Selon le bouddhisme, les plantes ont-elles un esprit ?

shalistamba

Si, comme certains essayent de nous le faire passer, "tout le vivant", plantes compris et pourquoi pas minéraux avaient la nature de bouddha, ils auraient tous le potentiel d'exposer les attributs de bouddha, omniscience et siddhis compris.
Ils l'exposent seulement, toi, tu ne l'entends pas.
shalistamba

Dumè Antoni a écrit :Voici un texte — qui je le précise doit être saisi "avec des pincettes" car s'il n'est pas fragile, il peut être source de graves confusions quand il est compris "avec son intellect" — à propos de l'esprit et la Voie.

Dialogue entre Maître Nyuri et son disciple Enmonn[1]

1. La Voie est profonde et vide, sublime et éternelle, au delà de toute compréhension, au delà de toute formulation verbale. Ici sont provisoirement mis en scène deux personnages qui tous les deux s'entretiennent de la véritable nature de la réalité : un maître nommé Nyuri et un disciple appelé Enmonn. Présentement, Maître Nyuri est calme et silencieux. Soudain Enmonn bondit sur ses pieds et demande à Maître Nyuri :
- Qu’appelle-t-on "esprit" ? Comment le "pacifier" ?
Le Maître répond :
- Vous n'avez nul besoin de supposer l'existence d'un esprit, ni de particulièrement vous efforcer de le pacifier. On peut dire que c'est cela « pacifier l'esprit ».
2. Question : - Si il n'y a pas d'esprit comment pouvons-nous étudier la Voie ?
Réponse : - La Voie n'est pas une chose à laquelle l'esprit puisse penser, comment concernerait-elle l'esprit?
3. Question : - Si l’esprit ne peut y penser, comment pourrons nous jamais y accéder ?
Réponse : - Avoir des pensées, c‘est avoir un esprit. Avoir un esprit contredit la Voie. Ne pas avoir de pensée c'est ne pas avoir d'esprit. Ne pas penser est la vraie Voie.
4. Question : - Tous les êtres vivants ont-ils un esprit ou non ?
Réponse : - Croire que tous les êtres vivants ont un esprit, c'est une perversion.
C’est seulement parce qu'on édifie un « esprit » dans le « non esprit » que des pensées illusoires prennent place.
5. Question : - Quels sont les attributs du « non esprit » ?
Réponse : - Le « non esprit » c'est le sur le champ le « non objet ». Le « non objet » c'est la nature elle-même. La nature elle-même est la Voie.
6. Question : - Comment les pensées illusoires des êtres vivants peuvent-elles être détruites ?
Réponse : - Tant que l’on considère les pensées illusoires et que l’on envisage de les détruire, on ne s’en débarrassera jamais.
7. Question : - Sans leur destruction ou élimination, comment est-il possible de se mettre en accord avec la Voie ?
Réponse : - Aussi longtemps que l’on parle de se mettre en accord ou pas en accord avec la Voie on ne peut pas davantage se libérer des pensées illusoires.
8. Question : - Alors, que dois-je faire ?
Réponse : - Ne rien faire. Voilà tout !


Source : http://aucoeurduzen.blogspot.fr/2014/04 ... -tout.html

Il serait difficile d'affirmer que l'expression "tout est esprit" puisse avoir un quelconque rapport avec le Zen. Comme il serait difficile de penser que Nyuri fait l'éloge de la non-pensée, au sens du végétalisme...
Sauf que là l'esprit désigne le mental et que le non-esprit désigne la nature de bouddha (le cœur des choses) les plantes le végétalisme.
Serge Zaludkowski

shalistamba a écrit :
Si, comme certains essayent de nous le faire passer, "tout le vivant", plantes compris et pourquoi pas minéraux avaient la nature de bouddha, ils auraient tous le potentiel d'exposer les attributs de bouddha, omniscience et siddhis compris.
Ils l'exposent seulement, toi, tu ne l'entends pas.
C'est une jolie réponse avec un grain de romantisme, mais les attributs de bouddhas et les siddhis sont des qualités précisent qui ne font pas partie des plantes ou des minéraux. Dans le dzogchen tout cela s'appelle le décor. Décor enchanteur, en l'occurrence.
Serge Zaludkowski

