Dharmakaya
Publié : 11 février 2016, 10:02
Je sais que ce n'est pas dans les habitudes de Nangpa de discuter par forum interposé, mais là, je souhaiterais intervenir sur un questionnement de Ted dans le forum Sangha à propos du Dharmakaya. Je le fais non pas dans le but d'engager une quelconque polémique (je rappelle que je ne suis pas favorable aux débats) mais de clarifier certaines choses. En effet, dans un des fils de discussion sur Nangpa mais pas uniquement, je soutenais que "chacun avait son propre Dharmakaya". D'une certaine façon, je me sens dans l'obligation d'éclaircir ma propre proposition, constatant qu'elle n'a pas été comprise correctement (si je fais la supposition que Ted la reprenait in extenso).
Avant de développer, je rappelle qu'en affirmant que "chacun a son propre Dharmakaya", cela ne signifie pas dans mon esprit que le Dharmakaya serait un objet que l'on posséderait en propre comme on posséderait une voiture ou une maison. Le Dharmakaya n'est pas un phénomène au sens où il serait susceptible d'être perçu comme tel, c'est à dire susceptible de manifestation. Le Dharmakaya est l'équivalent de la Nature de Bouddha (Etat naturel dans le Dzogchen), laquelle est susceptible de manifestation, mais uniquement en qualité de Sambhogakaya pour le Bodhisattva et/ou de Nirmanakaya pour les individus ordinaires (mais entrées dans le courant du Bouddhisme). Dans le BT, le Nirmanakaya est le Tulku (terme plus "connu" que Nirmanakaya, il me semble).
Cela étant précisé, pourquoi affirme-t-on que chacun a son propre Dharmakaya ? Parce que chacun a sa propre nature de Bouddha, c'est à dire la capacité intrinsèque de s'éveiller à sa vraie nature. Pourquoi ? Parce que la clarté du Dharmakaya n'est autre que Prajna et que seule Prajna est capable de révéler (ou reconnaître) sa véritable nature (de Bouddha). Quand on dit que chacun a sa capacité intrinsèque de s'éveiller à sa vraie nature, cela signifie que celui qui s'éveille n'éveille pas, par la même occasion, tous les êtres de l'univers. Le Bouddha, malgré son Omniscience, n'est pas Omnipotent. Ce n'est pas un Dieu, au sens Eternaliste du terme.
L'emploi du verbe "avoir" doit par ailleurs être bien compris quand on parle de notions directement empruntées à l'Orient. Pour un Oriental, et plus précisément un Asiatique, dire "J'ai deux mains" au sens où l'entendent les Occidentaux, revient à dire "avoir deux mains dans les siennes". On comprend bien là qu'avoir son propre Dharmakaya, au sens occidental du terme reviendrait à dire "avoir un Dharmakaya dans son propre Dharmakaya", ce qui est évidemment dépourvu de sens. Pour comprendre une expression telle que "voir dans SA vraie nature", il faut évacuer la notion d'appartenance que laisse supposer l'adjectif possessif "SA". La vraie nature, qui est le Dharmakaya, n'est pas phénoménale, ni même nouménale ; on ne peut donc la posséder (comme on aurait deux mains dans ses mains). Quand on voit dans sa vraie nature, il y a coïncidence entre l'esprit qui voit et l'esprit qui est vu en sorte que l'esprit (dualiste) disparaît (c'est la Vue de la vacuité du Dharmakaya). Si l'on comprend le Dharmakaya comme un phénomène, alors on sera tenté de le chercher avec l'esprit (dualiste) et l'on ne parviendra pas à Voir ni même à comprendre ce dont il s'agit. La notion de retournement de l'esprit sur lui-même ne signifie pas un volte face, comme je l'ai lu à quelques reprises ici où là. Concrètement, cela revient à le faire coïncider avec lui-même, un peu comme on ajuste deux lentilles en optique pour voir clairement (et non flou). Cette coïncidence — qui fait disparaître le voile (vue floue) de l'ignorance — est l'Eveil en tant que Réalisation/Vue de la Vacuité de l'esprit.
Il faut aussi bien comprendre que chacun a son propre Dharmakaya comme chacun a son propre karma. Un karma défavorable est un obstacle à l'éveil, c'est à dire à la clarté de Prajna dans son propre esprit. D'où son ignorance au sens bouddhique du terme (qui est l'absence de coïncidence qui génère un esprit surnuméraire = vision floue ou erronée). A contrario, un karma favorable nous met en relation avec le Nirmanakaya qui, d'esprit à esprit (qui est l'essence du Dharma), va nous conduire — plus ou moins rapidement selon nos dispositions karmiques — à l'Eveil (au sens Bouddhique).
