Bouddhisme "engagé" pour ou contre ?

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FA

Bonjour,

Que pensez-vous du concept de "Bouddhisme engagé" ? Y êtes vous favorable ?

FA
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Dharmadhatu
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jap_8 Oui, comme l'était le Bouddha quand il conseillait des sommités politiques de son temps, et comme le faisait aussi Nagarjuna et tant d'autres.

Un jour le Gyelwa Karmapa Orgyen Trinlé Dorjé a dit qu'être bouddhiste ne se résume pas rester assis sur son coussin, mais à agir dans la société.

Complètement d'accord.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
FA

http://www.zen-occidental.net/articles2/engage.html

Les propos intéressants d' Éric Rommeluère sur le sujet !

jap_8
Fa
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Dharmadhatu
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Thomas Freeman Yarnall a écrit :un "engagement" (versus le renoncement)
:D Je ne pense pas qu'on puisse renvoyer dos à dos ces 2 notions parce que le renoncement n'est pas s'abstenir d'agir dans la société mais plutôt renoncer à la souffrance et à ses causes ou renoncer à ne prendre en compte que cette seule existence.
Un tel engagement peut prendre différentes formes (comme le vote, le lobbying, la protestation pacifique, la désobéissance civile) mais il vise toujours à provoquer activement et à transformer ces institutions perçues comme perpétuant la souffrance sous diverses formes d'oppression ou d'injustice."
Il y aussi nos choix de consommation.
Éric Rommeluère a écrit :Ce mouvement pan-bouddhique, qui n'est pas issu d'une école particulière et que l'on retrouve aussi bien en Orient qu'en Occident, exprime une position novatrice : un bouddhiste peut (ou mieux doit) s'engager dans la vie politique, économique ou civile afin de concrétiser un idéal de société juste et équitable, quitte, et c'est là l'une des nouveautés, à s'opposer aux structures établies.
Ca dépend quelles structures, j'imagine. Or, comme le dit Rommeluère,
Le bouddhisme est multiple, pluriel, divers, complexe.
et tous les bouddhistes ne chercheront pas forcément à s'opposer à n'importe quelles structures.

:arrow: Le Bouddhisme invite ses pratiquants à être des gens responsables de leurs choix, de leurs actes, etc., mais il y a une marge à ne pas dépasser: celle d'obliger les autres à faire les mêmes choix.
Quoi que nous fassions, nous sommes impliqués dans la mondialisation et dans la globalisation des économies. Comment respecter le précepte de ne pas tuer lorsque nos impôts contribuent également au budget de la défense ? Comment respecter le précepte ne pas voler lorsqu'en achetant des produits de consommation nous contribuons à l'exploitation du tiers-monde ? Pour un Sulak Sivaraksa, la simple participation à la société de consommation viole tous les principes éthiques
C'est la question la plus difficile. Si on ne souhaite pas encourager un système cruel envers les animaux, on peut déjà commencer à ralentir la viande, voire adopter le végétarisme, et à acheter ses oeufs et ses produits laitiers là où on a la chance de constater un respect du bien-être animal; mais pour le reste, c'est très difficile: il faudrait carrément interdire la connerie, l'attachement obsessionnel, bref le samsara tout entier ! Dans ce cas, il s'agit bien d'une utopie. On peut se dire aussi que d'accord une partie de notre argent sert à fabriquer des tas de trucs pas cools, à entretenir un système déloyal, une économie qui boursicote sur des containers de denrées indispensables pour des populations qui paient le prix fort en fin de journée boursière, mais on peut aussi s'informer et informer les autres sur ces questions: c'est déjà un acte citoyen fort à mon avis car beaucoup de solutions résident dans l'éducation.

Je conseille personnellement le Plaidoyer pour l'atruisme de Matthieu Ricard, qui non seulement dénonce pas mal de choses (en expliquant leurs tenants et aboutissants) mais aussi donne des solutions:

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FleurDeLotus
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
FA

Bonjour,
Comment respecter le précepte de ne pas tuer lorsque nos impôts contribuent également au budget de la défense ? Comment respecter le précepte ne pas voler lorsqu'en achetant des produits de consommation nous contribuons à l'exploitation du tiers-monde ? Pour un Sulak Sivaraksa, la simple participation à la société de consommation viole tous les principes éthiques
Cette assertion est fausse et dénote un manque de compréhension du Karma et de la voie Bouddhiste.

