Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 08:43
par Compagnon
Bonjour
Pour des raisons de personnalité "propre", de vécu, j'ai eu et j'ai encore à me "dépêtrer" avec les notions que je mentionne en titre.
J'aimerais bien avoir un peu de discernement extérieur sur ces notions car je trouve dans mes lectures et dans la pratique des éléments contradictoires.
D'un coté chercher au possible à ne faire de tort à personne, que se soit en pensée, en parole ou en acte, ce qui peut relevé du respect en général, du respect de la dignité humaine (voir de tous les êtres vivants), le profond respect aussi que l'on peut porter au Bouddha et bodhisattva et/ou a son éventuel maître, de l'autre un ego, un estime de "soi" justement, un "amour propre" qui relève de l'attachement au "soi", à l'ego, mais aussi la compassion qu'il faut avoir pour autrui comme pour soi même.
Comme Ted l'a fait remarqué ailleurs (et c'est très vrai) je suis porté vers l'intellectuel, j'en suis conscient et je sais qu'il me faut faire porter des effort pour m'en défaire un peu. Ma question donc porte aussi bien sur le versant intellectuel de l'apparent dilemme que je mentionne (du moins si vous voyez ou je trouve que cela "coince") mais aussi bien sûre sur la mise en pratique.
Peut être pourrait-on synthétiser la question ainsi (en partie du moins) : comment faire preuve de compassion vis à vis des autres et de soi-même sans alimenter la croyance au soi, à l'ego ? Car quand on fait preuve de compassion c'est qu'on estime qu'il y a bel et bien un objet (un soi?) de cette compassion, quelque chose qui doit "bénéficier" de cette compassion non ?
D'ailleurs plus généralement, quand le prince Siddharta Gautama à entamé sa quête qui allait l'amenée à devenir Bouddha, c'était pour soulager la souffrance, trouver un remède à la souffrance, donc il estimait qu'il y avait quelque chose qui souffrait, qui était sujet de cette souffrance, donc quelque chose qui devait être délivré de cette souffrance. Quoi alors ? Au juste ?
Semaine fatigante, très las, en temps normal j'aurais peut être assez de discernement pour répondre à ma propre question mais là... je sèche un peu.
Avez vous des relfexions sur le sujet ? Peut être des références en matière d'auteurs ? De textes ?
Merci

Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 11:34
par davi
Il y a dans chaque personne "un principe spirituel" qui est par nature amour et connaissance. Grâce à cela, la personne ici-bas (ignorante) peux faire l'expérience du plaisir mais aussi de la souffrance. Personne ne désire souffrir, et donc, en tant qu'être humain, nous sommes de même nature, nous partageons les mêmes expériences et nous nous devons d'être solidaires. Ce n'est pas parce qu'il n'y a personne à trouver à l'intérieur de l'agrégat des personnes que la souffrance n'opère pas. Ensuite, quand le non-soi se dévoile, la souffrance cesse d'elle-même.
Le texte ci-après ne parle pas directement de principe spirituel, mais il peut alléger l'idée d'un soi qu'il faudrait protéger absolument.
http://www.buddhaline.net/Le-Non-Soi
Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 14:01
par jules
Compagnon : Peut être pourrait-on synthétiser la question ainsi (en partie du moins) : comment faire preuve de compassion vis à vis des autres et de soi-même sans alimenter la croyance au soi, à l'ego ? Car quand on fait preuve de compassion c'est qu'on estime qu'il y a bel et bien un objet (un soi?) de cette compassion, quelque chose qui doit "bénéficier" de cette compassion non ?
Il me semble que le doute que tu soulèves, marque les limites où le remède devient poison. Il y’a un jeu éducatif auquel se prêtent les enfants en bas âge consistant à faire entrer des objets géométriques dans les trous de même forme. Quelque part c’est un peu comme si tu cherchais à faire entrer un cylindre dans un trou cubique. Ce n’est pas au cylindre (la compassion) à devenir cubique ( l’idée que tu te fais du non soi) et ce n'est pas non plus à la cavité cubique (le non soi) à devenir cylindrique (l'idée que tu te fais de la compassion), mais il s’agirait d'introduire le cylindre dans sa cavité propre où à ce point l’un et l’autre s’épouseront parfaitement. L’impossibilité de faire entrer un cylindre dans une cavité cubique est due à la distinction de ces deux formes. Il est certain que si on confectionne un cylindre et une cavité cubique dans l'espoir de ranger l'un dans l'autre, cela ne marchera pas, et cette impossibilité sera autant attribuable à la cavité cubique qu’au cylindre.
Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 15:43
par Compagnon
Cela donne matière à réflexion, même si je ne saisis pas bien ta réponse Jules, je vais néanmoins laisser mûrir, relire et voir si la compréhension se fait jour, j'y reviendrais au besoin. Merci

Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 17:05
par yves
une personne croyant qu'elle est indépendante du tout, une entité séparé, vit la vie de cette façon. pour elle c'est vrai, elle est cela
dans l'imaginaire de cette personne il y a bien un concept "moi" qui existe réellement lui
Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 21 janvier 2017, 18:50
par davi
Compagnon a écrit :Peut être pourrait-on synthétiser la question ainsi (en partie du moins) : comment faire preuve de compassion vis à vis des autres et de soi-même sans alimenter la croyance au soi, à l'ego ? Car quand on fait preuve de compassion c'est qu'on estime qu'il y a bel et bien un objet (un soi?) de cette compassion, quelque chose qui doit "bénéficier" de cette compassion non ?
Je pense que ton problème vient du fait que tu n'identifies pas assez les vérités conventionnelles, et aussi la vérité ultime qui est la vacuité, et comment les deux sont interdépendantes. Les deux ne s'excluent pas, elles se complètent l'une l'autre, et la vue qui réalise cette complémentarité s'appelle l'union des deux vérités. Le meilleur moyen est de méditer, méditer, et méditer encore sur l'interdépendance. En voyant l'interdépendance, on voit à la fois les phénomènes et leur vacuité.
Compagnon a écrit :
D'ailleurs plus généralement, quand le prince Siddharta Gautama à entamé sa quête qui allait l'amenée à devenir Bouddha, c'était pour soulager la souffrance, trouver un remède à la souffrance, donc il estimait qu'il y avait quelque chose qui souffrait, qui était sujet de cette souffrance, donc quelque chose qui devait être délivré de cette souffrance. Quoi alors ? Au juste ?
Il y a l'image d'un vase fermé qui contient le même air que l'air extérieur. L'air emprisonné pense avoir la forme du vase, se sent seul, limité, etc. C'est sa souffrance. Une fois le vase brisé, l'air enfermé se mélange à l'air extérieur, et rien ne peut plus distinguer l'un de l'autre.
Re: Respect/dignité/amour propre/estime de soi/ego/orgueil
Publié : 22 janvier 2017, 04:06
par ted
LES VOEUX DU MAHAMUDRA
RANGJOUNG RIGPE DORDGE
Namo Gourou
Lamas, Yidam, Divinités du mandala
Vainqueurs et vos fils des dix directions et des trois temps
pensez à moi avec amour.
Accordez moi votre bénédiction pour que ces souhaits se
réalisent.
Le mérite accumulé par mes bonnes actions, du
corps, de la parole et de l'esprit, ajouté à celui de
tous les êtres, est semblable à la montagne neigeuse.
Puissent les torrents de vertu, immaculés des
souillures des trois cercles : sujet, action, objet, en
liberté, couler jusqu'à l'océan des quatre corps de la
Bouddhéité.
Jusqu'à ce que je réalise les quatre corps de Bouddha,
Puissé-je ne jamais entendre tout au long de mes vies les
mots négativité et souffrance.
Puissé-je m'immerger dans les vertus et les béatitudes de
l'océan du Dharma.
Dans la suprême existence humaine, libre et qualifiée,
ayant confiance, énergie et intelligence, conseillé, inspiré
par un excellent maître spirituel de qui j'obtiens les
instructions clefs et les bénédictions, sans rencontrer
d'obstacle à leur pure pratique,
Puissé-je, durant toutes mes existences, jouir du suprême
Dharma.
La sagesse de la lecture et de l'écoute libère du voile de la
confusion.
La sagesse analytique dissipe l'obscurité des doutes.
Par la clarté de la sagesse de méditation, je retourne à
l'état fondamental.
Puissé-je développer la luminosité de ces trois sagesses.
Le sens fondamental est au-delà des vues éternalistes ou
nihilistes.
Le chemin suprême est l'accumulation de mérite et de
sagesse au-delà de l’être et du non-être.
Le fruit est les deux bénéfices transcendant le devenir du
samsara et la quiétude du nirvana.
Puissé-je rencontrer ces enseignements parfaits dans mes
vies futures.
La base de purification est l'esprit, union de la vacuité et
de la clarté.
Mahamoudra, la pratique du diamant, est le purificateur.
Les purifiés sont les confusions et les souillures sans
existence inhérente.
Puissé-je réaliser le Dharmakaya, le fruit d'être purifié.
Ne rien ajouter ou soustraire à la nature de l'esprit est
avec certitude la vue juste.
Etre conscient de ce point, s'y maintenir sans distraction
est le principe essentiel de la méditation .
Fortifier la méditation en toutes circonstances est l'action
suprême.
Puissé-je acquérir la stabilité de la vue, de la méditation
et de l'action.
Tous les phénomènes sont une projection de l'esprit.
Quant à l'esprit, il n'y a pas d'esprit, il est vide d'essence.
Les apparences, quelles qu'elles soient, sont vides et sans
Limites.
Puissé-je par un examen parfait en trancher la racine.
Dans notre ignorance, nous sommes fascinés par le faux
semblant de réalité du moi et de l’autonomie des
phénomènes.