shalistamba a écrit :
Sauf que là l'esprit désigne le mental et que le non-esprit désigne la nature de bouddha (le cœur des choses) les plantes le végétalisme.
Le "non-esprit", c'est comme ça que l'on désigne la nature de bouddha dans le bouddhisme chan/zen ? ... Défaut de ponctuation peut-être, je ne comprends pas "les plantes le végétalisme", peux-tu expliquer ?
shalistamba

yves a écrit :si la réalité subjective est l'expression d'un champ de conscience infini et permanent qui serai lui: la Réalité

tout en est issus, les pensées, les pierres ou les plantes color_3

pourrait-on dire que les pierres sont la parfaite incarnation de ce champ, les plantes un peu moins et l'esprit encore moins car il connaît l'ignorance? :?:

ou encore

l'esprit a la capacité de "connaître" ce champ car il l'est, comme toutes choses le sont. pourrait-on dire q'une pierre ou une plante sont "plus proche" de ce champ de Réalité car "non pollué"? :???:

ces questions sont réellement comme ça en moi jap_8
Entendrais-tu le réel prêcher le Dharma?

Dogen répond clairement à ta question:
"C'est en traquant la chose que se fait le moi, et c'est en traquant le moi que se fait la chose. A la naissance des sentiments et émotions, la sagesse s'éloigne" "une perle claire" [Ikka myôju] (Shôbôgenzô - Tome 3, p 102)
et
"Le premier patriarche chinois (Bodhidharma) dit : Chaque cœur est comme du bois et de la pierre"
"C'est par la force de ce cœur de bois et de ce cœur de pierre que se réalisent comme présence la pensée et la non pensée de ce présent" Maître Dôgen - Déploiement du cœur de l'Eveil [Hotsumujôshin] - Shôbôgenzô, la vraie Loi, Trésor de l'Oeil - Tome 1
Les plantes et les cailloux ne discriminent pas. La nature est généreuse par nature sans en être consciente.
Dernière modification par shalistamba le 16 mars 2016, 10:02, modifié 1 fois.
shalistamba

Serge Zaludkowski a écrit : Sauf que là l'esprit désigne le mental et que le non-esprit désigne la nature de bouddha (le cœur des choses) les plantes le végétalisme.

Le "non-esprit", c'est comme ça que l'on désigne la nature de bouddha dans le bouddhisme chan/zen ?
Non, je ne crois pas. Je commentais le texte de manière personnelle (comme Yves). A ma connaissance il n'est pas question de non-esprit dans le zen.
Serge Zaludkowski a écrit : ... Défaut de ponctuation peut-être, je ne comprends pas "les plantes le végétalisme", peux-tu expliquer ?

Il n'est pas question non plus de végétalisme dans le zen... Je reprenais le mot de Dumé

Dogen dit seulement que discourir de la nature c'est discourir de l'éveil, c'est pourquoi j'ai dévié le fil sur la nature de bouddha vers la nature. Je n'ai jamais perdu de vue le dharmakaya. Désolé Ted mais c'est pour moi une hérésie d'avoir créé un fil différent surtout que pour moi les plantes n'ont pas d'esprit (une conscience). Elles ont un cœur (Shin) invisible et insaisissable
Dumè Antoni

Serge a écrit : Le "non-esprit", c'est comme ça que l'on désigne la nature de bouddha dans le bouddhisme chan/zen ? ... Défaut de ponctuation peut-être
L'expression "wu-shin" est difficilement traduisible en français (non-mental, non-pensée, Inconscient...). D.T. Suzuki a écrit un ouvrage "Le non-mental selon la pensée zen" (titre original : The Zen Doctrine of No Mind). Il est dit "l'état de Bouddha est atteint quand il y a wu-shin (non-mental)". Cela ne signifie certainement pas que la nature de Bouddha est l'équivalent de wu-Shin mais que la nature de Bouddha n'est pas de la nature de l'esprit ou l'âme ou le mental... et donc inaccessible au mental duel (qui est sems dans le Dzogchen). L'expression "wu-shin" est donc la négation de sems, mais n'est évidemment pas l'équivalent de Rigpa. Wu-shin n'est pas l'absence de pensées non plus. Les pensées ne doivent pas être chassées ou annulées ; elles ne sont que des "vagues" sur la surface de l'océan, et donc de la nature de l'océan. La nature de Bouddha est désignée par le "Non-né" (Bankei l'utilise en tout cas) ; terme que l'on retrouve également dans le Théravadha pour désigner Nirvana.

