Attirance sexuelle et préceptes bouddhistes

Le vent

Flocon a écrit : Le risque, me semble-t-il, à trop vouloir se référer à ce type de texte, surtout si on le fait "naïvement", c'est-à-dire en dehors de leur tradition d'interprétation, est de tomber dans le puritanisme, à l'égard de soi-même comme à l'égard d'autrui, et de transformer le cadre que l'on s'est choisi en carcan.
Et là, pour le coup, je vois bien la bombe prête à exploser en moi-même. :shock:

Bref, je suis d'accord avec Le vent, mais je trouve aussi que le mélange de liberté intérieure et de rigueur qui semble idéal est souvent difficile à doser.

Mais tout cela ne doit pas nous empêcher de siroter quelques mojitos au soleil. :D
jap_8 Voilà un risque bien analysé !
C'est marrant mais Ted a lancé un sujet sur "bouddhisme et santé" et j'y vois un lien très fort puisque avec l'attirance sexuelle s'agitent nos hormones et notre esprit ! Toute intervention volontaire, réfléchie qui s'avère contraignante ou subie sera mauvaise pour la santé physique et psychique... (c'est le cadre carcan dont parle Flocon qui sera source de stress !)

Ted je te rassure tu ne fais pas pitié !!! Tu es vivant (et bien vivant! :lol: ) donc plutôt sujet à réjouissance !!! allez il faut vivre ici et maintenant et prendre avec sourire et joie tout ce qui arrive FleurDeLotus
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Dharmadhatu
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ted a écrit :
Dumè Antoni a écrit : Avec la vue juste, la question des interdits ne se pose pas. L'éveillé ne craint de toute façon pas de renaître en enfer (comment aiderait-il les damnés, autrement ?)
Dumé, cela veut-il dire qu'un éveillé peut avoir la liberté sexuelle qu'il souhaite ?

Axiste, je te suis bien, mais j'ai l'impression que tu es dans le déni de la réalité conventionnelle.

Jules, les conseils de douche froide ou de bonbons me semblent masquer un trouble classique qui apparaît dès qu'on parle de sexe. On se sent obligé de plaisanter. Pourquoi ??? Pour oublier notre gorge qui se serre ? Notre respiration qui s'accélère ? Nos déceptions, frustrations, regrets ?

Je sais que le sujet n'est pas facile, voire tabou.
Mais il s'agit d'observer le corps, les sensations, les perceptions, la conscience, etc... quand il y a contact avec une personne sexuellement attirante. Même les vieillards ressentent encore cette attirance qu'ils ne peuvent plus assouvir physiquement.
Que faire de cette énergie ?
jap_8 Mettre le nez dedans et plonger dans cette félicité dénuée d'attachement et de concupiscence, si on a un (ou plusieurs) Maître(s) qualifié(s) qui nous a(/ont) donné les bons conseils et si on se connaît assez pour ne pas se brûler les mains quand on manipule un feu de joie.

Sinon, il y a les plans b et c: baisser les yeux comme un moine pleinement ordonné qui va passer aux rayons x le corps pour voir ce qu'il y a sous la carrosserie, faire le zoom et chercher ce qui est vraiment là quelque part et pourrait exister sans que notre regard décerne des prix de beauté. Il y a sûrement des plans d, e, f etc. Selon où on en est exactement, mais de toute façon il fait bien se connaître et employer la méthode qui fonctionne le mieux (ce n'est pas toujours la même au fil de notre existence, et ça peut être un cocktail si les méthodes ne se heurtent pas à cause de Vues différentes).

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Robi

ted a écrit :Mais que dire des pensées de convoitise et de désir qui s'élèvent à la vue d'une personne attirante ?
Comment doit-on les traiter ?
En bon bouddhiste tu devrais savoir que comme toutes les pensées, il faut les laisser passer...
Florent

Flocon a écrit :
ted a écrit :En tout cas, ça montre que je n'ai pas l'intention d'y céder comme à 20 ans
Personnellement, je trouve plus difficile de résister aux pulsions libidinales à quarante ans qu'à vingt ans. Peut-être est-ce la crise de la quarantaine, alias le "démon de la luxure" que Dante rencontrait, sous forme d'une panthère, dans la forêt obscure où il s'était perdu "au milieu du chemin de la vie"? On peut aussi y voir une certaine libération vis-à-vis du surmoi patriarcal que j'ai construit dès l'enfance, et qui me chuchote tous les jours de ne pas tromper Monsieur Flocon parce que ce n'est pas bien :shock: : une forme de maturité, peut-être?
Difficile à dire.

Je me souviens qu'il y avait eu de longues discussions dans le forum au sujet de ce que le bouddhisme appelle l'inconduite sexuelle, définie dans le troisième précepte
. En lisant les sutras qui en traitent, on voit bien que ces textes sont une simple formulation de la morale ordinaire de leur milieu de production, au même titre que les évangiles, par exemple, ou les traités du Talmud touchant à la pureté familiale.
Le risque, me semble-t-il, à trop vouloir se référer à ce type de texte, surtout si on le fait "naïvement", c'est-à-dire en dehors de leur tradition d'interprétation, est de tomber dans le puritanisme, à l'égard de soi-même comme à l'égard d'autrui, et de transformer le cadre que l'on s'est choisi en carcan.
Et là, pour le coup, je vois bien la bombe prête à exploser en moi-même. :shock:

Bref, je suis d'accord avec Le vent, mais je trouve aussi que le mélange de liberté intérieure et de rigueur qui semble idéal est souvent difficile à doser.

