Un mot sur la réalité

Compagnon

Question de Vues ! XD
Il faut se défaire de toutes les vues ou l'on en devient prisonnier. XD
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davi
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Si l'on ne réalise que la vérité de la souffrance, la libération est impossible.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Je crois que c'est une évidence. En même temps si la souffrance existe, si dukkha existe, que ce soit comme notion intellectuelle ou expérimentation personnelle, il existe aussi forcément la non-souffrance ou non-dukkha. Et évidemment c'est cette dernière qui nous intéresse... même si le fait de fuir (aversion) l'une de manière systématique au profit de l'autre (désir) n'est pas non plus la solution.
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davi
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Si nous sommes dans la fuite ou dans le désir nous ne sommes pas dans la réalité mais dans l'illusion. Courir après ses propres projections, est le signe d'un manque de discernement. Tenzin Wangyal parle de libérer les émotions c'est-à-dire non pas les suivre mais les reconnaître pour ce qu'elles sont afin de faire en sorte qu'elles cessent d'alimenter le processus sans fin des actions conditionnées.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

Là encore ce soir j'entends Thich Nhat Hanh dire dans un enseignement vidéo du Village des Pruniers que la souffrance est utile. Elle nous aide aussi dans notre recherche de la pleine conscience à chaque instant. Et quand elle se présente il faut l'embrasser, en prendre soins, non la rejeter, la repousser comme si elle n'était pas nôtre. Evidemment il ne faut pas non plus la rechercher. Mais la reconnaître et l'écouter quand elle se présente.

Notamment quand la souffrance, une forme de souffrance se présente, n'importe laquelle, il est bon de reconnaître qu'elle est là, de l'écouter, de l'observer attentivement en profondeur pour en trouver ses racines, et à partir de ses racines on découvre alors quel est le moyen de la dissoudre ou a défaut de l'accepter. Toute souffrance qui se présente peut être transformer en occasion de pratique. Toute souffrance qui se présente est une enseignante qui nous aide à progresser pour peu qu'on la considère comme il faut, avec l'attitude adéquat. Sans dukkha pas de voie de la libération de dukkha, toute souffrance dans la vie est une marche de l'escalier qui peut nous amener à l'Eveil si nous arrivons à la considérer comme telle. Donc on peut en quelque sorte être bienveillant et reconnaissant envers toute souffrance qui se présente car elle est une occasion de pratique. Ce qui évidemment ne veut pas dire être masochiste et prendre plaisir à se retrouver dans des occasions de souffrance, pire rechercher, provoquer ces souffrances. Ce serait contrevenir à la voie du milieu en quelque sorte. Rechercher la souffrance ce serait comme à fait le Bouddha au début en s'astreignant à des privation extrêmes. Sans succès. Voie qu'il a abandonnée car insatisfaisante à ses yeux, inefficaces pour trouver la solution recherchée.

Cela me rappel ce que je lisais il y a quelque temps. Quand quelque chose dans notre environnement se présente pour gêner ou entraver notre méditation malgré nos effort pour trouver un lieu et moment paisible, que ce soit un bruit extérieur, un facteur perturbateur quelconque, on doit le traiter non avec agacement et contrariété mais comme comme une occasion supplémentaire de faire un effort accru dans la pratique. C'est moins perturbant de voir les choses ainsi.
ted

davi a écrit :Si l'on ne réalise que la vérité de la souffrance, la libération est impossible.
Tu veux dire qu'il n'est pas possible de devenir un Bouddha avec un éveil "complet, parfait et sans supérieur" (samyak sambodhi). Mais l'atteinte de nibbana représente bien une libération définitive de la souffrance. On est d'accord Davi ?

Ce qu'on appelle "libération", l'objectif à atteindre, n'étant pas la même chose dans le premier tour de roue et dans le dernier.

Donc la libération, au sens du premier tour de roue (bouddhisme ancien), est la fin de toutes souffrances et est tout à fait possible. Et heureusement ! Parce que ça me semble le plus à notre portée. :mrgreen:

L'ambiguïté vient du fait qu'on traduit "Bouddha" par "éveillé". Et L'Eveillé étant celui qui a atteint l'Eveil. Or, il y aurait plusieurs degrés d'éveil. :oops:

Le bouddhisme ancien affirme qu'il ne peut y avoir qu'un seul Bouddha avec Eveil "complet parfait et sans supérieur " par ère. Tandis que les autres tours de roue prétendent y arriver. En donnant donc, en prime sur le premier tour de roue, cette connaissance plus profonde de la nature ultime de la réalité comme on peut l'étudier dans le lankavantara sutra par exemple.

En tout cas, c'est ce que j'ai compris. :oops:
ted

Remarquez que ça signifierait que Siddharta Gautama a atteint l'éveil complet, parfait et sans supérieur sous l'arbre de la bodhi, mais... qu'il n'aurait enseigné, dans les jours qui ont suivi, que la méthode pour se libérer de la souffrance. Parce que cet objectif lui semblait plus réaliste, plus urgent et surtout plus accessible et compréhensible par tous dans un premier temps.

