Comprendre la première noble vérité

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tirru...
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Définition du mot dukkha selon Mohan Wijayaratna :
Dukkha (skt.duhkha) : dans son sens ordinaire, ce mot désigne la souffrance, la douleur, le chagrin, le malheur et le mal-être, en tant qu'expérience. Dans son sens spécial et philosophique, il désigne à la fois les conflits, le mal, l'absurdité, l'impermanence, l'état insatisfaisant qui réside dans toutes les *choses composées et conditionnées. C'est dans ce sens philosophique que dukkha est employé en tant que première Noble Vérité de l'enseignement du Bouddha. Même le bonheur spirituel très pur est qualifié dukkha, à cause de son impermanence et de son incapacité à donner une satisfaction définitive. Source : Le renoncement au monde de Mohan Wijayaratna.
Le Ven. Walpola Rahula, dit à ce titre :
La notion de dukkha peut être considérée de trois points de vues différents :

1. dukkha en tant que souffrance ordinaire (dukkha-dukkha), 2. dukkha en tant que souffrance causée par le changement (viparinama-dukkha), et 3. dukkha en tant qu'état conditionné (samkhara-dukkha).
Source : L'enseignement du Bouddha de Walpola Rahula.
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axiste
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C'est pour ça que seul un samyaksambuddha, grâce à sa parfaite capacité d'enseigner, a la possibilité de savoir "l'humeur" de la personne et qui par conséquent peut savoir s'il peut enseigner ou non à cette personne sans lui causer du tord. Peut être aussi certains Nobles qui ont une capacité d'enseignement suffisante et qui, d'autant plus, ont la capacité psychique du aux jhanas (iddhi, je crois que ça s'appelle comme ça) de connaître les pensées ou l' état émotionnelle de l'autre mais c'est une supposition de ma part.
jap_8

Merci Upekkhā pour ces informations.
Je crois aussi qu'on peut causer du tort aux personnes quand elles ne sont pas prêtes à changer...pour ma part, je ne peux juste qu'écouter, je n'ai pas la prétention de changer les personnes, déjà nous changer nous mêmes me semble bien honorable.
Du coup, j'ai regardé du coup la définition de samyaksambuddha:
Un samyaksambuddha est un bouddha parfait dans son atteinte du nirvana. Il y a trois sortes de bouddhas, les deux autres étant les arhat et pratyekabuddha. Bien que l'éveil (bodhi) soit le même, le samyaksambuddha est considéré, notamment par le bouddhisme mahayana, comme celui qui a eu le plus de compassion; il a aussi plus d'omniscience et des pouvoirs spéciaux.
J'ai vu aussi que le pratyekabuddha est le bouddha "solitaire".
Ces trois personnes ont éradiqué dukkha mais seul le samyaksambuddha peut enseigner alors ? Il me plait bien le samyaksambuddha, il a beaucoup de compassion et d'omniscience... :)
Puissions nous un jour avoir autant de sagesse et discernement.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

tirru... a écrit :Définition du mot dukkha selon Mohan Wijayaratna :
Dukkha (skt.duhkha) : dans son sens ordinaire, ce mot désigne la souffrance, la douleur, le chagrin, le malheur et le mal-être, en tant qu'expérience. Dans son sens spécial et philosophique, il désigne à la fois les conflits, le mal, l'absurdité, l'impermanence, l'état insatisfaisant qui réside dans toutes les *choses composées et conditionnées. C'est dans ce sens philosophique que dukkha est employé en tant que première Noble Vérité de l'enseignement du Bouddha. Même le bonheur spirituel très pur est qualifié dukkha, à cause de son impermanence et de son incapacité à donner une satisfaction définitive. Source : Le renoncement au monde de Mohan Wijayaratna.
Le Ven. Walpola Rahula, dit à ce titre :
La notion de dukkha peut être considérée de trois points de vues différents :

1. dukkha en tant que souffrance ordinaire (dukkha-dukkha), 2. dukkha en tant que souffrance causée par le changement (viparinama-dukkha), et 3. dukkha en tant qu'état conditionné (samkhara-dukkha).
Source : L'enseignement du Bouddha de Walpola Rahula.
"Même le bonheur spirituel très pur est qualifié dukkha, à cause de son impermanence et de son incapacité à donner une satisfaction définitive. " On est bien d'accord : c'est l'aspect définitif de la satisfaction qui est le propre du Dhamma du Bouddha.

Ce que je comprends :
Il y a d'autres satisfactions qui apaisent mais qui sont étiquetées comme souffrance uniquement parce qu'elles sont impermanentes. Parce qu'elles ne sont pas définitives.
- Ces autres satisfactions ne sont pas des souffrances ressenties (dukkha-dukkha)
- Elles ne sont pas non plus des souffrances créées par le changement (viparinama-dukkha) (tant qu'elles existent avec des variations relativement semblables à elles mêmes) !
- Elles sont des souffrances potentielles, structurelles, liées à la nature des agrégats. Liées aux états conditionnés (samkhara-dukkha) et ne deviennent, je suppose, souffrances effectives qu'à l'apparition de viparinama-dukkha, qui va alors ouvrir la porte à dukkha-dukkha.

L'exemple classique étant celui des dévis qui retombent dans une renaissance inférieure.
ted

Donc, c'est très différent, très différent, de dire que tout est dukkha-dukkha et de dire que tout est samkhara-dukkha. C'est ce que Yudo veut dire peut-être ?

Dans le premier cas, tu en baves, tu pleures ta race (comme disent les djeuns) ! :)
Dans le second cas, tu vis heureux, parfois des millions d'années.

