Matthieu Ricard
Moine Bouddhiste
La réincarnation n'est pas la renaissance d'un "moi"
Publié le 24 novembre 2012
Tout d'abord, il faut bien comprendre que ce qu'on appelle réincarnation dans le bouddhisme n'a rien à voir avec la transmigration d'une "entité" quelconque, rien à voir avec la métempsycose. Tant que l'on raisonne en termes d'entités plutôt que de fonction, de continuité de l'expérience, le concept bouddhiste de renaissance ne peut pas être compris. Il est dit "qu'aucun fil ne passe au travers des perles du collier des renaissances." Il n'y a pas identité d'une "personne" au travers de renaissances successives, mais conditionnement d'un flot de conscience
Matthieu Ricard
http://www.matthieuricard.org/articles/ ... e-d-un-moi
avec metta
gigi
renaissance ou réincarnation???
Le bouddha a parlé d'un agrégat d'éléments impermanent pour définir la personne. C'était, notamment, pour contrecarrer certaines philosophies hindouistes de l'époque qui prônaient que la personne était une entité permanente, indivisible et indépendante. Ces philosophies pensaient que si la personne n'était pas ainsi alors il aurait été impossible pour elle de survivre à la mort, et aussi de "subir" le karma de sa vie précédente.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
C'est très bien expliqué par Matthieu Ricard.gigi a écrit :La réincarnation n'est pas la renaissance d'un "moi"
Celui qui renaît n'est ni le même ni un autre. C'est comme une rivière de conscience, on pourrait dire aussi transmigration, et il y a des traces laissées par les expériences vécues au cours de vies antérieures. D'ailleurs il y a transmigration à chaque instant au cours de la vie. Donc ce n'est pas un "moi" qui se réincarne comme c'est couramment véhiculé dans différentes croyances contrairement au Bouddhisme.
-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto -
L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
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L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
C'est quand même la même personne qui renait au moins autant que c'est la même personne qui se réveille le matin après une nuit de sommeil ?
Le madhyamaka dirait que c'est la même personne par imputation conceptuelle. Je prends l'exemple de ma maison. On la rase. Je n'ai plus de maison. Et puis on la reconstruit. Est-ce la même maison ? Est-ce une maison différente ? Tel le madhyamaka je dirais que c'est la même maison, par imputation conceptuelle. Mais je pourrais tout aussi bien dire c'est une maison différente, toujours par imputation conceptuelle. Parce qu'en fait il n'y a ni maison, ni personne.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Quand une personne se réveille après une nuit de sommeil elle se souvient exactement de ce qu'elle faisait la veille.ted a écrit :C'est quand même la même personne qui renait au moins autant que c'est la même personne qui se réveille le matin après une nuit de sommeil ?
Comme le souligne davi dans sa métaphore, la maison est entièrement détruite, tout est dissous et s'en retourne aux divers éléments dont ce tout était issu.
Une autre maison est reconstruite avec des matériaux similaires et selon un "dessin cosmique" en accord avec le karma. Alors le flot de la conscience de l'ancienne maison et des maisons précédentes va laisser des traces qui vont créer dans la nouvelle maison des souvenirs de vies antérieures. Ce ne sera pas j'étais telle personne à telle époque et je me souviens de tout. Non ce sera des séquences d'images qui s'imposeront avec une telle force de vécu antérieur que celui qui les expérimente (et seulement lui), sent que cela a été vécu.
Le plus important est de toute façon de vivre ici et maintenant sans trop se préoccuper des vies précédentes. Seulement il peut arriver pendant dhyâna qu'on ait des visions à ce sujet. Il ne faut pas s'y attacher et laisser passer ce n'est pas important.
-- Kaïkan --
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J'ai lu ce post de deux façons, à l'aide de l'impermanence grossière (quand je le relis aujourd'hui) ou à l'aide de l'impermanence subtile (quand je l'ai lu hier). Après je ne sais pas qu'elle était l'intention de Kaïkan. L'impermanence grossière voit une personne qui renaît après la mort de la personne précédente. L'impermanence subtile voit une personne qui meurt et renaît à chaque instant. Faites l'exercice, c'est marrant. Avec la vue de l'impermanence subtile, on comprend mieux comment être plus présent (et ne plus être dans les projections mentales concernant le passé et l'avenir).Kaïkan a écrit :Quand une personne se réveille après une nuit de sommeil elle se souvient exactement de ce qu'elle faisait la veille.ted a écrit :C'est quand même la même personne qui renait au moins autant que c'est la même personne qui se réveille le matin après une nuit de sommeil ?
Comme le souligne davi dans sa métaphore, la maison est entièrement détruite, tout est dissous et s'en retourne aux divers éléments dont ce tout était issu.
Une autre maison est reconstruite avec des matériaux similaires et selon un "dessin cosmique" en accord avec le karma. Alors le flot de la conscience de l'ancienne maison et des maisons précédentes va laisser des traces qui vont créer dans la nouvelle maison des souvenirs de vies antérieures. Ce ne sera pas j'étais telle personne à telle époque et je me souviens de tout. Non ce sera des séquences d'images qui s'imposeront avec une telle force de vécu antérieur que celui qui les expérimente (et seulement lui), sent que cela a été vécu.
Le plus important est de toute façon de vivre ici et maintenant sans trop se préoccuper des vies précédentes. Seulement il peut arriver pendant dhyâna qu'on ait des visions à ce sujet. Il ne faut pas s'y attacher et laisser passer ce n'est pas important.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Oui. C'est marrant, Davi.
Hum...
C'est pas forcément systématique...
Ya le cas des personnes bourrées, qui se réveillent avec la gueule de bois et ne se souviennent de rien.
Voire aussi des personnes très fatiguées par leur journée de la veille.
Une fois, sans avoir bu, je me suis réveillé sans savoir qui j'étais ni où j'étais.
Au lieu de paniquer, j'ai fait un effort conscient d'abandon pour faire durer cet état.
J'ai pu tenir une quinzaine de secondes avant que la mémoire ne revienne. C'est assez particulier.
Heuuu... !!!Kaïkan a écrit :Quand une personne se réveille après une nuit de sommeil elle se souvient exactement de ce qu'elle faisait la veille.
Hum...
C'est pas forcément systématique...
Ya le cas des personnes bourrées, qui se réveillent avec la gueule de bois et ne se souviennent de rien.
Voire aussi des personnes très fatiguées par leur journée de la veille.
Une fois, sans avoir bu, je me suis réveillé sans savoir qui j'étais ni où j'étais.
Au lieu de paniquer, j'ai fait un effort conscient d'abandon pour faire durer cet état.
J'ai pu tenir une quinzaine de secondes avant que la mémoire ne revienne. C'est assez particulier.