A cause de cette saisie dualiste, les êtres errent sans fin
Dans le samsara.
Puissé-je déraciner l'ignorance primordiale, germe de
l'enchaînement karmique et de l'existence cyclique.
L'esprit n'est pas existant : les Bouddhas eux-mêmes ne le
voient pas.
Il n'est pas inexistant : il est le fondement universel du
samsara et du nirvana.
Il n'est pas l'amalgame de contraires, mais l'union
transcendante.
Puissé-je, au-delà de toute représentation extrême
Réaliser le cela même de l'esprit.
Personne ne peut décrire cela en disant « c’est ceci ».
Personne ne peut nier cela en disant « ce n’est pas ceci ».
La nature de l’esprit
Qui transcende le royaume de l’intellect, est inconditionnée.
Puisse le sens de la vue juste devenir certain.
Si on ne réalise pas cela, on erre dans l’océan du samsara.
Si on le réalise, la bouddhéité n’est pas ailleurs.
Tout est cela, il n’y a rien qui ne le soit pas.
Puissé-je connaître la base cachée de tous les phénomènes.
La manifestation est l’esprit.
La vacuité est l’esprit.
La réalisation est l’esprit.
L’aveuglement est l’esprit.
La production et la cessation des choses sont aussi de la
Nature de l’esprit.
Puissé-je comprendre que tout cela et chaque chose sont de
La substance de l’esprit.
Non taché par la pratique avec intention ou avec effort,
Sans être troublé par le vent des distractions ordinaires,
sans agir, laissant l'esprit "tel quel" en l'état naturel,
spontané et non fabriqué, telle est la pratique essentielle de
l'esprit.
Puissé-je bien reconnaître et maintenir la pratique de
la nature de l’esprit.
Grossières ou subtiles, claires ou sombres,
les vagues des pensées s’apaisent d’elles-mêmes.
Sans agitation, le cours de l'esprit, de lui même, arrive au
Repos de l’état naturel
Non pollué par l'opacité de la conceptualisation, de la
Torpeur et des obscurcissements.
Puissé-je atteindre la stabilité dans le calme océan de
Samatha.
Observant encore et encore l'esprit inobservable, la vision
profonde perçoit la réalité invisible.
Les doutes sont éliminés sur l’existence ou la non-existence
de la réalité.
Puissé-je, libéré de l'illusion, reconnaître ma propre
nature.
Observant les objets, je ne trouve que l’esprit.
Observant l'esprit, je ne trouve que le vide.
Observant les deux, la saisie dualiste d'elle même se
dissout.
Puissé-je je réaliser la claire lumière, ultime état de l'esprit.
Parce que cela transcende l'intellect, il est appelé
"Le Grand Symbole".
Parce que cela libère des extrêmes, il est appelé
"La Grande Voie du Milieu".
Parce que cela englobe tout, il est appelé
"La Grande Perfection".
Puissé-je obtenir l'assurance qui, en en connaissant un,
les réalise tous.
Par l'absence d'attachement, la conscience primordiale de
béatitude et de vacuité se révèle continuellement.
N'ayant aucune forme à laquelle s'attacher, la claire
lumière chasse les obstacles et les ombres.
Puissé-je être constamment cette éclosion du lâcher prise
et de l'auto libération qui est naturelle, spontanée, sans
effort et ininterrompue au-delà de la pensée et se soutenant
elle même.
L'attachement aux bonnes expériences de lui-même se
dissout.
Les pensées négatives et les aveuglements se purifient d'eux
mêmes dans l'espace de leur propre nature.
Dans l'esprit ordinaire, il n'y a ni perte, ni gain, ni désir,
ni répulsion.
Puisse, au-delà de toute référence et fabrication mentale,
la vérité du cela même être réalisée.
Ne sachant pas que leur nature est identique à celle du
Bouddha, les êtres errent sans fin dans le samsara.
Pour ces êtres qui endurent d'infinies souffrances, puisse
naître en moi une irrépressible compassion.
La dynamique de cette irrépressible compassion est sans
entrave. Juste au moment où cet amour compassionné
apparaît, la grande vacuité émerge éclatante dans sa
nudité.
Leur union est la voie suprême et directe.
Puissé-je constamment la méditer et la cultiver jour et
Nuit sans interruption.
Puissé-je par la clairvoyance et les supra-connaissances
acquises par la méditation, conduire les êtres à maturité et,
par la purification, rendre manifestes les terres de
Bouddha,
Puissé-je réaliser les souhaits de réalisation des qualités
de Bouddha,
Puissé-je, au terme de l'achèvement de la maturation et
de la purification, réaliser l'état de Bouddha.
Par la compassion des vainqueurs des dix directions et de
leur fils,
Par le pouvoir de toutes les vertus positives qui existent,
Puissent les purs souhaits de moi-même et de tous les
êtres, se réaliser tels qu’ils ont été exprimés.
* * *