yves a écrit : cette part de nous pose l'équation matière=souffrance mais est ce vrai? que nous dit notre propre expérience quand nous investiguons les plus petits détails de la matière?
Yves, j'ai pas envie d'alimenter des architectures astrales. Ce qui arrive inévitablement quand on cherche un bonheur terrestre, mondain, matériel.
Mais peut être que je t'ai mal compris...
@Compagnon
Merci pour les précisions.
Si j'ai fait allusion à cet épisode, c'est que je voulais faire la différence entre
dukkha-dukkha (la souffrance grossière, liée au quotidien) et
samkhara-dukkha (la souffrance structurelle, existentielle, inhérente aux états conditionnés, la souffrance la plus profonde).
Tu m'as donné des exemples pour comprendre que
dukkha-dukkha était notre patrimoine instinctif à tous : aversion, répulsion pour les mauvaises odeurs, beurk c'est du caca, blessure à la main, etc... C'est ce domaine là que ciblent les méthodes scatos du Zen.
Dans tes exemples, il y avait aussi des échantillons de
viparinama-dukkha (souffrance causée par le changement). Notamment quand tu m'as parlé de rupture sentimentale ou d'être trahi par son meilleur ami.
Ces deux premières formes de
dukkha,
dukkha-dukkha (grossière) et
viparinama dukkha (changement), on peut leur appliquer ton raisonnement.
Mais la troisième forme de
dukkha, la plus profonde, même les sages la ressentent. Elle persistera jusqu'à l'éveil complet et définitif.
Et on pourra toujours se fabriquer des kesas avec des linceuls gluants issus de charniers, on pourra toujours se mettre les doigts dans le derrière, ou apaiser
dukha-dukkha par des
samadhi, baaaah
samkhara-dukkha persistera. Mais normalement, on n'a pas vraiment conscience de ce troisième type de souffrance.
Et c'est pourquoi le bouddhisme passe pour une voie de sérénité, d'épanouissement personnel et d'apaisement, parce que la pratique bouddhiste est très efficace pour apaiser rapidement
dukkha-dukkha et
viparinama-dukkha. Mais le véritable but de la pratique, c'est d'éradiquer les 3 types de souffrance :
dukkha-dukkha (souffrance grossière)
viparinama-dukkha (souffrance liée au changement)
et samkhara dukkha (souffrance existentielle).
Et même s'il y a des plages de paisibilité qui peuvent durer de nombreuses vies, les deux premiers types de souffrance ne sont jamais totalement éradiqués tant que subsiste la troisième.