois toujours pas en quoi mes questionnement sont problématiques.

Tu m'as demandé une référence écrite précise de source fiable appuyant ma démarche, je l'ai fournie, son contenu est sans ambiguïté. Toujours pas satisfait ?
Tirru te répondra.
Mais en fait, connaissant un peu Nangpa et ayant été moi même "rappellé à l'ordre" quelquefois :mrgreen: la réponse est toute bête : les interrogations, on les met dans la rubrique "réflexions personnelles" et non dans la rubrique bouddhisme.

C'est de ma faute, car c'est moi qui ai posté le sujet dans la rubrique bouddhisme.

Les interrogations "admises" dans la rubrique bouddhisme sont celles des débutants. Et on est censé leur fournir une réponse documentée.

Bon, le problème c'est que la section la plus vivante est la section bouddhisme. Donc tout le monde y poste par réflexe.

Je ne partage pas spécialement cette politique de cloisonnement, mais l'expérience a montré qu'elle était souhaitable, car emportés par notre élan, nous confondons parfois le Vrai Dharma (buddha vaccana) avec la perception que nous en avons. Moi le premier d'ailleurs. :lol:
Compagnon

Pour l'instant je ne suis pas fichu de percevoir autrement le Dhamma qu'avec ma propre perception. Désolé.
Quand à "vrai" dhamma, cela sous entend un "faux" dhamma ou dhamma erroné. Vous savez ce que je pense des dualisme ou du moins ce que j'ai appris là dessus par mes lectures bouddhiques... XD
Dhamma tout court me paraît préférable. Plutôt que de le qualifier de "vrai".

Cela me fait penser à un passage du film Zen sur la vie de Maître Dogen, on y voit Dôgen soucieux de revenir à la vrai pratique en but à d'autres moines qui estiment eux aussi être dans le vrai mais en désaccord avec lui... et ils viennent armés de torches le chasser lui et ses moines et mettre le feu a son ermitage. Dôgen s'en va alors avec les siens fonder un ermitage ailleurs. Il empêche d'ailleurs ses moines de riposter. Bel exemple de là ou mène la question de savoir qui est plus dans le vrai que le voisin... discrimination, violence. Le Bouddha aurait-il approuvé cela ? De la violence commise au nom du prétendue "vrai" Dharma ?

La force est l'arme de ceux qui sont dans l'erreur/se trompent/ont tort.
ted

Buddha vaccana veut dire "parole du bouddha".

C'est juste un raccourci pour faire passer l'idée qu'il y a un enseignement à préserver. Cela dit, cet enseignement n'est pas un dogme puisqu'il est dit que nous devons le vérifier "par nous-mêmes". Ce n'est pas une parole divine révélée qui aurait force de loi.

Cependant, il faudrait la transmettre de la façon la plus exacte possible, puisque c'est à partir de son expression, de son énoncé, que nous sommes censés expérimenter.

Mais notre réflexion est biaisée, car dans le bouddhisme, le Dharma est censé se transmettre de maître à disciple. Mais bon, bref :D Il y a un socle d'enseignement qu'on essaie de préserver et je pense que les lecteurs savent faire la différence entre un texte signé par un maître et des commentaires postés par les membres. Dans le doute, c'est vrai qu'il est plus sage de poster certains questionnements dans la section "réflexions personnelles" ou dans "Salon de thé".

Perso, je préfère Salon de thé. On peut y faire des blagues douteuses. :)
Compagnon

Penser en terme de bonne ou de mauvaise conservation du Dharma, de Dharma correct ou non correct, de véritable ou non véritable, de Petit ou de Grand Véhicule c'est toujours opérer une discrimination :

Action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses à partir de certains critères ou caractères distinctifs.