Ca semble plausible, puisqu'il y a des textes où il est dit qu'il faillit se taire tellement l'explication lui semblait compliquée. https://suttacentral.net/fr/mn26

Ce qui est marrant, c'est que les Mahayanistes tiennent le discours contraire : " Vous savez, c'est très simple... etc... Lachez prise... tout est déjà là... Demeurez simplement dans l'état naturel, dans la pleine conscience, dans l'absence de saisies... Il n'ya rien à faire... le plus difficile étant de comprendre ce rien etc... etc..."


Alors, c'est simple ou pas ? :D ::mr yellow::
ted

J’ai alors pensé, moines : “J’ai atteint cette réalité profonde, difficile à voir, difficile à réaliser, paisible, excellente, inaccessible par seule la réflexion, absconse et perceptible par les seuls sages. Mais l’humanité aime les attachements, elle se délecte dans les attachements, elle se réjouit des attachements. Et pour une humanité qui aime les attachements, qui s’y délecte et s’en réjouit, il est difficile de voir la coproduction conditionnelle (paṭiccasamuppāda) avec sa causalité (idappaccayatā), il est difficile de voir l’élimination de toutes les activités intentionnelles (saṅkhāra), l’abandon de toutes les tromperies, la destruction du désir, le détachement, l’arrêt, le Dénouement. Et même si je leur exposais cette réalité, les autres ne me comprendraient pas, et ce me serait fatigue, ce me serait nuisance (physique, sans avoir de prise sur l’esprit).

« Et de plus, moines, il me vint naturellement des strophes merveilleuses et originales :

Que de mal pour l’atteindre ! À quoi bon la révéler ?

Car les méchants et les jouisseurs ne pourront la réaliser.

Absconse, à contre-courant, difficile à voir, subtile et profonde

Les passionnés ne la connaîtront pas, enfouis sous des tas d’ignorance.

Comme je réfléchissais ainsi, moines, j’inclinai à faire peu d’efforts plutôt qu’à révéler cette réalité.

Ariyapariyesana sutta
https://suttacentral.net/fr/mn26
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jules
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Ted : Alors, c'est simple ou pas ? :D ::mr yellow::
En disant que c’est simple, l’intention est peut-être de nous informer de l’agitation du mental qui tend à tout compliquer et à nous interdire de résider dans la réjouissance de l’ordinaire. :?:
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davi
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ted a écrit :
davi a écrit :Si l'on ne réalise que la vérité de la souffrance, la libération est impossible.
Tu veux dire qu'il n'est pas possible de devenir un Bouddha avec un éveil "complet, parfait et sans supérieur" (samyak sambodhi). Mais l'atteinte de nibbana représente bien une libération définitive de la souffrance. On est d'accord Davi ?

Ce qu'on appelle "libération", l'objectif à atteindre, n'étant pas la même chose dans le premier tour de roue et dans le dernier.

Donc la libération, au sens du premier tour de roue (bouddhisme ancien), est la fin de toutes souffrances et est tout à fait possible. Et heureusement ! Parce que ça me semble le plus à notre portée. :mrgreen:

L'ambiguïté vient du fait qu'on traduit "Bouddha" par "éveillé". Et L'Eveillé étant celui qui a atteint l'Eveil. Or, il y aurait plusieurs degrés d'éveil. :oops:

Le bouddhisme ancien affirme qu'il ne peut y avoir qu'un seul Bouddha avec Eveil "complet parfait et sans supérieur " par ère. Tandis que les autres tours de roue prétendent y arriver. En donnant donc, en prime sur le premier tour de roue, cette connaissance plus profonde de la nature ultime de la réalité comme on peut l'étudier dans le lankavantara sutra par exemple.

En tout cas, c'est ce que j'ai compris. :oops:
En fait je voulais dire que c'est la réalisation de la vacuité qui permet la libération; toutes les autres réalisations viennent au soutien de cette réalisation ultime. Dans le mahayana on parle de la voie de la méthode et de la voie de la sagesse, et toutes deux sont nécessaires à l'obtention de l'illumination, tout comme un oiseau a besoin de ses deux ailes pour voler. Mais c'est la réalisation de la vacuité qui libère directement l'esprit de son ignorance et met fin à l’enchaînement conditionné (les douze maillons) et donc à la souffrance (nirvana). Ensuite effectivement il existe différents degrés de réalisation de la vacuité (voir le Sutra du Cœur). Le premier tour introduit à la vacuité de la personne, le deuxième tour à la vacuité de tous les phénomènes ((1) La nature des phénomènes
(2) Les caractéristiques des phénomènes
(3) La production des phénomènes
(4) La cessation des phénomènes
(5) Les défauts des phénomènes
(6) La séparation des défauts des phénomènes
(7) La décroissance des phénomènes
(8) La croissance des phénomènes
). Cela peut apparaître comme une simple négation mais le troisième tour introduit à quelque chose de plus positif à l'intérieur même de cette vacuité, c'est la Nature de Bouddha.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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