bouddhisme au féminin

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blutack
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Flocon a écrit :Non, aucune ironie de ma part. Je pense vraiment que la remise en lumière de la place des femmes dans le Zen est une excellente chose. Il ne s'agit pas de falsification, puisque les traditions faisant de Prajnatara une femme sont attestées au même titre que celles faisant du personnage un homme. Quant à savoir quel était le sexe, ou le genre, de la personne réelle qui a pu inspirer ces traditions, ma foi... Je ne crois pas que ce soit important. Il a existé des maîtres féminins dans le bouddhisme ancien, et trace en a été conservée, cela seul compte.
Bon j'ai du mal comprendre ton post.
Your Kingdom is Doomed
Dumè Antoni

Le Dalaï Lama avait envisagé de "revenir" sous des traits féminins (et séduisants de surcroît), ce qui n'a rien d'extraordinaire puisque Avalokiteshvara apparaît indifféremment sous des traits masculins (ex. Tchenrezi) ou féminins (ex. Kannon). Le problème, à mon sens, tient davantage de la réaction des fidèles que du reste. Si les fidèles sont prêts à voir une figure emblématique tel que le DL sous les traits séduisants d'une femme, eh bien il y aura majoritairement des femmes à la tête des monastères. S'ils ne sont pas prêts, ce seront des hommes. Tout cela se réduit, en fait, à une affaire strictement "politique". Et quand on voit que le discours du DL est considéré comme un "dérapage" par le journaliste des Inrocks (et à mon avis, il n'est pas le seul à penser cela), c'est pas gagné pour les femmes, loin s'en faut.
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Flocon
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Dumè Antoni a écrit :Tout cela se réduit, en fait, à une affaire strictement "politique".
Oui. C'est une question de mentalités. Malheureusement, rien ne prouve qu'à notre époque, les mentalités soient prêtes à ce qu'un dirigeant majeur du bouddhisme tel que le Dalaï Lama soit une femme, qu'il ait existé des patriarches féminins ou non.
Mais croisons les doigts, tout peut arriver.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Les femmes dans l’histoire du zen

Un préjugés qui nous est présenté comme un fait historique, est l’idée que les femmes n’auraient pas été impliquées aux niveaux les plus élevés du bouddhisme et du développement du zen au Japon. Les sources historiques nous montrent que ceci est faux

Par Jade Reidy

La tradition orale et la lignée du zen sont transmises à travers les kusen et les histoires maintes et maintes fois racontées pendant zazen par les godo et les maîtres. Ces histoires sont recueillies par les disciples et souvent publiées après la mort du maître. Ainsi les traditions vivantes se trouvent-elles imprégnées d’idées culturelles, indissociables des préjugés de temps et d’espace. Un de ces préjugés, et qui nous est présenté comme un fait historique, est l’idée que les femmes n’auraient pas été impliquées aux niveaux les plus élevés du bouddhisme et du développement du zen au Japon. Les sources historiques nous montrent que ceci est faux.

L’histoire du Bouddhisme s’étend sur environ 2500 ans. L’histoire des nonnes couvre les mêmes 2500 années. Revenir au présent éternel exige que l’on se débarrasse de tout postulat culturel. Une évidence apparaît alors : les femmes ont joué un rôle vital et constant dans l’histoire du zen ; elles ont fait partie intégrante du bouddhisme en Inde, en Chine et au Japon, même quand la société est allée à contre-courant de cette tendance. Les femmes ont en fait enseigné aux hommes le respect pour les femmes et, comme nous le montrent les documents, elles leur ont ouvert la voie de la réalisation.

Le manque de sources historiques écrites relatant les vies des nonnes zen du passé indique l’ampleur de la perte concernant les informations sur notre lignée complète ; il ne saurait prouver que les femmes n’ont pas été des agents essentiels de la tradition monastique.

Une des raisons pour lesquelles les femmes ont complètement disparu des écrits du zen au Japon, c’est que les hommes ont décidé que le moine devait être appelé so et la nonne niso. So est en fait un terme général, sans genre, qui signifie « monastique ». Les hommes se sont donc autodésignés comme référents pour tous les monastiques, alors que le terme exact pour désigner le moine est nanso ; ce terme correspond en effet davantage au mot sanscrit bhiksu, qui désigne un moine mendiant de sexe masculin.