Le critère de la conservation la plus parfaite des paroles du Bouddha est... un critère qui peut entraîner une vue discriminante.
Dans la section propre au bouddhisme tibétain je poste un texte sur la question de la discrimination.

jap_8
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yves
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Inscription : 26 février 2016, 13:01

chaque mot est une discrimination en soi, c'est un leurre de croire que dans le samsara on puisse échapper à la discrimination

l'idée de discriminer en conservant la "parole juste", "l'action juste", etc etc proposer par le bouddha me paraît assez sage :mrgreen:

il est évident que c'est à chacun de reformuler les enseignements pour en affiner sa compréhension, mais cette reformulation toujours partielle (même quand ce sont des éveillés qui reformulent) nous invite à l'humilité

et autant on peut être sur qu'une reformulation corresponde à la "meilleur" compréhension qu'on ai du dhamma à un instant t , il est tout aussi certain que cette reformulation ne corresponde qu'à soi loveeeee
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

Il est vrai qu'en français du moins on peut considérer qu'user de termes comme "juste" ou "correct" en parlant du Dharma est la manifestation d'un effort pour ne pas dire "bon" ou "mauvais" qui sont des termes par trop discriminants de manière évidente.

On essait de repousser les risques de trahison ou de mal-compréhension ou distorsion de l'enseignements par des mots plus "neutres" ou moins "connotés". Le qualificatif de "juste" par exemple en français fait davantage penser je trouve à une notion d'équilibre, de "voie moyenne", ni trop, ni trop peu, plutôt qu'une orientation positive ou négative vers telle ou telle chose.

Cela me fait penser à 2 choses :

- l'épisode dans lequel le courant Zen dit trouver son origine ou le Bouddha transmettrait à un de ses disciple un enseignement de nature non-verbal, sous la forme d'un geste, et donc non entaché par l'éventuelle corruption des mots.
- la conclusion sur Sutra de Vimalakirti ou l'enseignant, le laïc Vimalakirti, conclurait sa démonstration par "le silence qui dit tout", donc par quelque chose de non-verbal.

Toutefois, justement, afin d'atteindre à la "parole juste", donc à une parole entre autre non-discriminante, il est nécessaire de cultiver la pensée juste et la vue juste. Pensée et vue juste sont à cultiver en soi, avant même toute formulation verbale de quoi que ce soit, donc tout risque de distorsion. On peut donc éviter l’écueil de la distorsion verbal en commençant en aval par percevoir et penser (donc sans mots, sans langage) les choses, la réalité, de façon "correcte", c'est à dire entre autre comme impermanente, vacuité, non-duale, non-discriminante, car tout est dans tout. Si l'on arrive suffisamment à cultiver en soi pensée juste et vue juste alors on peut espérer formuler des paroles juste, donc empreintes de compréhension, de modération, de compassion et non discriminante.

Je crois que la non-discrimination est à rattachée à la vacuité. Rien n'ayant d’existence indépendante et séparée du reste à un certain stade non pas seulement de compréhension intellectuelle de la vacuité mais d'expérimentation de la vacuité (étape vers l'Eveil ou plein Eveil ?) on ne peut plus penser de manière discriminante, car on comprend que la discrimination en quoi que ce soit n'est pas une vue qui reflète la nature profonde de la réalité.

Ne croyez-vous pas ?
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davi
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Compagnon a écrit :Je crois que j'ai trouvé un moyen de concilier la façon dont je vois les choses et celle qui ont été dites :

Une fois éveillé le Bouddha ne ressent plus dukkha mais il garde le souvenir de ce qu'il ressentait avec son éveil, et donc, il compare avec son nouvel état et trouve cela tellement satisfaisant qu'il ne peut que souhaiter partager la solution qu'il a trouvé avec les autres êtres qui sont encore comme lui était autrefois. C'est le souvenir de sa souffrance passée qui permet au Bouddha de garder le contact, l'empathie, avec la souffrance présente des êtres non-éveille autour de lui. Il ne ressent plus dukkha mais il a fait l'expérience ce que c'était, avant son Eveil.
Le Bouddha ne vit pas dans le souvenir. Son esprit omniscient voit la souffrance des êtres sensibles et sa compassion naturelle s'exprime pour leur venir en aide.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

Compagnon a écrit : Ne croyez-vous pas ?
Petit papillon, toute croyance tu abandonneras ! :oops:
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