L'humour dans le bouddhisme
Publié : 20 juillet 2016, 14:21
Extrait d'un article sur le site de La Vie.fr consacré à l'humour dans les religions.
Article complet ici : http://www.lavie.fr/religion/religions- ... 738_10.php
« Chez les bouddhistes, l’humour est une forme de lâcher-prise »
Fabrice Midal, philosophe, fondateur de l’École occidentale de méditation.
« Dans le bouddhisme, le sens de l’humour est une forme de résistance à l’institutionnalisation de la religion. Drugpa Kunley, l’une des figures les plus connues du monde tibétain, était un provocateur constant : il ne cessait de se moquer de l’institution. Un jour, il va dans un monastère où des moines confessent les attitudes qui ne sont pas dans la perspective de la voie. Un moment après, dans la cour, il saute sur des petits cailloux, par-dessus les grosses pierres. Quelqu’un lui demande : “Que faites-vous ?” Il répond : “Je fais comme vous, une grande histoire des petites fautes que j’ai faites et je fais semblant de ne pas regarder les grandes.” Par l’humour, il dénonce l’hypocrisie de la situation et permet de prendre de la hauteur. L’humour est très lié à la notion de vacuité. Ainsi, les bouddhistes n’adorent pas le Bouddha. Dans l’un des grands courants bouddhistes, on répète tous les matins “Il n’y a pas de Bouddha”, et puisque le Bouddha n’est pas, il peut y avoir le Bouddha... Ils ne veulent pas rigidifier leur pensée et perdre la possibilité de voir les deux points de vue ensemble : c’est ça l’humour bouddhique de fond, ne pas croire en la dualité : d’un côté, le bien et, de l’autre, le mal. Cette pensée est déjà en rapport avec un certain sens de l’humour, elle est liée au fait que vous reconnaissez que la vérité vous échappe. Le sens de l’humour a beaucoup à voir avec le fait que vous n’ayez pas le dernier mot, que vous ne décidiez pas de la réalité. Ce lâcher-prise est au cœur de la méditation telle qu’elle se pratique dans le bouddhisme et qui vise non pas à se détendre ou à devenir plus cool, comme on le croit souvent dans le monde occidental, mais à prendre conscience du fait qu’on ne peut pas tout dominer, tout maîtriser. La pratique de la méditation a beaucoup favorisé un sens de l’humour, et ce sont les courants bouddhistes qui l’ont déployée, comme le tibétain et le zen, qui ont le plus développé le sens de l’humour. »
Deux moines zen s’apprêtent à traverser une rivière quand une jeune femme leur demande de l’aide, effrayée par le courant.
L’un des deux la prend sur ses épaules et la porte de l’autre côté.
Une heure plus tard, l’autre moine, qui n’a pas dit un mot, se met en colère : « Notre règle interdit de toucher une femme ! – Ah oui, se souvient le premier, en riant. Tu as raison. Mais, moi, je l’ai portée cinq minutes, tandis que, toi, tu la portes depuis une heure. »
Quelques blagues bouddhistes que j'ai trouvé :
"Fixer son esprit sur un objet unique pendant douze secondes s'appelle concentration ou dhaâranâ. Fixer son esprit sur un objet unique pendant deux minutes et demie s'appelle médiation ou dhyâna Fixer son esprit sur un objet unique pendant une demi-heure s'appelle transe ou samâdhi. Fixer son esprit sur un objet unique au-delà d'une demi-heure s'appelle coma et il faut appeler tout de suite le 15 ou le 18."
"Qu'est ce qu'être bouddhiste? Payer une cotisation dans un centre, allumer chez soi des bâtons d'encens qui font mal à la gorge, s'asseoir et dire "Hum".... Finalement s'ennuyer"
"Combien faut-il de maîtres Zen pour remplacer une ampoule? - Deux. Un pour la changer et un pour ne pas la changer. Combien de VRAIS maîtres Zen? - Quatre. Un pour la changer, un pour ne pas la changer, un pour la changer et ne pas la changer, et un pour ni la changer ni ne pas la changer. Combien de maîtres Zen illuminés? - L'ampoule ne peut pas être changée. Elle est ce qu'elle est. Combien de maîtres Zen authentiques? - Le joyau est dans le lotus. Combien de maîtres Zen parfaits? - Voyez! Elle est déjà changée!"