Certains traducteurs ont donc supposé que Dogen et d’autres auteurs n’avaient pas grand chose à dire sur les femmes, vu qu’ils utilisaient uniquement le terme sô. Ce n’est pas la vérité.

Si l’on remonte directement à l’époque de Bouddha en Inde, on trouve parmi ses principaux disciples de nombreuses femmes ; et en premier lieu sa belle-mère, celle qui a élevé Shakyamuni, Mahaprajapati, et son épouse, Yasodara. Lorsque Bodhidharma apporta en Chine les enseignements bouddhistes, il n’y eut que quatre disciples à recevoir le shiho de sa main, et sur ces quatre disciples, l’un fut une femme du nom de Soji ; c’était la fille de l’Empereur Bu. Nous tenons cela de Dogen qui l’a mentionné dans le Shobogenzo. Le bouddhisme prend racine en Chine, s’étend ensuite à la Corée, puis de la Corée au Japon, quand le Roi Song (dans la première moitié du VIe siècle, presque 700 ans avant la naissance de Dogen) fit envoyer à l’Empereur Kinmei des sutras et des sculptures bouddhistes. Le premier bouddhiste ordonné au Japon fut une femme.

La première personne à avoir été ordonnée dans cette toute nouvelle religion du bouddhisme au Japon (en 584) fut une femme du nom de Shima, issue d’une famille puissante de la tribu Soga. Après elle, deux autres femmes, Toyome et Ishime, prirent les noms de Zenzo-ni et Ezen-ni. Il n’était pas possible au Japon de recevoir l’ordination complète car cela nécessitait la présence de dix moines et de dix nonnes.

Les Chroniques Gangoji relatent que ces trois femmes voyagèrent seules jusqu’à Paekche en Corée, où le bouddhisme était bien établi, et qu’elles y reçurent l’ordination complète en 587. À leur retour au Japon, elles vécurent ensemble à Yamoto dans une amadera, un temple bouddhiste pour femmes, dirigé par une femme du nom de Sakurai-ji. En 623, il y avait au Japon 569 nonnes et 816 moines, et en 674, à l’occasion d’une cérémonie, eut lieu un grand rassemblement de 2400 nonnes.

Cela se passait dans le Japon de l’époque préconfucéenne, une ère où pouvoir spirituel et pouvoir gouvernemental n’étaient pas séparés et où les femmes exerçaient leur influence dans les deux domaines. On considérait que les femmes possédaient des pouvoirs chamaniques et durant les périodes Asuka (550-710) et Nara (710-784), il y eut au gouvernement huit impératrices. Celles-ci mirent toute leur énergie au service du développement du bouddhisme. Ainsi Zenshin-ni eut-elle pour modèles, de nombreux exemples de femmes engagées à la fois dans les affaires religieuses et politiques.

Le Sutra du lotus eut pour les femmes une valeur inestimable : l’histoire de la princesse Naga qui est devenue un bouddha fut interprétée comme une preuve que les femmes pouvaient accéder à l’éveil. Les temples des nonnes fondés par l’Impératrice Komyo en 740 étaient appelés « Temples du Lotus pour l’Absolution des Péchés ». (Hokke Metsuzaishi-ji) et chaque temple abritait dix nonnes, chiffre qui est monté à vingt après 766. Ces temples recevaient une aide économique du gouvernement. L’Impératrice Komyo a également fondé des institutions caritatives chargées de dispenser une aide médicale et de soulager les plus démunis. Elle-même fut ordonnée au temple principal de Todai-ji en 749.

Shotoku Taishi, qui fut une figure maîtresse dans la formation du Japon, éprouva, à l’égard des femmes, de profonds sentiments. Sur les sept temples qu’il aurait fait construire, cinq furent réservés aux femmes (amadera) et le plus célèbre, Chugu-ji, existe toujours aujourd’hui à Nara.

À cette époque, les valeurs confucéennes avaient déjà pénétré à l’intérieur du pays depuis une centaine d’années et avec l’Édit de la Réforme de Taika, en 646, les femmes se virent progressivement privées des pouvoirs institutionnels. Selon des documents datant du IXe siècle, il est clair que les femmes ne sont pas restées passives face à une telle privation et une telle injustice ; et pourtant, à l’époque de Dogen, les valeurs confucéennes dominaient encore la société japonaise.

