Attirance sexuelle et préceptes bouddhistes

ted

Rassurez moi : avoir des rapports sexuels, c'est pas interdit hein ? Ok.
Mais que dire des pensées de convoitise et de désir qui s'élèvent à la vue d'une personne attirante ?
Comment doit-on les traiter ?
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axiste
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J'essaie, ce sera comme ce sera:

Attirante comment ? Par sa forme ? Si c'est ça ce n'est pas la personne qu'on convoite parce qu'il n'y a personne dans cette forme: il suffit de voir le mouvement du temps. Rien à saisir dans un mouvement…mais par contre des sensations peuvent nous parler et ce qu'elles ont à dire tourne toujours en boucle : elles font le tour du corps et puis s'en vont. Donc, laisser passer…c'est éphémère et ça ne nous appartient pas véritablement…on n'est pas qu'un corps. Parfois pourtant on le croit. …il suffit de regarder vraiment…

Par son esprit ? Si c'est ça c'est plutôt de la gratitude qu'on éprouve parce que forcément ce qu'on a vu dans cette personne est un don pour la vie, sinon, on n'y aurait rien perçu de désirable…mais comme l'esprit est aussi évanescent que le corps, c'est pas non plus saisissable…les états d'esprit traversent en tous sens et il n'y a rien à accrocher là dedans..laisser passer…

Reste qu'on peut apprécier une présence. La désirer est absurde parce que la présence est en soi…on ne peut pas perdre quelque chose qui n'est pas à l'extérieur de soi…et d'ailleurs, cette présence ne nous appartient pas non plus …rien à saisir véritablement…on peut la retrouver cependant: c'est toujours une rencontre avec soi même.

J'ai tendance à croire que ce que l'on apprécie ou ce que l'on désire plus que tout est toujours préservé de reflets, c'est intact et intouchable, quoiqu'on fasse. C'est ce qui est. Par conséquent, il n'y a pas non plus de nous là dedans …

Et demain nos désirs vers où iront-ils ?
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Dumè Antoni

Rassurez moi : avoir des rapports sexuels, c'est pas interdit hein ? Ok.
Heureusement, car il n'y aurait plus beaucoup d'hommes sur Terre. :mrgreen:

Les renonçants (moines et nonnes bouddhistes) sont en principe abstinents ; toutefois, les maîtres zen et dzogchen ne sont pas concernés en principe (mais je ne connais pas suffisamment le Dzogchen pour en parler convenablement). Ce n'est pas parce qu'ils ne respectent pas les préceptes bouddhistes, mais parce que leurs actions sont justes, quoi qu'ils fassent. C'est difficile à comprendre aussi longtemps qu'on n'a pas la vue juste (et donc il faut s'abstenir si l'on est un renonçant "aveugle").
Mais que dire des pensées de convoitise et de désir qui s'élèvent à la vue d'une personne attirante ?
Comment doit-on les traiter ?
Tant que l'on n'a pas la vue juste, il convient de se conformer aux préceptes (concernant les actes sexuels, il sont interdits aux renonçants, mais il y a des interdits aussi pour les laïcs, notamment les cas d'adultères, pédophilie, zoophilie... ben ouais :roll: ).

Avec la vue juste, la question des interdits ne se pose pas. L'éveillé ne craint de toute façon pas de renaître en enfer (comment aiderait-il les damnés, autrement ?)
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jules
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ted a écrit :Rassurez moi : avoir des rapports sexuels, c'est pas interdit hein ? Ok.
Mais que dire des pensées de convoitise et de désir qui s'élèvent à la vue d'une personne attirante ?
Comment doit-on les traiter ?
Prendre une bonne douche froide ... ::mr yellow::
Dumè Antoni

Prendre une bonne douche froide ... ::mr yellow::
Uniquement si c'est contraire aux préceptes... Sinon... on envoie des fleurs ? :lol:
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jules
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Oui, ou des bonbons, "c'est moins périssable." ba19
ted

Dumè Antoni a écrit : Avec la vue juste, la question des interdits ne se pose pas. L'éveillé ne craint de toute façon pas de renaître en enfer (comment aiderait-il les damnés, autrement ?)
Dumé, cela veut-il dire qu'un éveillé peut avoir la liberté sexuelle qu'il souhaite ?

Axiste, je te suis bien, mais j'ai l'impression que tu es dans le déni de la réalité conventionnelle.

Jules, les conseils de douche froide ou de bonbons me semblent masquer un trouble classique qui apparaît dès qu'on parle de sexe. On se sent obligé de plaisanter. Pourquoi ??? Pour oublier notre gorge qui se serre ? Notre respiration qui s'accélère ? Nos déceptions, frustrations, regrets ?