Le Sûtra de l'Ampoule
I- Ainsi l'ai-je entendu.
Une fois, l'Honoré du Monde se trouvait à Rajagriha sur le Pic du Vautour, accompagné d'une grande foule de moines et d'une grande foule de bodhisattvas. Il se faisait tard, et à ce moment, quoique la nuit soit sur le point de tomber, l'Honoré du Monde se trouvait concentré sur cette partie des dharmas appelée Profonde Illumination qui le faisait briller doucement dans la pénombre.
II- A ce moment aussi, le noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, dans la pratique de la profonde Perfection de Sagesse jeta un regard ; il vit que les cinq ampoules de 100w dans leur être propre étaient vacuité. Alors, par l'inspiration du Bouddha, le vénérable Bodhideva demanda au noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, «Combien faut-il de fils de bonne famille pour arriver à remplacer une ampoule?» Et le noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, répondit au vénérable Bodhideva comme suit:
«Bodhideva, tout fils ou fille de bonne famille qui souhaite s'engager dans la pratique du changement d'une ampoule devrait concevoir les choses ainsi: il (ou elle) doit voir que les ampoules dans leur être propre, sont vacuité.
III- En réalité l'ampoule est dépourvue d'existence inhérente, il n'y a pas de changement de l'ampoule et il n'y a personne pour la changer, et pourtant par l'inaction, rien ne reste non-fait. L'ampoule n'a pas l'intention de briller, et le Changeur de l'Ampoule n'a aucune intention de la changer.
Bodhideva, avoir pour but le changement de l'ampoule constitue l'assurance de ce que personne ne le fera jamais. Ce n'est que par la non-intention que le but, qui est un non-but, peut être atteint. Et pourtant, il n'y a absolument rien qui soit accompli; c'est pourquoi on l'appelle Accomplissement suprême. Il n'est que ceci: dévisser une ampoule et en visser une autre. N'est-ce pas ordinaire?! N'est-ce point miraculeux?! L'ampoule ne s'est jamais éteinte. Vous êtes déjà dans un état de lumière, et il ne vous reste qu'à le réaliser--
IV- «C'est ainsi, Bodhideva, qu'un Bodhisattva et Mahasattva s'entraîne à la profonde Perfection de Sagesses.»
Alors, l'Honoré du Monde se leva de sa concentration et projeta sur tous le faisceau de ses asankhya de watts, et, faisant l'éloge du noble seigneur Manjhusrì, le Bodhisattva et Mahasattva dit: «Excellent! Excellent! Bien dit, bien dit, ô fils de bonne famille! C'est vraiment ainsi qu'il faut changer les ampoules! C'est bien ça, ô fils de bonne famille, c'est bien ça.C'est précisément comme tu l'as enseigné que devrait être changée l'ampoule et tous les Ainsi-Venus s'en réjouiront».
Alors le vénérable Bodhideva, le noble seigneur Manjhusrì, le Bodhisattva et Mahasattva, et toutes les personnes présentes, y-compris les dieux, les êtres humains, les titans et les gandharvas furent ravis et applaudirent le discours de l'Honoré du Monde.
Mort d'un maître Zen
Un maître Zen contemporain est sur son lit de mort. Ses disciples sont rassemblés autour de lui, du plus ancien au plus novice. Le disciple le plus ancien se penche pour demander au mâitre mourant s'il a un dernier conseil à leur communiquer. Le vieux maître ouvre trèèès lentement les yeux, et murmure d'une voix à peine audible : «Dis-leur que la Vérité est comme une rivière».L'ancien fait passer ce morceau de sagesse à celui qui est à côté de lui, qui à son tour le fait jusqu'à ce que ça fasse le tour de la pièce. Quand enfin les dernières paroles du maître atteignent le novice, celui-ci rétorque : «Mais qu'est-ce que ça veut dire, "La Vérité est comme une rivière"?»
Alors la question refait le tour de la pièce jusqu'au disciple le plus ancien, qui se repenche sur le lit et demande : «Maître, que voulez-vous dire par "La Vérité est comme une rivière"?»
Leeentement, le maître rouvre les yeux, et d'une voix toujours à peine audible, murmure : «O.K., la Vérité n'est pas comme une rivière».