La période Kamakura

« De quel droit les mâles seuls sont-ils nobles ? Le ciel vide est le ciel vide ; être une femelle est exactement la même chose. »

(Dogen : Taisho, vol.82)

Dogen fut obligé de remonter à l’époque préconfucéenne pour convaincre ses disciples que les femmes étaient capables d’instruire les hommes. Il utilisa des exemples inspirés de son séjour en Chine :

- Myoshi-ni eut dix-sept moines pour disciples et c’est grâce à elle, qu’au cours du IXe siècle, ces moines obtinrent l’éveil.

- Massan Ryonen-ni fut l’éducatrice du grand maître zen chinois Kankei Shikan Zenji.

Tout au long de sa vie, Dogen lui-même fut sous l’influence de femmes monastiques. Un mois avant de mourir, il écrivit que Egi-ni était la « sœur de Dharma » de Ekan, Ejo et Esho. Bien qu’aucune femme ne reçut l’ordination de sa main, Egi-ni passa vingt ans à ses côtés. Dogen lui témoigna le plus profond respect, de même qu’à plusieurs autres nonnes. Elle fut à son chevet lorsque, vers la fin de sa vie, il tomba malade et elle contribua de façon importante à prendre en main la génération suivante, menée par Ejo. Elle fut aussi la « tante de Dharma » de Gikai, qui suivit Ejo au temple de Eihei-ji.

Deux chapitres du Shobogenzo, Bendowa et Raihaitokuzui, affirment l’égalité des femmes et des hommes dans la pratique du zen. De plus, Dogen a complètement réinterprété la lecture que nous pouvons avoir de cette phrase du Sutra du nirvana : « Toutes les existences sont la nature de bouddha. »

C’est une nonne, Ryonen-ni, qui l’aurait principalement influencé pour écrire, dans Bendowa , son enseignement le plus explicite au sujet des femmes. Dogen n’eut de cesse de faire son éloge, disant qu’elle possédait une « rare aspiration à l’éveil » (bodaishin). Dans le Eihei Koroku, il écrit que Ryonen-ni était profondément dévouée à la Grande Voie des bouddhas. On la compare parfois à Massan. Ryonen-ni en Chine ; c’est de la moëlle de ses os que la nonne aurait connu le zen.

Grâce à l’argent offert par une femme du nom de Shogaku Zenni, Dogen put faire construire le dharma hall qui se trouve dans son premier temple à Kosho-ji ; et lors de son ordination, en 1225, Shogaku Zenni fit don à Dogen du restant de sa fortune.

Ce n’est là qu’un exemple du soutien que les femmes ont apporté à Dogen et de l’influence qu’elles ont exercée sur lui.

Ekan Daishi était la mère de Keizan. Elle fut nonne et Abbesse de Joju-ji au moment des funérailles de Gikai en 1309 ; c’est d’elle que Keizan tint sa dévotion religieuse. Myoshi-ni, la nièce d’Ekan, fut nommée Abbesse de la première amadera de l’école Soto, Hoo-ji, qui avait été construite par Keizan en l’honneur de sa mère. Le 23 mai 1325, en mémoire de celle-ci, Keizan fit vœu d’aider les femmes dans les trois mondes et dans les dix directions. Une trentaine de nonnes suivirent son enseignement ; l’introduction des nonnes dans la pratique soto, telle qu’elle fut établie par Dogen et Keizan à travers l’influence de leurs mères, continua sous la période Muromachi, grâce à leurs successeurs.

Source : le nouveau livre de Paula Kane Robinson Arai sur les nonnes soto : Women Living Zen, publié par Oxford University Press. L’auteur, qui parle couramment le japonais, a écrit sa thèse sur ce sujet à l’Université d’Harvard et a vécu un an dans et près d’une communauté de nonnes soto à Nagoya, au Japon, en 1989.