Pour une personne qui a accumulé des mérites, qui a désamorcé les renaissances inférieures, est-ce que le bonheur spirituel (même impermanent, même marqué de samkhara-dukkha) pourrait être une forme de choix volontaire raisonnable ??? :oops:

Est-ce le cas des bodhisattvas qui refusent de rentrer en parinirvana ?
ted

Comment convaincre une personne heureuse qu'il y a urgence à pratiquer, parce que son bonheur va retomber dans quelques milliers d'années ?
Mission impossible !

C'est pour ça que le samsara n'a pas de fin.
Dès que les gens vont mieux, ils s'accrochent aux satisfactions temporaires.
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yves
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mon esprit est absolument comme cela :-(
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Dumè Antoni

Ted a écrit :Comment convaincre une personne heureuse qu'il y a urgence à pratiquer, parce que son bonheur va retomber dans quelques milliers d'années ?
Mission impossible !
Je ne pense pas qu'il soit dans la "mission" du Bodhisattva d'essayer de convaincre quiconque vivant dans un bonheur éphémère ou durable va retomber dans la souffrance dans quelques milliers d'années, parce que c'est faux. La personne heureuse, c'est du karma de bonheur. Et la personne malheureuse, c'est du karma de malheur. Le karma — au sens bouddhique —, c'est personne. Il n'y a pas d'atman dans le Bouddhisme et donc de transmigration d'ego (ou d'esprit/atman). Il est fondamental de comprendre cela car alors on fait du karma selon le modèle éternaliste des religions telle que l'hindouisme. Dukkha, c'est seulement des vagues de karmas dans l'océan du samsara. Tu es heureux : c'est bon karma ici et maintenant ; tu es malheureux : c'est mauvais karma ici et maintenant.

Une personne heureuse ne voit aucun intérêt à changer de situation, mais si elle a un karma porté vers l'éveil, alors et alors seulement, elle se mettra en route, dans les pas du Bouddha. C'est dans ce karma porté par l'éveil — que cette personne (heureuse ou non, d'ailleurs) incarne —, que brille Prajna et donc l'action de la Compassion Infinie du Bodhisattva. Le Bodhisattva, ce n'est pas quelqu'un qui est extérieur à soi-même. C'est quand il s'éveille en nous, qu'il devient actif, que son action devient efficiente (et alors seulement il peut se manifester aussi comme un maître "extérieur"). Sinon, sa nature de Bouddha, c'est comme un Pratyeka-buddha dans son coeur : il ne brille pas suffisamment pour éclairer nos pas.
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axiste
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Ted à écrit:
Donc, c'est très différent, très différent, de dire que tout est dukkha-dukkha et de dire que tout est samkhara-dukkha.
Ici on peut trouver un éclairage encore sur ce qu'est la souffrance (je lisais ce texte et j'ai repensé au fil…)
Nos vues de qui nous sommes se dilatent et se contractent en fonction de celui qui, parmi nos nombreux sens du «je», ressent le plus de douleur, se dilatant dans un sens d’unité cosmique lorsque nous nous sentons confinés par les limites de notre petit ensemble esprit-corps, se rétrécissant dans une petite coquille lorsque nous nous sentons blessés en nous identifiant avec un cosmos tellement rempli de cruauté, d’insouciance, et de gaspillage. Lorsque l’insignifiance de notre soi fini devient à nouveau oppressante, il peut nous arriver de nous précipiter sur l’idée que nous n’avons pas de soi, mais alors cela devient oppressant.
Notre esprit saute donc d’agrippement en agrippement comme un oiseau emprisonné dans une cage. Et lorsque nous nous rendons compte que nous sommes captifs, nous cherchons naturellement une voie de sortie. C’est pour cela qu’il est si important que la première Noble Vérité ne dise pas que : «La vie est souffrance,» car si la vie était souffrance, où rechercherions-nous un terme à la souffrance?
Il ne nous resterait rien d’autre que la mort et l’annihilation. Mais lorsque la vérité réelle est que l’agrippement est souffrance, nous devons simplement regarder précisément où se trouve l’agrippement, et apprendre à ne pas nous agripper.
Thanissaro Bhikkhu, p76_77 :

http://www.dhammatalks.org/Archive/fren ... 130709.pdf
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Dumè Antoni

Thanissaro Bhikkhu a écrit :C’est pour cela qu’il est si important que la première Noble Vérité ne dise pas que : «La vie est souffrance,» car si la vie était souffrance, où rechercherions-nous un terme à la souffrance?
Il ne nous resterait rien d’autre que la mort et l’annihilation. Mais lorsque la vérité réelle est que l’agrippement est souffrance, nous devons simplement regarder précisément où se trouve l’agrippement, et apprendre à ne pas nous agripper.
C'est bizarre qu'un bikkhu renommé en vienne à telle une caricature du Dharma. "Les cinq agrégats de l'existence sont souffrance" dit le Dîgha-Nikaya. Existe-t-il quelque chose de vivant, d'existant, en dehors des cinq agrégats de l'existence ? Faire de "l'agrippement" (c'est son mot) l'équivalent de la souffrance (dukkha), c'est confondre la souffrance (1ère NV) et son origine (2ème NV). Une telle méprise de la part d'un bikkhu de cette renommé laisse... pantois. Et c'est rien de le dire... :???:
Sylvie

"agrippement" signifie peut-être la "soif mentale" reliée à avijja et upadanna.
https://youtu.be/Uzuq2PkPpcU
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