Je sais que le sujet n'est pas facile, voire tabou.
Mais il s'agit d'observer le corps, les sensations, les perceptions, la conscience, etc... quand il y a contact avec une personne sexuellement attirante. Même les vieillards ressentent encore cette attirance qu'ils ne peuvent plus assouvir physiquement.
Que faire de cette énergie ?
Dumè Antoni

Ted a écrit :Dumé, cela veut-il dire qu'un éveillé peut avoir la liberté sexuelle qu'il souhaite ?
Ta question est biaisée car l'action juste est niée en ce sens que tu supposes la transgression des préceptes d'emblée. S'il y a transgression, il n'y a pas d'action juste, point final. Mais quand il y a action juste, alors il n'y a pas transgression, même si les faits semblent prouver le contraire. C'est ainsi qu'il convient de comprendre les choses, sinon on passe à chaque fois à côté du problème et on surcharge son karma inutilement. En d'autres termes, il ne faut pas se poser la question de savoir si ce que je fais est interdit ou non (par les préceptes), mais si ce que je fais est juste ou non. Quand on a la vue juste, la question ne se pose évidemment pas (par définition) car l'action est nécessairement juste, en revanche, quand on n'a pas la vue juste, pour éviter de surcharger son mauvais karma, il vaut mieux s'en tenir aux préceptes. Ou alors, on assume les conséquences, mais bon...

En clair : c'est la vue juste qui a "priorité" sur les préceptes car ces derniers découlent de la vue juste et non l'inverse. C'est tout le problème de la compréhension du fameux kôan du chat pourfendu par Nansen, par exemple, et donc du "jeu simultané de la Triple Discipline" propre au Zen (Saijojo zen) du 6ème Patriarche.

PS : je précise que je n'entrerai pas dans le débat du chat pourfendu (j'ai déjà donné :roll: ).
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axiste
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Bah je vois tous les jours des vieux corps qui s'en vont: je les lave même quelquefois…je les respecte parce qu'ils expriment beaucoup : souvent des souffrances…des combats…des luttes. Un corps parle, celui qui s'en va...
Un corps jeune exprime autre chose, à chaque âge son langage…
La réalité c'est que nos corps ressemblent à des fleurs et qu'à la fin ils se fânent.

Entre temps mes sensations me parlent: quand elles sont excessives: oui ou non, je tempère en revenant sur terre, je sais bien faire ça…

J'étais dans le déni quand toucher un corps m'était pénible: aujourd'hui je suis plutôt fixée sur l'attention à l'autre et sur ses besoins et je ne ressens plus dégoût ou aversion. Plutôt beaucoup de mesures et de respect.

Les odeurs ne m'importunent plus, je les sens mais c'est tout.

Je ne sais même pas comment cela est arrivé, sans doute parce que je n'avais pas de choix.

Oui, les vieillards aussi ont leur corps très vivant. Face aux émotions d'un corps qui exprime quelque chose, je reviens à la réalité du moment: la toilette.
Je fais attention, je parle et j'annonce toujours mes gestes.

C'est la relation aux corps et c'est plutôt technique en fait…on fait tel truc avant tel autre pour éviter de lever la personne et de la mettre en difficulté face au peu de mobilité ou face à des gestes qui autrement pourraient déranger.

Quand à mes émois face à des personnes qui me sont chères et qui pourraient me faire tourner la tête, j'écoute et j'entends: ce n'est jamais l'autre que j'aime quand je désire.

Peut-être que l'amour c'est plutôt beaucoup plus d'abnégation vis à vis de ses désirs, ou alors on y navigue beaucoup mieux au fil du temps...
Je ne peux plus aimer exclusivement alors quand je vois toutes les vies autour de moi et que j'arrive à être touchée par elles, parce ce qu'elles disent ou expriment, c'est beaucoup déjà…une vague qui remplit tout.

Il y a encore des gens que j'admire plus particulièrement, en général je les ressens parce qu'ils m'apparaissent très lumineux: j'ai plus de mal avec ce désir là, mais d'un autre côté, leur lumière appelle une lumière en moi et je reviens à moi même et au réel. Ca ne m'empêche pas de les aimer beaucoup.

Alors il suffit d'ouvrir un peu plus son coeur au monde et à la vie et les choses redeviennent normales: l'autre et moi, même combat, l'autre et moi, même visage aux multiples visages...

Alors déni je ne crois pas, c'est plutôt un cheminement qui va...
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jules
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Bonjour ted,

Je n'ai quasiment pas de vie sexuelle et me trouve satisfait de cette condition. Je ne suis donc pas la personne la mieux qualifiée pour parler du problème que tu as soulevé. J'aurais donc sans doute dû tout simplement m'abstenir d'intervenir sur ce sujet.

Bonne soirée :)
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