Article complet ici : http://www.lavie.fr/religion/religions- ... 738_10.php
« Chez les bouddhistes, l’humour est une forme de lâcher-prise »
Fabrice Midal, philosophe, fondateur de l’École occidentale de méditation.
« Dans le bouddhisme, le sens de l’humour est une forme de résistance à l’institutionnalisation de la religion. Drugpa Kunley, l’une des figures les plus connues du monde tibétain, était un provocateur constant : il ne cessait de se moquer de l’institution. Un jour, il va dans un monastère où des moines confessent les attitudes qui ne sont pas dans la perspective de la voie. Un moment après, dans la cour, il saute sur des petits cailloux, par-dessus les grosses pierres. Quelqu’un lui demande : “Que faites-vous ?” Il répond : “Je fais comme vous, une grande histoire des petites fautes que j’ai faites et je fais semblant de ne pas regarder les grandes.” Par l’humour, il dénonce l’hypocrisie de la situation et permet de prendre de la hauteur. L’humour est très lié à la notion de vacuité. Ainsi, les bouddhistes n’adorent pas le Bouddha. Dans l’un des grands courants bouddhistes, on répète tous les matins “Il n’y a pas de Bouddha”, et puisque le Bouddha n’est pas, il peut y avoir le Bouddha... Ils ne veulent pas rigidifier leur pensée et perdre la possibilité de voir les deux points de vue ensemble : c’est ça l’humour bouddhique de fond, ne pas croire en la dualité : d’un côté, le bien et, de l’autre, le mal. Cette pensée est déjà en rapport avec un certain sens de l’humour, elle est liée au fait que vous reconnaissez que la vérité vous échappe. Le sens de l’humour a beaucoup à voir avec le fait que vous n’ayez pas le dernier mot, que vous ne décidiez pas de la réalité. Ce lâcher-prise est au cœur de la méditation telle qu’elle se pratique dans le bouddhisme et qui vise non pas à se détendre ou à devenir plus cool, comme on le croit souvent dans le monde occidental, mais à prendre conscience du fait qu’on ne peut pas tout dominer, tout maîtriser. La pratique de la méditation a beaucoup favorisé un sens de l’humour, et ce sont les courants bouddhistes qui l’ont déployée, comme le tibétain et le zen, qui ont le plus développé le sens de l’humour. »
Deux moines zen s’apprêtent à traverser une rivière quand une jeune femme leur demande de l’aide, effrayée par le courant.
L’un des deux la prend sur ses épaules et la porte de l’autre côté.
Une heure plus tard, l’autre moine, qui n’a pas dit un mot, se met en colère : « Notre règle interdit de toucher une femme ! – Ah oui, se souvient le premier, en riant. Tu as raison. Mais, moi, je l’ai portée cinq minutes, tandis que, toi, tu la portes depuis une heure. »
Quelques blagues bouddhistes que j'ai trouvé :
"Fixer son esprit sur un objet unique pendant douze secondes s'appelle concentration ou dhaâranâ. Fixer son esprit sur un objet unique pendant deux minutes et demie s'appelle médiation ou dhyâna Fixer son esprit sur un objet unique pendant une demi-heure s'appelle transe ou samâdhi. Fixer son esprit sur un objet unique au-delà d'une demi-heure s'appelle coma et il faut appeler tout de suite le 15 ou le 18."
"Qu'est ce qu'être bouddhiste? Payer une cotisation dans un centre, allumer chez soi des bâtons d'encens qui font mal à la gorge, s'asseoir et dire "Hum".... Finalement s'ennuyer"
"Combien faut-il de maîtres Zen pour remplacer une ampoule? - Deux. Un pour la changer et un pour ne pas la changer. Combien de VRAIS maîtres Zen? - Quatre. Un pour la changer, un pour ne pas la changer, un pour la changer et ne pas la changer, et un pour ni la changer ni ne pas la changer. Combien de maîtres Zen illuminés? - L'ampoule ne peut pas être changée. Elle est ce qu'elle est. Combien de maîtres Zen authentiques? - Le joyau est dans le lotus. Combien de maîtres Zen parfaits? - Voyez! Elle est déjà changée!"