Teishin (1798-1872)

Teishin est devenue nonne à l’âge de 23 ans. Elle en avait 29 lorsqu’elle rencontra Ryoken et qu’ils tombèrent amoureux. Lui était alors âgé de 70 ans. Teishin était poète ; tous deux composaient ensemble des poèmes et discutaient pendant des heures de littérature et de religion. Teishin ne publia jamais ses propres poèmes mais choisit plutôt d’en rassembler certains de Ryoken, après la mort de ce dernier en 1831. Le recueil est intitulé Hasu no tsuyu ou Hachisu no tsuyu. Cet acte désintéressé permit à Ryoken d’être connu d’un large public, alors que Teishin, elle, resta relativement dans l’ombre.

La lune, j’en suis sûr,

Brille de sa vive clarté

Bien au-dessus des montagnes,

Mais les nuages sombres enveloppent les sommets de leur obscurité.

Ici avec toi

Je resterais

Des jours et des années sans nombre

Silencieux comme cette lune brillante

Qu’ensemble nous avons contemplée.

Poème d’amour à Dogen

Jade Reidy

Traduction française : Juliette Heymann

Comment Utpalavarna est devenu arhat

Utpalavarna, (Couleur du Lotus Bleu), fut, dans sa première vie, une prostituée qui avait l’habitude de porter des vêtements raffinés. Un jour, en guise de plaisanterie, elle revêtit le kesa. Ce geste désinvolte lui valut des mérites si grands que dans sa vie suivante, elle connut le Dharma du bouddha Kasyapa et devint une bhiksuni. Dans sa troisième vie, elle rencontra le Bouddha Shakyamuni et devint un grand arhat, maniant aisément les six pouvoirs (dont celui de mettre fin à toute chose inutile) et les trois types de connaissances.

Il est écrit dans le Sutra de Jataka, qu’Utpalavarna encouragea les femmes nobles à abandonner leur vie de famille pour suivre la Voie de Bouddha, même si elles ne pouvaient pas respecter les préceptes.

Elle disait, se servant de sa propre expérience : « Si vous tombez en enfer, vous tombez. », montrant ainsi qu’il est toujours possible d’atteindre la vérité.

Cette histoire légendaire est relatée par Dogen dans le Kesa Kudoku du Shobogenzo.

Juin 2001

http://www.buddhaline.net/Les-femmes-da ... ire-du-zen
avec metta
gigi FleurDeLotus
Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
Sylvie

Histoire de simplifier la reproduction corps à corps, la condition à la naissance d'un garçon ou fille est de par notre condition d'être humain la rencontre d'un homme et d'une femme. Et de par sa condition, l'être humain est collé à la Terre et en même temps conditionné par le cycle des Astres...
Savoir que Bodhidharma était le 28e-1er patriarche ou le 23e-24e-25e est une "question d'Ecole".

Mais quitte à se poser la question si la transmission coeur-esprit des patriarches était faite par homme ou femme de corps, autant relativiser plus grand et se demander:
"quel était votre visage avant la naissance de vos parents ?".
Je ne sais pas si c'est la déesse Vasumdarhi qui valide la réponse, mais l'étude de ce koan me parait à priori presque plus simple que l'étude historique de tous les patriarches dans toutes les écoles :???:
Dumè Antoni

Sylvie a écrit :Savoir que Bodhidharma était le 28e-1er patriarche ou le 23e-24e-25e est une "question d'Ecole".
C'est vrai mais c'est quand même un peu plus complexe que ça. D'abord, cela montre l'importance des fidèles dans la filiation. Le Chan/Zen n'occuperait probablement pas la place qu'il occupait et occupe encore de nos jours en Chine et au Japon (et sans doute aussi au Vietnam et en Corée) si cette filiation n'avait pas été introduite dans l'annexe du Sutra de l'Estrade, autrement dit, dans la reconnaissance du VIème Patriarche (Huineng) comme détenteur du Dharma et rattaché par filiation "historique" (et légendaire) à Çakyamuni via les patriarches du Mahayana. Et si un jour une (ou des) femme(s) étai(en)t reconnu(es) comme détentrice(s) du Dharma, elle(s) le devrai(en)t aussi aux fidèles, c'est à dire à la "base" car en définitive, ce sont toujours eux qui paient et qui donc assurent la survie des monastères et qui, au final, décident. En second lieu, il existe, si j'ose dire, un véritable hiatus doctrinal entre le Mahayana (dont Shen Xiu, le rival de Huineng, était sans aucun doute le digne héritier) et le Zen de Huineng (mais aussi depuis Bodhidharma puisque Hung jen reconnut Huineng et non Shen Xiu pour successeur), lequel est/était subitiste, et se rapproche donc plus du Dzogchen (les "rites initiatiques" en moins) que du Mahayana. Du reste s'il existe une classification du Zen : le Saijojo zen (zen "du véhicule suprême", subististe et non sutrique) différent du Deijo zen (zen du Grand Véhicule = Mahayana, graduel et sutrique), ce n'est sans doute pas pour rien. Bien sûr, tous les véhicules sont rattachés à Çakyamuni, mais il importe que les véhicules conservent leurs spécificités, car sinon cela reviendrait à nier les spécificités individuelles des dharmas (les fameux 84000 dharmas) pour qui les doctrines ont été conçues.