Mais tout cela ne doit pas nous empêcher de siroter quelques mojitos au soleil. :D
le problème c'est que le 3ème précepte (je parle du théravada) ne traite pas spécifiquement de l'inconduite sexuelle, mais de manière bien plus large.
Pour rappel:

Kāmesu micchācāra veramaṇī sikkhāpadaṁ samādiyāmi
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir d'excès dans les plaisirs des sens.


Donc le respect de ce précepte est bien plus large puisqu'il implique tous les sens. Si on le comprend bien le précepte nous indique à rester mesurer dans nos plaisirs, et ce qui indique la bonne mesure c'est quand nos plaisirs crée plus de désagrément que de bien être (trop manger par exemple, indigestion et prise de poids etc etc...)

Pour l'histoire de ted il faudrait qu'il voit si son désir crée une insatisfaction, une souffrance, une obsesssion... Si ce n'est pas le cas alors il n'a pas trop de bile à ce faire, juste à laisser passer.
si c'est le cas je lui conseillerai la pratique de kayagatanussati (cad la pratique de remémoration des 32 constituants du corps), ça lui permettra de rendre les corps qu'ils convoitent moins désirable.
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Flocon
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D'accord avec toi : la mesure dans le domaine de la sensualité, c'est important et le précepte est bon à suivre dans ce sens. :)
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

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Dharmadhatu
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:D Il faut tenir compte du fait que l'acte sexuel est généralement le plus fort de tous les plaisirs sensuels, c'est pourquoi ce type de précepte évoque en particulier l'inconduite sexuelle et que celle-ci est souvent illustrée par l'adultère. C'est l'adultère qui engendre le plus de problèmes dans notre société, voyez l'histoire du site de rencontre entre personnes mariées qui a été piraté dernièrement et les nombreux problèmes que ça a dû engendrer. Je crois avoir compris que ce précepte n'est brisé que dans le cas de l'adultère, c'est pour ça que c'est d'abord et surtout ce cas qui est évoqué, ce qui n'est pas contradictoire avec le fait d'être vigilant avec les portes des sens en général.

C'est comme pour "ne pas tuer", un enseignant disait qu'on brisait ce précepte seulement si on tuait un être humain; ce qui est logique sinon personne ne pourrait s'engager à le prendre vu qu'une douche suffit pour tuer de nombreux acariens.

Kayagatanussati est une excellente option.

FleurDeLotus
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Florent a écrit :Pour rappel:

Kāmesu micchācāra veramaṇī sikkhāpadaṁ samādiyāmi
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir d'excès dans les plaisirs des sens.


Donc le respect de ce précepte est bien plus large puisqu'il implique tous les sens. Si on le comprend bien le précepte nous indique à rester mesurer dans nos plaisirs, et ce qui indique la bonne mesure c'est quand nos plaisirs crée plus de désagrément que de bien être (trop manger par exemple, indigestion et prise de poids etc etc...)
Bien vu, c'est à mon sens ce qui porte le nom tout simple de détachement.
La nature nous a donné d'éprouver des plaisirs, mais il ne faut pas en être prisonnier. Toute spiritualité authentique doit mener à la liberté.
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Dharmadhatu
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:D Et puis la pratique de kayagatanussati montre qu'il ne suffit pas de laisser passer les pensées puisqu'il faut dans de nombreux cas se familiariser avec certaines pensées comme celles des 32 constituants du corps... à moins bien sûr d'habiter dans un institut médico-légal où des autopsies sont pratiquées à chaque fois qu'on médite. :lol:

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Dharmadhatu a écrit ::D Et puis la pratique de kayagatanussati montre qu'il ne suffit pas de laisser passer les pensées puisqu'il faut dans de nombreux cas se familiariser avec certaines pensées comme celles des 32 constituants du corps... à moins bien sûr d'habiter dans un institut médico-légal où des autopsies sont pratiquées à chaque fois qu'on médite. :lol:
Je vois pas pourquoi tu décrètes comme ça qu'il ne suffit pas de laisser passer les pensées de convoitise et de désir (de ne pas les entretenir, de ne pas les nourrir) si on les trouve indésirables, c'est de bon sens la première chose à faire.
Aussi je rejoins à 100% ce que dit Florent:
Florent a écrit :Pour l'histoire de ted il faudrait qu'il voit si son désir crée une insatisfaction, une souffrance, une obsesssion... Si ce n'est pas le cas alors il n'a pas trop de bile à ce faire, juste à laisser passer.
Ensuite, si ça n'y suffit pas, que ça tourne à l'obsession, pour ma part je pense que le mieux est de voir objectivement ce qui motive que ces pensées soient récurrentes au point d'en être une souffrance.

Autre chose, l'adultère n'a pas que systématiquement les plaisirs des sens comme motivation. C'est bien souvent au niveau des sentiments que ça se joue aussi.
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Dharmadhatu
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jap_8 C'est juste que je voulais préciser: ça dépend quelles pensées. Trouver une pensée indésirable parce qu'on la trouve obsessionnelle est une pensée. Donc il faut juste apprendre à faire le tri et employer la méthode qui convient au bon moment.

Bien sûr, c'est plus facile à dire qu'à faire, d'où la question de Ted, mais c'est une aventure de chaque jour, et c'est ce que Lama Yéshé appelait "être son propre thérapeute".

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