Le karma n'est pas plus une sorte de destin que le Dharmakaya ne serait une sorte de "conscience océane", qui non seulement n'existe pas dans le Bouddhisme mais constitue en plus une vue erronée. Ted, sur le forum Sangha, fait référence à la Trinité, parce que le Triple Corps (Dharmakaya, Sambhogakaya, Nirmanakaya) pourrait laisser supposer qu'on est là dans le même registre. La Trinité concerne une "entité divine", ce que n'est pas un Bouddha, lequel est un homme, certes non ordinaire par qu'il est Eveillé et Libéré, mais avec une enveloppe physique, qui est venue au monde par sa mère et son père et qui mourra comme tout un chacun.
Avant de développer, je rappelle qu'en affirmant que "chacun a son propre Dharmakaya", cela ne signifie pas dans mon esprit que le Dharmakaya serait un objet que l'on posséderait en propre comme on posséderait une voiture ou une maison. Le Dharmakaya n'est pas un phénomène au sens où il serait susceptible d'être perçu comme tel, c'est à dire susceptible de manifestation. Le Dharmakaya est l'équivalent de la Nature de Bouddha (Etat naturel dans le Dzogchen), laquelle est susceptible de manifestation, mais uniquement en qualité de Sambhogakaya pour le Bodhisattva et/ou de Nirmanakaya pour les individus ordinaires (mais entrées dans le courant du Bouddhisme). Dans le BT, le Nirmanakaya est le Tulku (terme plus "connu" que Nirmanakaya, il me semble).
Cela étant précisé, pourquoi affirme-t-on que chacun a son propre Dharmakaya ? Parce que chacun a sa propre nature de Bouddha, c'est à dire la capacité intrinsèque de s'éveiller à sa vraie nature. Pourquoi ? Parce que la clarté du Dharmakaya n'est autre que Prajna et que seule Prajna est capable de révéler (ou reconnaître) sa véritable nature (de Bouddha). Quand on dit que chacun a sa capacité intrinsèque de s'éveiller à sa vraie nature, cela signifie que celui qui s'éveille n'éveille pas, par la même occasion, tous les êtres de l'univers. Le Bouddha, malgré son Omniscience, n'est pas Omnipotent. Ce n'est pas un Dieu, au sens Eternaliste du terme.
L'emploi du verbe "avoir" doit par ailleurs être bien compris quand on parle de notions directement empruntées à l'Orient. Pour un Oriental, et plus précisément un Asiatique, dire "J'ai deux mains" au sens où l'entendent les Occidentaux, revient à dire "avoir deux mains dans les siennes". On comprend bien là qu'avoir son propre Dharmakaya, au sens occidental du terme reviendrait à dire "avoir un Dharmakaya dans son propre Dharmakaya", ce qui est évidemment dépourvu de sens. Pour comprendre une expression telle que "voir dans SA vraie nature", il faut évacuer la notion d'appartenance que laisse supposer l'adjectif possessif "SA". La vraie nature, qui est le Dharmakaya, n'est pas phénoménale, ni même nouménale ; on ne peut donc la posséder (comme on aurait deux mains dans ses mains). Quand on voit dans sa vraie nature, il y a coïncidence entre l'esprit qui voit et l'esprit qui est vu en sorte que l'esprit (dualiste) disparaît (c'est la Vue de la vacuité du Dharmakaya). Si l'on comprend le Dharmakaya comme un phénomène, alors on sera tenté de le chercher avec l'esprit (dualiste) et l'on ne parviendra pas à Voir ni même à comprendre ce dont il s'agit. La notion de retournement de l'esprit sur lui-même ne signifie pas un volte face, comme je l'ai lu à quelques reprises ici où là. Concrètement, cela revient à le faire coïncider avec lui-même, un peu comme on ajuste deux lentilles en optique pour voir clairement (et non flou). Cette coïncidence — qui fait disparaître le voile (vue floue) de l'ignorance — est l'Eveil en tant que Réalisation/Vue de la Vacuité de l'esprit.
Il faut aussi bien comprendre que chacun a son propre Dharmakaya comme chacun a son propre karma. Un karma défavorable est un obstacle à l'éveil, c'est à dire à la clarté de Prajna dans son propre esprit. D'où son ignorance au sens bouddhique du terme (qui est l'absence de coïncidence qui génère un esprit surnuméraire = vision floue ou erronée). A contrario, un karma favorable nous met en relation avec le Nirmanakaya qui, d'esprit à esprit (qui est l'essence du Dharma), va nous conduire — plus ou moins rapidement selon nos dispositions karmiques — à l'Eveil (au sens Bouddhique).
Le karma n'est pas plus une sorte de destin que le Dharmakaya ne serait une sorte de "conscience océane", qui non seulement n'existe pas dans le Bouddhisme mais constitue en plus une vue erronée. Ted, sur le forum Sangha, fait référence à la Trinité, parce que le Triple Corps (Dharmakaya, Sambhogakaya, Nirmanakaya) pourrait laisser supposer qu'on est là dans le même registre. La Trinité concerne une "entité divine", ce que n'est pas un Bouddha, lequel est un homme, certes non ordinaire par qu'il est Eveillé et Libéré, mais avec une enveloppe physique, qui est venue au monde par sa mère et son père et qui mourra comme tout un chacun.