Bon tout ça est quand même un peu HS par rapport au sujet du fil.
Dumè Antoni

Sylvie a écrit :Mais quitte à se poser la question si la transmission coeur-esprit des patriarches était faite par homme ou femme de corps, autant relativiser plus grand et se demander:
"quel était votre visage avant la naissance de vos parents ?".
Je ne sais pas si c'est la déesse Vasumdarhi qui valide la réponse, mais l'étude de ce koan me parait à priori presque plus simple que l'étude historique de tous les patriarches dans toutes les écoles :???:
En fait, la question de la transmission "officielle" ne se pose que sur le plan mondain. Quand on en est à revendiquer un bouddhisme "féminin", cela montre à quel point ce plan mondain est important pour les êtres. Mais il est vrai que dans la transmission de shin à shin (esprit et coeur ayant le même caractère en chinois), le fait qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme est sans importance.
Sylvie

yudo a écrit :Il y a longtemps que je sais que la liste des patriarches est bidon. Pour les raisons énumérées par Dumè. Mais ce que je trouve intéressant, c'est qu'il existe quand même une lignée authentique, où, du Bouddha Gautama à nous, une presque centaine de patriarches ont transmis de personne à personne, face à face, d'un coeur/esprit à l'autre, le Dharma, et ce peu importe que leurs noms ne soient pas ceux de la liste, juste parce qu'on n'en a pas la documentation. A ce titre, je récite cette liste en sachant qu'elle est tout à la fois fausse et authentique, ni fausse ni authentique, ni non-fausse ni non-authentique (et j'oublie le quatrième lemme ba11 )

C'est comme les sûtras. On n'a pas à être en extase devant eux ni devant les textes qu'ils contiennent, mais on doit en même temps se rappeler que sans eux la tradition se serait perdue. Les choses n'ont pas toujours le sens qu'il semble, mais elles l'ont parfois aussi.
L'illusion de la forme de trois propositions ne veut pas dire que dans le sens global de la phrase, il n'y a pas les quatre propositions du tétralemme.
Le sens du tétralemme y est, même si dans la forme ce sens ne semble pas y être.
Ce n'est pas nier le sens de la Réalité conventionnelle au prétexte d'une absence de sens de la Réalité ultime, parce que celle-ci serait "occultée" par la Réalité conventionnelle.

Mais "occulter" des vérités conventionnelles dans la Réalité conventionnele, c'est courir le risque qu'au prétexte de vacuité, il n'y ait pas de différence entre "distinction" et "discrimination" dans la réalité conventionnelle.

Par exemple, pourquoi
- certains peuvent écrire sur "nangpa.com" (comme je suis en train de le faire) et pas sur "nangpa2.free.fr" (comme je ne peux pas le faire)?
- et d'autres peuvent écrire sur "nangpa.com" et sur "nangpa2.free.fr" ?
http://nangpa2.free.fr/phpBB3/index.php
alors qu'il n'y a pas de différence à distinguer dans leur statut de "membre".

Dans cet exemple, je ne pense pas que la "discrimination" soit de nature de phénomène "homme" ou "femme", mais qu'il y a bien discrimination du fait de "conventions" d'accès aux uns et pas aux autres.