- En ce qui me concerne je suis résolument contre un Bouddhisme dit engagé - D'abord la quête spirituelle ne devrait jamais être polluée et pervertie, par les
considérations politiques, économiques, de la vie mondaine.

- C'est l'humanité qui fait le monde, pas les Bouddhistes. Vouloir refaire le monde en tant que Bouddhiste ne peut qu'engendrer d'interminables conflits.

- Le chemin de l'éveil s'occupe des racines de l'arbre, pas des feuilles. <<metta>>

anjalimetta
FA
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Dharmadhatu
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:D C'est très intéressant que ce tu dis, Fa:
- En ce qui me concerne je suis résolument contre un Bouddhisme dit engagé - D'abord la quête spirituelle ne devrait jamais être polluée et pervertie, par les
considérations politiques, économiques, de la vie mondaine.
Qu'est-ce qui fait qu'un acte, par exemple, de générosité est mondain ou non ?

Un acte de générosité n'est pas la perfection trancendante de générosité et il est donc mondain. S'il est associé à l'esprit d'Eveil comme motivation, alors il devient une perfection de générosité. Si à tout ça est associée la vue de la vacuité, alors il devient une perfection transcendante de générosité (Cf. L'Entrée au milieu).

-> Donc l'acte en lui-même n'est pas le curseur définissant ce qui est mondain ou transcendant, mais l'état d'esprit qui y est associé. Sinon, aucun bouddhiste ne ferait jamais des dons d'argent à des associations par exemple, sans risquer d'avoir une activité mondaine et non transcendante.

-> Quand le Bouddha conseillait des rajas et ranis de son époque (Indrabodhi, Malika etc.) ou quand Nagarjuna conseillait un raja de la sienne (Cf. Lettre à un ami, Conseils au roi), peut-on qualifier leurs conseils de mondains pour autant ?

FleurDeLotus
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Flocon
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Je ne suis pas contre le bouddhisme engagé, mais je ne le pratique pas. J'ai même du mal à concevoir ce dont il s'agit concrètement : militer en faveur de causes liées au bouddhisme? Dédier à l'éveil des êtres sensibles les éventuels mérites issus des actes accomplis dans le cadre d'un engagement? :???:
Je me considère comme engagée dans un certain nombre d'actions politiques et sociales qui me tiennent à cœur (droit des étrangers, éducation pour tous, féminisme, et j'en passe) mais je vis cet engagement dans des cadres non bouddhistes. Sans prendre ma vie pour du saucisson et la découper artificiellement en tranches :lol: je sépare assez nettement religion et activité sociale. Ce doit être mon karma de française attachée à la laïcité. :razz:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Dharmadhatu
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:D Je dois moi aussi avouer que mon engagement ne va pas plus loin que des choix de consommation, et des informations relayées sur facebook, autant que faire se peut.

FleurDeLotus
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Je me considère comme engagée dans un certain nombre d'actions politiques et sociales qui me tiennent à cœur (droit des étrangers, éducation pour tous, féminisme, et j'en passe) mais je vis cet engagement dans des cadres non bouddhistes. Sans prendre ma vie pour du saucisson et la découper artificiellement en tranches :lol: je sépare assez nettement religion et activité sociale. Ce doit être mon karma de française attachée à la laïcité. :razz:
Bonsoir,

Merci pour vos réponses,
J'approuve complètement cette façon de faire, Flocon !

Bonne soirée,
<<metta>>

Fa
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Dharmadhatu
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:D Je viens d'adhérer à l'association L214 (http://www.l214.com/) parce que je me suis dit qu'être végétarien ne suffisait plus, encore faut-il informer les gens sur le fait que leurs choix alimentaires entraînent souvent des conséquences pour d'autres êtres.

Au fond qu'est-ce qui fait la différence entre l'amour que je porte à mon chien et l'indifférence que je portais au sort des autres animaux ?

Tous les êtres conscients ont la capacité d'éprouver la souffrance et le bonheur, tous autant qu'ils sont ont le souhait légitime d'échapper à la soufrance et d'accéder au bien-être; et de ce point de vue, il n'y a aucune différence. Sans l'impartialité (équanimité) la compassion est bancale.

Or la compassion, autant que l'impartialité, est un principe fondamental dans la tradition bouddhiste, mais elle ne peut véritablement s'exercer qu'en prenant connaissance des souffrances éprouvées par les autres, donc j'ai décidé de m'informer plus attentivement, au moins concernant les informations disponibles.

FleurDeLotus
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