La difficulté, avec le terme "shin", c'est qu'il désigne autant l'esprit que le coeur et donc "l'âme", d'une certaine façon. Et bien sûr "wu-shin" renvoie à l'anatman qui est le non-soi (ou la négation de l'âme). Bien entendu, la nature de Bouddha est le "non-soi", ou "vacuité", mais elle n'est pas réductible à la négation de quelque chose (l'âme, l'esprit, le mental...). D.T. Suzuki commet une erreur, à mon sens, quand il désigne la nature de Bouddha par la "Vacuité absolue", mais il précise qu'il entend par là qu'elle est inaccessible à toute sorte de dénomination. Il affirme en effet par la suite que Prajna est "en mouvement" dans la nature de Bouddha. Et cela "sauve" son analyse puisque la nature de Bouddha est inséparable de Prajna (et donc de la Clarté ou de la Brillance ou de l'Illumination). Enfin, tout cela n'est que verbiage (un peu logique sur un forum), mais il ne sert à rien de désigner la nature de Bouddha comme étant ceci ou cela quand on ne sait pas ce que c'est pour ne pas l'avoir réalisée.

En tout état de cause, dire que "tout est esprit" n'est pas du Zen. Il existe une anecdote assez rigolote (que je site de mémoire) à propos d'un maître, son élève et un gros rocher. L'élève soutient que tout est esprit et donc le rocher est dans son esprit. Le maître lui répond que son esprit doit donc être bien lourd...
Dumè Antoni

Serge a écrit :je ne comprends pas "les plantes le végétalisme", peux-tu expliquer ?
:lol: Je suis désolé, il m'arrive d'employer des mots un peu sortis de leur contexte habituel ; ici, il fallait lire végétalisme dans le sens d'état végétatif (je sais, ça n'a rien à voir). Je vous accorde que ce n'était pas évident. :lol:
Serge Zaludkowski

Serge Zaludkowski a écrit :
shalistamba a écrit :
Si, comme certains essayent de nous le faire passer, "tout le vivant", plantes compris et pourquoi pas minéraux avaient la nature de bouddha, ils auraient tous le potentiel d'exposer les attributs de bouddha, omniscience et siddhis compris.
Ils l'exposent seulement, toi, tu ne l'entends pas.
C'est une jolie réponse avec un grain de romantisme, mais les attributs de bouddhas et les siddhis sont des qualités précisent qui ne font pas partie des plantes ou des minéraux. Dans le dzogchen tout cela s'appelle le décor. Décor enchanteur, en l'occurrence.
On parle des caractéristiques du parfait éveil (anuttara samyak sambuddha) telles que l’omniscience, les dix pouvoirs, les marques majeures et mineures ...
shalistamba

Serge Zaludkowski a écrit :
C'est une jolie réponse avec un grain de romantisme, mais les attributs de bouddhas et les siddhis sont des qualités précisent qui ne font pas partie des plantes ou des minéraux. Dans le dzogchen tout cela s'appelle le décor. Décor enchanteur, en l'occurrence.

On parle des caractéristiques du parfait éveil (anuttara samyak sambuddha) telles que l’omniscience, les dix pouvoirs, les marques majeures et mineures ...
Oups tu as raison. J'avais mal lu. Ils n'exposent que le Dharma, évidemment.
"Même les forêts sur les montagnes, même les arbres et les herbes, les villes et les banlieues, et même les palais, pour ne rien dire des instruments de musique, chantent le Dharma dans les lieux fréquentés par les bouddhas du fait même de leurs bénédictions"
Soûtra de l'Entrée à Lanka - Lankâvatâra
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