Coucou les amis,
Pas beaucoup de temps hélas, alors je vais juste à (ce que je pense être) l'essentiel:
Parler d'absolu en termes affirmatifs sur un fil qui a pour thème principal la vacuité est ce que Guy Bugault appelle un rond carré. ::mr yellow:: (cf.
Stances du milieu par excellence).
Pour ce qui est de la causalité (karmique ou non) et de la vacuité qui s'impliquent mutuellement: c'est LE point difficile de la vue médiane.
La vacuité est la vacuité d'existence absolue ou indépendante, inhérente etc. Ca veut dire qu'un acte est vide d'existence indépendante de causes, d'agent, de résultats etc. Comme un acte est vide d'existence indépendante de causes, d'agent et de résultat, etc., alors un acte dépend de causes, d'agent et de résultats, etc.
Je crois que souvent ici ou ailleurs, on confond 2 contextes: ontologique et épistémologique. Epistémologiquement, quand on opère une analyse ultime d'un acte (prenez entre autres le chapitre II du
Traité du milieu de Nagarjuna), on ne trouve aucun acte ultimement; c'est normal puisqu'on cherchait un acte tel qu'il apparaît à nos esprits d'êtres puérils/ordinaires/limités: un acte absolu. Il est impossible de trouver un absolu quel qu'il soit si on le cherche correctement.
Donc rien ne résiste à notre analyse ultime.
Ca ne veut pas dire que rien n'existe, qu'il n'y a pas d'acte du tout, ni d'agent du tout, ni de résultats du tout. En effet, c'est justement parce qu'un acte est vide de soi absolu qu'il peut exister, fonctionner, interagir, engendrer des résultats de nature homogène etc.
C'est justement parce que tout est vide que la causalité est possible; si rien n'était vide = si tout existait de manière absolue ou indépendante, rien ne pourrait fonctionner; le ciel serait fait de verre et nous serions figés pour l'éternité en quelque sorte.
La vue médiane enseignée par le Bouddha est que les actes et leurs fruits sont dénués (vides) d'existence absolue ou indépendante, et non pas qu'ils sont vides d'existence. Sinon la vacuité serait la vacuité de rien, or on ne saurait trouver nulle part un caractère sans caractérisé (cf. le
Traité, ou encore le
Shunyatasaptati, etc.).
C'est justement parce que tout est vide qu'un acte peut être porteur de souffrance (et sera ainsi qualifié de négatif) ou porteur de bonheur (et sera qualifié de positif) etc.
Si notre méditation analytique fait correctement son boulot, on ne pourra manquer de constater les nombreuses conséquences absurdes au fait d'imaginer que la vacuité et les conventions se nient mutuellement au sens ontologique (et non plus épistémologique). On peut tous constater qu'il y a des actes et des résultats: on appuie sur une touche et une lettre s'affiche sur un écran. Et pourtant, tout ça est vide, le fait d'appuyer, la touche, la lettre, l'écran: c'est justement parce que c'est vide que ça fonctionne; c'est justement parce que ça fonctionne que c'est vide !
Pour ce qui est de la causalité karmique, il faut en plus de tout ça expérimenter la nature de l'esprit et faire une analyse conventionnelle sur la possibilité des renaissances etc etc. Mais si on a déjà compris que les 2 vérités se soutiennent mutuellement comme les 2 pans d'un toit, on aura déjà fait le plus gros du boulot et on sera certain d'échapper aux extrêmes, c'est déjà énorme... d'après ce qu'en disent les maîtres, moi je ne fais que le perroquet.