Un débat svātantrika/prāsaṅgika

Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

:D

Les écoles svātantrika et prāsaṅgika ne sont pas d'accord sur le sens de "non-erroné" et sur le statut conventionnel des phénomènes. Les deux écoles s'accordent sur le fait qu'une perception directe doit être sans la distorsion des quatre types d'erreur superficielle, telles que les conditions atmosphériques déformantes, des facultés sensorielles défectueuses, le mouvement etc. Les deux écoles s'accordent sur le fait que les objets apparaissent aux consciences sensorielles comme s'ils existaient par leurs propres caractéristiques. Leurs divergences sur ce qui constitue une perception non-erronée tournent autour de ces questions:

- Est-ce que la cognition valide certifiant les objets sensoriels certifie aussi le mode d'être des objets ?
- La cognition valide appréhendant les objets sensoriels peut-elle être erronée à propos du mode d'être des objets et être malgré tout une cognition valide ?

Ecole Svātantrika. L'école Svātantrika répond "oui" à la première question et "non" à la seconde. Pour l'école Svātantrika, une perception directe sensorielle est non-erronée en ce sens qu'elle appréhende les caractéristiques propres telles qu'elles sont d'un objet sensoriel. Quand une perception sensorielle appréhende un objet sensoriel, elle certifie comme existant tout ce qui lui apparaît, et ceci inclut la façon dont un objet sensoriel semble exister (c.-à-d. selon son propre caractère). Etre non-erroné doit être envisagé en termes du package entier de l'apparence. Si une conscience est non-erronée par rapport à un objet, elle est non-erronée sur toute la ligne. C'est pourquoi, la perception et non-erronée concernant les propres caractéristiques des objets qui leur apparaissent. C'est pour cela que les svātantrikas maintiennent que, conventionnellement, les objets existent par leur propre caractère. Autrement dit, quand l'objet imputé est cherché, quelque-chose d'objectivement établi est trouvé.

Ecole Prāsaṅgika. L'école Prāsaṅgika répond "non" à la première question, et "oui" à la seconde. Selon l'école Prāsaṅgika, la perception sensorielle certifie la simple existence de l'objet sensoriel, mais n'est pas compétente pour certifier le mode d'être d'un objet. L'école Prāsaṅgika dit que ce n'est pas le job d'une conscience sensorielle de certifier la façon dont un objet sensoriel existe. La quête du mode d'être d'un objet sensoriel est le job d'une conscience rationnelle, non d'une conscience sensorielle. C'est pourquoi, même si la perception sensorielle est erronée en ce sens que les objets apparaissent comme s'ils étaient établis par leurs propres caractéristiques, ce qu'ils ne sont pas, la perception sensorielle est une cognition valide certifiant la simple existence d'objets. Pour l'école Prāsaṅgika, il n'est pas contradictoire de dire, d'une part, que les phénomènes conventionnels sont établis validement parce qu'ils sont trouvés par une conscience conventionnelle valide (une conscience sensorielle), et de dire, d'autre part, que les phénomènes sont ultimement introuvables lorsque soumis à l'analyse. Quand une conscience sensorielle cherche et trouve un objet, elle cherche sans investigation ou analyse. Quand vous pensez: "Où sont mes clefs ?", vous cherchez autour de vous et voyez soudainement vos clefs. Vous n'êtes pas en train d'analyser aussi la façon dont les clefs existent, en vous demandant: "Les clefs (l'objet imputé) sont-elles exactement les mêmes que les parties (la base d'imputation), ou en sont-elles complètement différentes ?" Contrairement à cela, lors de l'analyse au moyen d'une conscience rationnelle quant à la façon dont un objet existe, quand l'objet désigné est cherché parmi ses bases de désignation, rien n'est trouvé comme étant l'objet désigné.

Craig Preston, How to Read Classical Tibetan, Vol. II: Buddhist Tenets (p. 224).

Image

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
FA

Ces 2 positions ne sont pas forcément incompatibles, tout dépend de la position épistémologique des uns et des autres.
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

:D Dans quel sens, Fa ?

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Répondre