Au prétexte qu'il n'y a pas de "je", c'est le genre de discriminations qui permettent de nier le "je" des autres tout en étant dans l'illusion du "je" à soi.
Pour moi, c'est le "bidon" qui serait dans l'illusion d'une absence de choix ou de donner aux autres l'illusion d'une absence de choix et que le "tout est vide" soit un prétexte pour affirmer un choix.
http://nangpa2.free.fr/phpBB3/viewtopic ... p=301#p301

A choisir dans ce dilemme... je préfère choisir d'affirmer mon "je" à moi sans nier le "je" des autres, même si cela doit soit disant "occulter" la Vérité ultime qui serait l'absence de choix, plutôt que d'occulter des évidences dans la Réalité conventionnelle elle-même.
ted

Sylvie a écrit : Par exemple, pourquoi
- certains peuvent écrire sur "nangpa.com" (comme je suis en train de le faire) et pas sur "nangpa2.free.fr" (comme je ne peux pas le faire)?
- et d'autres peuvent écrire sur "nangpa.com" et sur "nangpa2.free.fr" ?
http://nangpa2.free.fr/phpBB3/index.php
alors qu'il n'y a pas de différence à distinguer dans leur statut de "membre".
C'est pas normal ça. Le forum nangpa2 est fermé.
Je crois bien que quelqu'un nous fait une blague...
Ya un petit malin qui fait apparaître des messages parfois. Même ici...
On a pris quelques mesures, mais il continue, ça l'amuse.

Je vois pas pourquoi Kaïkan irait poster sur un forum fermé depuis plusieurs années. :)
Mais on est HS là.
Merci Sylvie. On s'en occupe. jap_8
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Dharmadhatu
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:D

Un pas historique : 27 nonnes tibétaines passent l’examen de Geshé

http://www.bouddhismeaufeminin.org/un-p ... -de-geshe/

Les femmes bouddhistes célèbrent une victoire historique: pour la première fois dans l’histoire du bouddhisme tibétain, 27 nonnes se sont rassemblés dans le nord de l’Inde à Jamyang Choling, une nonnerie près de Dharamsala, et ont commencé leurs examens pour obtenir l’équivalent tibétain d’un doctorat, le titre de Guéshé. Pour comprendre l’impact et la portée de cet événement, il faut imaginer ce que ce serait si seuls les hommes avaient été jusqu’à présent autorisés à passer leurs examens de doctorat. Alors que de nombreux étudiants américains se préparent pour leurs examens finaux et pour la célébration de l’obtention de leur diplôme au cours de ces semaines, imaginez ce que cela serait si les jeunes filles en étaient exclues. Telle était la situation des femmes dans l’Himalaya et c’est sur le point de changer !

Alors, pourquoi est-ce une si grande affaire et pourquoi a-t-il fallu si longtemps ? Après tout, dans le monde occidental, le premier diplôme de professeur a été attribué à une femme dans une université européenne il y a près de 300 ans, en 1732. ( la scientifique Laura Bassi qui a enseigné la physique à l’Université de Bologne.) Et il y a plus de 2500 ans, le Bouddha lui-même a permis aux femmes d’entrer dans son ordre monastique et a ordonné sa mère adoptive, Mahaprajapati. Elle et 500 femmes partageant les mêmes idées avaient dû se raser la tête et marcher 350 miles pieds nus pour montrer leur détermination sans faille, avant que le Bouddha Shakyamuni n’accède finalement à leur demande — une décision révolutionnaire en Inde à l’époque. L’ordre monastique boudhique a été, avec l’orde des jaïns, un pionnier en Asie pour accepter formellement des femmes dans ses rangs.

Cela peut paraitre surprenant à beaucoup de gens que, malgré son image progressiste en Occident, la tradition bouddhiste tibétaine ne connaisse pas la pleine ordination pour les femmes, et donc que les femmes ne puissent pas accéder à l’ensemble de la formation monastique. Pour de complexes raisons historiques et patriarcales, la lignée d’ordination féminine n’a pas migré avec l’expansion du boudhisme de l’Inde au Tibet, gardant ainsi les nonnes tibétaines à un statut inférieur. Si elles veulent obtenir la pleine ordination, elles doivent se rendre dans des pays où la lignée chinoise d’ordination féminine est vivante. Elles y reçoivent l’ordination complète dans une lignée avec laquelle elles ne sont pas tout à fait familières. «La plupart des nonnes tibétaines n’ont pas les moyens de se rendre à Hong Kong ou en Corée», explique Jetsunma Tenzin Palmo, la nonne bouddhiste occidentale la plus ancienne aujourd’hui, dans le livre qui vient de sortir « Dakini power « , et même si elles pouvaient le faire, elles veulent être ordonnées dans leur propre tradition, par leurs propres lamas, dans leurs robes tibétaines. « Un effet secondaire de cette question est que les nonnes n’ont pas un accès égal à la formation monastique complète. Seuls les moines pleinement ordonnés peuvent étudier les règles monastiques (le vinaya) dans leur intégralité.

