La vacuité

Robi

jules a écrit :Je l'explique dans la phrase que tu n'as cité qu'à moitié
C'est un peu pareil il me semble que dans le bouddhisme finalement puisque les enseignements bouddhistes se distinguent de manière semblable selon que les maîtres inculquent des valeurs fondamentales qui sont cependant relatives, telles que des valeurs morales, ou selon qu'ils cherchent à s'adresser à la structure fondamentale de l'individu par laquelle entre autre ce dernier approfondira la connaissance de sa psyché.
Mais c'est vrai qu'on sort du bouddhisme là, mais bon j'avais prévenu. :razz:
Si tu sors du cadre bouddhisme, il ne faut pas commencer ta phrase par
les enseignements bouddhistes se distinguent de manière semblable... etc...
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jules
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Vas te faire voir :lol:
FA

Il y a une histoire Zen qui résume un peu le propos...
Très connue de plus :
Bodhidharma (Bodaidaruma ou Daruma en japonais) est considéré comme le fondateur du Zen chinois. En fait, sa biographie a été rédigée plusieurs siècles après son existence et il paraît bien difficile aujourd’hui de confirmer son caractère historique.

Il serait originaire du Sud-Ouest de l’Inde, et de famille princière de la dysnastie Pallava. Il aurait « traversé monts et mers » pour porter le dharma en Chine.

La date de 440 a été avancée pour sa naissance.

Il aurait débarqué à Canton le 21 septembre 527, et c’est ainsi qu’aurait commencé l’histoire du tch’an. L’empereur Leang Wou-ti régnait alors sur la Chine du Sud. C’était un général apparenté à la dynastie des Ts’i qui s’était emparé du trône en 502 et avait fondé la nouvelle dynastie des Leang. Celui-ci était devenu un souverain probe et humain et avait un profond respect pour les lettres. Il honora donc Confucius, à qui il éleva un temple à Nankin, la capitale ; puis, sous l’influence des moines, il devint un bouddhiste fervent, respectueux de la vie humaine.

En 527, l’année même de l’arrivée de Bodhidharma, Wou-ti alla même jusqu’à se faire ordonner moine. Dès son arrivée, Bodhidharma rencontre l’empereur. Mais lorsque l’empereur lui demande combien de mérites il a engrangés par la construction des monastères et par la copie des sutras, Bodhidharma répond : « Aucun mérite ». L’empereur : « Quels sont les vrais mérites ? » Bodhidharma : « La sagesse pure est merveilleuse et parfaite, son essence est vide et paisible. De tels mérites, on ne peut pas les acquérir par des méthodes mondaines. » L’empereur : « Quel est le sens suprême de la noble vérité ? » Bodhidharma : «Au delà de la sainteté, un vide insondable et rien de sacré. Un ciel immaculé où l’on ne distingue plus ni vérité ni illusion ». L’empereur : « Qui est devant moi ? » Bodhidharma : « Je ne sais pas ».
à méditer ...

Fa
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Dharmadhatu
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jap_8 Coucou les amis,

Pas beaucoup de temps hélas, alors je vais juste à (ce que je pense être) l'essentiel:

Parler d'absolu en termes affirmatifs sur un fil qui a pour thème principal la vacuité est ce que Guy Bugault appelle un rond carré. ::mr yellow:: (cf. Stances du milieu par excellence).

Pour ce qui est de la causalité (karmique ou non) et de la vacuité qui s'impliquent mutuellement: c'est LE point difficile de la vue médiane. :arrow: La vacuité est la vacuité d'existence absolue ou indépendante, inhérente etc. Ca veut dire qu'un acte est vide d'existence indépendante de causes, d'agent, de résultats etc. Comme un acte est vide d'existence indépendante de causes, d'agent et de résultat, etc., alors un acte dépend de causes, d'agent et de résultats, etc.

Je crois que souvent ici ou ailleurs, on confond 2 contextes: ontologique et épistémologique. Epistémologiquement, quand on opère une analyse ultime d'un acte (prenez entre autres le chapitre II du Traité du milieu de Nagarjuna), on ne trouve aucun acte ultimement; c'est normal puisqu'on cherchait un acte tel qu'il apparaît à nos esprits d'êtres puérils/ordinaires/limités: un acte absolu. Il est impossible de trouver un absolu quel qu'il soit si on le cherche correctement.

Donc rien ne résiste à notre analyse ultime.

Ca ne veut pas dire que rien n'existe, qu'il n'y a pas d'acte du tout, ni d'agent du tout, ni de résultats du tout. En effet, c'est justement parce qu'un acte est vide de soi absolu qu'il peut exister, fonctionner, interagir, engendrer des résultats de nature homogène etc.

C'est justement parce que tout est vide que la causalité est possible; si rien n'était vide = si tout existait de manière absolue ou indépendante, rien ne pourrait fonctionner; le ciel serait fait de verre et nous serions figés pour l'éternité en quelque sorte.
:idea: La vue médiane enseignée par le Bouddha est que les actes et leurs fruits sont dénués (vides) d'existence absolue ou indépendante, et non pas qu'ils sont vides d'existence. Sinon la vacuité serait la vacuité de rien, or on ne saurait trouver nulle part un caractère sans caractérisé (cf. le Traité, ou encore le Shunyatasaptati, etc.).

C'est justement parce que tout est vide qu'un acte peut être porteur de souffrance (et sera ainsi qualifié de négatif) ou porteur de bonheur (et sera qualifié de positif) etc.

Si notre méditation analytique fait correctement son boulot, on ne pourra manquer de constater les nombreuses conséquences absurdes au fait d'imaginer que la vacuité et les conventions se nient mutuellement au sens ontologique (et non plus épistémologique). On peut tous constater qu'il y a des actes et des résultats: on appuie sur une touche et une lettre s'affiche sur un écran. Et pourtant, tout ça est vide, le fait d'appuyer, la touche, la lettre, l'écran: c'est justement parce que c'est vide que ça fonctionne; c'est justement parce que ça fonctionne que c'est vide !

Pour ce qui est de la causalité karmique, il faut en plus de tout ça expérimenter la nature de l'esprit et faire une analyse conventionnelle sur la possibilité des renaissances etc etc. Mais si on a déjà compris que les 2 vérités se soutiennent mutuellement comme les 2 pans d'un toit, on aura déjà fait le plus gros du boulot et on sera certain d'échapper aux extrêmes, c'est déjà énorme... d'après ce qu'en disent les maîtres, moi je ne fais que le perroquet. :lol:

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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