Le Sûtra de l'Ampoule
I- Ainsi l'ai-je entendu.
Une fois, l'Honoré du Monde se trouvait à Rajagriha sur le Pic du Vautour, accompagné d'une grande foule de moines et d'une grande foule de bodhisattvas. Il se faisait tard, et à ce moment, quoique la nuit soit sur le point de tomber, l'Honoré du Monde se trouvait concentré sur cette partie des dharmas appelée Profonde Illumination qui le faisait briller doucement dans la pénombre.
II- A ce moment aussi, le noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, dans la pratique de la profonde Perfection de Sagesse jeta un regard ; il vit que les cinq ampoules de 100w dans leur être propre étaient vacuité. Alors, par l'inspiration du Bouddha, le vénérable Bodhideva demanda au noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, «Combien faut-il de fils de bonne famille pour arriver à remplacer une ampoule?» Et le noble Seigneur Manjushrì, le Bodhisattva et Mahasattva, répondit au vénérable Bodhideva comme suit:
«Bodhideva, tout fils ou fille de bonne famille qui souhaite s'engager dans la pratique du changement d'une ampoule devrait concevoir les choses ainsi: il (ou elle) doit voir que les ampoules dans leur être propre, sont vacuité.
III- En réalité l'ampoule est dépourvue d'existence inhérente, il n'y a pas de changement de l'ampoule et il n'y a personne pour la changer, et pourtant par l'inaction, rien ne reste non-fait. L'ampoule n'a pas l'intention de briller, et le Changeur de l'Ampoule n'a aucune intention de la changer.
Bodhideva, avoir pour but le changement de l'ampoule constitue l'assurance de ce que personne ne le fera jamais. Ce n'est que par la non-intention que le but, qui est un non-but, peut être atteint. Et pourtant, il n'y a absolument rien qui soit accompli; c'est pourquoi on l'appelle Accomplissement suprême. Il n'est que ceci: dévisser une ampoule et en visser une autre. N'est-ce pas ordinaire?! N'est-ce point miraculeux?! L'ampoule ne s'est jamais éteinte. Vous êtes déjà dans un état de lumière, et il ne vous reste qu'à le réaliser--
IV- «C'est ainsi, Bodhideva, qu'un Bodhisattva et Mahasattva s'entraîne à la profonde Perfection de Sagesses.»
Alors, l'Honoré du Monde se leva de sa concentration et projeta sur tous le faisceau de ses asankhya de watts, et, faisant l'éloge du noble seigneur Manjhusrì, le Bodhisattva et Mahasattva dit: «Excellent! Excellent! Bien dit, bien dit, ô fils de bonne famille! C'est vraiment ainsi qu'il faut changer les ampoules! C'est bien ça, ô fils de bonne famille, c'est bien ça.C'est précisément comme tu l'as enseigné que devrait être changée l'ampoule et tous les Ainsi-Venus s'en réjouiront».
Alors le vénérable Bodhideva, le noble seigneur Manjhusrì, le Bodhisattva et Mahasattva, et toutes les personnes présentes, y-compris les dieux, les êtres humains, les titans et les gandharvas furent ravis et applaudirent le discours de l'Honoré du Monde.
Mort d'un maître Zen
Un maître Zen contemporain est sur son lit de mort. Ses disciples sont rassemblés autour de lui, du plus ancien au plus novice. Le disciple le plus ancien se penche pour demander au mâitre mourant s'il a un dernier conseil à leur communiquer. Le vieux maître ouvre trèèès lentement les yeux, et murmure d'une voix à peine audible : «Dis-leur que la Vérité est comme une rivière».L'ancien fait passer ce morceau de sagesse à celui qui est à côté de lui, qui à son tour le fait jusqu'à ce que ça fasse le tour de la pièce. Quand enfin les dernières paroles du maître atteignent le novice, celui-ci rétorque : «Mais qu'est-ce que ça veut dire, "La Vérité est comme une rivière"?»
Alors la question refait le tour de la pièce jusqu'au disciple le plus ancien, qui se repenche sur le lit et demande : «Maître, que voulez-vous dire par "La Vérité est comme une rivière"?»
Leeentement, le maître rouvre les yeux, et d'une voix toujours à peine audible, murmure : «O.K., la Vérité n'est pas comme une rivière».