Le chef spirituel des Tibétains, le Dalaï Lama, est depuis longtemps été un défenseur de l’émancipation des femmes et a récemment réaffirmé avec enthousiasme que son successeur pourrait être une femme. Il a également insisté sur le fait qu’il doit y avoir un doctorat pour les nonnes bouddhistes tibétaines. « Je suis féministe « , a-t-il déclaré lors du Sommet de la Paixà Vancouver, « N’est-ce pas ainsi que vous appelez quelqu’un qui se bat pour les droits des femmes ? » En Avril 2011, il a conseillé à l’Institut pour les études bouddhistes dialectiques (IBD) à Dharamsala, en Inde, de conférer le degré de «Gueshé» à la Vénérable Kelsang Wangmo, une religieuse allemande (anciennement Kerstin Brunnenbaum). Ce fut une étape historique : Traditionnellement, les diplômes de gueshés sont conférés aux moines après 12 années ou plus d’études rigoureuses dans la philosophie bouddhiste. Pour la première fois dans l’histoire, une nonne a obtenu ce diplome et, plus surprenant encore, une femme occidentale.

Au printemps 2012, le département de la Religion et de la Culture de l’Administration centrale tibétaine a convoqué une réunion spéciale d’abbés et d’universitaires qui ont décidé à l’unanimité que davantage de nonnes devaient être reconnues pour leurs réalisations académiques, une promesse qui est en train de devenir réalité. Les 27 nonnes qui passent actuellement les examens seront finalement récompensées pour plus de 20 années d’études avancées en philosophie bouddhiste et elles seront la première génération de femmes professeurs dans la tradition tibétaine.

Le Dalaï Lama a également soutenu publiquement la pleine ordination pour les nonnes et un accès égal à l’éducation. «Je pense qu’il est très important que les femmes s’efforcent de s’approprier tous leurs droits. Parmi la communauté des réfugiés tibétains en Inde, j’ai depuis de nombreuses années, défendu le côté féminin, le côté des nonnes « , a déclaré le Dalaï Lama.

Le Dalaï Lama souligne qu’il ne peut pas simplement dicter un changement — la totalité de la communauté des maîtres tibétains doit accepter de changer les règles traditionnelles. Par conséquent, une discussion générale doit traiter de la position des nonnes bouddhistes tibétaines. À ce jour, les nonnes doivent observer 98 préceptes de plus que les moines, y compris la règle qu’elles doivent obéir aux moines, qu’elles ne peuvent pas leur donner des conseils mais en recevoir, et que même la religieuse la plus haute doit encore prendre un siège plus bas que le plus jeune des moines novices. Jetsunma Tenzin Palmo doute sérieusement que ces préceptes supplémentaires aient été vraiment enseignés par le Bouddha et a étudié les raisons de croire qu’ils ont été ajoutés par la suite par des moines pour refléter la vision patriarcale sur les femmes à cette époque. Tenzin Palmo qui est née à Londres et s’appelait Diane Perry a connu par sa propre expérience les difficultés de suivre la voie bouddhiste en tant que femme occidentale. Ce qui a commencé il y a 2500 ans comme le plus révolutionnaire accueil des femmes à l’époque du Bouddha, s’est transformée en une aventure misogyne. « il est temps qu’ils se ressaisissent! » dit Tenzin Palmo ostensiblement quand je lui ai rendu visite dans l’Himalaya, « et qu’ils donnent aux nonnes leur pleine ordination ! »

Michaela Haas, Ph.D., est unE journaliste internationalE, conférencière et consultante. Elle est l’auteure de «Dakini Power: Douze femmes exceptionnelles modifient la transmission du bouddhisme tibétain en Occident » qui a été publié par Snow Lion / Shambhala en Avril dernier (2013).

Source Washington Post – Traduction Bouddhisme au féminin.

flower_mid
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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